Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

+ Retrouvez facilement le site Internet du Chemin du philosophe en tapant "cheminphilo" sur un moteur de recherche Internet.

+ Pour découvrir le Chemin du philosophe en forêt : un petit film .

+ Pour télécharger la brochure 2021 du Chemin du Philosophe.

+ Audioguide du Chemin du philosophe en forêt, télécharger sur smartphone via le lien ou avec le code QR (en forêt le chargement par QR dépend du réseau de votre fournisseur d'accès).

+ S'y promener avec ValdoiseMyBalade.

+ Pour trouver le Chemin du Philosophe : carte (avec le GPS, programmer 179, rue de Paris, Montlignon, le parking est proche).

+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

+ Pour soutenir et adhérer à l'association ou renouveler annuellement : Bulletin d'adhésion.

+ Pour nous écrire : cheminduphilosophe(arobase)wanadoo.fr

 

Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

Programme des activités à venir (cliquez sur le lien)


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Fonction Sound est limitée à 200 caractères

dimanche 9 décembre 2012

Promenade sur le Chemin du philosophe le dimanche 9 décembre 2012

Promenade du dimanche 9 décembre 2012


 Quelque quarante-cinq personnes ont bravé la fraicheur de ce dimanche matin pour participer à la promenade sur le Chemin du philosophe en forêt domaniale de Montmorency (Val-d'Oise). Christine, Danielle, Philippe et Pierre avaient préparé de courtes interventions sur les thèmes de la Lune et l'astronomie, les calendriers, l'agriculture, les mythes et les religions. Michèle a terminé avec le conte de "La lune perfide". Deux poèmes de Verlaine consacrés à la Lune ont également été récités. L'ensemble de ces textes sont téléchargeables ici. Un collation à base de boissons chaudes et de délicieux petits gâteaux a requinqué les participants à la mi-temps et a contribué à la bonne humeur. Comme tout le monde n'a pas pu goûter l'excellent vin chaud de Danielle, en voici la recette.



dimanche 2 décembre 2012

Compte rendu du café philo du 30 novembre 2012


Zorba le Grec (cliquez)



Nous étions trente-six participants à ce café philo du vendredi 30 novembre 2012, le dernier de l’année 2012, sur le thème « Quelle fraternité dans le monde moderne ? » Nous invitons nos amis à nous retrouver avant l’année prochaine (et l’éventuelle fin du monde du 21 décembre 2012...) le dimanche 9 décembre 2012 à 10 h : "La Lune d'hiver", une promenade commentée sur le Chemin du philosophe. Rendez-vous au Château de la chasse.

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En résumé
-           La fraternité, intimement liée à la solidarité, est profondément ancrée dans la nature du vivant qui vit en groupes.
            Elle nourrit tout comme elle peut intoxiquer les rapports humains. Il y a des marchands du temple. Elle relie et elle exclut.
-           Elle contribue à réguler les sociétés. Elle se fait, se défait et se recompose sans cesse.
-           Elle s’appuie sur l’empathie.
-           Elle est l’objet du discours éthique nécessaire mais souvent instrumentalisé. Elle s’incarne dans des institutions de solidarité.
-           Elle doit être régulée également par la raison. Elle rencontre des limites qualitatives et quantitatives.
-           Elle permet de transcender le quotidien et donner du sens à la vie. Elle est la base de l’humanisation de l’espèce. Elle de l’ordre du sacré.

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Dominique Coupleux, qui a proposé le thème de ce soir lors du dernier café philo, nous a fait aussi l’amitié de sa contribution à l’animation. Dominique vient de publier son deuxième livre «Fraternité Cosmique». Il convient de soutenir la diffusion de cet ouvrage d’abord parce que le contenu le mérite et ensuite parce que nous sommes toujours honorés, dans notre association, de contribuer à la promotion des talents de nos amis. A travers cette histoire d’extraterrestres visitant notre région et rencontrant des philosophes telles que Karine Deloonez, un certains nombre de grandes questions, qui interpellent l’honnête homme d’aujourd’hui, sont abordées de manière très pédagogique. L’origine de l’univers, la structure de la matière, l’origine de la vie, le monde quantique, le cerveau, Dieu et les religions, les spiritualités laïques ou l’éthique et la morale, chacun de ces thèmes nous emmène dans un florilège d’idées grâce aux talents d’écriture de Dominique. Chaque sujet est en soi un objet de débat possible dans un café philo. La lecture de cet ouvrage est agréable et on en sort avec le sentiment d’être plus intelligent et que le vaste monde reste sans cesse à découvrir.

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Le texte de la contribution de Dominique Coupleux au café philo « Quelle fraternité dans le monde moderne ? » est téléchargeable ici.

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Définition de la fraternité
La fraternité ou l’amitié fraternelle est -au sens premier du terme- l'expression du lien moral qui unit une fratrie. Par extension, cette notion désigne un lien de solidarité et d’amitié à d’autres niveaux : on peut parler de fraternité à l’échelon d'une association ou d'un groupe (par exemple : fraternité qui unit ceux qui luttent pour la même cause, fraternité d’armes qui unit des combattants, fraternité scoute ...). Au sens le plus large, la fraternité universelle - qui s'exprime notamment dans des idéaux comme l'universalisme, l'œcuménisme, le cosmopolitisme, l'internationalisme, le christianisme, etc...- fait résonner l'idée que tous les hommes sont frères et devraient se comporter comme tels, les uns vis-à-vis des autres. Les manifestations amicales, associatives, festives, sportives, religieuses ou caritatives sont autant d'occasions et de lieux pour exprimer cette fraternité.
Certaines fraternités sont scellées par des rites initiatiques, des serments, des bizutages.
Les qualités liées à la fraternité sont dans l’idéal : réciprocité, confiance, identité, sincérité, solidarité, secours mutuel, intérêts communs, désir.
La fraternité possède sa spécificité par rapport à d’autres formes d’empathie telles que la camaraderie, l’amitié, l’amour, la solidarité. En général, la camaraderie a peu d’enjeux ; l’amitié est sélective ; l’amour est exclusif ; la solidarité repose une interdépendance fonctionnelle. La fraternité transcende.

Les terrains d’application de différentes formes de la fraternité

+ Le terrain religieux et philosophique : les religions, les sectes, les ordres mystiques, les sociétés initiatiques, les confréries soufies, les croyances surnaturelles, les courants philosophiques.
+ Le terrain social et associatif : fraternités professionnelles, syndicales, corporatives, sportives, les classes sociales, les strates des pouvoirs, les clans, les groupes de pressions, les ONG.
+ Le terrain politique, institutionnel, juridique : les partis politiques, les corps constitués.
+ Le terrain économique et géopolitique : alliances commerciales ou militaires, les lobbys, les projets internationaux de coopérations scientifiques, technologiques, de développement, les actions humanitaires, les ONG internationales.
+ Le terrain culturel : les univers des arts et des lettres, les réseaux sociaux d’Internet, les modes et les courants artistiques ou culturels, les mouvements idéologiques et religieux.
+ Le terrain écologique : la fraternité avec la nature dans son ensemble, protection de la nature, du climat et des espèces vivantes.

Tous ces types de fraternités fondent des identités, des modes de coopération, des structures de pouvoirs, mais également des exclusions, des hostilités, des endogamies.

La fraternité dans l’histoire
Les mythes fondateurs des sociétés font état de rivalités fraternelles. La Bible rapporte le meurtre d'Abel par son frère Caïn ; Joseph est vendu par ses frères ; Esau vend son droit d’aînesse à Jacob pour un plat de lentilles ; le Fils prodigue est méprisé par ses frères. Dans la mythologie romaine, Romulus tue Remus, son frère jumeau, tous deux fondateurs de Rome. Dans la mythologie grecque Antigone sacrifie sa vie en bravant l’interdiction du roi Créon d’accomplir les rites funéraires pour son frère Polynice tué par son autre frère Etéocle.
Les ordres religieux sont des communautés de frères ou de sœurs sous l’autorité d’abbés ou d’abbesses. Au Moyen-âge, les corporations et le compagnonnage de métiers s’organisent en fraternités. Au cours des âges, différents ordres initiatiques se constituent en fraternités telles que les templiers, les moines soldats, les chevaliers de la Table ronde, les francs-maçons.
Pour le philosophe Emmanuel Kant (1724-1804) l’hospitalité doit être universelle, tout ce qui est humain, a droit à cette hospitalité, donc tout étranger humain.
Lors de la Révolution française de 1789, la Fraternité passe au niveau politique. Le principe Liberté –Egalité - Fraternité est promulgué. Pour Robespierre « La fraternité est l’union des cœurs, c’est l’union des principes : le patriote ne peut s’allier qu’à un patriote. » (Référence). La formule « Liberté, Egalité, Fraternité, ou la mort » sera inscrite sur toutes les façades des édifices publics, en 1793. La dernière partie fut cependant vite abandonnée, car trop associée à la Terreur. La fraternité sert aussi à justifier l’exclusion et la terreur.
Pour l’historien Jules Michelet (1798-1874) la fraternité est « un droit par-dessus le droit ».

Toutes les guerres, toutes les invasions ont connu des « fraternisations », notamment sexuelles le plus souvent obligatoires, indispensables à la survie des vaincus (Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht, collaboration, colonisation, esclavage).

Les dérives des fraternités
+ Internet
Les réseaux sociaux sur Internet, censés contribuer à la fraternité universelle, la monétisent. Les moteurs de recherche monétisent les centres d’intérêts des internautes. « Si un produit est gratuit, c’est vous le produit ». Avec Internet est apparu un nouveau pouvoir, celui des « données » (après l’exécutif, le législatif, le judiciaire, les médias). Le citoyen devient l’objet de tentatives de manipulations individuellement et collectivement à partir des données personnelles collectées sur Internet.
L’écran de l’internet est pour l’individu à la fois une fenêtre ouverte sur le monde et une barrière qui isole du monde en empêchant le contact physique. Or la fraternité ne semble pas pouvoir se dérouler uniquement dans l’espace virtuel.

+ Certains êtres, milieux professionnels, familles, fratries ou fraternités sont névrotiques, pervers ou toxiques. La moitié des meurtres et l’essentiel des violences se produisent dans le cadre familial. Mais aussi l’essentiel des actes de fraternité.

 + La fraternité connaît aussi ses marchands du temple en politique, dans l’humanitaire et dans l’affairisme, chez les chefs de guerre : instrumentalisation de la fraternité, vanité et hauts salaires des dirigeants, gaspillages somptuaires, coûts exorbitants des campagnes de pub au service des grandes causes, exploitation des bénévoles, voire utilisation de kamikazes.

+ Les entreprises et des partis politiques souvent instrumentalisent et exploitent les sentiments altruistes des consommateurs et des citoyens dans le domaine de l’environnement ou du social (greenwashing, responsabilité sociale des entreprises, actions humanitaire.). Il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre les engagements réels et la poudre aux yeux.

+ Selon Russell Banks, écrivain américain s’exprimant dans Le Monde 3/11/2012 à propos des récentes élections américaines, le libéralisme est un darwinisme social allant à l’encontre de la fraternité. La diffusion de la peur et de la défiance réciproque en est l’instrument favori. « La ploutocratie a réussi à faire naître des alliances où la race l’emporte sur la classe. C’est un événement historique : vous pouvez dresser les gens contre leurs intérêts si vous brandissez la question raciale. »

+ Les fraternités raciales et religieuses montent les communautés les unes contre les autres. Mais il arrive aussi qu’elles se massacrent par sous-ensembles en lors propres seins (Liban, Balkans, Rwanda, Islam). Dans le monde d’aujourd’hui, les revendications jusqu’au-boutistes des identités raciales et religieuses relèvent davantage du cerveau reptilien que de la raison, du cœur ou de la spiritualité. En excluant la raison et les compromis, elles entraînent des retours récurrents à la barbarie.

Les nouveaux visages des fraternités dans notre société
+ La fraternité des armes, y compris dans la barbarie, ou patriotique semble en perte de vitesse. Les fraternité religieuses se renforcent dans certains groupes et se délitent dans d’autres.
+ La fraternité planétaire connaît des progrès, de manière certes limitée, dans les domaines des droits humains et l’écologique grâce aux médias et aux grandes institutions internationale et les ONG.
 + Il se développe de nouvelles formes de fraternités. Beaucoup des familles aujourd’hui sont recomposées avec des fratries et des structures de parentalité nouvelles. Les enfants et les adultes ont non seulement besoin de frères, mais aussi de mère, de père et de sur-moi. Le sur-moi est censé assurer la cohérence des fratries.
+ Les fraternités homosexuelles ont aujourd’hui le droit d’exister, dans nos pays du moins.
LHC après la découverte du boson de Higgs
+ Les fraternités des chercheurs scientifiques existent au-delà des querelles et des ambitions personnelles ou des usines à gaz institutionnelles. Les grands programmes et coopération de recherches internationales ont mis au point des systèmes de gouvernances collaboratives internationales : CERN, ESO, CNES, etc. échanges d’étudiants, de chercheurs, de professeurs. Quelque dix mille chercheurs d’une centaine d’instituts d’une trentaine de pays travaillent sur les expériences du LHC de Genève. Souvent les grandes aventures technologiques sont un mélange d’intérêts et de fraternités.

Les défis de la fraternité aujourd’hui
+ La civilisation mondialisée, urbanisée, technologique, financiarisée, contractualisée, procédurale, algorithmique, numérisée, sécurisée est une grosse machine, un monstre, un Léviathan qui suit sa propre logique. Dans un tel contexte de darwinisme social, l’individu a peine à trouver du sens hormis le consumérisme et l’individualisme. La formule « bellum omnium contra omnes » (« guerre de tous contre tous ») a déjà été utilisée par le philosophe Thomas Hobbes (1588-1679) dans son œuvre le « Léviathan ».
+ La contractualisation des rapports humains est nécessaire mais ne semble pas suffisante pour donner du sens à la vie, ni même pour assure un bon fonctionnement. La fraternité, impliquant l’empathie, peut contribuer à donner ce sens à la vie de chacun et assurer la plasticité du système. Celle-ci doit pouvoir se déployer en cercles concentriques autour de chaque personne : la relation amoureuse, la famille, les amis, l’engagement social et culturel, l’engagement politique, l’engagement humanitaire, l’engagement écologique. La fraternité consiste à traduire en actes une attitude morale envers autrui. La fraternité peut nous sauver du Léviathan.
+ « La biodiversité est au cœur d’une refonte du contrat social » selon la philosophe Cynthia Fleury (1974-). Elle s’interroge par ailleurs : «  Comment concevoir aujourd’hui un destin commun à l’ère de l’individualisme et conduire la démocratie à l’âge adulte ? ... L’individu de plus en plus broyé doit mener un combat très dur pour préserver sa singularité. »

Les obstacles à la fraternité aujourd’hui
Le modèle social dominant semble être caractérisé par un certain nombre de facteur peu favorables à la fraternité : individualisme, égoïsme, chacun pour soi, compétition, rivalité, hédonisme, le plaisir d’abord, l’argent commande, les replis identitaires, la revendication de la liberté absolue, revendication du tout-tout-de-suite.

La fraternité est-elle finalement une utopie ?
+ La fraternité n’a-t-elle pas fait des progrès au cours de l’histoire ? (droits de l’homme, droit du travail, protection sociale, éducation.)
+ Les mises en œuvres du principe fraternité ne sont-elles pas souvent détournées de leurs intentions ? (droits de l’homme au service de la domination occidentale, selon Regis Debray).
+ La fraternité ne se heurte-t-elle pas à ses propres limites morales ou matérielles ? (face au terrorisme, face aux pratiques et aux régimes politiques scélérats, face à l’immensité de la misère dans le monde).



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Propos entendus au cours de la soirée

-          Solidarité est un mot récent.
-          La liberté et l’égalité sont de l’ordre du droit, la fraternité de la morale.
-          La fraternité n’existe pas, il n’y a que le profit qui compte.
-          Les étrangers du tiers monde ne viendraient pas chez nous, si l’on payait là-bas leur travail au juste prix.
-          Le droit d’ainesse dans les fratries a évolué dans le temps.
-          Le divin est dans le visage de l’autre selon Emmanuel Levinas (1906-1995)
-          La fraternité, c’est plus fort que la solidarité. Nous sommes tous fils d’un même père.
-          Elle est plus affective que la solidarité. C’est reconnaître l’autre comme une personne.
-          Elle modère les rapports de force.
-          Elle est volonté d’aller vers l’autre.
-          Elle maintient la cohésion des groupes.
-          Elle est un regard sur soi-même.
-          Le monde n’est pas fraternel. C’est la loi de la jungle. On est seul.
-          90 % des héritages se terminent par des querelles.
-          Dans toutes les familles, le problème c’est le partage des biens et des ressources.
-          « L’union des cœurs et des principes », selon Robespierre, ce n’est pas ça la vie. (Effectivement la citation complète est : « La fraternité est l’union des cœurs, c’est l’union des principes : le patriote ne peut s’allier qu’à un patriote. », ce qui justifie la Terreur...)
-          La famille est une fraternité subie. Il existe aussi des fraternités voulues.
-          La fraternité est trop connotée par la famille. C’est une utopie.
-          La fraternité subie n’existe pas.
-          Les ressources sont rares, il faut partager.
-          Facebook, ce n’est pas la fraternité, c’est du business.
-          La barbarie a aussi besoin de fraternité.
-          A Sarcelles, nous avons signé un pacte de la fraternité.
-          Le monde associatif est en avance sur le politique en matière de solidarité. La fraternité universelle refuse l’hostilité vis-à-vis d’un autre groupe.
-          La transgression est toujours nécessaire. Je préfère agir que de signer.
-          Certaines entreprises s’engagent dans des actions de solidarité internationale pour leur image et pour la motivation du personnel.
+ C’est de l’hypocrisie, c’est du pipeau !
+ L’ambivalence est partout, il faut peser le pour et le contre.
-          Les employés de la Croix-Rouge ne sont pas toujours très fraternels.
-          La fraternité universelle n’a pas de sens ; la solidarité, oui. La fraternité ne marche qu’avec les gens qu’on connaît.
-          L’aide sociale ne relève pas de la fraternité, à cause de la réciprocité et de la dignité des rapports.
-          La solidarité est un tremplin social.
-          On sort les droits de l’homme quand il y a quelque chose prendre.
-          Dans l’économie sociale et solidaire,(ESS) le but n’est pas le capital.
-          Des actions d’ESS dans des favelas au Brésil ont permis la mise en place d’un commerce local basé à 93 % sur l’autoproduction.
-          L’ordre économique n’est pas le contraire de la fraternité.
-          La fraternité, c’est l’amour du prochain ; un regard bienveillant.
-          Le plus important, c’est l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 :
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."
-          En période de crise, il faut y croire.
-          Je ne sais pas jusqu’où doit aller la fraternité.
-          La fraternité relève de la transcendance.
-          Pour moi, la fraternité se passe tous les jours dans le voisinage ; le salut amical, la courtoisie, la conduite automobile.
-          Il n’y pas de condescendance dans la fraternité.
-          Je ne sais pas ce que c’est qu’un ennemi.
-          Liberté, égalité, solidarité, c’est le rôle de l’Etat. La fraternité est personnelle, mais doit faire partie de l’éducation.
-          Il faut avoir confiance en soi.
-          L’Occident se sent coupable de son passé.
-          La fraternité universelle est une utopie. Le monde moderne retourne à la barbarie.
-          La fraternité est dans l’échange.
-          Elle est une question d’âme et de conscience.
-          Facebook est universel mais pas fraternel.
-          La fraternité universelle, c’est chacun à sa façon.
-          Dans la crise actuelle, certains ne plongeront pas grâce à la fraternité mais non grâce à la solidarité.
-          On ne s’en sortira que grâce à la fraternité.
-          Il n’y a que des fraternités multiples qui en définitive forment l’universalité.
-          Selon Jacques Attali (1943-), la fraternité devrait obtenir une base juridique, un droit de la fraternité.
-          La fraternité est encore une utopie parce que pas encore institutionnalisée.
-          La fraternité relève du sacré.
-          Elle devrait être enseignée dans les écoles, y compris dans les grandes écoles et les universités.
+ L’entre-aide au lieu de la concurrence
+ Dans les partis politiques
+ La France devrait donner l’exemple
+ La fraternité est un défi extravagant.

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Citations

« La fraternité du malheur est la fraternité la plus rapide. »
José Marti

« La fraternité n'a pas ici-bas de pire ennemi que l'égalité.  »
Gustave Thibon

« J’ai rêvé d’un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus. »
Léopold Sédar Senghor

« Une heure d'ascension dans les montagnes fait d'un gredin et d'un saint deux créatures à peu près semblables. La fatigue est le plus court chemin vers l'égalité, vers la fraternité. Et durant le sommeil s'ajoute la liberté. »
Friedrich Nietzsche

« Une société se meurt quand les hommes y oublient de se méfier de leurs frères.  »
Jacques Attali

« Les hommes sont-ils capables de laisser les autres être heureux ?  »
 Jacques Attali

« La Liberté et l'Egalité sont des utopies de la rareté ; l'Eternité et la Fraternité sont des utopies de l'abondance. »
Jacques Attali

Liberté au-dessus de la porte d'une prison, - Fraternité au fronton d'un palais de justice, - Egalité sur le mur d'une caserne. - Quelle dérision!
Gilbert Cesbron

Nous possédons une origine unique: nous sommes tous des africains d'origine, nés il y a trois millions d'années, et cela devrait nous inciter à la fraternité.
Yves Coppens

La fraternité est une des plus belles inventions de l'hypocrisie sociale. On crie contre les jésuites. O candeur ! Nous en sommes tous !
Correspondance, 22 avril 1853
Gustave Flaubert

Les jurandes, au moins, en limitant le nombre des apprentis, empêchaient l'encombrement des travailleurs, et le sentiment de la fraternité se trouvait entretenu par les fêtes, les bannières.
Gustave Flaubert

La pauvreté est un refus de partager la grande fraternité de la merde.
Roman Kacew, dit Romain Gary

Et de l'union des libertés dans la fraternité des peuples, naîtra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle et qu'on appellera la paix de l'Europe.
Victor Hugo

La fraternité a pour résultat de diminuer les inégalités tout en préservant ce qui est précieux dans la différence.
Albert Jacquard

Je rêve qu'un jour, sur les collines rousses de la Géorgie, les fils d'anciens esclaves et les fils d'anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Martin Luther King

« La fraternité est une notion exigeante, combative et subversive. (…) La fraternité est un combat mais ce n’est pas un combat solitaire »
Régis Debray

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Bibliographie
+ Jacques Attali : Fraternités, une nouvelle utopie, Fayard 1999
+ Regis Debray : Le moment fraternité, Gallimard, 2009
+ Catherine Chalier : La Fraternité, un espoir en clair-obscur, Buchet Chastel 2004.

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Humour

+ Un touriste est venu passer une semaine à Jérusalem. Il a emménagé dans un hôtel situé à quelques mètres du mur des lamentations. Chaque matin, en sortant de l'hôtel, il croise un vieil homme qui s'en va prier. Et le soir, lorsqu'il regagne l'hôtel, il recroise systématiquement le même personnage qui rentre chez lui.
Au bout de cinq jours, le touriste finit par engager la conversation avec le vieil homme: "Je vous ai vu venir chaque jour pour prier ici... Depuis combien de temps passez-vous toutes vos journées ici ?"
Le vieil homme répond aimablement: "Ben ça va bientôt faire 30 ans."
"30 ans de prières !", intervient le touriste, "c'est merveilleux... et si ce n'est pas indiscret: pour qui priez-vous ?"
L'homme se confie: "Le matin, je prie pour la paix dans le monde et la fraternité entre les hommes. L'après midi, je prie pour trouver une solution au problème de la famine dans le monde et pour vaincre les maladies de la surface de la planète..." "C'est admirable !", remarque le touriste avant de demander: "et qu'est ce que vous ressentez quand vous priez dans ce lieu sacré ?"
Et le vieil homme: "Bah... J'ai l'impression de parler à un mur."

+ Blague racontée du temps de l’Union soviétique. Un Russe et un Polonais qui n’ont pas mangé depuis plusieurs jours croisent un poulet. Le Russe : « On va l’attraper et le partager en frères ». Le Polonais : « Non, non, moitié, moitié ! »

+ Dans le Troisième homme (The Third Man, Carol Reed, 1949), on se souvient de  la réplique désabusée de Harry Lime : « En Italie, pendant les trente ans des Borgia, ils ont eu la guerre, la terreur, le meurtre, le carnage, mais ils ont produit Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu la fraternité, cinq cents ans de démocratie et de paix, et ça a produit quoi ? Le coucou ! »




lundi 26 novembre 2012

L'Association des Villes de France sur le Chemin



En cet après-midi ensoleillé du 26 novembre 2012, neuf randonneurs de l'Association des Villes de France de L'Isle Adam ont participé à une balade commentée sur le Chemin du philosophe. Celle-ci leur  a permis de reprendre contact avec la pensée Jean-Jacques Rousseau à qui les panneaux du Chemin sont consacrés en cette année du tricentenaire de sa naissance.

dimanche 25 novembre 2012

Atelier de land art



Ce dimanche matin 25 novembre 2012, nous avons procédé à une opération de maintenance sur le Chemin du philosophe (qui de temps en temps a aussi besoin de bras...). Hubert a débroussaillé les alentours des deux œuvres de land art sur les stations "L'homme et le cosmos" et "L'homme et la nature". Le groupe a commencé la remise en état de l’œuvre "Le chemin du destin"  (explication du Chemin du destin) qui a été perturbée en 2012 par les opérations d'exploitation forestière. Il reste encore pas mal de travail pour d'autres opérations de maintenance. En attendant, chaque promeneur peut contribuer en posant sur "Le chemin du destin " des branches éparses dans le sous-bois. La légende forestière dit que les vœux formulés à ce moment se réalisent. A l'instar du Pari de Pascal, cela ne coûte rien d'essayer et l'on a tout à gagner. 
A noter qu'un des bénéfices collatéraux de ces branchages entassés "artistiquement" est qu'ils servent  en hiver de refuges aux oiseaux et aux autres petits animaux de la forêt.

mardi 20 novembre 2012

Le Handicap, texte de Fabrice Pissot





Voici la contribution au café philo du 13 octobre 2013 sur la normalité   de Fabrice Pissot, chef de service à l’IME (Institut Médico-Educatif) de l’APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés) d’Ermont.



Présentation


Dans les 3 types de normalité, sociale, idéale et comme absence de maladie, c’est de  la 3ème dont je peux vous parler. « Il y a des stigmates sacrés qui frappent les mystiques. Il y a des stigmates que laissent la maladie ou l’accident, il y a les stigmates de l’alcoolisme et ceux
qu infligent l’emploi des drogues. Il y a la peau du Noir, l’étoile du Juif, les façons de l’homosexuel… » . (extrait du livre « Stigmate » de Erving Goffman, éditions De Minuit).

« La question du handicap est l’une des grandes interrogations posées à notre société. Elle se traduit en termes de regard sur l’autre, mais aussi en termes de responsabilité envers l’autre. Le handicap ne laisse personne indifférent, car il est le rappel d’une inquiétante étrangeté blottie en chacun d’entre nous. Il nous interpelle quant à notre nature d’être humains, il souligne le lien social que nous acceptons d’établir avec celui qui est différent de nous (ou que nous pensons différent). Sous les concepts couramment utilisés de rééducation, de réadaptation et même d’intégration se dissimule bien souvent un impérialisme de la normalité qui laisse trop peu de place au droit à la différence des personnes concernées ». (extrait du livre « Ethique et handicap" de Pierre Ancet et Noêl-Jean Mazen – éditions 2011, les chemins de l’éthique).

 Pour ce qui concerne les jeunes de l’IME, c’est la pathologie qui a provoqué une anormalité dans le développement des enfants.
Les étiologies son très variées.
 Elles émanent de problématiques génétiques,  de maladies contractées par la mère pendant la grossesse ou par le bébé au cours de ses premiers mois.
Les conséquences ont entraînées un handicap plus ou moins important selon les personnes.  

*Il me semble intéressant de faire un rappel sur l’étymologie du mot « Hand in Cap » qui, en traduction littérale signifie :  « La main dans le chapeau ».                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  
A l’origine, il s’agissait de ceux qui étaient hors norme car leurs performances dépassaient celles des autres. C’était pour retrouver la notion d’égalité des chances.
En effet, sur les champs de course, handicaper un concurrent plus fort que les autres, c’est diminuer ses chances de succès en le chargeant d’un poids supplémentaire ou en l’obligeant à parcourir une distance plus longue pour égaliser les chances de tous les participants.
Ainsi la course étant incertaine, autant mettre les noms des concurrents au fond d’un chapeau et de tirer au sort le nom du vainqueur d’une main « innocente ».
Les termes de « handicap » ou de « personnes handicapées » ont progressivement remplacé les termes : infirme, invalide, paralytique, mutilé, débile, idiot qui portaient des notions péjoratives ou dévalorisantes.

Par conséquent, le terme « handicap » est maintenant utilisé dans tous les domaines et revêt  l’idée d’un désavantage, qu’il soit social, économique, physique… .



Définition du handicap selon Wood OMS 1980

« Est handicapé un sujet dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge, d’une maladie ou d’un accident en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouve compromise ».

Dans la loi du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances et la participation citoyenne des personnes handicapées. On retrouve la notion de remise à niveau d’un écart entre les individus du fait de leur déficit ou limitation :
« Constitue un handicap, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychique d’un poly handicap ou d’un  trouble de santé invalidant ».

Dans notre esprit, en général, quand on parle d’une personne handicapée, on se réfère implicitement à une norme qui reflète la moyenne des individus dans notre société.
Normalement, on marche, on voit, on entend, on parle, on se comprend… .
Mais la normalité dans le sens commun, c’est aussi et surtout la bonne santé.
Donc, on a tendance  à considérer que si on est en mauvaise santé, c’est être anormal et par conséquent handicapé par la maladie.
D’ailleurs, les théoriciens ont commencé par étudier les composantes de la santé pour mieux définir les handicaps.

Effectivement, presque la moitié des jeunes de l’IME ne marchent pas, presque aucun ne parle, certains ne voient pas bien ou n’entendent pas bien et la plupart ne comprennent pas grand-chose ! De plus, ils sont polyhandicapés, ce qui veut dire qu’ils cumulent les handicaps.

Pourtant, ils sont bien là, bien vivants malgré leur manques et nous expriment des émotions, des ressentis.
Leur mode de communication est plus archaïque, il est rudimentaire mais il est dépouillé de tous nos subterfuges à la vraie relation humaine.
C’est sûr, ils n’ont pas 1500 amis sur « face Book »  qu’ils n’ont jamais rencontrés et qu’ils ne rencontreront jamais (vous non plus d’ailleurs).
Qui est réellement  le plus anormal des deux ?
Mais la rencontre, si on se donne la peine de la rechercher, elle est authentique.
Ce qui est le plus difficile à dépasser, c’est le regard qu’on porte  sur l’Autre, très différent de soi-même, sur nos représentations de l’être humain idéal (mode,  publicités, corps parfaits…).

Malgré la bonne volonté, l’ouverture d’esprit, la tolérance, pourquoi cette confrontation face au handicap, reste difficile ? Cela y compris pour des futurs professionnels ayant choisis ce métier de l’accompagnement et qui se trouve eux aussi déconcertés.

Il y a aussi la question d’empathie (La possibilité de s’identifier à quelqu’un, de se mettre à sa place) et de la souffrance.  Qu’est-ce-que cela nous renvoie comme douleur, comme impossibilité ? « Et si c’était moi » !
 

Il n’y a pas de recette, mais c’est au  travers de la parole, de la verbalisation, de ces échanges, débats, rencontres, que nous pourrons, tous ensemble, faire bouger les lignes. Cela nécessite d’accepter de changer nos repères, nos modes de communication et d’essayer de partir, sans à priori à la rencontre de l’Autre.

« L’humanisation se réalise à travers le respect de l’anormal. »

Pour finir avec une petite touche d’humour, même si elle est un peu grinçante.

Voici un extrait d’un livre, écrit par le papa de 2 enfants handicapés : « Où on va papa ? ».

« Si vous étiez comme les autres, je vous aurais conduits au musée. On aurait regardé ensemble les tableaux de Rembrandt, Monet, Turner et encore Rembrandt… .

Si vous étiez comme les autres, je vous aurais offert des disques de musique classique, on aurait écouté ensemble d’abord Mozart, puis Beethoven, puis Bach et encore Mozart.

Si vous étiez comme les autres, je vous aurais offert plein de livres de Prévert, Marcel Aymé, Queneau, Ionesco et encore Prévert.

Si vous étiez comme les autres je vous aurais emmené au cinéma, on aurait vu ensemble les vieux films de Chaplin, Eisenstein, Hitchcock, Bunuel et encore Chaplin.

Si vous étiez comme les autres, on aurait fait encore des matchs de tennis, de basket et de volley-ball.

Si vous étiez comme les autres, je vous aurais offert des fringues à la mode pour que vous soyez les plus beaux.

Si vous étiez comme les autres, je vous aurais conduit au bal avec vos fiancées dans ma vieille voiture décapotable.

Si vous étiez comme les autres, je vous aurais donné en douce des petits « biffetons » pour faire des cadeaux à vos fiancées.

Si vous étiez comme les autres, on aurait fait une grande fête pour votre mariage.

Si vous étiez comme les autres, j’aurais eu des petits enfants.

Si vous étiez comme les autres, j’aurais peut-être eu moins peur de l’avenir.

Mais si vous aviez été comme les autres, vous auriez été comme tout le monde.

Peut-être que vous n’auriez rien foutu en classe.
Vous seriez devenus délinquants.
Vous auriez bricolé le pot d’échappement de votre scooter pour faire plus de bruit.
Vous auriez été chômeurs.
Vous auriez aimé Jean-Michel Jarre.
Vous seriez mariés avec une conne.
Vous auriez divorcé.
Et peut-être que vous auriez eu des enfants handicapés.
On l’a échappé belle. »


« Je pense à une époque où on voulait castrer les enfants handicapés. Que la bonne société se rassure, mes enfants ne vont pas se reproduire. Je n’aurai pas de petits enfants, je n’irai pas me promener avec une petite main qui gigotera dans ma vieille main, personne ne me demandera où le soleil s’en va lorsqu’il se couche, personne ne m’appellera grand-père, sauf les gens cons en voiture derrière moi parce que je ne roule pas assez vite. La lignée va s’arrêter, on va en rester là et c’est mieux comme ça.
Les parents ne doivent faire que des enfants normaux, ils auront tous le premier prix ex aequo au concours du plus beau bébé et, plus tard, le premier prix au concours général. L’enfant anormal doit être interdit.
Pour mes petits oiseaux, le problème ne se pose pas, on n’a pas à s’inquiéter. Ils ne feront pas beaucoup de dégâts  avec leur petit zizi minuscule comme un bigorneau. »           


Jean-Louis Fournier « Où on va papa ?  Livre de poche Prix Femina 2008.