mardi 31 mars 2009
Land art - Chemin du destin
"Dans la forêt, il y a des chemins qui, le plus souvent encombrés de broussailles, s'arrêtent dans le non-frayé. On les appelle Holzwege. Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt. Souvent, il semble que l'un ressemble à l'autre. Mais ce n'est qu'une apparence. Bûcherons et forestiers s'y connaissent en chemins. Ils savent ce que veut dire : être sur un Holzweg, sur un chemin qui ne mène nulle part." Martin Heidegger(1889-1976).
Voici deux ans que nous avons commencé à travailler sur le Chemin du destin à proximité du cimetière de Bosc. Au cours de ces quatre ateliers du dimanche matin, progressivement il a pris forme et son sens s’est précisé. Nous étions entre cinq et douze, selon les contraintes des un(e)s et des autres, à déplacer et à rassembler les branchages du sous-bois.
Chacun peut interpréter comme il veut ce long serpent fait de matériaux naturels repris par l'homme se faufilant entre les arbres. Pour notre part, nous y voyons une métaphore de la trajectoire du destin que chacun élabore avec ce dont il dispose dans le champ de contraintes de son environnement. Ce chemin nous l’avons construit ensemble dans le respect de la liberté de chacun en comptant sur sa bonne volonté. Ces ateliers constituent des moments privilégiés de rencontres conviviales, d’exercices physiques souverains pour la santé et de créativité. Une démarche phénoménologique...
"Der nur 'theoretisch' hinsehende Blick auf Dinge entbehrt des Verstehens der Zuhandenheit."
"Un regard uniquement théorique porté sur les choses empêche la compréhension de ce qu’elles sont. » (Heidegger)
dimanche 29 mars 2009
Café Philo du 27 mars - résumé
« L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. » [Aristote]
Nous étions 27 ce vendredi 27 mars pour lever le doute sur « le doute : une force ou une faiblesse ? » L’excellente tarte aux pommes et autres délicatesses que Nadine nous avait aimablement préparées ont mis les esprits dans de bonnes dispositions. Voici quelques notes et réflexions de Catherine et des autres participants.
La philosophie est par définition doute permanent et d’abord sur elle-même. Socrate disait : « Je sais une seule chose, c’est que je ne sais rien ». A l’issu de ses études, René Descartes prônait le doute méthodique et hyperbolique (excessif) en contestant toutes incertitudes de l’enseignement reçu. Puis il découvrit une vérité irréfutable, même par les sceptiques : « Je pense, donc je suis ». Pour douter, il faut penser et par conséquent exister. Le doute cartésien se met au service de la vérité.
En revanche, le doute des Sceptiques tels que Pyrrhon ou Protagoras stipule qu’on ne peut pas connaître la vérité. Ils s’appuyent sur les arguments suivants : 1) La discordance des doctrines qui partout varient et se contredisent. 2) La non-permanence de la réalité « Tout casse, tout passe, tout lasse », selon Héraclite. 3) La relation au locuteur. Toute affirmation est relative à celui qui l’exprime. « L’homme est la mesure de toute chose », selon Protagoras. 4) Les limites de la raison humaine et de la démonstration. Toute démonstration d’une vérité s’appuie sur une autre vérité. Comment prouver la valeur de la raison en raisonnant ?
Toutefois, Platon déjà pointait les contradictions du scepticisme : la vérité est que toute vérité est relative et incertaine. Les succès de la science attestent la possibilité de la vérité. Enfin le doute sceptique absolu conduirait au mutisme et au silence.
Le doute est une force lorsqu’il est volontaire et réfléchi et fondé sur la raison, notamment dans le domaine de la connaissance où il est provisoire dans la quête de la vérité.
Le doute est une faiblesse lorsqu’il est subi et qu’il conduit à l’indécision et à l’inaction, souvent par ignorance.
--
Le doute et l’incertitude sont omniprésents dans nos vies quotidiennes, dans les rapports humains, dans l’actualité, dans les sciences, dans la politique. Ils constituent le vrai moteur de la vie et de son évolution. De nouvelles vérités se construisent au cours de l’évolution des sociétés.
Malgré les doutes, nous avons besoin de valeurs partagées. La crise financière mondiale, pleine d’incertitudes, montre qu’il y a surtout des intérêts qui ne sont pas partagés.
Le doute est une faiblesse de l’esprit qui le fait évoluer. Il peut générer du désespoir comme de la jubilation. Sur le plan politique ou religieux c’est un garde-fou indispensable face aux dangers des dogmatismes.Mais 95 % de ce que nous savons et admettons relèvent du dogme. En allemand doute = Zweifel =dualité et Verzweifel= désespoir. Le doute permet le dialogue. Le doute force les certitudes à se justifier, il en est le garant. Il faut développer une culture du doute. Face au doute dans l’action, il est légitime de parier sur le moindre mal.Les rapports humains ont besoin de la confiance.
mercredi 11 mars 2009
samedi 7 mars 2009
Café philo : Histoire, mémoire et politique
Voici le résumé établi par Bernard Glonneau
Ce sont trois moyens, mais aussi trois filtres, pour savoir ce qui est vrai
et savoir quoi en penser.
Ces trois outils ne sont pas indépendants, ils interagissent en permanence.
Parfois dans un contexte de gouvernement démocratique,
et parfois dans un contexte de gouvernement autoritaire.
L'histoire est une science, mais en perpétuelle formation.
Les disciplines adjointes (analyse du sang, archéologie, linguistique)
l'ont bouleversée à plusieurs reprises.
Elle est exercée par une cléricature fermée qui traite
des choses passées.
La mémoire des individus est limitée à leur vécu.
Elle est totalement relayée par une mémoire collective qui lui
apporte le temps long.
Elle permet aux personnes de juger les choses du présent comme
les choses du passé.
La politique est institutionnelle ou d'une manière plus diffuse,
collective.
Elle est tournée vers l'action, les conséquences, vers le futur.
Elle est exercée par des individus ou par des groupes fermés, parfois ouverts (foules).
QUELQUES QUESTIONS:
En écartant les guerres et Mai 68,
avez-vous vécu un évènement historique ?
Votre témoignage apporte-t'il un éclairage particulier à ce qu'on en sait ?
Avez-vous assisté à l'arrivée d'un objet 'historique' ?
Avez-vous assisté à un changement de coutumes 'historique' ?
L'histoire est-elle écrite par les vainqueurs ?
Peut-on écrire l'histoire en gants blancs ?
L'histoire peut-elle aider à prévoir l'avenir ?
Comment faut-il enseigner l'histoire ? dans quel but ?
QUELQUES POINTS:
Certains doctrinaires économiques ont cru pouvoir saluer
'la fin de l'histoire'.
Aux Etats-Unis il y a un musée de la Shoah.
Il n'y en a pas pour l'esclavage, ni pour le génocide indien.
Versailles est consacré 'à toutes les gloires de la France'.
M. Sarkozy envisage un musée de l'histoire de France,
'un lieu d'où on pourra interroger l'histoire de France'.
L'histoire c'est aussi dire ce que les contemporains n'ont pas vu,
ou pas retenu.
Les peuples heureux n'ont pas d'histoire. Ont-ils une mémoire ?
Le juge Garcon n'a pas pu juger Pinochet à cause du "pacte d'oubli"
de la société espagnole.
Antiquité des mémoires: F.Y.R.M.
Fusion des mémoires: le Mexique des trois cultures.
Mémoires antagonistes: Jérusalem, la Résistance.
Apaisement des mémoires: réconciliations africaines,
dialogue de Gaulle-Adenauer.
La mémoire est la gardienne de la culture: c'est donc un précieux butin.
Dites-vous lois de Descartes ou lois de Snell ?
Quelques non-dits français: la Commune, la guerre d'Espagne,
les ratonades anti-italiens, Madagascar.
QUELQUES CITATIONS:
Jean Paulhan:
Tout ce que je demande aux politiques, c'est qu'ils se contentent
de changer le monde, sans commencer par changer la vérité.
Marc Ferro:
Je conteste que l'histoire soit un procès et l'historien un juge.
L'historien doit conserver, expliciter, analyser, diagnostiquer.
Il ne doit jamais juger.
Marc Bloch:
Satanique ennemi de la véritable histoire: la manie du jugement.
Marc Bloch:
Peut-être serait-ce un bienfait, pour un vieux peuple,
de savoir plus facilement oublier. L'homme a besoin de s'adapter au neuf.
Michaël Moore:
Après tout, pourquoi connaître l'histoire de son pays
si on est destiné à devenir maître de l'univers ?
Konrad Adenauer:
L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées.
Heinrich Heine:
L'historien est un prophète qui regarde en arrière.
Churchill:
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
Ce sont trois moyens, mais aussi trois filtres, pour savoir ce qui est vrai
et savoir quoi en penser.
Ces trois outils ne sont pas indépendants, ils interagissent en permanence.
Parfois dans un contexte de gouvernement démocratique,
et parfois dans un contexte de gouvernement autoritaire.
L'histoire est une science, mais en perpétuelle formation.
Les disciplines adjointes (analyse du sang, archéologie, linguistique)
l'ont bouleversée à plusieurs reprises.
Elle est exercée par une cléricature fermée qui traite
des choses passées.
La mémoire des individus est limitée à leur vécu.
Elle est totalement relayée par une mémoire collective qui lui
apporte le temps long.
Elle permet aux personnes de juger les choses du présent comme
les choses du passé.
La politique est institutionnelle ou d'une manière plus diffuse,
collective.
Elle est tournée vers l'action, les conséquences, vers le futur.
Elle est exercée par des individus ou par des groupes fermés, parfois ouverts (foules).
QUELQUES QUESTIONS:
En écartant les guerres et Mai 68,
avez-vous vécu un évènement historique ?
Votre témoignage apporte-t'il un éclairage particulier à ce qu'on en sait ?
Avez-vous assisté à l'arrivée d'un objet 'historique' ?
Avez-vous assisté à un changement de coutumes 'historique' ?
L'histoire est-elle écrite par les vainqueurs ?
Peut-on écrire l'histoire en gants blancs ?
L'histoire peut-elle aider à prévoir l'avenir ?
Comment faut-il enseigner l'histoire ? dans quel but ?
QUELQUES POINTS:
Certains doctrinaires économiques ont cru pouvoir saluer
'la fin de l'histoire'.
Aux Etats-Unis il y a un musée de la Shoah.
Il n'y en a pas pour l'esclavage, ni pour le génocide indien.
Versailles est consacré 'à toutes les gloires de la France'.
M. Sarkozy envisage un musée de l'histoire de France,
'un lieu d'où on pourra interroger l'histoire de France'.
L'histoire c'est aussi dire ce que les contemporains n'ont pas vu,
ou pas retenu.
Les peuples heureux n'ont pas d'histoire. Ont-ils une mémoire ?
Le juge Garcon n'a pas pu juger Pinochet à cause du "pacte d'oubli"
de la société espagnole.
Antiquité des mémoires: F.Y.R.M.
Fusion des mémoires: le Mexique des trois cultures.
Mémoires antagonistes: Jérusalem, la Résistance.
Apaisement des mémoires: réconciliations africaines,
dialogue de Gaulle-Adenauer.
La mémoire est la gardienne de la culture: c'est donc un précieux butin.
Dites-vous lois de Descartes ou lois de Snell ?
Quelques non-dits français: la Commune, la guerre d'Espagne,
les ratonades anti-italiens, Madagascar.
QUELQUES CITATIONS:
Jean Paulhan:
Tout ce que je demande aux politiques, c'est qu'ils se contentent
de changer le monde, sans commencer par changer la vérité.
Marc Ferro:
Je conteste que l'histoire soit un procès et l'historien un juge.
L'historien doit conserver, expliciter, analyser, diagnostiquer.
Il ne doit jamais juger.
Marc Bloch:
Satanique ennemi de la véritable histoire: la manie du jugement.
Marc Bloch:
Peut-être serait-ce un bienfait, pour un vieux peuple,
de savoir plus facilement oublier. L'homme a besoin de s'adapter au neuf.
Michaël Moore:
Après tout, pourquoi connaître l'histoire de son pays
si on est destiné à devenir maître de l'univers ?
Konrad Adenauer:
L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées.
Heinrich Heine:
L'historien est un prophète qui regarde en arrière.
Churchill:
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
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