Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

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Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

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samedi 27 septembre 2014

Compte rendu café philo du 26 septembre 2014, artiste




Nous étions trente-deux personnes à participer à ce café philo, le vendredi 26 septembre 2014, au centre culturel de Bouffémont, sur le thème : « L’artiste est-il maître de son art ? », sujet donné au bac 2014.

Les thèmes pour les prochains cafés philo ont été confirmés :

+ Vendredi 31 octobre 2014 : « Notre époque aurait-elle oublié la joie ? »
+ Vendredi 28 novembre 2014 : « La science pourrait-elle sauver le monde ? »

Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Patricia Glonneau, Catherine Delaunay, et Pierre Haller.
Jeannine Dion-Guérin a lu un de ses poèmes.

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Contribution de Patricia Glonneau


L'artiste est-il maître de son oeuvre ?

Que des termes en apparence simples, mais j'ai préféré avoir recours à mon fidèle dictionnaire:

Artiste:
            Au sens archaïque, celui qui exerce un art, un métier ; donc c'est un artisan (le terme "artisan" étant relativement récent, dérivé de l'italien "artiggiano" à la Renaissance).Au sens que nous connaissons: personne qui se consacre aux beaux-arts (de préférence plastiques: peintre, sculpteur, graveur).Ce sens n'est apparu qu'au XVIIIème siècle. Nous avons une troisième signification, par opposition à l'auteur ou au compositeur ; celui qui interprète une œuvre, qu'elle soit théâtrale, cinématographique, ou musicale. Il interprète vraiment, il n'est pas le créateur. Celui qui ne peut pas être le maître de son œuvre

Œuvre
            Du latin opus/operis qui a donné opéra, c'est l'action de travailler (se mettre à l'œuvre) mais aussi l'effet, le résultat d'un travail déterminé et encore, l'ensemble de la production d'un artiste, d'un savant ou d'un philosophe. (Zola: "je ne me défends pas, d'ailleurs, mon ouvre me défendra").

Maître:
            Du latin "magister" (maître, chef) mais aussi de la famille de magnus (grand). C'est celui qui exerce une autorité, celui qui dispose de quelque chose, spécialement dans l'ordre abstrait et moral. « Etre maître de faire quelque chose » : en avoir pleinement le droit et les moyens. C'est ce que pensait Corneille lorsque il écrivait « je suis maître de moi comme de l'univers ».

Maître d'œuvre:
            Désigne maintenant l'animateur d'une entreprise collective intellectuelle (Diderot fut ainsi le maître d'œuvre de l'Encyclopédie).C'est ici qu'on peut situer les artistes-interprètes qui parfois se considèrent peut-être un peu trop comme possesseurs de l'œuvre. Ne dit-on pas « As-tu vu le Tartuffe de truc ou machin » qui ne sont que les metteurs en scène ? C'est un défaut de notre temps que de relecture en relecture, l'auteur proprement dit est effacé. Et l'adjectif possessif "son" apporte lui aussi son lot de problèmes. Cela fait beaucoup d'étymologie, de définitions, mais cela nous dégage un peu de la définition romantique de l'artiste et de son œuvre. J'ai un problème avec le mime à la fois auteur et œuvre. (Le cinéma peut faire perdurer cet art.)

Donc l'artiste est un artisan, son œuvre est son travail. A de rares exceptions près, celles d'artistes n'ayant pas révélé leur œuvre de leur vivant, l'artiste travaille pour quelqu'un, un mécène ou un commanditaire: Il y a un rapport de réciprocité: œuvre contre paiement.

Cette œuvre a un auteur, qui est un artisan spécifique puisque c'est un être inspiré qui créera une œuvre inédite, originale, exclusive, destinée à être connue, reconnue et diffusée. Ainsi Barrès a dit: "Vous êtes maître de votre décision, de votre choix, mais nous ne sommes pas les maîtres des pensées qui naissent en nous". La maîtrise technique ne constitue pas le seul aspect de la relation à l'œuvre.

Par exemple, la sonate est le fruit d'un progrès technique, mais sans l'inspiration du compositeur elle ne serait pas aboutie, pareil pour la symphonie.

Les impressionnistes n'auraient pas pu travailler si la peinture n'avait pas été transportable.

Dans toute œuvre il y a un processus d'élaboration, une création, l'existence d'un créateur inspiré.

Sinon le peintre n'est qu'un décorateur, l'écrivain un copiste. J'ai à l'esprit la citation d'Henri Michaud qui écrivait et peignait sous l'emprise de la drogue, et disait: « le poète drogué est un poète, l'homme ordinaire drogué reste un homme ordinaire drogué ! ».

L'artiste est donc pleinement l'auteur de son œuvre. En est-il pour autant le maître ?  Oui, d'une certaine façon, parce qu'il la monnaye. Non, parce qu'il s'en sépare, et ne sait pas comment elle va être accueillie.  Par exemple, la création peut dépasser son auteur. Un auteur peut considérer son œuvre autrement que ne le fera le public. Ainsi, Nicolas Gogol (Le revizor, les âmes mortes, le journal d'un fou...) se vivait comme un auteur comique, alors que Pouchkine après avoir lu ses œuvres en disait: "qu'elle est tragique notre Russie !". On pourrait dire la même chose de l'œuvre de Tchekhov.

L'œuvre est destinée à être exposée. C'est le souhait de son auteur. On raconte qu'Emmanuel Chabrier, compositeur et employé de ministère, allait jusqu'à séquestrer ses amis pour leur jouer ses œuvres, parfois pendant plusieurs heures d'affilée. Cela fait partie de l'essence même de l'artiste de se mettre en danger en livrant l'œuvre au public sans savoir à l'avance l'accueil qui sera fait. Les impressionnistes ont été très mal reçus, d'où la création du Salon des Refusés, ce qui montre à quel point ils avaient besoin d'être vus et potentiellement achetés. Reconnaissance morale et financière.

A partir de l'instant où l'œuvre est proposée, elle n'appartient plus à son auteur: il n'en est pas vraiment le maître. Elle n'appartient pas non plus à quelqu'un d'autre. Le collectionneur peut cacher ses tableaux. Mais le mélomane écoutera une œuvre différemment selon son humeur, sa culture. Chopin peut paraître triste à l'un, pas à l'autre. Le Boléro de Ravel peut durer de 13 à 22 minutes selon l'interprète qui l'exécute. Une œuvre peut avoir un destin qui dépasse de loin la vie de son auteur: on dit un Tartuffe, un Misanthrope. L'œuvre de Molière est devenue patrimoine universel. L'auteur ne peut pas maîtriser le destin de son œuvre. C'est un don à l'humanité. La liberté accordée à son œuvre par l'auteur s'inscrit dans un humanisme de renoncement et de partage.

Je conclurai en ce sens par une phrase de Renoir à propos du Déjeuner des Canotiers: « Mon tableau a été exposé dans la salle à manger de Durand-Ruel jusqu'en 1923avant d'être vendu au collectionneur américain Philipps.  Mais qu'importe ! La peinture appartient à celui qui la regarde ».


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Contribution de Catherine Delaunay

L'artiste est il maître de son œuvre ?

Problématique : « derrière cette question se profilent deux problèmes :
-premièrement d'où vient l'oeuvre d'art ? C'est le problème de son origine. L'oeuvre est enfantée par l'artiste. Il semblerait donc que celui qui la réalise en est le père, la seule cause, le seul responsable. Mais l'artiste ne crée pas à partir de rien, ex-nihilo. Il crée à partir d'une époque, d'un lieu, d'une culture spécifique.
-Deuxième problème : que devient l'oeuvre une fois enfantée, et l'artiste disparu ?

L'artiste en conserve t-il la maîtrise ? Ou bien au contraire n'est ce pas la postérité qui s'en empare pour la valide, l’encenser ou bien la critiquer voire l'effacer du paysage culturel ?

Et d'ailleurs n'est ce pas le propre des grandes oeuvres que d'être réinterprétées sans fin au cours des siècles et de pouvoir parler, même aux hommes d'un autre temps ?

1)     Dans un premier temps il paraît évident que l'artiste contrôle son œuvre de part en part.
1-d'abord parce qu'il est le créateur, un inventeur, il en a la paternité et qui plus est il l'inventeur d'une oeuvre unique, originale ; ceci par opposition aux productions de la technique qui sont réalisées en série, identiques à elles mêmes et que n'importe qui peut imiter.
2-ensuite l'artiste met en oeuvre une « inspiration » c'est à dire une intuition éminemment personnelle et subjective qui survient toujours de manière un peu énigmatique, soir spontanément soit après un long travail. C'est cela qui fait la richesse de l'œuvre. L'œuvre est construite à partir de la personnalité de l'artiste, de son histoire, de ses émotions, de ses perceptions qui sont uniques, de son imaginaire, bref au travers de son âme et de son intériorité. Proust définissait l'art comme « l'expression des impressions et de l'intériorité ».
3-l'inspiration peut être géniale, on parle alors de génie capable de forger un nouveau courant de peinture ou de musique ou autre. Diderot donne la définition suivante du génie : « le génie est un sujet autonome, libre créateur de ses propres lois ». Kant reprend et développe cette définition : « le génie est un talent ou un don naturel qui donne ses règles à l'art ». Donc ici deux idées :
- le génie ne s'apprend pas il est inné, il est le résultat d'une disposition spontanée. On ne peut pas enseigner à quelqu'un à devenir un génie. Le génie n'imite personne, c'est lui qu'on imite. Et on l'imite d'autant plus,
-qu'il invente de nouvelles normes, de nouvelles lois. Ce qui donne naissance souvent à de nouvelles écoles.
4-Finalement ce qui caractérise l'artiste au plus profond de lui même c'est sa très grande liberté. Déjà Kant au 18ème définissait l'art comme « une production d'œuvres par liberté ».
A partir du 20ème siècle, cette liberté s'amplifiera. Avec l'art moderne puis l'art contemporain, les artistes voudront s'affranchir de toutes les règles de l'art classique : par exemple l'idée qu'il fallait figurer la réalité de la manière la plus ressemblante ; un portrait, un paysage devait être semblable à l'original.
Par exemple l'idée qu'il y avait des canons de beauté universels comme la proportion ou la symétrie. Par exemple l'idée que l'art devait élever l'âme en représentant des sujets nobles selon une finalité morale.
Or tous les grands courants de l'art à la fin du 19ème siècle, par exemple de la peinture comme l'impressionnisme, puis au début du 20ème siècle le cubisme, la fauvisme, l'expressionnisme, l'art abstrait et conceptuel, tous s'inscrivent en rupture avec les règles de l'art classique et les artistes revendiquent une liberté totale.

Tous ces arguments iraient donc dans le sens d'une œuvre dont l'artiste garde la maîtrise ; mais la liberté n'interdit pas que s'exercent toutes sortes de contraintes.

2)     Et pourtant tut artiste crée dans un contexte et à partir de ce contexte. Il n'est pas maître de ce contexte.
1-Pendant des siècles, tant que l'art était réaliste et figuratif en occident, en gros jusqu'au 19ème siècle, l'artiste devait se soumettre à la réalité extérieure, à la nature, ou plus précisément à tout ce qui était représenté par l'époque comme le réel le plus important. Le beau existait soit dans la nature, soit dans le divin, il fallait le reproduire. Par exemple Platon 4ème siècle avant J.C. : « La beauté nous manifeste l'ordre des choses ». Aristote au 4ème siècle avant J.C. disait : « l'art imite la nature ». Léonard de Vinci au 16ème siècle : « la peinture représente pour les sens avec vérité et certitude les œuvres de la nature... » . Boileau au 17ème siècle : « que la nature soit votre étude unique ».
Comme la nature et l'ensemble de l'univers obéissaient à un ordre immuable que l'on croyait voulu par Dieu, les œuvres de l'homme aussi devaient refléter ce grand principe d'ordre, d'où toutes sortes de règles qui présidaient à la création de l'art comme l'harmonie, l'équilibre, la symétrie, la mesure, la vérité, l'unité. Par exemple souvenons-nous dans les tragédies classiques de la règle des trois unités, de temps, de lieu, d'action. On voit que le contexte de l'art classique et figuratif a imposé de nombreuses contraintes à l'artiste pendant de nombreux siècles.
2- Parler de contexte signifie aussi que l'artiste se réfère nécessairement à des thèmes qui sont dominants en son temps et en son espace, c'est à dire dans un environnement historique, culturel, religieux, politique, social donné.
Par exemple les conceptions du sacré au Moyen-âge en occident étaient nécessairement inspirées par le Christianisme. Avec la Renaissance, le sacré tient encore une place importante mais l'Humanisme commence à imposer l'homme comme thème dominant.
A partir du 18ème et 19ème siècle, les thèmes sociaux et politiques remplacent les thèmes religieux.
3-L'artiste crée à partir de techniques et de connaissances de son époque.
Les outils du sculpteur grec ne sont pas ceux du sculpteur africain ou de Rodin ou aujourd’hui de Niki de Saint Phalle dont on parle tant. Dans le passé on sait que des inventions comme la peinture à l'huile ont révolutionné la peinture.
De même pour les connaissances. Au Moyen-âge, on n'utilisait pas la perspective car cela supposait des connaissances en géométrie et mathématiques qui n'étaient pas encore en usage chez les peintres.
4- Enfin aujourd'hui on insiste beaucoup sur l'idée que l'artiste crée souvent à son insu à partir de son inconscient. L'inconscient par définition l'artiste ne le maîtrise pas. C'est bien sûr depuis Freud et la psychanalyse que cette idée s'est imposée. Freud l'a appliquée à un tableau de Léonard de Vinci « La Vierge, l'enfant et Saint Anne » et dans un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci il croit pouvoir démontrer comme l'œuvre cache et trahit les refoulements de l'enfance de ce garçon illégitime qu'était Léonard. Au début du 20ème siècle, le surréalisme avec Magritte et Dali reprend donc largement ces thèmes. La création artistique serait un phénomène de sublimation, c'est-à-dire que l'artiste à son insu exprimerait des pulsions partiellement refoulées et en même temps il les métamorphoserait en une œuvre d'art. Nietzsche disait déjà avant Freud comme un précurseur : « il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse ».

3)     Toute grande œuvre est réinterprétée par chaque époque, elle échappe donc totalement à son auteur.
Interpréter c'est décoder, décrypter, dégager le ou les sens qui n'affleurent pas immédiatement dans un discours, un tableau, une symphonie. Voici la définition qu'en donne Ricoeur dans son ouvrage « le conflit des interprétations » : « l'interprétation est le travail qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent, à déployer des niveaux de signification impliqués dans la signification littérale ». C'est-à-dire qu'il y a du sens mais qui est invisible, parfois volontairement ou involontairement, caché ou refoulé. L'artiste n'est pas toujours conscient de tous les sens et de tous les messages et de toutes les intentions qui se sont croisées dans son œuvre. Ce sont le spectateur, le public qui contribueront à la circulation de l'œuvre et même à sa recréation. Celui qui contemple l'œuvre n'est pas totalement passif, il participe à la vie de l'œuvre. En l’intériorisant, il la relie à des significations nouvelles apportées par une nouvelle époque qui n'était pas compréhensibles auparavant. L'œuvre prend donc une nouvelle vie par le regard du public à chaque nouvelle époque.
En même temps il y a toujours le risque que l'œuvre soit menacée dans son objectivité. Les interprétations peuvent défigurer les intentions de l'auteur. C'est ce qui est arrivé à Paul Valéry, avec « Le cimetière marin » ou « La jeune parque ». C'est pourquoi Valéry a mis les choses au point de la manière suivante : « Mes vers ont le sens qu'on leur prête. Ce qui
compte c'est ce que j'ai voulu faire et non voulu dire ». « Il n'y a pas de vrai sens d'un texte, pas d'autorité de l'auteur. Le texte est un appareil dont chacun peut se servir à sa guise, et l'auteur ne s'en sert pas mieux qu'un autre ». « J'ai écrit une partition et je ne puis l'entendre qu'exécutée par l'âme et par l'esprit d'autrui ».
Ce qui assure l'immortalité des œuvres ce sont les interprétations que les siècles ultérieurs s'autorisent à en donner.

Conclusion
L'œuvre d'art devient le lieu de rencontre d'une communication des consciences par delà les siècles. Créateurs et contemplateurs tentent de concilier la fidélité à l'esprit de l'œuvre et sa résurrection accompagnée de renouvellement.

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Contribution de Pierre Haller

« L’artiste est-il maître de son art ? »
Qu’est-ce que l’art ?
L’art est une mise en spectacle du monde. Il l’anticipe et le structure. Il révèle l’ordre sous-jacent de ce monde. Il révèle l’invisible. Il matérialise l’invisible religieux, symbolique, mythique ou esthétique.

Qui est l’artiste ?
L’artiste est le révélateur, c’est un créateur, il engendre une œuvre unique et inédite. Si le philosophe crée des concepts pour comprendre le monde, l’artiste élabore des « percepts » qui favorisent la perception des diverses dimensions du réel. Mais il ne crée pas ces percepts à partir de rien. Il est lui-même issu d’un contexte culturel et social. Il a, en principe, longtemps appris et travaillé une technique, musicale, picturale ou littéraire. Le génie émerge de ce travail sur un substrat matériel. Le travail de l’artiste émerge de la subjectivité sensible et de l’objectivité technique voire scientifique du substrat matériel. Le savant découvreur ou inventeur peut aussi être considéré comme un artiste.
L’artiste musical ou théâtral est celui qui crée l’œuvre ou celui qui l’interprète.
Le mécène tout comme l’acheteur d’œuvres d’art est un élément du système artistique.

Être maître d’un art, ça veut dire quoi ?
Maîtriser la technique ? Être capable d’aller au-delà de la technique (la spezzatura de Raphaël (1483-1520) : « le vrai art est celui qui ne semble être art ») ? Inventer et maîtriser un style identifiable par le profane ? (Picasso) Interpréter, réinterpréter une œuvre musicale ou théâtrale existante ? Respecter les normes ? Transgresser les normes ? Créer des normes ? Inscrire sa création dans un courant contemporain ? Interpréter le monde ? Ré-enchanter, transcender le réel ? Inventer de nouvelles techniques ? Utiliser à des fins artistiques de nouvelles techniques (perspective, photographie, cinéma, BD, informatique)?
L’artiste fait l’art et l’art fait l’artiste, on ne sait lequel est premier selon le principe de l’œuf et de la poule. 

L’œuvre collective ou individuelle.
+ Les œuvres collectives ont été souvent réalisées pour la gloire des puissants, mais aussi avec une utilité symbolique, sociale ou de propagande (pyramides, temples, cathédrales, monuments, châteaux, architectures et infrastructures politiques du fascisme ou du communisme). Les grandes œuvres collectives antiques mobilisant des moyens humains considérables comme la grande muraille de Chine, les pyramides d’Égypte ou précolombiennes, les cathédrales, les routes, les canaux avaient, au-delà de leur utilité officielle, des fonctions multiples comme le prestige du prince et de sa cour, l’occupation des hommes pour réguler la démographie, pour limiter et endiguer les révoltes contre le pouvoir, pour affirmer la distribution des pouvoirs dans les sociétés, voire comme chantiers de travaux forcés.
Ces œuvres appartiennent aujourd’hui au patrimoine de l’humanité. Peut-être faudra-t-il aussi un jour faire entrer dans cette histoire les souffrances des milliers d’esclaves, serfs, condamnés aux travaux forcés, malades et accidentés du travail qui ont participé à ces patrimoines de l’humanité.

Ces grandes œuvres ont fondé des identités nationales, elles ont souvent permis à des artistes de concevoir des œuvres décoratives remarquables réalisées dans des ateliers (sculptures, peintures, vitraux, orfèvrerie, calligraphie, céramique, etc.)

Les maîtres d’œuvre de ces ouvrages secondaires sont pour l’essentiel inconnus d’autant que les constructions se sont souvent étendues sur des siècles.

Aujourd’hui les grandes œuvres scientifiques ont partiellement pris le relais de ces œuvres traditionnelles : Internet, conquête de l’espace (NASA, ESA), CERN, Human brain project, les communautés scientifiques et universitaires mondiales. Les princes bâtisseurs ont tendance à disparaître, pour laisser place à de grandes administrations.

+ Les œuvres d’art individuelles, jusque vers le 19è siècle, ont été essentiellement commanditées à des artistes reconnus par les puissants civils ou religieux. Les plus reconnus de ces artistes, tels que Rembrandt, dirigeaient des ateliers faisant travailler des apprentis et des compagnons sur l’œuvre qu’ils signaient. Les thèmes étaient souvent imposés par les commanditaires et mécènes qui assuraient à leur bon gré la subsistance matérielle des artistes. Quelques catégories d’artistes semblent avoir pu se soustraire partiellement à la tutelle des puissants : des troubadours, des saltimbanques, des poètes, des marionnettistes, les musiciens
populaires, les danseurs folkloriques, des conteurs. Cependant vers le 15è siècle, à l’aube de la Renaissance, on peut observer dans la peinture et la musique la perte progressive de la mainmise religieuse sur les thématiques artistiques. Les corps se dénudent, les thèmes profanes apparaissent (paysages, fêtes du village, mythologies), les puissants laïques se font portraiturer. Il est certainement possible de déceler des corrélations entre ces premières libertés conquises d’abord par les artistes puis celles par des philosophes des Lumières au 18è siècle et l’évolution de la pensée scientifique. C’est à partir du 19è siècle qu’émerge la volonté de certains artistes de s’affranchir de la tutelle des puissants et des codes esthétiques académiques en peinture, en littérature, en musique. La « bohème » constitue un courant artistique et un art de vivre de certains artistes. Bien des artistes, tel que Van Gogh (1853-1890), ont payé un lourd tribut à leur indépendance.

Les œuvres artistiques populaires sont réalisées par des milliers d’artistes anonymes qui sont de simples vecteurs de transmission et des facteurs d’évolution dans le temps,- sur des siècles-, et dans l’espace,-sur des milliers de kilomètres-, de certains styles artistiques. Le film Latcho Drom montre, par exemple, l’évolution de la musique « Rom» partie vers l’an mille du Rajasthan à travers le Moyen-Orient, l’Europe centrale, l’Espagne jusqu’en Afrique du Nord. Au cours des siècles, partout où ces populations errantes ont passé, cette musique s’est enrichie d’éléments nouveaux, et en a laissé ses traces sur place. Cette musique tzigane est un lien profond qui unit ce peuple et qui lui a permis de survivre à des siècles de marginalité et de persécutions. Le jazz a également joué ce rôle pour les populations noires aux Etats-Unis. Les contes populaires traversent le temps et l’espace grâce à des artistes anonymes qui en sont les serviteurs et non les maîtres, mais qui sans cesse les réinterprètent et les réinventent.
De temps en temps ces arts populaires font émerger des personnalités repère de tout un courant artistique (Homère, Monet, Django Reinhardt, Duke Ellington).

La production artistique anonyme est considérable partout et en tout temps : le tricot, le tissage, la broderie, la sculpture, le modelage, la décoration, l’orfèvrerie, toutes les pratiques artistiques d’amateurs.

L’expression artistique de l’amateur est utile pour lui-même, pour son épanouissement personnel. C’est un moyen de maîtrise du geste, du corps, du verbe, de l’esprit, un moyen de se mettre en harmonie avec le monde et d’y apporter sa part de beauté.
L’art n’est pas le monopole des institutions, des stars et surtout pas du marché. Les stars de l’art, comme celles du sport, devraient être des repères pour donner envie de créer et montrer le chemin aux amateurs, et non une fin en soi.

L’art-thérapie, est mis en œuvre à des fins d’épanouissement personnel ou psycho-thérapeutique dans de vastes domaines artistiques allant de la musique à la peinture. Le parcours créatif participe au processus d’évolution de la personne et sa propre prise en main.

Le système de l’art dans notre société contemporaine fonctionne sur les interactions d’institutions d’Etat ou privées, de marchés, de réseaux, de mondanités, de com’, de rapports de forces, de compromissions, de finances. Il s’agit d’un ensemble de contraintes auxquelles le talent de l’artiste doit se soumettre pour accéder à la notoriété. L’artiste qui veut survivre doit passer sous bien des fourches caudines et maîtriser autre chose que seulement son art. Il doit en particulier maîtriser le langage et le jargon voire la logorrhée autoproduite par sa spécialité. Le marché de l’art est un système complexe dont les acteurs sont les États, les mécènes, les galeries, les grandes foires internationales d’art contemporain  (Paris, Bâle, Cologne, Hong Kong). Peut--être aujourd’hui plus que jamais dans l’histoire autant d’artistes n’ont trouvé moyen de s’exprimer. Nombreux sont les artistes qui bénéficient des protections sociales de l’Etat que leur art seul ne permettrait pas. Il est probable qu’Internet au niveau mondial fera connaître des Mozart, des Van Gogh, du fin fond de la Chine ou de la Patagonie, mais certainement pas tous.

Les œuvres artistiques de grands spectacles comme les concerts, les opéras, les films, voire les manifestations sportives relèvent en général d’un dirigeant (artiste ?) associé à une multitude de professionnels de différentes spécialités. Les budgets peuvent être énormes (Le film Guerre et Paix en 1968 a atteint 700 millions de dollars, une représentation d’opéra
tourne autour de 500.000 euros à Paris, les JO de Sotchi en 2014 ont coûté 36 milliards d’euros). Ce genre d’œuvre d’art est une industrie dont la valeur se mesure au succès populaire qui n’est jamais garanti.

Les nouveaux métiers de l’art. La marchandisation de nombreux domaines d’activités culturelles ont conduit à l’essor de métiers où la création est très encadrée par des normes dictées par un certain marketing de l’esthétique : scénarios de séries télévisées, bandes dessinées, romans, jeux vidéos, design des objets, emballages de produits de consommation, architecture, mobilier urbain et de l’espace public.

Le star système du monde artistique contemporain détermine le statut et la rémunération des artistes. Les artistes vivent misérablement sauf les stars. Ce système est largement accepté car tout artiste aspire ou espère devenir une star. Ce mode de fonctionnement s’applique également au sport spectacle, aux salariés face aux rémunérations extravagantes des patrons, aux petits trafiquants de drogue face aux parrains de la maffia ou à la scène terroriste de base face aux seigneurs de la guerre.

L’industrie culturelle favorise l’émergence des mastodontes de la création et de la diffusion artistiques (Time Warner, Walt Disney, Canal + : cinéma ; Pearson, Bertelsmann : édition ; Vivendi, Sony : musique ; Google, Youtube, Netflix : Internet, par exemple). L’économie de l’immatériel répond à la loi des rendements croissants et, aujourd’hui, elle est essentiellement américaine en venant de Silicon Valley, Hollywood ou Wall Street.
Les autorités françaises cherchent à défendre l’exception française en matière culturelle face à la menace que font peser ces mastodontes sur la diversité. Bien que cette politique favorise également les copinages franco-français n’allant pas toujours dans le sens de la diversification culturelle ou politique, elle constitue néanmoins un facteur de régulation de la création et la diffusion artistiques dominée mondialement par la logique du marché américain.
Dans la Dialectique de la Raison, par Adorno et Max Horkheimer, deux membres fondateurs de l'École de Francfort, il est affirmé que la diffusion massive de la culture met en péril la véritable création artistique.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) défendant un « modèle audiovisuel qui soit un lien social favorisant la diversité culturelle et le pluralisme politique » se montre préoccupé par l’arrivée de la télévision à la demande américaine Netflix (notamment via Bouygues). Celle-ci imposera ses séries à bas prix à partir de la personnalité supputée des consommateurs élaborée à partir d’algorithmes d’analyse statistiques des usages. (Le Monde des 14/15 septembre 2014).

La vassalisation de la culture mondiale par les mastodontes américains. Selon l’économiste Daniel Cohen (né en 1953) dans « La prospérité du vice. Une introduction (inquiète) à l’économie » : « Hollywood traite les sujets universels : l’argent, le sexe et la violence pour un public-monde. Les producteurs nationaux complètent l’offre en inscrivant à moindre frais, ces grands thèmes dans la réalité du pays. » 
Il conclut : « L’Empire romain est mort de s’être enfermé dans une « coquille d’indifférence cognitive » au  monde de la production. » 

La censure artistique a existé de tout temps pour des raisons politiques, idéologiques,
religieuses ou de bonnes mœurs. Les artistes ont souvent tenté de la contourner plus ou moins insidieusement et avec génie. Dans nos sociétés démocratiques, la censure s’exerce essentiellement par l’autocensure, les pressions économiques ou la concentration des pouvoirs artistiques.

Le droit d’auteur est une construction juridique complexe qui organise la propriété intellectuelle, littéraire, artistique, des auteurs et des ayant-droits comme les héritiers ou les éditeurs qui peuvent devenir les maîtres de fait des œuvres.
La mondialisation de la diffusion des œuvres littéraires et musicales par des géants d’internet (Google, Amazon, Youtube, Deezer) modifie les conditions de maîtrise du devenir de leur œuvre par les créateurs.

La création artistique et le cerveau
Notre corps porte en lui des mémoires inconscientes, dites procédurales, dans le cerveau mais aussi dans ses autres organes. Elles permettent d’écrire, parler, jouer d’un instrument de musique, marcher, danser, chanter, jongler, rouler en vélo, conduire une voiture. Ces mémoires s’incrustent à force d’entrainement. Pour l’artiste, elles associent le geste, les sens, les représentations mentales. Chacun d’entre nous, sans être nécessairement artiste, a pu faire l’expérience de chanter automatiquement les paroles et l’air d’une ancienne chanson qu’il croyait avoir oubliée.
La création d’une œuvre originale, de son côté, relève de mécanismes cérébraux complexes et mystérieux.
L’intuition artistique, ne connaît pas de lois (comme l’amour qui est enfant de Bohème dans Carmen). Elle relève de processus inconscients. La technique mise en œuvre, quant à elle, suit des processus bien conscients et matériels de l’entrainement du geste, du regard ou de la voix.
La prédisposition génétique à la création artistique est nécessairement complétée par un long travail de maîtrise de l’art en question.
Il faut, parait-il, dix mille heures d’entrainement pour exécuter une tâche complexe avec génie.
« Mon esprit est en face de quelque chose qui n’est pas encore, et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans la lumière », écrit Marcel Proust (1871-1922).
Le philosophe Alain (1868-1951) dit que l’artiste est lui-même « spectateur de son œuvre en train de naître », il poursuit : « un beau vers n’est pas d’abord en projet et ensuite fait, mais il se montre beau au poète » (Système des beaux-arts, 1920).

Comme tout langage, l’œuvre d’art constitue à la fois une réduction et une extension du réel dans le temps, dans l’espace et dans la complexité. Elle est la part créative ancrée dans la conscience humaine, de l’homo faber.

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Propos entendus

+ Articulation du débat : D’où vient l’œuvre ? que devient-elle ?
+ « Quand j'étais jeune, mes livres s'écrivaient d'eux même. Je n'en étais pas le maître. La lune, l'herbe, le visage solaire de l'amoureuse et la vie, qui est plus forte que la vie et la mort réunies, tout les écrivait. » Christian Bobin (né en 1951)
+ « Je ne me défends pas d'ailleurs. Mon œuvre me défendra. » Emile Zola (1840-1902)
+ Les artistes préhistoriques des peintures rupestres avaient-ils un inconscient ? ...

+ L’œuvre sert à affirmer la propre existence de l’artiste et à mieux comprendre le monde.  
+ Les artistes n’ont pas toujours pensé la même chose.
+  « Les dieux, gracieusement, nous donnent pour rien tel premier vers; mais c'est à nous de façonner le second, qui doit consonner avec l'autre, et ne pas être indigne de son aîné surnaturel. » Paul Valéry (1871-1945)
+La valeur marchande et la valeur morale d’une œuvre sont-elles compatibles ?  
+ L’artiste recherche la vérité dans l’universel, dans l’association du sensible et de l’esprit, du beau et de la technique. Un artiste est un génie qui maîtrise un art sans le savoir. 
+ Hegel (1770-1831) a essayé de rationaliser ce qui n’est pas rationnel.
+ L’inspiration soudaine est inexplicable. Elle s’appuie sur une technique et des outils.
+ L’interprète a du talent mais pas nécessairement du génie.
+ Le matériau commande la création.
+ L’artiste fait un pacte avec Dieu. Le créateur est un éveillé. Il se soumet à l’universel et en est le témoin.
+ Le premier vers vient par les cinq sens.
+ L’œuvre est un acte de désobéissance.
+ Pygmalion a gardé Galatée, son œuvre.
+ Ravel a colorisé Moussorgski...Ravel, c’est la naissance perpétuelle...
+ L’artiste est le secrétaire du divin.
+ Le génie est-il génétique ?
+ Le créateur peut se sentir étranger à son œuvre.
+ Le style est dans l’interprétation.
+ L’inspiration vient de l’intérieur, l’expiration de l’extérieur.
+ L’anacrouse donne l’impulsion initiale d’une mélodie.
+ « Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou me taise
Ceci ne tient qu'à toi
Ami n'entre pas sans désir » Paul ValéryPalais de Chaillot (y consulter les autres citations de Valéry sur l’art)
+ Le créateur confie son œuvre à un interprète.
+ L’œuvre est inspirée par une transcendance.
+ La transcendance vient de l’enfance. La plupart des artistes ont connu un traumatisme dans l’enfance.
+ Dieu doit beaucoup à Bach.
+ Respecter l’œuvre, c’est la figer.
+ Aujourd’hui la musique baroque n’est pas jouée comme dans les années 1970.
+ La richesse d’une œuvre, c’est de pouvoir la réinterpréter. Elle échappe à l’auteur.
+ L’interprétation est-elle une trahison ?
+ En coréen « l’oiseau chante » se dit « l’oiseau pleure ».
+ Le spectateur a des filtres de sensibilité. Il lui faut des clés de compréhension et de sensibilité.
+ La perception de la musique est culturelle.
+ A notre époque chacun de nous a entendu davantage de musiques diverses que Bach à son époque.
+ Au-dessus du créateur, il y a quelque chose.
+ Les Impressionnistes ont transcendé la photographie.
+ L’art, c’est le lien à l’homme.
+ Les traductions ont enrichi les textes sacrés.
+ L’œuvre, c’est 10 % de génie et 90 % de travail.
+ La beauté d’une œuvre peut déclencher des réactions physiologiques d’émotions, larmes, battements de cœur.
+ La Joconde a souvent été reprise et détournée par des artistes.
+ L’art ne peut être enfermé.
+ Il y a des amateurs créatifs.
+ Il faut parler à l’œuvre.
+ L’artiste ne se rend pas nécessairement compte de son talent. C’est son choix, son désir.
+ Le maître, c’est le public.
+ Les artistes ont des problèmes de survie économique. Ils doivent se soumettre à l’économie.
+ L’artiste est maître de sa liberté d’expression. Mais l’œuvre ne lui appartient plus.
+ L’œuvre échappe à son créateur, puisqu’elle est appelée à lui survivre.
+ Celui qui agit est inconscient.
+ Il n’y a rien de transcendant dans l’art...
+ L’artiste maîtrise son œuvre mais pas son génie.
+ La France est un pays d’amateurs...
+ L’humanité a échappé à son créateur.
+ Le processus de création est complexe : transcendance, matériau, liberté, inconscient, environnement...
+ Certains artistes ont rendu copie blanche à cette dissertation «  l’artiste est-il maître de son art ? « 
+ La nature est-elle maître de sa beauté ?