Nous étions quarante-quatre personnes
à participer à ce café philo, le vendredi 28 février 2014, au centre
culturel de Bouffémont, sur le thème
: « Pourquoi le beau nous fascine-t-il ? »
Les
participants ont été invités à répondre au sondage sur la perception des
activités du Chemin du philosophe. Ce sondage est également accessible en ligne
sous http://tinyurl.com/cheminsondage. Amis Internautes, merci
d’y consacrer quelques instants.
Le
thème de la soirée a été préparé et animé par Catherine Delaunay, Gérard
Lagiewka et Pierre Haller. Les transparents de la présentation de Pierre Haller
sont téléchargeables ici. Les images présentées par
Catherine Delaunay et Gérard Lagiewka sont directement intégrés dans leurs
textes respectifs, ci-dessous.
La
poétesse Jeannine-Dion nous a fait parvenir un de ses poèmes inédits, qui a été
lu et applaudi : « A quoi bon la beauté ?». Il est
reproduit à la fin de ce compte rendu.
Présentation de Gérard Lagiewka
Présentation de Pierre Haller
Présentation de Catherine Delaunay
Propos échangés
Poème de Jeannine-Dion Guérin
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Présentation
de Gérard Lagiewka
Pourquoi le beau
nous fascine-t-il ?
Qu’est-ce
que la fascination ?
Fonctionne dans les 2 sens : Intransitif : être fasciné
par quelqu'un ou quelque chose. Transitif : exprime alors une intention : fasciner quelqu'un, une proie, un
autre être vivant. Attirer vers soi
Ex :
Le serpent fascine sa proie
Quelques synonymes (dans le sens intransitif) : s’ hypnotiser, se pétrifier, s’
immobiliser, être sans voix, s’arrêter
dans une action, une pensée, être figé, être subjugué , être scotché
Qu’est-ce-que
le beau, la beauté ?
La
beauté est ce qui éveille un sentiment d’admiration. Donc valeur positive.
La beauté
est une affaire purement humaine, elle est subjective. Elle est affaire
de préférence. Elle donne à voir.
On peut tenter de définir
quelques critères qui pourraient concourir à la beauté
L’harmonie ;
la symétrie ; l’équilibre ; la lumière ;
la
couleur ;
la grâce ;
la norme, le
codifié ;
la
juxtaposition réussie entre 2 êtres ou 2 matériaux ;
le nombre d’or en architecture.
Mais aussi tout le contraire
la
dysharmonie ; une légère asymétrie* ; un certain
déséquilibre ; l’absence de couleur, le disgracieux ?
L’absence
de norme ; une juxtaposition ratée entre 2 matériaux ou 2 êtres ;
La beauté est aussi une affaire de mode où les critères varient d’une époque à une autre.
(Ex : les critères de beauté chez les Egyptiens n’étaient pas les mêmes
qu’aujourd’hui
Il
existe 2 composantes de la beauté :
naturelle tel que la nature l’a constituée
dans sa plus simple expression liée à la création
humaine artistique.
1 La
beauté naturelle
La
beauté des êtres vivants du règne animal c’est avant tout l’apparence qu’ils montrent naturellement
grâce à cette enveloppe externe constituée de peau, de poils, d’écailles, ou de
plumes : les phanères.
Pour les
êtres vivants végétaux : les
phanérogames ;je pense que la
beauté à une échelle macroscopique est constituée par la fleur
(orchidée sauvage, borraginacée du désert) ou pour les cryptogames(organes
reproducteurs sont cachés) la beauté est discrète et nécessite des outils
d’observation ; loupe, microscope…
La
beauté est aussi une question d’échelle d’observation * (polypode).
Quand on étudie à la loupe cette
même fleur on découvre alors à l’échelle microscopique des
éléments de pièces florales dont l’agencement est fascinant.
La beauté d’un paysage peut se résumer dans la variété
de ses êtres vivants (biocénose) intégrés dans leur milieu, le biotope. Dans
certains cas la biocénose ne se voit plus, elle disparaît ; il ne reste
plus que le milieu à voir ; c’est la beauté minérale pure ; le désert qui peut être infiniment beau et
fascinant.
La beauté naturelle semble universelle.
Existe-t
il une beauté intemporelle (Aphrodite)
qui traverserait les siècles ?
Le beau
est discriminant. Il faudrait peut être parler de son
contraire : le laid.
Ex : actuellement la beauté (et peut
être la laideur) joue un rôle implicite dans le recrutement et conduit à une
discrimination dans le travail.
Citation d’Aristote : « la beauté est un appui préférable à toutes les lettres
de recommandation ».
2 La
beauté liée à l’œuvre humaine
La
peinture, la sculpture, l’architecture, le dessin, la photographie, le cinéma
peuvent être source de beauté infinie, et donc parfois de fascination.
L’art dans tous ses états et notamment dans les arts sacrés témoignant des grandes religions, dont la beauté des œuvres, ( visibles dans les musées ou à la faveur
d’une fouille archéologique), a traversé les siècles et nous fascine toujours
autant.
L’érotisme constitue une variante de la
beauté dont la mise en scène conduit à une fascination conduisant implicitement
à la sexualité.
La beauté intérieure peut être source de fascination. Nous en reparlerons
Conclusion :
Relation
entre beau et fascination ?
Le beau,
nous le côtoyons quotidiennement mais il ne nous fascine pas forcément.
La
fascination on peut l’avoir ailleurs que devant le beau.
Qu’est
ce qui va déclencher la fascination ?
Avant de
fasciner la beauté interpelle, interroge celui ou celle qui en est le témoin.
Pour que
la magie opère il faut que 2 types de facteurs soient réunis :
Des
conditions externes : une
lumière un éclairage particulier, une ambiance sonore
Des conditionnement internes: la personne doit être réceptive (bonne santé, avoir une
culture préalable pour apprécier une œuvre d’art) , ds un état d’esprit
favorable pour accueillir l’imprévu.
Lorsque les 2 conditions sont réunies en un instant t la magie opère, une forte
émotion se déclenche et s’est la fascination.
C’est
souvent l’inattendu la surprise d’une scène qui va nous
fasciner.
Est-ce
que cette fascination peut durer éternellement ?
Le temps façonne le beau et malgré notre
souvenir de la scène fascinante, celle ci peut se renouveler mais dans d’autres
conditions pour que la fascination opère.
La
beauté celle qui nous fascine, m’aide à vivre, car elle transcende le réel, et
elle me conduit au rêve.
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Présentation
de Pierre Haller
+1. « Pourquoi le
beau nous fascine-t-il ?
+2. Fasciner
veut dire : Séduire, charmer, captiver, interroger, interpeler,
hypnotiser, ensorceler, immobiliser par le regard.
Le Beau est : admirable,
remarquable, extraordinaire, surprenant, magnifique, merveilleux, mirifique,
étrange, superbe, ravissant, splendide, féérique, sublime, incomparable,
considérable, parfait, délicat, gracieux, sensible, exquis, délectable,
adorable, éclatant, rayonnant, resplendissant, charmant, céleste, fastueux,
paradisiaque, heureux, mignon, galant, etc.
Les langues comportent toutes
ainsi de très nombreux mots relatifs à la beauté, ce qui indique que celle-ci
joue un rôle important dans les processus mentaux des individus et dans la
culture collective.
+3. Le beau passe par
les perceptions des cinq sens :
toucher, ouïe, vue, odorat, goût.
+4. Le Beau s’élabore
dans le cerveau par synesthésie qui
associe plusieurs perceptions. C’est la synesthésie qui crée la fascination ou
la répulsion. L’opéra ou le cinéma sont des arts synesthésiques. Celle-ci
résulte de la mémoire individuelle, des
archétypes, des symboles, des
présupposés culturels, des préjugés, de la raison, du cœur. Cette synesthésie
forge notre perception inconsciente du beau. Le bon goût, au sens propre et
figuré, se cultive.
+5. Quelques exemples d’archétypes du beau. Ceux qui sont nécessaires à la survie des
espèces : l’attirance sexuelle et
la protection de la fragilité des enfants. La beauté érotisante des corps
est souvent sublimée dans les arts, les lettres ou la mode. La beauté n’est
malheureusement pas toujours un moyen de protection contre la barbarie et la
violence.
+6. La peinture de l’âme tente de représenter la nature
transcendante de la beauté. Par exemple Portrait de Baldassare Castiglione par
Raphaël, Louvre, vers 1515 ; La Sprezzatura
, selon Raphaël, proclame « le vrai
art est celui qui ne semble être art ». Selon l’empereur-philosophe Marc-Aurèle (121-180), les
imperfections participent aussi à la beauté (vieillards, larmes, ruines). Gao
Xingjian
(né en 1940), Français d’origine
chinoise, prix Nobel de littérature 2000, quant à lui, est considéré comme un
peintre de l’âme.
+7.
Certains Impressionnistes à partir de
la seconde moitié du 19ème siècle, comme Auguste
Renoir (1841-1919) révèlent, à
travers les jeux de la lumière, les
couleurs, la beauté et le bonheur de l’instant (malgré les périodes où beaucoup
vivaient dans la misère).
+8.
L’harmonie de la géométrie a fasciné dès l’antiquité. Les solides de Platon , les
seuls cinq polyèdres réguliers convexes : tétraèdre, cube, octaèdre,
dodécaèdre, isocaèdre. Ils ont été associés aux éléments de la nature,
respectivement le feu, la terre, l’air, la quintessence, l’air. Ils ont
également servi, associés à la sphère, à représenter par leur imbrication
possible à la représentation des six planètes connues par Kepler (1571-1630) à savoir Mercure, Vénus, la Terre, Mars,
Jupiter et Saturne.
Le nombre d’or φ =1,61803....= a/b si
a/b=(a+b)/a. Cette divine proportion est connue depuis l’antiquité. Elle semble
apparaître dans plusieurs structures de la nature comme les spirales des
galaxies ou celles du tournesol.
+9.
La divine proportion a présidé à la construction des pyramides d’Egypte ou
du Parthénon d’Athènes. La chapelle Notre-Dame du haut de Ronchamp par Le
Corbusier comporte des éléments selon ce nombre d’or. Des peintres comme
Botticelli dans la « Naissance de
Vénus »
l’ont utilisée pour conférer de l’harmonie à leurs tableaux.
+10. La Symétrie , la quasi-symétrie et l’eurythmie (le bon rythme) participent à l’harmonie et à la beauté du monde. La
symétrie absolue n’existe pas dans la nature. Une certaine part de dissymétrie
participe à la beauté, par exemple, d’un visage, ou d’un rythme musical. Le feng
shui est un art millénaire d'origine
chinoise qui a pour but d'harmoniser l'énergie environnementale (le qi, 氣/气) d'un lieu
de manière à favoriser la santé, le bien-être et la prospérité de ses
occupants.
+11. La beauté des sciences n’est pas toujours
perceptible par ceux à qui les programmes scolaires ont infligé de
cuisantes humiliations. Il existe cependant d’étranges beautés dans l’élégance
de certaines démonstrations, théorèmes ou équations. L’identité d’Euler
lui a fait dire qu’elle est « la preuve
que Dieu existe ».
Les équations de la physique qui semblent régir les
mondes de l’infiniment petit et de l’infiniment grand indiquent d’étranges
symétries entre les objets mathématiques, les représentations par le cerveau
humain et la réalité matérielle. Albert Einstein (1879-1955)
a dit : « Ce qu'il y a de plus incompréhensible dans l'Univers, c'est qu'il
soit compréhensible. »
+12. La théorie de la géométrie fractale, où les objets ont
des dimensions non entières, a été développée notamment par Benoît Mandelbrot (1924-2010). Ces formes fractales du hasard apparaissent dans la
nature dans plusieurs domaines : dessin des côtes maritimes, bronches,
arbres, chou romanesco, etc. L’ensemble de Mandelbrot, défini par la relation
de récurrence zn+1 = zn2
+ c, c étant un nombre complexe
quelconque ouvre sur un hypermonde mathématique de beauté fascinante.
+13. La vidéo « Fractales
profondes » montre des
structures belles au cœur de l’infini des nombres. Par ordinateur on peut
construire des images fractales dans des univers de dimensions supérieures à
trois. Le beau ne serait-il pas uniquement de ce monde ?
+14.
Le sacré a
souvent été associé à des expressions symboliques belles, harmonieuses,
destinées à fonder des identités individuelles et collectives en les inscrivant
dans un ordre cosmique. La beauté du sacré joue sur plusieurs registres :
rassurant, consolant, dominant, terrifiant, hiératique, ésotérique. Les
communautés humaines se structurent autour de lieux sacrés qui souvent
tranchaient de l’environnement par leur propreté et leur ordre.
+15. La beauté du sacré accompagne l’évolution de
toutes les civilisations. Elle s’exprime à travers la plupart des arts :
architecture, peinture, sculpture, musique, chant, danse, calligraphie, textes,
cérémonies, cycles liturgiques, aménité. Les communautés humaines se
structuraient dans le passé autour de lieux beaux et sacrés. Aujourd’hui les
centres commerciaux, souvent pas vraiment beaux, ont repris cette fonction
structurante.
+16. La peinture pariétale de la grotte
Chauvet date de plus de 30.000
ans ; elle témoigne des premiers signes d’une pensée abstraite de
l’humanité. Sa beauté émouvante indique par ailleurs l’existence de sauts
qualitatifs dans l’hominisation de l’espèce. Les bijoux retrouvés par les
archéologues dans les tombes témoignent de la fascination pour le beau dans la
plus haute antiquité.
+17.
Le beau de la musique et du chant est polysémique, il revêt de multiples caractères :
ethniques, traditionnels, classiques, poétiques, modernes, sacrés, militaires,
révolutionnaires, électroniques. Ses fonctions sont communautaires,
transculturelles, économiques. Il a des effets neurologiques notamment en
musicothérapie. « Je cherche les
notes qui s’aiment. » Mozart (1756-1791)
+18. L’opéra est un art qui allie plusieurs formes de
beautés qui se transcendent les unes les autres : musique, chant, théâtre,
costumes, narration, décorum, rhétorique, événement social. Exemple : « La flûte enchantée » de Mozart.
Déguster aussi l'ouverture de La Flûte enchantée de Mozart par Ingmar Bergman, 1975.
+19. Le Beau
existe-t-il sans le regard de l’homme ? Il semble exister dans la nature des
harmonies, des symétries ou des eurythmies indépendamment des humains :
paysages, cristaux, fleurs, animaux, cycles naturels
+20. Les cycles
naturels de l’eau, du carbone, de la biomasse, de l’énergie et d’autres
processus qui permettent la vie sur terre, phénomène apparemment unique dans le
système solaire relèvent d’un ordre cosmique dont on ne peut que s’émerveiller.
+21. Le beau est le moteur du commerce à travers le design, la publicité, le tourisme,
le corps, notamment féminin, la propreté, le bien-être matériel et moral,
l’identification au héros positif (George Clooney).
+22. Le Kitsch
est un type de beau considéré, par certains qui veulent s’en distancier et se
démarquer socialement, comme trivial, démodé ou populaire.
+23.Les critères du
beau sont tributaires de la culture ou de l’idéologie d’un lieu, d’une époque ou d’un groupe social. Aimer ou
ne pas aimer une œuvre permet de se positionner socialement. Le Beau est un
marqueur social.
+24. Le beau sert à cacher ou à révéler l’horreur. Certains
tableaux des batailles napoléoniennes font coexister la gloire de l’empereur et
l’agonie des soldats (Bataille d’Austerlitz) ou les exécutions de civils (Tres
de Mayo de Goya). Les guerres napoléoniennes (1803-1815) en Europe ont causé la mort 2,5 millions de militaires et un million de
civils, selon les statistiques les plus bienveillantes. Otto
Dix (1891-1969) était un peintre
allemand que le régime nazi a classé dans « l’art
dégénéré ». La laideur de la guerre dénoncée dans ses tableaux relève,
semble-t-il tout de même, d’une vraie beauté
morale.
+25. Certains critères artificiels du beau s’imposent
par mimétisme ou disparaissent au gré et au travers des marchands d’arts, des
galeries, des vernissages, des mondanités, des académies, des autorités
morales, des rhétoriques ad’hoc parfois absconses ou intimidantes, des pouvoirs
léonins, des panthéonisations, des évènements culturels, des réseaux culturels,
des modes, des conflits de chapelles, des spéculations sur des auteurs, sur des
artistes, sur des grands crus de vin. « La
mode étouffe le goût ; et l'on ne cherche plus ce qui plaît, mais ce qui
distingue ».Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).
Emmanuel Loi,
historien d’art, dans une chronique du Monde du 27 février 2014 titrée « La cité phocéenne reste une
république bananière », fustige en termes violents les pratiques
culturelles de cette ville et les pouvoirs liés à la culture censée promouvoir
le beau dans la cité. Il parle « de
féodalité, de népotisme, d’officines, de promotion par allégeance, de marché
des obligations, de procédé esclavagiste de renvoi d’ascenseur, de
marchandising d’office de tourisme. »
+26. En définitive, le beau c’est quoi ?
Une invention de l’homme ?
Une ruse de la nature,
hormonale ?
Un artifice commercial ?
Le Beau est-il subjectif ?
Culturel ? Absolu ?
Le Beau n’est-il qu’utile ?
Beau = paraître et/ou être ?
Est-il ordre, diversité,
nature, artifice, symétrie, harmonie, eurythmie, énergie, vérité, moral,
sécurisant ?
Le Beau est-il
« calculable », mesurable, fabricable ?
Faut-il souffrir pour réaliser
du beau ?
Un faux Vermeer, une fausse
Rolex sont-ils encore beaux ?
Le Beau peut-il être imparfait
?
Et la beauté du mal dans tout
ça ? L’imbrication du beau et du mal ? « Si
le mal était monstrueux, on saurait le reconnaître. », père Georges Vandenbeusch (né en 1971) ancien otage au Cameroun.
Pourquoi certains êtres
produisent-ils du beau et d’autres du laid ?
Le Beau serait-il partout
depuis toujours ?
Serait-il le chemin de la
transformation, de la transcendance, du sens ultime, de la « résonance
divine » (shen-yun chinois) ? selon François Cheng (né en 1929)?
+27. Citations
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? »
Angelus Silésius (1624-1677)
« Heureux...
Qui plane sur la vie, et
comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes! »
Charles Baudelaire
(1821-1867), Les Fleurs de mal
« Chanter, c’est être. »
Rainer Maria Rilke (1875-1926)
« Ainsi, pour celui qui contemple l'univers avec des yeux
d'artiste, c'est la grâce qui se lit à travers la beauté, et c'est la bonté qui
transparaît sous la grâce. »
Henri Bergson (1859-1941), La
pensée et le Mouvant
« Il faut habiter poétiquement la terre. »
Friedrich Hölderlin (1770-1843)
« La beauté est dans les
yeux du spectateur. »
« Le beau est ce qui est représenté sans concepts comme l'objet
d'une satisfaction universelle. »
Emmanuel Kant (1724-1804)
« La culture privilégie l’utilité, la sécurité et la richesse,
tandis que la civilisation privilégie la spiritualité, la beauté, la justice et
l’ordre. »
Jacques Le Goff (né en 1924)
« La beauté est la seule finalité ici-bas. »
Simone Weil (1909-1943)
« Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme. »
1870
Arthur Rimbaud (1854-1891)
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Présentation
de Catherine Delaunay
Pourquoi le Beau nous
fascine-t-il ?
Ce
sujet se présente comme une fausse question. C’est plutôt une affirmation
catégorique « le beau nous fascine », mais pourquoi ? Il y a
beaucoup de présupposés dans ce sujet, beaucoup d’idées implicites sont
sous-entendues ; on présente comme
une évidence le fait que la beauté fascine.
Premier a priori : le beau fascine, c'est-à-dire séduit, nous éblouit,
nous subjugue, nous submerge, nous frappe, nous hypnotise, nous envoûte, nous
ensorcelle, nous captive, nous exalte. Fascination vient de
« « fascinum » qui signifie à la fois charme et maléfice. Tout
se passe comme si la beauté détenait un pouvoir sur nous, celui de nous
toucher, de nous émouvoir et même de nous manipuler dangereusement. Les regards
de l’aigle ou du serpent fascinent leurs proies. La beauté serait-elle donc
dangereuse ?
Deuxième a priori : le sujet évoque le beau, sous-entendu le beau
est un, unique, universel, ce qui bien sûr serait encore à démontrer. Il
n’existe peut-être que des formes particulières et différentes de beauté et
rien ne dit que nous sommes tous d’accord sur ce que nous reconnaissons comme
beau selon nos différentes cultures, selon nos tempéraments.
Troisième a priori : il y a parmi nous des personnes qui n’éprouvent pas
de sentiment de fascination devant ce que les autres appellent le beau. Ou du
moins elles ne ressentent pas le sentiment aussi fort. Elles se sentent
insensibles, voire indifférentes à la beauté. Ainsi l’art contemporain depuis
le début du 20e siècle écarte en partie cette catégorie du Beau.
D'où le quatrième a priori.
Quatrième a priori : la beauté en tant que telle existe-t-elle ?
N’est-ce pas une norme désuète, révolue, dépassée ? Des courants comme
l’impressionnisme, le cubisme, le fauvisme, le surréalisme l’expressionnisme,
l’art non-figuratif dit abstrait et/ou conceptuel, le pop art ou l’art bâclé
n’ont-ils pas destitué le critère du beau ?
Vous
voyez que si nous voulions traiter le sujet dans toute son ampleur, il nous
faudrait revenir sur tous ces présupposés ce qui est évidemment impossible dans
le temps dont nous disposons. Il nous faudrait aussi envisager les nombreuses
définitions du beau qui ont été proposées dans l’histoire. Le fait, par exemple, que le beau a d’abord été perçu
comme objectif préexistant dans la nature, qu’il suffisait d’imiter. A
la fin du 18e siècle le beau se déplace dans l’âme, dans la subjectivité
de celui qui l’éprouve et l'exprime dans son œuvre.
Alors
nous nous contenterons de partir de cette supposition que le beau nous captive,
nous comble et nous essayerons de nous interroger sur le pourquoi de l’affaire.
D’où la problématique : quels effets le beau produit sur nous ?
Pouvons nous les décrire, les expliquer ? Pouvons nous rendre raison de ce
pouvoir que le beau et exerce sur nous ? Est-ce que la beauté et ne
résiste pas parfois au pourquoi ?
En
cette fin d’introduction je voudrais souligner le paradoxe du sujet : le
beau ne nous apporte rien de ce que les hommes recherchent d’ordinaire.
Habituellement nous cherchons des satisfactions matérielles, sensuelles ou intellectuelles. Nous cherchons
la santé, le bien-être, le confort, la longue vie, le plaisir, le bonheur,
l’amour, la reconnaissance, de la richesse, la réussite, du pouvoir, la
célébrité, la connaissance, la compétence.
Mais
plus rarement nous déclarons rechercher la beauté. « Est beau ce qui est
l'objet d'une satisfaction désintéressée », notait Kant. Comment se
fait-il que quelques touches sur une toile, quelques formes et couleurs étalées
à la surface d'un tableau peuvent nous subjuguer ? Comment quelques sonorités,
quelques accords de pianos, de violon, de violoncelle, de contrebasse peuvent
nous emmener au septième ciel ? Comment ce qui semble en apparence superficiel
nous touche si profondément que nous nous disons éblouis, ensorcelés,
transfigurés ?
Pour
ma part, je vous propose trois niveaux d'analyse et d'explication.
Premièrement, le beau nous fascine parce qu'il produit en nous un sentiment
d'harmonie intérieure. Deuxièmement, le beau nous fascine parce qu'il est
porteur de sens et de vérité. Troisièmement, le beau nous fascine par ce qu’il
fait échec à la mort.
I.
Le beau produit un sentiment d'harmonie intérieure.
C'est
en particulier Emmanuel Kant, philosophe allemand de la fin du 18e siècle, qui
a montré que dans l'émotion esthétique il se passe quelque chose d'unique qu'on
ne rencontre pas d'habitude dans l'existence. Dans la vie de tous les jours,
dans l'action comme dans la connaissance nous sommes souvent en proie à des
conflits à l'intérieur de nous-mêmes, des oppositions, des tensions, des
divisions. Par exemple lors de décision nous sommes déchirés entre notre
égoïsme spontané, notre intérêt et puis l'idéal du bien que nous poursuivons.
Par
exemple, dans le travail de la connaissance, la rigueur de la pensée exige que
l'entendement prenne le pas sur les autres facultés mentales comme la
sensibilité ou l'imagination pour éviter les erreurs et accéder au vrai. Le
savant comme le philosophe se méfient de leurs perceptions premières.
En
revanche quand nous sommes subjugués par le sentiment du beau, nous sommes
comme envahis par une sensation de paix et de sérénité. Cela vient, nous dit
Kant, de ce que la beauté réalise un petit miracle : toutes nos facultés
coopèrent, se concilient, se réconcilient, elles « jouent » entre
elles : la perception, la sensibilité, l'entendement, l'imagination, se
renvoient « un accord de consonance ». Kant parle « d'un jeu
libre et harmonieux des facultés humaines ». C'est la raison pour laquelle
nous nous sentons apaisés, calmes et tranquillisés réconciliés avec nous-mêmes
en particulier. Le plaisir esthétique accomplit l'union de l'esprit et du
corps. Le plaisir esthétique a quelque chose de sensuel car il passe par la
vue, par l’ouie, le plus souvent, aussi par le toucher dans la sculpture. Mais
il est aussi intellectuel car non seulement nous sommes conscients de le
ressentir mais nous y trouvons du sens.
Pourtant
le souvent nous ne savons expliquer quel est ce sens, nous ne savons pas dire
pourquoi le beau nous saisit, c'est la raison pour laquelle cette formulation
est souvent mal comprise : « Est
beau ce qui plaît universellement sans concept ». Sans concept
: parce qu'il nous est impossible la plupart du temps de définir le beau ;
que nous ne pouvons produire des critères, des normes, des règles, des
recettes, des canons de la beauté ; nous ne pouvons pas démontrer que c’est beau comme en
mathématiques nous pouvons démontrer un théorème. Universellement :
c'est cela qui est le plus souvent mal compris. Kant ne dit pas que tout le
monde s'accorde sur ce qu’il trouve beau, il ne dit pas que le beau est un et
universel. Mais il dit ceci : quand nous affirmons au sujet d'un paysage ou
d'un tableau ou d'une symphonie « c'est beau », nous ne disons pas
que c’est beau pour soi, et seulement pour soi. Si nous nous prononçons sur un
mode catégorique et un mode impersonnel c'est que nous sous-entendons que ce
qui nous touche peut aussi toucher les autres. Et d'ailleurs nous avons envie
de partager avec notre entourage. Nous sommes déçus quand notre émotion laisse
un proche indifférent. Le beau crée un élan vers les autres, le beau non
seulement nous réconcilie avec nous-mêmes mais nous réconcilie avec les autres.
Il est l'indice d’un monde commun à partager. L'harmonie interne est comme
contagieuse et c'est le sentiment d'être rassemblé avec soi-même et avec les
autres qui nous transfigure.
Mais
plus profondément le beau nous fascine pour d'autres motifs.
II.
Le beau nous fascine parce qu’il véhicule du sens et
des valeurs. Il prétend même
parfois dévoiler la vérité ultime invisible des choses.
Platon disait déjà que « la beauté manifeste l'ordre des choses » ou encore « la beauté est la splendeur du
vrai ». Cette idée sera reprise par Saint Thomas d’Aquin et surtout
par Hegel au 19e siècle. Hegel était féru d'art. Il parcourait les différents
musées d'Europe pour vérifier ses théories esthétiques qu'il publiera vers la
fin de sa vie, en 1830. Il mourra en 1831. Hegel est convaincu que chaque œuvre
sous-tend une conception implicite du monde. Il est un des premiers à mettre en
relation la vérité d'une culture dans toutes ses dimensions économiques,
politiques, sociales et le type de beauté qu’elle produit.
Par exemple, Hegel va montrer que le sphinx dans la
civilisation égyptienne des
pharaons, cet être énigmatique doté d'un corps de
félin et d'une tête d'homme, symbolise la condition de l'homme égyptien. Sa
beauté nous fascine car elle nous dévoile la vérité d'une civilisation où la
nature était omniprésente et dominée par les crues du Nil parfois imprévisibles
tandis qu’un système d'irrigation se mettait lentement en place. Le félin dans
son corps imposant symbolise la nature sauvage tandis que la tête humaine
symbolise la culture qui se dégage progressivement de la nature. La puissance
de la beauté c’est d’irriguer en nous à travers une forme sensible, un sens, un
contenu de signification. Nous disons c’est beau parce que nous sentons
intuitivement que c'est vrai et qu'une vérité affleure.
Autre exemple proposé par Hegel : les nombreuses
statues d'Apollon retrouvées en
Grèce. La Grèce a inventé la philosophie et la
démocratie fondées sur le dialogue, la raison, la délibération. Ce sont des
pratiques qui valorisent la juste mesure. Or justement Apollon est symbole
d'équilibre, d'une perfection bien proportionnée. Apollon c'est à la fois un
homme est un dieu ou un dieu à la mesure de l'homme. Les Grecs adoraient
Apollon car ils retrouvaient leurs valeurs sous une forme sensible. Ils
s’identifiaient à leur dieu.
Autre exemple : la peinture hollandaise
représentant des villageois, des scènes champêtres réunissant des paysans, des
marins ou des commerçants qui aiment bien boire ou manger ou danser. Breughel
l’Ancien, par exemple, montrait ses plaisirs simples. Cette peinture symbolise
selon Hegel la teneur de l'esprit flamand. L'histoire de la Hollande était à
l'époque assez pesante. Les habitants étaient asservis par de
grandes
puissances avec un climat peu clément, ils devaient beaucoup travailler soumis
à d'une domination étrangère. Bref se retrouver ensemble dans des sortes de
banquets conviviaux à la campagne ou au dans les ports leur permettait de faire
face à une situation politique complexe et lourde.
Le sens est
donc essentiel. Peut-être lorsqu'une
œuvre d'art ne nous touche pas c'est parce que sa signification nous manque.
Par exemple en 1985 à Paris, l'artiste Christo, certains s'en souviennent
peut-être, avait recouvert le Pont-neuf le d'une immense toile blanche. Le Pont
neuf était dit « emballé » en face de la Samaritaine qui n'avait pas
encore fermé ses portes. Ce fut d'abord un scandale et peu de gens voyaient de
la beauté dans cette œuvre. Puis progressivement l'humidité de la Seine
imbibant le voile blanc, on vit transparaître la beauté du Pont-neuf autrement.
Il fallut paradoxalement recouvrir, voiler le Pont-neuf pour révéler, dévoiler
sa beauté. Alors la beauté fit sens et beaucoup de Parisiens reconnurent le
Pont-neuf emballé comme une œuvre d'art dégageant de la beauté.
III.
Le beau nous fascine parce qu’il fait échec à la mort.
C’est
Malraux, en particulier, qui a exprimé cette idée forte que l'art et le beau
fondent comme « un anti-destin ».
Notre
destin, notre sort, notre fatalité, c'est de vivre dans les difficultés, de
souffrir et de mourir. Le monde réel est marqué par toute sorte de limitations,
de contraintes, la lourdeur, la pesanteur, les obstacles, la médiocrité, la
monotonie, la routine, la lassitude, les soucis, la douleur et pour finir la
mort.
Or
les œuvres d'art ont le mérite de devenir quasiment immortelles. La beauté des
pyramides d'Égypte, des pagodes chinoises, des masques africains, des
cathédrales romanes et gothiques ou des temples grecs sont comme l'assurance
d'une certaine immortalité.
Nous-mêmes
en communiant à ces beautés qui défient le temps, nous trouverons une force,
une énergie, une densité nouvelle. Nous éprouvons que nous pouvons vivre plus
intensément. La beauté, qui demeure et résiste au temps qui passe, nous
rassure. La mort n'aura pas le dernier mot, c'est un peu ce que dit la beauté à
la mort.
François
Cheng dans ses « cinq méditations
sur la beauté » va plus loin encore. « Chaque expérience de
beauté rappelle un paradis perdu et appelle un paradis promis ».
« Chaque expérience de beauté, si brève dans le temps, toute en
transcendant le temps nous restitue chaque fois la fraicheur du matin du
monde ».
Dans
ses dernières méditations publiées récemment, celles sur « la mort autrement dit sur la vie », il fait
l'observation suivante : l'univers n'était pas obligé d'être beau. Il aurait pu
se montrer simplement fonctionnel et utilitaire. Il décrit d'ailleurs en
quelques pages fulgurantes la présence éblouissante de la nature, comme la
beauté de l'âme et de l'esprit. Et il s’interroge : est-ce que cela ne trahit
pas une « intentionnalité » qui ne peut provenir du hasard et qui ne
peut que nous interpeller ?
Par
conséquent la mort ne peut pas faire comme si la beauté n’existait pas. La
beauté nous propulse sur le chemin de l'absolu, du divin, de ce qui nous
dépasse. La beauté nous aspire vers un ailleurs, vers quelque chose de plus
grand que nous.
C'est
ce qu'exprime aussi François Jullien, grand spécialiste de la pensée chinoise,
dans le texte « Cette étrange idée
du beau ». Nous ne pouvons plus nous contenter de
l' « ici » depuis que la beauté nous a parlé de « là-bas et
de l'ailleurs ». « Nous frissonnons d'avoir entrevu cet
ailleurs. » Voilà pourquoi le beau nous console, nous soulage, nous
rassure. Un philosophe comme Nietzsche a bâti une partie de sa philosophie sur
cette idée. Heureusement que l'art et le beau délivrent des illusions ;
cela nous permet de ne pas mourir, d'être entièrement mortels :
« Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité ». (La vérité de
notre finitude bien sûr).
Un
exemple très concret nous est relaté par Eric-Emmanuel Schmitt dans un court
roman « ma vie avec Mozart »,
roman autobiographique. Il raconte que lors de ses 15 ans, obsédé par la mort,
il était assiégé par des idées suicidaires. Il voulait mourir, il avait tout
prévu. Et puis avec son école il eut l'occasion d'assister à des répétitions
des « Noces de Figaro » » de Mozart à l'opéra de Lyon, où il
habitait. Le temps s'est alors arrêté, ce fut une révélation. Puisque de si
grandes beautés existaient, alors il lui fallait vivre à tout prix.
Probablement beaucoup d'adolescents et même d'adultes trouvent dans la musique
et dans la beauté la force de vivre.
Voilà
j'ai exprimé moi-même avec l'aide des philosophes en quoi et pourquoi le beau
me fascine. Je n'exclus pas que le mystère demeure. Angélus Silésius, un moine
poète et mystique du 17e siècle disait « la rose est sans
pourquoi ». On pourrait le
dire aussi du sourire de la Joconde. La beauté c'est une pure présence,
une plénitude.
« L’amandier en fleurs » de van Gogh illustre la beauté
comme symbole de l'éclosion de la vie. Ce tableau a été réalisé pour la
naissance de son neveu, un autre Vincent (Le fils de Théo), en 1890. Un autre
tableau a été commenté : La nuit étoilé. Il représente au contraire la
pire nuit de l'âme, réalisé peut-être en 1889, peut-être en 1890, quelques mois
avant sa mort. L'espace y est agité de turbulences ; un cyprès noir qui
ressemble à une flamme haute s'élance dans le ciel. C'est peut-être Van Gogh
lui-même ; mais au milieu de ce grand séisme, des étoiles comme des
soleils virevoltent. C'est peut-être un symbole d'espoir.
Je
propose que chacun disent ce qui le fascine dans le beau et ce qui ne le
fascine pas. La question du beau est abyssale. On ne peut pas dire les choses
une fois pour toutes. On peut seulement enrichir indéfiniment le débat.
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Propos
échangés
+ Le beau, c’est ce qui provoque l’émotion. Le cerveau entre
en résonnance.
+ La beauté fait oublier la mort parce qu’elle est la vie.
+ La vue a le plus grand rôle, mais il y a aussi la danse,
la beauté morale, la littérature.
+ Tout le monde a son idée du beau. L’artiste cherche le
beau et le sens.
+ Le beau est-ce un moyen ? L’univers sans observateur
est-il beau ?
+ Trois sortes de beaux : l’univers, l’artiste,
l’artisan.
+ « J’écris pour comprendre pourquoi j’écris. »
Ionesco.
+ L’art dit l’esprit et l’âme.
+ Dieu et l’art ont changé de visages.
+ Pourquoi les artistes sont–ils souvent des gens
torturés ?
+ Le beau c’est uniquement de l’émotion personnelle qui me
procure du bien-être ici et maintenant.
+ L’art contemporain a voulu faire de l’expérimental à tout
prix.
+ On peut être insensible à certaines beautés.
+ Il faut étudier certaines formes de beau pour les
comprendre.
+ Bourdieu parle de violence symbolique qui fait croire que
le standard arbitraire est légitime.
+ Le but est de séduire. Le Louvre sert à séduire les
touristes.
+ Malraux parle « d’art d’assouvissement ».
+ Le beau est la promesse du beau.
+ Deux catégories de beau : objective et relative.
+ Bon et beau sont différents mais liés.
+ Comment vivre sans la grâce du beau ? Elle n’est pas
donnée à tout le monde.
+ Le beau est une lutte.
+ Je n’ai pas besoin de culture pour aimer l’art.
+ Pourquoi quelque chose ne plait pas ?
+ On peut être fasciné par ce qui dégoute.
+ Le beau qui n’est qu’intéressé n’est pas beau.
+ Je préfère « le laid » de ma nourrice.
+ Le mot «beauté » n’est pas beau.
+ Beauté de la nature, beauté des œuvres humaines.
+ Les enfants ont naturellement des aptitudes à voir le
beau.
+ C’est une question d’éducation. L’apprentissage rend
sensible.
+ Le beau entre en résonnance avec l’être intime. Il
rappelle le mystère de la vie. Il est dans le geste et dans le regard. La
contemplation est désintéressée.
+ La beauté de l’œuvre échappe à l’artiste.
+ C’est une façon de s’élever et de grandir.
+ La télé apporte le meilleur et le pire.
+ Il n’est pas toujours facile de discerner le beau.
Certaines œuvres sont lassantes, d’autres sont plaisantes avec l’habitude.
+ Le courage, le dévouement sont des formes de beauté.
+ On se demande si certaines œuvres sont réellement
réalisées par des humains.
+ Le beau fait que la vie mérite d’être vécue.
+ Le beau c’est le goût, c’est le parfait.
+ C’est un apaisement. On est arrivé quelque part.
Sur les petits papiers
+ Le beau est polymorphe ; il est partout, en tout, il
elève de l’intime en nous en nous procurant du plaisir, de l’émerveillement. Il
touche le divin et nous rend heureux et humbles.
Le beau est appréhendé différemment si l’on est éduqué ou
pas à regarder, écouter...etc.
+ Le beau est aussi moral : une belle actio, une belle
âme, cela aussi nous fascine.
+ Beau>apaisement>perfection>émerveillement>finitude ?
Une belle personne ?
+ Le beau n’est-il pas le résultat de la charge émotionnelle
que déverse sur une œuvre celui qui la regarde.
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Poème de Jeannine-Dion
Guérin
à quoi bon la beauté,
Des poètes les mots
se doivent d’être habités
C’est alors qu’ils sont beaux
De la toile du peintre
à quoi bon éradiquer
l’envol lourd des corbeaux ?
Du corps sculpté nu
pourquoi adoucir le sein
qui en vérité s’affaisse ?
Quelle définition du beau ?
Quoi de sa nécessité ?
Tout relève de l’art
pour qui sait comme tel
le sentir et l’authentifier
Seul le visage humain
qui prend masque
perd de son humanité
Tout est beau au contraire
à celui qui témoigne
pourvu qu’il sache incarner
le mot AMOUR
Jeannine Dion-Guérin
Inédit du
10/02/2014
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