dimanche 29 mars 2009
Café Philo du 27 mars - résumé
« L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit. » [Aristote]
Nous étions 27 ce vendredi 27 mars pour lever le doute sur « le doute : une force ou une faiblesse ? » L’excellente tarte aux pommes et autres délicatesses que Nadine nous avait aimablement préparées ont mis les esprits dans de bonnes dispositions. Voici quelques notes et réflexions de Catherine et des autres participants.
La philosophie est par définition doute permanent et d’abord sur elle-même. Socrate disait : « Je sais une seule chose, c’est que je ne sais rien ». A l’issu de ses études, René Descartes prônait le doute méthodique et hyperbolique (excessif) en contestant toutes incertitudes de l’enseignement reçu. Puis il découvrit une vérité irréfutable, même par les sceptiques : « Je pense, donc je suis ». Pour douter, il faut penser et par conséquent exister. Le doute cartésien se met au service de la vérité.
En revanche, le doute des Sceptiques tels que Pyrrhon ou Protagoras stipule qu’on ne peut pas connaître la vérité. Ils s’appuyent sur les arguments suivants : 1) La discordance des doctrines qui partout varient et se contredisent. 2) La non-permanence de la réalité « Tout casse, tout passe, tout lasse », selon Héraclite. 3) La relation au locuteur. Toute affirmation est relative à celui qui l’exprime. « L’homme est la mesure de toute chose », selon Protagoras. 4) Les limites de la raison humaine et de la démonstration. Toute démonstration d’une vérité s’appuie sur une autre vérité. Comment prouver la valeur de la raison en raisonnant ?
Toutefois, Platon déjà pointait les contradictions du scepticisme : la vérité est que toute vérité est relative et incertaine. Les succès de la science attestent la possibilité de la vérité. Enfin le doute sceptique absolu conduirait au mutisme et au silence.
Le doute est une force lorsqu’il est volontaire et réfléchi et fondé sur la raison, notamment dans le domaine de la connaissance où il est provisoire dans la quête de la vérité.
Le doute est une faiblesse lorsqu’il est subi et qu’il conduit à l’indécision et à l’inaction, souvent par ignorance.
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Le doute et l’incertitude sont omniprésents dans nos vies quotidiennes, dans les rapports humains, dans l’actualité, dans les sciences, dans la politique. Ils constituent le vrai moteur de la vie et de son évolution. De nouvelles vérités se construisent au cours de l’évolution des sociétés.
Malgré les doutes, nous avons besoin de valeurs partagées. La crise financière mondiale, pleine d’incertitudes, montre qu’il y a surtout des intérêts qui ne sont pas partagés.
Le doute est une faiblesse de l’esprit qui le fait évoluer. Il peut générer du désespoir comme de la jubilation. Sur le plan politique ou religieux c’est un garde-fou indispensable face aux dangers des dogmatismes.Mais 95 % de ce que nous savons et admettons relèvent du dogme. En allemand doute = Zweifel =dualité et Verzweifel= désespoir. Le doute permet le dialogue. Le doute force les certitudes à se justifier, il en est le garant. Il faut développer une culture du doute. Face au doute dans l’action, il est légitime de parier sur le moindre mal.Les rapports humains ont besoin de la confiance.
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