Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

+ Retrouvez facilement le site Internet du Chemin du philosophe en tapant "cheminphilo" sur un moteur de recherche Internet.

+ Pour découvrir le Chemin du philosophe en forêt : un petit film .

+ Pour télécharger la brochure 2021 du Chemin du Philosophe.

+ Audioguide du Chemin du philosophe en forêt, télécharger sur smartphone via le lien ou avec le code QR (en forêt le chargement par QR dépend du réseau de votre fournisseur d'accès).

+ S'y promener avec ValdoiseMyBalade.

+ Pour trouver le Chemin du Philosophe : carte (avec le GPS, programmer 179, rue de Paris, Montlignon, le parking est proche).

+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

+ Pour soutenir et adhérer à l'association ou renouveler annuellement : Bulletin d'adhésion.

+ Pour nous écrire : cheminduphilosophe(arobase)wanadoo.fr

 

Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

Programme des activités à venir (cliquez sur le lien)


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Fonction Sound est limitée à 200 caractères

dimanche 15 décembre 2013

Autour de Noël, promenade sur le Chemin du Philosophe


Quarante-cinq personnes ont participé ce dimanche 15 décembre 2013 à la promenade d'hiver sur le Chemin du philosophe en forêt domaniale de Montmorency. Elles ont bénéficié du beau temps ainsi des présentations de différents thèmes "Autour de Noël" : 
- Les mythes par Philippe Hartmann
- Les religions par Clémentine Saïd
- Saint-Nicolas et le Père Noël par Catherine Delaunay, qui aussi lu le conte "La Mère Noël" de Michel Tournier
- Noël et la société de consommation par Danielle Roslagadec
- La trève de Noël 1914 par Pierre Haller.


Une brève exposition de peintures de grands peintres sur les thème des la Nativité et des avatars du Père Noël a été affichée sur la sculpture "Humanité".Une collation à base de café, thé, vin chaud et gâteaux de Noël confectionnés par les membres a été fort appréciée. Les textes des présentations sont téléchargeables ICI.  

La promenade s'est terminée par la chanson "Vive le vent d'hiver" interprètée par Patrick Liautaud et reprise en choeur.


Comme on peut le voir, même le vrai Père Noël était présent.


dimanche 1 décembre 2013

Compte rendu du café philo du 29 novembre 2013 – Interprétation, connaissance.







Nous étions quarante-huit personnes à participer à ce café philo, le vendredi 29 novembre 2013, au centre culturel de Bouffémont, sur le thème : « Interprète-t-on à défaut de connaître ? » qui était un des sujets philo du bac en juin 2013.Une dizaine d'élèves de classe de seconde  du centre médical et pédagogique Jacques Arnaud de Bouffémont ont participé avec leurs professeurs.



L’assemblée a sélectionné par votes, parmi quatorze propositions, les sujets des prochains cafés philo de Bouffémont.

Vendredi 31 janvier 2014 à 20 h 45 : « La vulnérabilité est-elle signe d’humanité ? »

Vendredi 28 février 2014 à 20 h 45 : « Pourquoi le beau nous fascine-t-il ? »

Vendredi 28 mars 2014 à 20 h 45 : « Faut-il toujours rechercher la vérité ? »





Outre les contributions habituelles de Catherine Delaunay et de Pierre Haller, Arlette Coutin a lu un poème de sa composition « Réflexions sur la mort ». Il est reproduit à la fin de cet article.

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Contribution de Pierre Haller

« Interprète-t-on à défaut de connaître ? »

Champs sémantiques :

Interpréter : représenter, expliquer, clarifier, donner du sens, comprendre, traduire, deviner, travestir, déformer, jouer, subjectiver.

Connaître : représenter, comprendre, savoir, éprouver, expérimenter, souffrir, être compétent, être conscient, être au courant, connaître quelqu’un, objectiver.



Problématique : interpréter et connaître sont-ils antinomiques ?



Les multiples domaines de l’interprétation

En linguistique, interpréter, c’est donner un sens à un signe, à un geste ou à une parole.

En psychanalyse, l'interprétation du ressenti du patient par lui-même et par l’analyste est le fil conducteur de la cure psychanalytique. Pour le psychanalyste Sigmund Freud (1856-1939), les pensées du rêve et le contenu du rêve sont comme deux exposés des mêmes faits en deux langues différentes.

L’ herméneutique, cherche à interpréter le sens d'un texte en allant au-delà du sens littéral, pour trouver les sens cachés, spirituels ou allégoriques. L’exégèse est une étude approfondie et critique d'un texte profane, mythologique, littéraire, poétique ou sacré qui relève autant de sa connaissance objective détaillée (origine, histoire, style) que de son interprétation.

En droit, bien que nul ne soit censé ignorer la loi, celle-ci, à cause de sa complexité, doit être interprétée par des professionnels et des autorités.

La traduction d’un discours ou d’un texte d’une langue à l’autre implique des connaissances précises des deux langues, mais n’exclut pas des interprétations. Les traductions peuvent trahir le sens ou le faire glisser, mais aussi le l’enrichir car les champs sémantiques des mots peuvent être différents d’une langue à l’autre. Par exemple, le concept philosophique occidental de « conscience de soi » est traduit en japonais en « éveil à soi ».

L’artiste interprète le réel ou des œuvres d’auteur. Dans les différents domaines des arts (musique, danse, théâtre) l’exécutant ou l’artiste interprète en rendant audible ou visible dans son style propre la création d’un auteur. Le musicien interprète Mozart, l’acteur interprète Sophocle. L’auteur interprète le monde.

En informatique, l’exécution des programmes est une suite itérative mécanique d’interprétations codifiées de signaux électriques.

En médecine, le diagnostic est l’interprétation de signes cliniques, de résultats d’analyses ou d’imageries médicales. Ces interprétations sont basées sur des connaissances généralement normalisées, parfois intuitives. L’intuition émerge de la connaissance.

En philosophie. Les jugements de valeur et les jugements moraux sont de l’ordre de l’interprétation. La nécessité de l’interprétation s’impose parce que bien souvent le sens des choses ne va pas de soi. Il faut recourir à l’interprétation pour entrevoir l’implicite.



Les multiples domaines de la connaissance.

+ Les connaissances humaines, leur nature et leur variété, la façon dont elles sont acquises, leur valeur et leur rôle dans les sociétés, sont étudiées et codifiées par une diversité de disciplines telles que la science, les techniques, l'épistémologie, la philosophie, la psychologie, les sciences cognitives, l'anthropologie, la sociologie, l’histoire, la politique, l’économie. Chacun de ces domaines définit des normes d’acquisitions et d’utilisation de ses connaissances spécifiques.

+ Les critères de la rationalité scientifique reposent sur l’observation, la description de la réalité par des modèles qui ne dépendent pas en principe de l’observateur. Une théorie doit être réfutable (falsifiable) selon le philosophe Karl Popper (1902-1994).

+ Les sciences humaines, pour asseoir leur crédibilité font appel à des instruments mathématiques comme les statistiques.

+ Les modèles de connaissances des sciences dites exactes fonctionnent à des échelles de temps, d’espace et d’organisation de la matière spécifique. Les connaissances relatives à la mécanique des corps physique sont différentes aux niveaux de l’infiniment petit, de notre taille humaine ou de l’infiniment grand de l’univers.
Nos connaissances scientifiques en dehors de nos échelles de perceptions sensorielles nécessitent des instruments de mesure tels que les accélérateurs de particules, les microscopes, les détecteurs divers, les IRM, les télescopes, les satellites. Ces appareils ne restituent qu’une partie des caractéristiques des phénomènes. Ces caractéristiques font ensuite l’objet d’interprétations par les scientifiques, par exemples les modèles standard des particules élémentaire ou de la structure de l’univers.

+ Un modèle scientifique n’est valable qu’à l’intérieur de ses frontières d’observation spécifiques.

+ Le fonctionnement des objets technologiques apporte la preuve de la validité de nos connaissances à leur échelle de taille. Même si nous ne savons pas ce qu’est fondamentalement un champ électromagnétique, nous savons utiliser ses propriétés pour transmettre des informations ou fabriquer, transporter et utiliser de l’énergie électrique. Le fonctionnement des ordinateurs est la preuve de la validité de nos modèles de comportement de la matière semi-conductrice au niveau microscopique et invisible des électrons.

+ Les connaissances sont implicites ou explicites. Les implicites peuvent être génétiques, épigénétiques, culturelles. Les animaux savent naturellement construire leurs nid, s’occuper des progénitures, chasser, se nourrir, vivre en groupe. Les connaissances explicites sont formalisées et physiquement transférables.



La transmission et l’évolution des interprétations et des connaissances

+ Les connaissances tout comme les interprétations relèvent de l’individu et/ou de la société entière. Michel Foucault (1926-1984) parle d’épistémè qui est l’ensemble des connaissances scientifiques, du savoir d’une époque, ses présupposés et ses interprétations. « L’épistémè de la culture occidentale s’est trouvée modifiée dans ses dispositions fondamentales ». (Michel Foucault, Les mots et les choses)

+ Les connaissances sont acquises par une variété de processus cognitifs: perception, apprentissage, raisonnement, mémoire, expérience, témoignage. L'humanité a développé une diversité d’outils et de techniques destinées à préserver, transmettre ou élaborer des connaissances, comme l’oralité, l’écriture, l’imprimerie, l'école, les encyclopédies, la presse écrite, les médias en général ou les ordinateurs.

+ Les connaissances ainsi que les interprétations se construisent à partir de concepts linguistiques qui sont parfois des métaphores ou des métonymies.  Exemple : champ gravitationnel, anthropocène, royaume de Dieu, justice, liberté, etc.

+ Le monde compte aujourd’hui quelque huit millions de chercheurs de haut niveau dans différentes spécialités. La coopération internationale dans l’échange des connaissances est peu visible dans les médias, mais constitue probablement le plus grand des trésors de notre époque. Ces chercheurs en 2012 ont publié 1,8 millions de documents soumis à des normes de rigueur scientifique vérifiées par des comités de lecture indépendants.


+ Les bulles spéculatives néolibérales créées par les éditeurs scientifiques aux dépends de la recherche constituent une menace pour la déontologie des chercheurs, selon une tribune du Monde du 13/11/2013.

+ Selon Le Monde du 10/11/2013, une enquête de l’Institut Professionnel de la Fonction Publique du Canada, la moitié des scientifiques au Canada ont été témoins de censures de données ou d’ingérences politiques dans les travaux scientifiques. Selon le philosophe Jacques Bouveresse (né en 1940) : « La science à ses débuts a été faite par des hommes qui étaient amoureux du monde, mais elle finit par être essentiellement un instrument entre les mains de gens qui ne rêvent que de dominer et à qui l’idée de découvrir la vérité à son sujet est devenue à peu près indifférente. »

+ La connaissance et l’interprétation sont sources de pouvoirs, scientifiques, politiques, religieux, financiers. Ces pouvoirs prononcent des anathèmes.

+ L’histoire des sciences est marquée par ses trublions qui remettent en cause les vérités établies. L’inquisition a brûlé vif Giordano Bruno (1548-1600) pour avoir affirmé l’héliocentrisme. Les gardiens du temple scientifique veillent aujourd’hui encore contre les dérives des pseudosciences avec le risque de passer à côté de nouvelles perspectives. Yves Rocard (1903-1992), physicien français père de l’ancien premier ministre Michel Rocard,  a vu son cursus scientifique, éminent par ailleurs, interrompu au seuil de l’Académie des sciences à cause de son intérêt pour la radiesthésie et le biomagnétisme. L’immunologiste Jacques Benveniste (1935-2004) a été évincé de l’INSERM en 1995 pour avoir publié ses travaux sur la mémoire de l’eau. Entre temps le biologiste et Prix Nobel de médecine en 2008 Luc Montagnier (né en 1932) a estimé que Benveniste avait globalement raison.

Rupert Sheldrake (né en 1942), un auteur parapsychologue anglais, ancien biochimiste, remet en cause les grands dogmes scientifiques actuels tels que : La nature n’est que matière. Seul l’homme a une conscience. Le cerveau produit la conscience et la contient. Nos gènes expliquent toute notre hérédité. La quantité globale d’énergie et de matière ne varie pas. Le paranormal n’existe pas. Sheldrake est devenu persona non grata de la communauté scientifique.

+ Le phénomène de dissonance cognitive a été étudié par le psychosociologue américain Léon Festinger (1919-1989). Celle-ci est caractérisée par le fait que « les personnes dont les convictions sont contredites par les faits se convertissent en prosélytes d’autant plus fervents que les faits sont devenus irréfutables ». C’est le cas probablement aujourd’hui des climato-sceptiques ou des créationnistes.

+ L’équilibre cognitif a contrario peut demander le droit à l’ignorance. « Je revendique le droit à l’ignorance » dit le sémiologue Roland Barthes (1915-1980).



Les frontières floues entre connaissance et interprétation

+ « Ce qui est rationnel est réel. Ce qui est réel est rationnel. » Hegel (1770-1831).

+ « Il faut voir pour croire » cet adage, déjà réfuté par l’Evangile, est aujourd’hui l’argument des climatosceptiques qui considèrent que les signes et les calculs annonçant la catastrophe climatiques à venir ne sont pas probants.

+ Inversement le principe de précaution doit être interprété avec précaution car il peut servir à  inhiber n’importe quelle action.

+ Les connaissances sont en général assorties des interprétations de leurs auteurs. Les interprétations sont parfois marquées par des intérêts pas nécessairement explicités par les auteurs. La recherche du bien-être intellectuel ou matériel, la survie professionnelle (« Publier ou périr »), voire la vanité peuvent être des raisons cachées des logiques d’interprétation dogmatiques des connaissances. La transmission de l’histoire nationale est celle de l’interprétation des faits historiques soigneusement filtrés. (Les Romains auraient civilisé la Gaule tout comme les Européens l’Afrique.)

+ Dans leur ouvrage « L’événement anthropocène », les historiens Christophe Bonneuil (né en 1968) et Jean-Baptiste Fressoz, analysent l’ère géologique actuelle appelée anthropocène correspondant à la transformation radicale de la planète par l’activité technologique humaine depuis le 18è siècle (Journal Le Monde du 9/11/2013). Leur interprétation est qu’il s’agit aussi d’un « thanatocène », porteur à la fois de vie et de mort. Ils notent que les grandes technologies qui exploitent la nature au profit des humains sont historiquement marquées par leur origine militaire et destinées initialement à tuer. Les pesticides sont hérités des gaz de combat. Les engrais azotés sont liés aux explosifs.
La surexploitation des océans par la pêche est possible grâce aux sonars, radars et aux filets de nylon développés pour les militaires. L’aviation civile, la marine, le nucléaire, l’Internet, le GPS, la chirurgie sont des retombées de pratiques militaires. Les économies d’énergies et de moyens occupent une faible place dans les logiques militaires. Les humains chosifient la nature à leur discrétion tout comme ils ont tendance à chosifier leurs troupes et leurs ennemis dans les guerres. 

+ Disposons-nous toujours de tous les éléments nécessaires à une juste interprétation de notre vécu quotidien ou de l’ère historique dans laquelle nous sommes embarqués ?

+ L’individu adhère aux interprétations majoritaires du groupe auquel il se sent appartenir. Il lit les journaux qui écrivent ce qu’il aime entendre.

+ Aujourd’hui plus que jamais, à cause de ou grâce aux médias, s’opère des amalgames entre connaissances scientifiques et les interprétations conjecturales ou orientées.

+ Les objets immatériels sont plus difficiles à définir donc sujet à interprétation. Plus un objet est abstrait, plus il est sujet à interprétation.

+ Interprétation des textes: certains passages de textes sacrés sont controversables. Le Psaume 137 de la Bible par exemple dit : « Babylone, la belle, toi qui va être ravagée, heureux qui te paiera de retour pour le mal que tu nous as fait ! Heureux qui saisira tes enfants et les écrasera contre le roc ». Ce genre de texte mérite aujourd’hui une interprétation non littérale. L’interprétation récurrente des textes débouche sur leur auto justification, ce sont des ensembles auto-référents. Il en est parfois de même des publications scientifiques ou pseudoscientifiques ou encore des œuvres d’art. Des textes souvent cités et interprétés deviennent des dogmes. L’autorité morale des auteurs ou des institutions joue un rôle important dans le passage du statut de l’interprétation à celui de la connaissance.

+ Les mythologies, les contes sont polysémiques et interprétables de multiples manières à travers l’espace et le temps. Les mythes d’Œdipe ou de la malédiction des Atrides peuvent être vus comme une illustration des grands tabous de l’humanité : le parricide, l’infanticide, le cannibalisme, l’inceste, le suicide. On peut y voir l’illustration de la folie humaine, de l’hybris (la démesure), de Némésis (la colère des dieux), de la violence sous-jacente à la vie humaine (« tuer pour ne pas être tué »), des boucs émissaires, du tragique de la vie, des ravages des superstitions, du besoin de transcendance. La psychanalyse y puise des modèles de structures de l’inconscient.

+ La paranoïa est un délire d’interprétation. Le sujet est enfermé dans une bulle de constructions mentales tressées dans la peur. « Les paranoïaques présentent dans leur attitude ce trait frappant et généralement connu, qu'ils attachent la plus grande importance aux détails les plus insignifiants, échappant généralement aux hommes normaux, qu'ils observent dans la conduite des autres » selon la psychanalyse.  Freud ajoute : « Sur ce point, le paranoïaque a donc, dans une certaine mesure, raison : il voit quelque chose qui échappe à l'homme normal, sa vision est plus pénétrante que celle de la pensée normale ». Certains paranoïaques sont réellement persécutés ou cherchent à l’être...

+ La surinterprétation des faits ou des paroles déclenche parfois des hystéries collectives ou individuelles spontanées ou soigneusement dirigées à des fins partisanes.

+ Rôle du langage. Le langage pour interpréter ou conférer le statut de connaissance à la description d’un fait joue un rôle important. Un même fait peut être perçu comme positif, négatif ou indiscutable selon les mots utilisés et leurs connotations.

+ Les leaders d’opinions dans les sciences, les lettres, les arts, le militantisme, les médias, élaborent et diffusent des modèles de connaissance traduisant en fait leur interprétation. La controverse, l’intérêt caché ou les conflits de chapelles constituent souvent le fonds de commerce des protagonistes. Le niveau de diplôme ou la notoriété des protagonistes n’est pas toujours une garantie d’objectivité.  « S’ils (les magistrats) avaient la véritable justice et si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n’auraient que faire de bonnets carrés ». « L’imagination dispose de tout. Elle fait la beauté, la justice et le bonheur qui est le tout du monde. » Pascal, Pensées, 82. La légitimité du pouvoir est affaire d’interprétation.

+ Le déluge de données informatiques dans tous les domaines comme les sciences, la médecine, les sciences humaines, la vie privée des individus pose des problèmes inédits. Pour accéder à des connaissances, il faut extraire, telles des têtes d’épingles de bottes de paille par des logiciels complexes, les données pertinentes et les interpréter. Un disque dur à 80 euros peut contenir autant d’informations qu’une bibliothèque nationale. Le volume de données informatiques double tous les 18 mois depuis l’origine de l’informatique. Les systèmes d’espionnages sont censés protéger les citoyens contre la criminalité, mais servent aussi à l’espionnage économique, à la manipulation de masse ou à la traque des opposants politiques. A contrario, dans les démocraties, l’open data, les données ouvertes, devrait permettre un meilleur contrôle des gouvernants par les citoyens.

+ Les hoax sur Internet sont des canulars informatiques reposant sur des interprétations volontairement erronées de connaissances. La blogosphère est régulièrement inondée de fausses informations  s’appuyant sur l’argument « on vous cache tout, je vais vous dire la vérité ». De bruyants spécialistes du buzz alimentent Internet de faux sondages ou agitent les réseaux sociaux avec des informations biaisées, ou donnent du sens à de l’insignifiant. L’interprétation conspirationniste des événements dans les théories du complot fait particulièrement florès sur Internet. Il s’agit souvent de pseudoscience (soucoupes volantes, ovni) ou d’activisme à bon ou mauvais escient (conflits d’intérêts, espionnage, sociétés secrètes). « Il y a plus faux que le faux, c'est le mélange du vrai et du faux. » Paul Valéry

+ Le biaisage des données statistiques fait partie des techniques d’apparence scientifique de manipulation dans l’interprétation des faits. La corrélation de deux faits n’implique pas nécessairement un lien de causalité direct. Des co-facteurs impensés peuvent intervenir. On peut sélectionner les échantillons de population jusqu’à ce qu’on trouve ce qu’on veut trouver. Enfin, les faibles occurrences sont parfois les arbres qui cachent la forêt (ou l’écharde dans l’œil de l’autre qui fait oublier la poutre dans le sien). Les crédits de recherche sur les effets des faibles champs électromagnétiques sur la santé publique, qui n’ont jamais rien montré de significatif, ont été longtemps supérieurs à ceux contre la malaria qui tue des millions de gens dans le tiers monde chaque année. Des gens se sont dits malades par la proximité d’une ligne haute tension alors que celle-ci n’a jamais été en service. Des augmentations des maladies de la thyroïde ont été attribuées aux retombées radioactives de Tchernobyl dans des régions où de manière certaine elles n’ont pu avoir lieu.

+ Les victimes identifiables captent davantage l’attention des médias, du public et des politiciens que les victimes statistiques. L’affaire Leonarda occupe plus de place dans les médias que les milliers de pauvres ou de réfugiés dans le monde. Selon Staline « La mort d’un seul soldat russe est une tragédie, un million de morts est une statistique ». L’allocation de ressources publiques dépend souvent du tapage médiatique autour d’un problème donné.

+ La calomnie laisse toujours des traces.

+ Les sondages d’opinions sont souvent biaisés, malgré leur apparence neutre et objective, ils disent ce que le commanditaire souhaite.

+ Les agences de com’ ont pour mission d’élaborer les messages et éléments de langage pour faire passer les interprétations de leur commanditaires.

+ L’opinion publique est plus sensible aux argumentations des faiseurs de peur qu’aux arguments plus complexes des scientifiques. La connaissance scientifique n’est pas démocratique, elle ne se décrète pas, elle se révèle. L’interprétation peut se décréter.

+ Le vrai scientifique, c’est le cas de la plupart des chercheurs, est en principe prudent et modeste dans ses interprétations ; ce qui est rarement le cas des doctrinaires.

+ La validité de l’interprétation ou de la connaissance en dernier ressort émane et débouche sur la confiance : confiance dans l’autre, en soi, dans les institutions, dans l’avenir. Cette confiance implique également des éthiques du doute, du sens critique, de la coresponsabilité, de cohérence des paroles et des actes, de l’honnêteté.





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Contribution de Catherine Delaunay, transcrite à partir de ses notes.

Interprète-t-on à défaut de connaître ?



1  .Le sujet porte sur la connaissance c'est-à-dire à l’accès à la vérité objective et universellement admise notamment par les sciences. Le sujet du débat se demande si cette connaissance objective est possible ou bien si cette connaissance reste cantonnée à une interprétation, c’est-à-dire à une élucidation seulement subjective. Donc le concept d’interprétation peut avoir quelque chose de péjoratif, de négatif ; il serait une moindre connaissance, une connaissance inférieure, une conception parfois erronée, défectueuse, partielle, partiale, tronquée ou approximative.


2. Le sujet peut porter sur l’interprétation d’une partie de la réalité ou sur la totalité de la réalité. Sur une partie de la réalité, le concept d’interprétation est déjà très ancien puisque Aristote en a parlé au 4e siècle avant J-C. Ce concept connaît un regain d’intérêt à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle avec l’avènement des sciences humaines, à savoir de l’histoire, de la sociologie, de la psychologie, de la psychanalyse, de la linguistique, de l’ethnologie, etc. Les sciences humaines, comme leur nom l’indique, ont l’homme comme objet d’étude et d’interprétation, à savoir les comportements humains, individuels ou collectifs, passés ou présents. Par extension il s’agit de toutes les productions humaines, les langues que l’on traduit, les œuvres d’art, une partition de musique, une pièce de théâtre, un poème, etc. Les textes religieux sacrés ont besoin d’être interprétés par des exégèses. Bref le champ de l’interprétation est vaste. Ici il concerne exclusivement l’humain. Le présupposé sera que l’humain étant plus complexe que la nature ou la matière, il n’est pas possible d’accéder à une vérité objectivement comme cela est permis dans les sciences exactes ou expérimentales. Là, l’objet extérieur à l’homme est parfaitement identifiable.

Mais le sujet peut-être pris dans un deuxième sens et porter sur la totalité de la réalité. Certains affirment que même les phénomènes et qui prétendent être connus scientifiquement par la physique, la chimie, la biologie ou l’astrophysique ne peuvent en réalité être atteints que par l’interprétation. Après tout, les sciences les plus nobles ont une histoire. Des théories dites vraies à une époque se sont avérées fausses un peu plus tard. N’est-ce pas la preuve que dans tous les domaines, on interprète à défaut de connaître ? Je vous propose un cheminement suivant sur mon exposé. A) Commencer par définir de manière comparative la connaissance et l’interprétation. B) Examiner plus particulièrement les critiques que l’on formule à l’égard de l’interprétation dans le champ des sciences humaines. C) S’interroger sur la position qui consiste à dire que toute connaissance même scientifique est déjà une interprétation. D) Et enfin quelle portées, quelles conséquences si on doit se contenter de l’interprétation ?



Analyse comparative des concepts de connaissance et d’interprétation.

Connaissance vient du verbe latin « cognoscere » qui veut dire savoir, apprendre, étudier. «Cognoscere » est constitué à partir de « cum » qui signifie « avec » et de « nascere » qui signifie « naître » ; connaître, c’est  naître avec, naître une deuxième fois, émerger de l’ignorance, de l’illusion, de l’erreur pour s’élever à la vérité, à la connaissance. Cette sorte de renaissance sera le thème central de Platon dans le texte célèbre de l’allégorie de la caverne dans la République. Nous serions prisonniers de l’obscurité et de nos sensations, opinions, préjugés, mais nous pourrions nous en libérer et pour accéder à la lumière de la vérité. Comment connaît- on ? Comment accéder à la vérité ? Par l’explication des phénomènes. Il s’agit de déchiffrer les liaisons constantes et nécessaires entre des paramètres, des variables et en déduire des lois. On va montrer les enchaînements des causes et des effets. Par exemple, la molécule d’eau s’explique par la combinaison de deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène. Par exemple, le mouvement des astres et des planètes s’explique par la gravitation c'est-à-dire par le fait que les planètes s’attirent en fonction du produit de la masse et inversement proportionnellement au carré de leur distance. Selon les domaines et selon les objets à connaître, on procède par démonstration, par expérimentation et par vérification.

Interprétation vient du latin « interpretare », dérivé de « interpres » c’est-à-dire intermédiaire. L’intermédiaire peut désigner l’interprète. L’intermédiaire peut être le miroir fidèle de la réalité mais il peut être aussi un écran qui fait obstacle et déforme la réalité.



Au 15e siècle et existait un substantif « l’interprétant » c’était le devin qui énonçait soit ce qui était caché soit ce qui allait arriver, l’avenir qu’il prédisait. Les synonymes d’interpréter sont décoder, déchiffrer, décrypter, dévoiler. Interpréter c’est dire quelque chose sur quelque chose selon Aristote ou Paul Ricoeur ; mais c’est paradoxalement dire autre chose et dire en même temps la même chose. L’interprétation juste est dans cet interstice entre le dire autre chose et dire la même chose. C’est là la difficulté de l’interprétation exacte.



Comment interprète –t-on ? Tandis que la connaissance relève de l’explication, l’interprétation relève de la compréhension. Expliquer et comprendre sont la plupart du temps identiques ou équivalents dans le langage courant. Comprendre c’est saisir du sens intuitivement de manière globale, c’est englober, embrasser une signification. Alors qu’expliquer, c’est déployer un enchainement de causes et d’effets, un enchaînement de propositions. Comprendre, c’est pénétrer le sens parfois visible ou parfois invisible, le sens caché ou refoulé d’un discours, d’un comportement, d’un rêve, d’un mythe, d’un événement, d’une œuvre d’art. Paul Ricoeur dans un de ses premiers livres « Le conflit des interprétations » dit: « L’interprétation est le travail qui consiste à déchiffrer le sens caché dans le sens apparent, à déployer des niveaux de signification impliqués dans la signification littérale ». Il peut y avoir du sens caché, des sens cachés et des sens multiples. C’est toujours du sens ou des sens que l’interprétation met en évidence.


On parle de l’art de l’interprétation et non de la science de l’interprétation. L’interprétation c’est plus un savoir-faire où entre une certaine habilité, une certaine adresse, ingéniosité ou finesse. Alors que la science est une discipline plus codifiée où il faut d’abord appliquer des règles de la logique et un protocole expérimental. Evidemment plus interviennent l’intuition et l’esprit de finesse, plus interfère un « coefficient de subjectivité ». Est-ce que l’on découvre des sens déjà là ou bien est-ce qu’on invente un ou des sens  nouveaux ? Qu’est-ce qui permet de savoir qu’on ne se trompe pas, que le sens trouvé est bien le bon ? C’est le problème de l’objectivité de l’interprétation qui se pose toujours. Quand a-t-on fini d’interpréter ? L’interrogation n’est-ce pas un travail sans fin ? Est-ce que l’interprétation n’est pas toujours en plus ou moins arbitraire, subjective, relative à celui qu’il énonce ? Est-ce que l’interprétation ne dépend pas de nos goûts, opinions, voire de nos préjugés ?



Le second point à aborder est : « quelles critiques à l’égard de l’interprétation ? » Plutôt que de recenser ses objections, je partirai d’exemples qui illustrent les difficultés de l’interprétation.

Le champ de l’histoire. Spontanément nous croyons que le travail de l’historien est facile. Il suffirait de restituer, de ressusciter le passé en quelque sorte, en rassemblant des documents, des archives, des vestiges, des témoignages pour mettre à jour la compréhension d’un événement ou d’une période et aboutir à une seule interprétation. En réalité c’est faux ; l’histoire elle-même selon les époques s’est référée à des schémas d’interprétation différents. Par exemple, pendant des siècles on a privilégié l’histoire militaire, diplomatique ou politique. Le rôle central était dévolu aux gouvernements, aux monarques, au corps d’Etat, aux armées, aux institutions et on ignorait ce que vivaient les peuples. Puis à partir du 19e siècle, sous l’influence du marxisme notamment, c’est l’histoire économique et sociale, l’histoire des masses, qui est devenue prépondérante, et on a adopté une seule grille d’interprétation, à savoir interpréter les événements politiques à partir des causes économiques. Raymond Aron dans son introduction à la philosophie de l’histoire a montré que l’historien est condamné à accepter différentes interprétations possibles d’un événement. L’histoire elle-même évolue dans ses interprétations. Un bon exemple est celui de la révolution française. Pendant longtemps les historiens ont considéré que l’acteur principal de la révolution française était le peuple, le petit peuple, qui s’est révolté contre la monarchie absolue, contre l’oppression, contre les taxes et les impôts. Puis l’interprétation marxiste au 19e siècle s’était imposée, à savoir que c’est la bourgeoisie qui a conduit et a encouragé ces bouleversements contre la noblesse et en a tiré profit. Aujourd’hui cette interprétation est insuffisante et les historiens prennent soin de distinguer différentes phases de la révolution française. Les rôles de la bourgeoisie, de la noblesse, du clergé ou du petit peuple ont pu varier selon les périodes à savoir avant et après1793, année de la Terreur. De manière générale Raymond Aron réfute l’idée que l’on pourrait appliquer à tous les événements un seul schéma unitaire d’interprétation où ce serait toujours des causes économiques et sociales qui en dernière instance expliqueraient les événements. Même si c’est parfois vrai, ce ne l’est pas nécessairement dans tous les cas.



Georges Duby, historien du 20e siècle, rejoint Raymond Aron en expliquant que chaque époque recrée son histoire, la réinterprète avec de nouveaux questionnements, de nouvelles valeurs, de nouvelles représentations. Par exemple, dans la période d’après-guerre, on a admis que des fonctionnaires qui avaient servi sous le gouvernement de Pétain continuent à exercer des fonctions. Et puis 50 ans plus tard, on a fait des procès à Papon, Bousquet ou Touvier parce que les époques nouvelles imposaient de nouvelles exigences, de nouvelles normes. Georges Duby s’exprime ainsi : « tout discours sur le passé est l’œuvre d’un homme qui vit dans un présent et qui interprète les vestiges du passé en fonction de ce présent. » On voit que l’interprétation n’est pas totalement arbitraire mais elle évolue et change.



Le champ de la psychanalyse. La psychanalyse interprète des symptômes, le pathologiques, des rêves, des actes manqués. C’est encore plus difficile de parvenir à des interprétations dites objectives et qui feraient l’unanimité. Par exemple Sigmund Freud était convaincu que toutes les névroses s’expliquent en dernière instance par un conflit d’ordre sexuel. Mais certains de ses disciples comme Jung ou Adler n’étaient pas du même avis. Freud était convaincu que tous les rêves étaient l’expression et la réalisation d’un désir plus ou  moins conscient, masqué ou refoulé. Aujourd’hui des chercheurs comme Michel Jouvet proposent d’autres interprétations. Pendant le sommeil, le cerveau connaîtrait une intense activité nerveuse qui permettrait chaque nuit de se reprogrammer et de consolider la personnalité génétique et psychologique. Freud a tenté d’élaborer, disait-il, une science de l’interprétation du rêve. Il a élaboré une méthode d’analyse du rêve à partir de concepts. Il a montré que tous les rêves travaillent toujours de la même manière à partir des mécanismes que sont la condensation, le déplacement et la symbolisation. La condensation concentre plusieurs chaînes de souvenirs, désir, pensées sous une image composite. Le déplacement est un procédé qui masque l’essentiel du désir en le projetant sur un élément qui paraît insignifiant. La symbolisation dans le rêve est une suite de symboles culturels ou personnels pouvant signifier et cacher en même temps les désirs.




Les textes littéraires ou sacrés et les œuvres artistiques. L’arbitraire y est encore davantage patent. Est-ce que la seule interprétation valable est celle qui était attestée par l’écrivain et ses intentions conscientes ?

Pour les textes sacrés il est évident que l’interprétation est différente selon que l’on est croyant ou athée. Il y a des interprétations réductrices et destructrices qui ne verront que superstition là où des croyants verront une sur abondance de significations.



Et si toute connaissance même la plus scientifique n’était interprétation ? Le sens commun croit que les scientifiques accèdent directement et immédiatement à la connaissance des phénomènes de la nature. Bachelard faisait remarquer qu’il faut être déjà savant pour observer ce qui est significatif. Les sciences ont trébuché souvent. Par exemple, on s’est longtemps demandé comment expliquer les phénomènes de combustion. Les alchimistes s’évertuaient à décrire les flammes, leur couleur, les grésillements des bûches, etc. Tout cela était sans intérêt. Il faudra attendre Lavoisier pour mettre en évidence que toute combustion est une oxygénation, une combinaison avec l’oxygène. La science a bredouillé et elle a balbutié. Les théories et se sont succédées et se sont remplacées les unes les autres. Par exemple la théorie de l’atome depuis Démocrite. La théorie de la lumière ; Descartes la croyait instantanée, Newton en a formulé une théorie corpusculaire, Fresnel , Huygens, Maxwell une théorie ondulatoire. Louis de Broglie a associé les deux représentations corpusculaires et ondulatoires.

Les sciences construisent leur objet à travers des concepts forgés par l’esprit humain, par exemple le concept de masse, d’intensité, d’électricité, de gènes, de tissus, de cellules d’hérédité etc. Ces concepts dépendent de théories et d’un certain état de la science. La science dépend de l’environnement social et économique politique et idéologique par exemple l’affaire Lyssenko en URSS. Les pouvoirs politiques, économiques, industriels, techniques font pression sur la science. Il n’existe peut-être plus de recherche gratuite et désintéressée à des seules fins de vérité. Si toutes les recherches appliquées se réalisent à des fins d’efficacité d’intérêts, la vérité existe-t-elle vraiment ? Donc il faut se méfier de la vision angélique et idyllique de la connaissance et de la science. Il vaut mieux accepter l’idée que même la science n’est qu’interprétation. Cela nous rend vigilant quant à son contenu idéologique.



Conclusion.

Sur le plan de la vie quotidienne. C’est très positif de savoir que nous ne percevons jamais les choses ou les autres tels qu’ils sont, alors que la plupart du temps nous sommes persuadés de percevoir les choses et les autres tels qu’ils sont. Notre perception ordinaire n’est qu’une approximation et comporte beaucoup d’a priori, de préjugés et d’erreurs. Etre conscient que ce que nous ne faisons qu’interpréter me semble très positif.

Sur le plan des sciences humaines. Il me semble important d’être vigilant et d’oser contester certaines interprétations qui se présentent définitives et dogmatiques. Il faut se méfier des interprétations autoritaires, trop rigides, trop sûres d’elles comme a pu être l’interprétation marxiste en son temps. Il faut aussi se méfier des excès d’interprétation qui partent dans tous les sens. Il existe en psychanalyse une pathologie appelée délire d’interprétation, la paranoïa, où le sujet voit partout des signes qu’il est persécuté. En même temps pouvoir interpréter apporte richesse et supplément de sens. Dans une pièce de théâtre ou dans un concert les spectateurs peuvent voir et entendre des choses que peut-être le metteur en scène, les comédiens, les musiciens n’avaient pas perçues et cela enrichit l’œuvre.

A l’égard des sciences exactes. Là aussi la vigilance est nécessaire. La science d’aujourd’hui est tellement déterminée par un environnement social, économique, industriel, technologique, politique et idéologique qu’on ne peut plus croire qu’elle soit totalement désintéressée et assujettie à la seule exigence de vérité. Elle sert aussi des intérêts, elle cherche l’efficacité au service de toute sorte de pouvoirs en place.



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Propos entendus



+ L’interprétation met du sens plutôt que de la vérité.

+ L’informatique transcode. L’informaticien interprète.

+ L’intelligence des choses, c’est leur connaissance et leur interprétation.

+ Il y a opposition entre les sciences exactes et les sciences humaines.

+ Les sciences n’atteignent jamais les causes ultimes.

+ Je comprends l’homme, j’explique la nature.

+ La matière et l’énergie sont des concepts le paradoxaux. L’énergie se prête à l’interprétation, la matière relève de la connaissance.

+ Tout est interprétation. L’interprétation et la connaissance dépendent du référentiel. Interpréter sert à trouver du sens à partir d’un point de départ vers un objectif.

+ Tout acte de penser est un acte de libération, de maîtrise de son destin. Le but de la science est de faire face à l’inquiétude de l’homme. Chaque homme a le droit de penser et de connaître. Il y aura toujours une tension entre la pensée individuelle et la pensée collective.

+ On ne connaît jamais tour d’une personne ou d’une chose. On interprète à partir de ce que l’on sait.

+ Une œuvre musicale est composée à partir de sept notes que l’on peut interpréter à l’infini.


+ Toutes les interprétations sont différentes, ce qui constitue un enrichissement du sens.

+ L’œuvre a une valeur intrinsèque, mais les interprétations sont multiples.

+ Les interprétations des grandes œuvres classiques sont devenues connaissance. C’est la dernière interprétation qui a force de valeur.

+ La connaissance a changé à partir de 1905 par l’émergence de nouveaux paradigmes comme la psychanalyse, le marxisme, les théories de la relativité. Le progrès vient de l’interprétation.

+ Il y a le sujet qui interprète et l’objet interprété. Il s’agit de phénomènes naturels ou de comportements humains. On n’arrêtera jamais de rechercher la connaissance et la vérité des choses. La vérité varie avec le temps et le domaine.

+ Les sciences exactes sont plus crédibles que les sciences humaines.

+ Pour connaître l’autre il faut l’aimer. La connaissance est liée à la relation humaine.

La perception de la vérité d’une démonstration dépend de l’état d’empathie entre le professeur et l’élève.

+ Tout est interprétation.

+ Il est important qu’il y ait des interprétations multiples dans les sciences dites exactes et dans les sciences humaines.

+ Il est heureux que l’interprétation de l’homme soit prépondérante dans la connaissance.

+ L’ultime connaissance est celle de la mort.

+ L’homme et l’acteur et l’interprète de sa propre vie.

+ Les pédagogues se querellent depuis toujours sur la question de la juste transmission des connaissances.

+ L’interprétation est indispensable à la connaissance.

+ Dans la vie quotidienne, les réactions, souvent problématiques, des personnes, parfois problématiques, dépendent de leur interprétation des choses en positif ou en négatif.

+ Connaître est un accompagnement.

+ Le manquent de connaissances appelle l’interprétation.

+ Les mathématiques ne sont pas un sujet d’interprétation. Elles sont indépendantes des faits. C’est une construction de la raison humaine. Les mathématiques construisent sans cesse des objets nouveaux.

+ L’interprétation permet de faire grandir.

+ L’interprétation est complexe et simple à la fois. Tu vois une chose , tu en montres une autre, et celui qui regarde en voit encore une autre.

+ Nous sommes soumis sans cesse à des maîtres à penser qui apportent des interprétations toutes faites.

+ L’acquisition de connaissances se fait à partir de l’interprétation du passé.

+ Interpréter me rassure.

+ L’interprétation a sans cesse besoin de nouvelles connaissances.

+ Connaîtra-t-on un jour à la vérité ?

+ Les médias nous envoient sans cesse leur vérité.

+ Il faut mutualiser les connaissances pour interpréter.

+ La lumière se comprend à partir de la nuit.

+ L’origine de la vie est la connaissance. Le développement du cerveau du bébé se fait à partir de l’acquisition de connaissances et d’interprétation de ces connaissances. Connaissance interprétation vont ensemble dans le cerveau.

+ La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on.

+ Pour accéder à la connaissance il ne faut pas trop interpréter. L’interprétation est souvent une hypothèse mal formulée. Il faut cependant rester humble devant les faits.

+ La musique est mathématique. Les bons matheux sont de bons musiciens.

+ Nous ne percevons jamais les gens et les choses tels qu’ils sont. Il faut se méfier des interprétations dogmatiques aussi bien dans les sciences dites exactes ou les sciences dites humaines. Il faut se méfier des interprétations trop sûres d’elles-mêmes.

+ La paranoïa est un délire d’interprétation. Il faut avoir des doutes sur ses connaissances.

+ Les interprétations s’enrichissent mutuellement.

+ L’interprétation est un métalangage c'est-à-dire un commentaire sur la connaissance elle-même. L’homme sait qu’il sait.



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Citations



« Il n'y a pas de délire d'interprétation puisque toute interprétation est un délire. »

Clément Rosset



« Le silence est l'interprète le plus éloquent de la joie. »

William Shakespeare



« Lire, c'est toujours interpréter. »

Henry Miller



« Interpréter, c’est appauvrir, diminuer l’image du monde, lui substituer un monde factice de “significations”. »

Susan Sontag



« Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, il s'agit maintenant de le transformer. »

Karl Marx



« Que toute loi soit claire, uniforme et précise : l'interpréter, c'est presque toujours la corrompre. »

Voltaire



« Nous habitons un monde interprété par d'autres où il nous faut prendre place. »

Boris Cyrulnik



« L'interprétation n'a pas plus à être vraie que fausse ; elle a à être juste. »

Jacques Lacan



« Les yeux sont les interprètes du cœur, mais il n'y a que celui qui y a intérêt qui entend leur langage. »

Blaise Pascal



« Si au lieu d'interpréter les faits, on se contentait d'en tenir compte, tout irait moins mal dans les familles et les états. »

Jean-Louis Gagnon



Toutes choses sont sujettes à interprétation ; quelle que soit l’interprétation dominante à une certaine époque, elle émane d’un rapport de force et non de la vérité.

Friedrich Nietzsche



L’interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance des activités inconscientes de l’esprit.

Sigmund Freud



Le principal objet d’une révolution est la libération de l’homme ... et non pas l’interprétation et la mise en œuvre de quelque idéologie trancendante.

Jean Genet



« Ne cherche pas à savoir toute chose, de peur de tomber dans l’ignorance totale. »

Démocrite (460-370)



« Au fond, on ne sait que lorsqu’on sait peu : avec le savoir croît le doute. »

Wolfgang Goethe (1749-1832)



« Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir. »

Confucius (555-479)



« La connaissance est pour l’humanité un magnifique moyen de s’anéantir elle-même. »

Friedrich Nietzsche (1844-1900)



« L’information n’est pas la connaissance. »

Albert Einstein



« Chacun peut acquérir toutes mes connaissances. Mais mon cœur m’appartient à moi seul. »

Johann Wolfgang von Goethe



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Réflexion sur la mort

d’Arlette Coutin

Novembre 2013



A l'heure de l'ultime connaissance

L'homme sera en évidence

Du devenir de son sort

Derrière le rideau de la mort



Au chuchotement qu'on entend

Grondant dans les derniers moments.

Elle entre dans toute maison

Elle frappe à toute saison




Elle emporte tous les hommes

Dans son lit pour un dernier somme

Où l'on ne peut dire où il mène

Seulement qu'aucun n'en revienne



Derrière cette séparation

Elle laisse des interprétations

Danser autour de ce mystère

De la vie après la matière



N'y-a-t-il rien après la mort

Revient-on dans un autre corps

Est-on jugé au purgatoire

En attente dans un long couloir



Le Paradis existe-t-il ?

Ou le noir de l'enfer hostile

Autant de représentations

Nourrissent notre imagination.



L'homme trouvera sa vérité

Qui lui permettra d'accéder

A un chemin de connaissance

Pour qu'il donne à sa vie un sens