Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Arlette Coutin, Catherine Delaunay, et Pierre Haller.
samedi 28 juin 2014
Compte rendu du café philo du 27 juin 2014, renoncement
Nous étions trente-cinq
personnes à participer à ce café philo, le vendredi 27 juin 2014, au centre
culturel de Bouffémont, sur le thème : «
Le renoncement fait-il partie du bonheur ? »
Les thèmes pour les prochains cafés philo ont été proposés et
votés par les participants :
+
Vendredi 26 septembre 2014 : « L’artiste est-il maître de son
œuvre ? »
+
Vendredi 31 octobre 2014 : « Notre époque aurait-elle oublié la
joie ? »
Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Arlette Coutin, Catherine Delaunay, et Pierre Haller.
Jeannine Dion-Guérin et Patrick
Liautaud ont lu chacun un poème de Jeannine.
Le café philo a été conclu
par un pot de l’amitié avant les vacances d’été.
oooooooooooooooooooooooo
Contribution d’Arlette Coutin
LE RENONCEMENT FAIT-IL PARTIE
DU BONHEUR ?
Dans cette interrogation il y
a deux mots importants : renoncement et bonheur
Le RENONCEMENT a deux aspects
:
Un sens négatif sur lequel je
ne vais pas insister tel que l’abandon, le manque de courage, manque
d’ambition, le fait de laisser tomber.
Un sens Positif : action de
cesser de rechercher ce à quoi on tenait par exemple : renoncement aux
honneurs.
Définition :
-action de se priver de toute
satisfaction personnelle ou égoïste, de s’oublier soi-même. Ex : vie de
renoncement
-le fait de renoncer par un
effort de volonté, et généralement au profit d’une Valeur jugée plus haute.
Synonymes : dépouillement,
détachement, sacrifice ; lâcher prise.
Définition du mot BONHEUR : - Bon heur, arriver à la
bonne heure, par chance, être là au bon moment.
-Réussite, succès
Et un autre aspect de ce mot
que je vais évoquer :
-Etat de conscience
pleinement satisfaite. Béatitude, félicité, ravissement, satisfaction bien-être, plénitude, état agréable de
l’esprit et du corps, sérénité
Qu’est-ce que le renoncement
dans sa forme positive ?
Chaque homme se construit
dans un chemin de vie où son énergie, faite de pulsions, de désirs, lui donne
la force et la direction qu’il va prendre.
Le terme de renoncement
indique le fait d’annoncer que quelque chose ne se fasse pas à partir d’un
choix volontaire où la conscience de l’homme qui se définit comme un savoir qui
accompagne son existence en rupture avec le monde des objets, détermine son
action.
La conscience morale donne
naissance à des valeurs idéales qui servent d’horizon positif à l’homme et le
conduira dans des choix. Cela me fait penser à cette citation de Sigmund FREUD
: « La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions ».
Notre vie est faite de désirs
qui, s’ils sont poussés à leur paroxysme, nous enchainent créant de
l’attachement et de la souffrance, telle la possession de biens par l’argent,
qui devient à ce moment le maitre de notre univers. L’argent, qui doit juste
être un moyen, et le pouvoir dénaturent les vrais besoins de l’homme. Le désir,
qui est ancré en nous, génère une volonté d’avoir et de vouloir dont il faut
distinguer leur nature. La plupart de nos désirs sont vains et leur réalisation
est transitoire, toute expérience est transitoire. Quand nous savons vraiment
que tout va et vient, que tout passe nous nous attachons moins, car rien ne
dure. Ces désirs vains qui nous habitent, et dont nous sommes surtout
insatiables, ne sont pas vraiment les nôtres et nous devons nous demander si
quand nous obtenons ce que nous désirons, cela nous satisfait vraiment. Seuls les désirs que nous faisons nôtres parce
qu’ils sont POSSIBLES- chaque fois qu’ils portent sur un objet dont la
poursuite et la réalisation progressive dépendent de NOUS, seront réalisables.
Comme disait Epictète dans cette citation : « Il n’y a qu’une route vers le
bonheur c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de nous ». Ces désirs
doivent être porteurs d’un sens positif de notre vie, de nous élever, de nous
rendre heureux, de nous permettre d’être en harmonie avec les autres et avec le
monde dans le respect de la nature.
- Désir de liberté par la connaissance.
- Désir d’un bonheur partagé dans l’amour.
- Désir de justice.
- Désir d’amélioration de notre civilisation par les actes de
citoyenneté pour notre planète et la vie des uns envers les autres.
- Désir de don de soi pour l’avenir dans la transmission en
famille et autour de soi par l’art ou par un engagement religieux, laïque ou
associatif.
Le RENONCEMENT n’est pas la
fuite d’un désir profond au contraire c’est la FORCE D’UNE VOLONTE
EXISTENTIELLE. En renonçant, j’accède à une liberté d’être, à une réalité
d’action.
Chercher au fond de soi ce
qui serait le meilleur pour soi dans l’humilité de nos limites, par exemple : que
choisir comme métier qui m’apporterait de la joie en gagnant ma vie à partir
des mes aspirations profondes et en adéquation avec mes qualités humaines reconnues
par les autres et moi-même ?
Trouver au fond de soi ce qui
est le plus beau en nous en nous dépassant et nous limitant dans nos exigences vaniteuses,
prétentieuses et égoïstes de notre vie.
C’est un surmoi qui ne dépend
que de moi de ma vision, de mon regard sur l’existence, sur les autres et sur
moi.
On ne peut être dans cette
démarche que dans la progression de la vie par la conscience, l’expérience et
l’aspiration spirituelle ; c’est un exercice au quotidien :
- De l’approfondissement de soi, je reprendrai la célèbre
phrase de Socrate, « Connais-toi toi-même »
- Des directions volontaires que l’on veut prendre : choix de
métier, conduite de notre vie, engagement.
- Et de l’aspiration profonde de notre vie : Quête de Sens,
spiritualité
Je citerai cette phrase de
Christian Bobin : « Le renoncement est
le fruit de tout apprentissage ».
Pour relier le renoncement au
bonheur il faut chercher et trouver ce qui va tendre vers notre Bien-être, ce
qui peut être construit à partir de soi, de ses possibilités- de sa volonté- de
ses aspirations les plus belles ; pour cela, il faut renoncer aux désirs
futiles qui ne porteraient pas les bons fruits de notre arbre de vie et
réaliser les désirs fondés, raisonnables et porteurs de sens de notre existence
dans un sentiment de liberté intérieure que les passions ne peuvent troubler.
Toute avancée comporte une part de sacrifice, par exemple : renoncer au confort
pour vivre l’aventure ; renoncer à un certain égoïsme pour faire place à
l’amour (loin de représenter une amputation de notre être) mais à une ouverture
; renoncer à la surconsommation, au gâchis, tenir compte des besoins humains et
de l’équilibre écologique de notre planète. Ces renoncements nécessaires nous
bousculent, nous allègent du superflu dans l’énergie des grands engagements. Pour trouver du plaisir dans
l’exercice de notre tache comme dans toutes les dimensions de la vie il faut
renoncer à TOUT AVOIR. C’est le lâcher prise
Cette réflexion m’amène à la
philosophie bouddhiste et sa chaîne des relations causes-effets qui sont au
nombre de douze, dont je vais vous en citer 3 en relation avec les désirs
-7- les sensations font
apparaître les désirs ;
-8- les désirs font
apparaître les attachements ;
-9- les attachements incitent
aux actions.
En conclusion dans le bouddhisme Il suffit de
nous libérer de nos attachements et pratiquer LA VOIE DU MILIEU qui suggère une
approche équilibrée de la vie, de la régulation des instincts et du
comportement de chacun, ce concept se rapproche de l’idée de juste milieu
d’Aristote, selon laquelle « chaque vertu se situe à égale distance des deux
extrêmes, chacun de ces extrêmes étant par conséquent un vice.
RENONCER, c’est se détacher
du superflu, de l’inaccessibilité, c’est cesser de se crisper sur ce qui n’en
vaut pas la peine pour donner plus de profondeur aux choses et trouver ce qui
nous rendra heureux.
L’ULTIME RENONCEMENT est
celui de la vie dans la vieillesse- se détacher de son corps et trouver la paix
de l’esprit et peut-être le sens de notre vie ;
C’est réaliser notre
vulnérabilité, notre fragilité, notre transformation physique, notre finitude –
Pour redonner de la force au prix de la vie, de la joie d’être et de donner
autour de soi – d’AIMER- et de percevoir peut-être la beauté d’une autre
existence ou tout simplement avoir existé.
Dans ce renoncement définitif
comme ce moine chartreux dans le film documentaire «Le grand silence » qui dans
le vieillissement devenait aveugle et parlait de cette lumière intérieure qui
le rendait encore plus heureux au fur et à mesure que la lumière de ses yeux
baissait.
La vie est un art, celui
d’être heureux dans un discernement éclairé où l’homme doit se situer en adéquation
dans le monde avec les autres. Le plus grand bonheur est celui que l’on donne
aux autres, le renoncement fait partie de ce bonheur. L’homme de demain devra
réfléchir dans ses choix pour lutter contre le ravage de la biosphère et
l’indigence dont est responsable l’avidité accrue du genre humain et renoncer à
la « lucropathie » comme l’écrit Pierre
Rabhi pour aller vers LA SOBRIETE HEUREUSE.
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Contribution de Pierre Haller
Introduction
Telle que posée, la question
ne sous-entend pas que le renoncement soit la principale source de bonheur.
L’articulation entre ces deux concepts de bonheur et de renoncement demande de
définir leurs champs respectifs d’application.
Définitions et champs sémantiques
Bonheur
Le bonheur est un état
durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et
équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude
et le trouble sont absents. Étymologiquement, ce mot vient de l'expression «
bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie «accroissement
accordé par les dieux à une entreprise ».
Champ sémantique : félicité, joie, contentement, plaisir, bien-être,
béatitude, ataraxie, prospérité, paradis, chance, réussite, fortune, succès.
Renoncement
Action de renoncer à quelque
chose, de cesser de rechercher ce à quoi on tenait, de s'en détacher :
renoncement aux honneurs.
Action de se priver de toute
satisfaction personnelle ou égoïste, de s'oublier soi-même : mener une vie de
renoncement.
Champ sémantique : lâcher, sacrifier, délaisser, séparer, abjurer,
rétracter, résilier, abandonner, quitter, capituler, fuir.
+ L’animal renonce par la
fuite par instinct de survie ou en fonction de ses capacités physiques, suite à
la peur, la satiété, la fatigue, une blessure ou une contrainte. L’homme
renonce en plus dans certaines situations pour des raisons de stratégie à long
terme et complexes en faisant intervenir la raison. Par ailleurs les raisons du
cœur peuvent conduire au renoncement ou au renoncement du renoncement.
+ Le moment de la mort
constitue le renoncement ultime.
+ Les liens entre renoncement
et bonheur sont complexes. Le renoncement est toujours compensé par quelque
chose, selon Sigmund Freud. On renonce à un bonheur pour un autre. Le
renoncement est souvent une stratégie de survie (obéissance, soumission), de
victoire à long terme (repli stratégique, ruse). Il participe à l’exploration
du champ des possibles, à la recherche de solutions alternatives (valeurs
éthiques, mode de vie, de consommation). Renoncer peut signifier se faire une
raison, dans le travail de deuil
notamment.
+ Le World Happiness Report, Rapport
annuel sur le bonheur lancé
par l'ONU en 2012, est basé sur six critères : PIB par tête, espérance de
vie en bonne santé, absence de corruption, avoir quelqu'un sur qui compter,
possibilité de faire ses choix de vie librement et générosité. Les pays scandinaves sont les plus
heureux et les moins heureux sont en Afrique.
Ces critères du bonheur
portent la marque de la conception occidentale.
Formes de renoncement
+ Ascèse
+ Deuil
+ La résistance, on renonce à accepter.
+ Martyre
Dans le christianisme, si le
martyr est saint, rechercher le martyre est au contraire un péché, voire une
tentation démoniaque. L’islam orthodoxe se montre également prudent vis à vis
du martyre recherché.
Certains suicides sont des
protestations politiques par exemple, Jan
Palach initiant la Révolte de Prague
en 1968 ou les bonzes se brûlant
durant la Guerre du Viêt Nam.
+ La non-violence est une philosophie qui délégitime et renonce à la
violence pour combattre l’injustice.
Gandhi :
« La non-violence sous sa forme active consiste en une bienveillance
envers tout ce qui existe. C'est l'Amour pur. »
Martin Luther King :« La
non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et
ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit. »
+ Lâcher prise : Cultiver le détachement, ce n’est pas devenir
indifférent. C’est cesser de se
crisper sur ce qui n’en vaut pas la peine pour donner plus de profondeur aux
choses.
+ Prendre du recul : pensée surplombante, penser sa pensée,
penser ses désirs, ses pulsions, ses comportements.
« L'origine est à l'intérieur de soi, et c’est là
que nous devons pratiquer »
+ La fuite : Le courage peut se manifester dans la fuite : le
négatif devient positif. La fuite peut être une tactique. Socrate mentionne l’exemple des chevaux d’Énée « habiles à fuir » et d’Énée lui-même « savant à fuir
». Il y aurait donc un art du renoncement dans la fuite.
D’autres écrits antiques
occidentaux illustrent la notion de courage dans la fuite et le renoncement,
par exemple le combat des Horace et des Curiace. Les combattants s’affrontent mais le vainqueur est
celui qui a pris la fuite, à l’issue de la première phase du combat. Sa
victoire est celle de l’intelligence de la situation.
+ Dans L’Art de la guerre, Sun Tzu ,
général chinois du VIè siècle av. JC, illustre les avantages du renoncement :
« Si les lois de la stratégie vous donnent pour battu,
vous devez renoncer aux hostilités, même si le souverain vous le commande. »
Domaines de renoncement
+
Coût de renoncement ou « coût de
renonciation » en économie désigne la perte des biens auxquels on renonce
lorsqu'on procède à un choix, autrement dit lorsqu'on affecte les ressources
disponibles à un usage donné au détriment d'autres choix.
+ Renoncement
politique : le renoncement au marxisme-léninisme, la fin l’URSS en 1989.
Benoit XVI est le premier pape dans
l’histoire de l’Église à renoncer à sa charge sans y être contraint par des
circonstances extérieures. Roi d’Espagne.
+ Renoncer à tout avoir.
+ Renoncer à tout
savoir ; à savoir pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien.
+ Renoncer à avoir raison.
+ Renoncer à ses certitudes.
+ Renoncer à tout contrôler.
+ Renoncer à abuser de son
pouvoir.
+ Renoncer à l’argent, au
pouvoir, à la célébrité, à la gloire, au sexe.
+ Renoncer aux modes.
+ Renoncer à être semblable
ou à être différent.
+ Renoncer à obéir ou à
désobéir.
+ Renoncer par courage ou par
lâcheté.
+ Renoncer à la
vengeance : « Assieds toi au
bord du fleuve, tu verras passer le cadavre de ton ennemi. » dit le
proverbe chinois.
+ Renoncer à la jalousie.
+ Renoncer par respect de
soi.
+ Renoncer au premier pas
vers la drogue qu’on regrettera forcément un jour.
+ Renoncer au renoncement.
+ Refuser les fatalités de la
nature, (ou bien faut-il accepter ?) : maladies, stérilité, (fécondation in vitro, gestation pour autrui)
+ Maîtriser ses pulsions.
+ Renoncer à ses idéaux.
+ Renoncer à certaines
innovations technologiques.
+ Renoncer à asservir et à
détruire la nature.
+ etc.
Ce qu’en disent les religions
+ Hybris est
la divinité grecque de la démesure. Le châtiment de l’hybris est la némésis, la
juste colère des dieux qui fait revenir l'individu à l'intérieur des limites
qu'il a franchies. L’historien grec Hérodote
(-484 à -420) écrit à ce propos :
« Regarde les animaux qui sont d'une taille
exceptionnelle : le ciel les foudroie et ne les laisse pas jouir de leur
supériorité ; mais les petits n'excitent point sa jalousie. Regarde les
maisons les plus hautes, et les arbres aussi : sur eux descend la foudre, car le ciel rabaisse toujours ce qui
dépasse la mesure. »
Hybris et Némésis se
confrontent depuis la nuit des temps aussi bien au niveau individuel que des
sociétés, des petites aux grandes tyrannies, des petits capricieux aux grands
oligarques. La rente pétrolière est plutôt un malheur pour les pays qui en
bénéficient. Ivan Illich
(1926-2002) titrait en 1975 déjà la « Némésis médicale » qui
annonçait le naufrage du système médico-industriel.
Dans cette philosophie et
religion chinoise fondée sur le texte du Tao Tö King de Lao Tseu,
datant de 600 av. JC, le renoncement et l’acceptation du réel sous-tendent ses
grands principes que sont le quiétisme (une forme de passivité active),
l’éthique libertaire, un sens des équilibres yin yang et
le naturalisme.
Le renoncement à soi est au
cœur de la pratique de la méditation bouddhique.
Le
prince Siddhartha Gautama, Bouddha à 29 ans, abandonne titre et palais, pour « la grande
renonciation » (abhiniskramana). Il commence une vie d'ascèse,
suivant les enseignements de plusieurs ermites renonçants (saṃnyāsin
ou sâdhu), et
entreprend des pratiques méditatives austères.
Voici quelques textes explicitant le renoncement selon
le bouddhisme :
+ Dans l’islam, (chiisme, sunnisme, soufisme) le Zuhd
est l'une des notions très importantes dans le cheminement spirituel dans
l'islam, qu'on traduit parfois par ascétisme, mais aussi par
"détachement", ou "renoncement".
Les Evangiles chrétiens sont
un appel à renoncer à soi-même.
Évagre le Pontique (346-399)
est un des moines Pères du
désert vivant dans
le désert d'Égypte aux 3è et 4è siècles, il fut un promoteur de la pensée
ascétique chrétienne. Il a sans doute inventé le système des péchés capitaux qu'il
énumérait au nombre de huit : gourmandise, impureté, avarice, mélancolie
(= acédie), colère, paresse, vaine gloire
et orgueil. C'est le pape Grégoire le Grand (540-604) qui
impose le chiffre sept.
Pour équilibrer, il existe
« sept vertus catholiques » : la Chasteté, la
Tempérance,
la Prodigalité, la Charité, la Modestie, le
Courage et
l'Humilité
Ces péchés et vertus
constituent des repères visant à réguler les comportements ; des formes de
renoncement sont systématiquement au cœur de chacun d’eux.
Les positions des curseurs
entre les péchés ou vertus et leurs contraires sont déterminantes pour
l’harmonie de la vie individuelle et collective. S’il faut renoncer au péché,
le trop de vertu peut être également délétère, notamment lorsque la vertu est
instrumentalisée par le péché. « Qui
fait l’ange, fait la bête ». Blaise
Pascal.
Ce qu’en disent certains auteurs
« C’est par l’effort sur soi-même qu’on accède à
une jouissance de soi d’une intensité différente. » Magazine philo juin 2014
+ Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain handicapé né en 1975 en
Suisse. Son dernier livre, « Le Philosophe nu », est paru au Seuil.
« Il s’agit de vider le temple de l’esprit de
toute représentation, de tout masque pour oser la nudité de l’âme. Et je prends
conscience combien, dans ma vie, je suis enclin à trafiquer. Suivre Maître Eckhart (1260-1328),
c’est toujours et avant tout se déprendre de tout et surtout de soi pour
devenir limpide, vrai et lumineux... Aussi, l’exercice spirituel revient ici à
se demander non pas « qu’est-ce qu’il me faut pour être heureux ? », mais bien
plutôt «qu’ai-je de trop pour être libre, dépris, limpide et simple ? ».
« J’aime l’éloge du vide. Il est un vide qui
anéantit et un autre qui prodigue une fécondité exceptionnelle ».
« Ces gens dont l’âme et la chair sont blessées ont
une grandeur que n’auront jamais ceux qui portent leur vie en triomphe »
« Je suis né dans un monde qui commençait à ne
plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd’hui parvenu à ses
fins, sans comprendre qu’il s’est du coup condamné à ne plus entendre parler de
la grâce. »
Le renoncement est la source
de la grâce.
+ Claire Marin, (née 1974) professeure de philosophie à
Cergy-Pontoise, dans « L’homme sans
fièvre » indique que soigner signifie parfois renoncer à guérir pour
accompagner celui qui souffre. Confondre le soin et la guérison, c’est passer à
côté de ce qui fait « son supplément d’âme » : « la force de soigner sans espoir de guérir, soigner par humanité, sans
satisfaction de réussite. » Il existe, selon la philosophe, un jusqu’auboutisme
dans le désir de guérison qui peut aboutir au point inverse du sens visé : au
lieu d’atténuer la souffrance, il rajoute de la souffrance en niant que
certaines souffrances sont inguérissables.
Dans cette conférence il défend
le renoncement écologique. Notre
société est en crise culturelle (mai 68 ); écologique (club de Rome,
1972) ; sociétale (1990 révolution néolibérale) ; financière
(subprimes 2007).
Les besoins sont illimités,
les déchets aussi. Les causes en sont : publicité, crédit, obsolescence
programmée. Nous vivons dans une société
de frustrations. L’empreinte écologique du mode de vie est insupportable.
La croissance est morte et on
ne le sait pas. La solution est l’abondance frugale, l’« a-croissance ».
Problème des valeurs :
dieu fric, égoïsme sacré, domination sur la nature.
La modernité a permis
d’émanciper le sujet ; « le corps, le cœur, le cul ».
Renoncer à l’hubris (démesure). Etre autonome, c’est se poser des limites.
« Le droit au bonheur est le cheval de Troie
posté au milieu du système des libertés et des droits conçus par une société
libérale. C’est la plus grande mutation mentale que l’on puisse imaginer
puisque c’est le changement du sens et du but de la vie tout entière, en même
temps que de la relation entre l’homme et la société. » (Métamorphose
du Bourgeois, 1967, p. 90.).
Conclusion
« Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons
qu'échanger une chose contre une autre. »
"Il est impossible d'ignorer combien la
civilisation est bâtie sur un renoncement de l'instinct."
Sigmund Freud
(1856-1939)
"Discipliner son esprit, renoncer au superflu,
vivre en harmonie avec les autres et avec soi-même nous assurera le bonheur.
"
Enseignement du Dalaï-Lama
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Propos entendus
+ Un peintre devenu
célèbre : « J’étais heureux quand j’étais malheureux ».
+ Le renoncement n’est pas
une fin en soi. On renonce pour être heureux. On choisit le sens qu’on veut
donner à sa vie.
+ Il y a des renoncements de
contrefaçon.
+ Deux sortes de
renoncements : volontaires et subis.
+ Les élections conduisent à
des renoncements involontaires et douloureux.
+ Comment résister à
l’addiction du bonheur ?
+ Renoncer, c’est être.
+ Par la raison on peut se détacher des sens. La raison
est-elle source de bonheur universel ?
+ Le marketing génère la
frustration.
+ Le renoncement est un coup
de frein à l’emballement.
+ L’enfant doit apprendre à
renoncer.
+ Le marketing infantilise.
+ Le bonheur, c’est abolir le
passé.
+ Changer le passé est
possible.
+ Le bonheur n’est concevable
que dans l’instant et dans l’instant il n’y a pas de renoncement.
+ Trouver la vie dans
l’épreuve. Laisser couler la vie en soi.
+ Que devient la cosmétique
dans la durée ?
+ Le renoncement n’est pas
frustration, c’est un ingrédient du bonheur, c’est la liberté d’être.
+ Une société qui renonce est
une société de rien.
+ L’humanité n’a jamais
renoncé. Elle est allée dans la lune.
+ Renoncer à ses certitudes.
A chacun son bonheur.
+ Le premier besoin de
l’enfant est d’être aimé.
+ Il faut penser aux gens qui
n’ont pas le bonheur à plus forte raison de problèmes de renoncement.
+ « La qualité de nos
contraintes est la qualité de notre liberté ».
+ Si je renonce au bonheur,
est-ce que je serai heureux ?
+ On est heureux quand on a
peu de besoins.
+ Le bonheur dépend des
petites choses du quotidien.
+ Le bonheur est une voie. Il
n’existe pas en soi.
+ Sur notre lit de mort, nous
rendrons notre dernier bilan.
+ Le choix du renoncement est
une mutilation.
+ Le renoncement n’est pas le
seul moyen du bonheur.
+ Pour être on ne peut pas
tout avoir. Pour aimer, on peut tout donner.
+ Le bonheur, c’est être avec
vous.
+ Renoncer pour un but
supérieur.
+ Renoncer à se soumettre ou
à se révolter, c’est selon, mais garder
le cap.
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Poème lu par Jeannine Guérin-Dion
Complainte du presque rien
Je n’ai rien à conter
Que les épis de blé
Dans les champs de l’été
N’aient essaimé déjà
Je n’ai rien à chanter
Que la brise des prés
Sur l’herbe câlinée
N’ait fredonné déjà
Je n’ai rien à donner
Que le frelon zélé
A la rose isolée
N’ait apporté déjà
Abrutie de soleil
Inondée de torpeur
Qu’ai-je donc à livrer
Qui ne s’est dit
ailleurs ?
Dans le charme vermeil
C’est l’écureuil joueur
Qui muet m’a soufflé
Ce que tu ne sais pas
Tout a été chanté
Tout s’est conté déjà
Tu n’as rien à donner
Que ce peu que tu es
Que ce rien que tu as
Jeannine DION-GUERIN
Extrait de l'album CD :
"OFFRE-MOI CE OUI" , 35 minutes d'écoute et un livre de 35 pages
illustrées, textes dits et écrits par l'auteur sur des improvisations
musicales d'Alain RICHOU (Commande à l'adresse : guerin.jeannine@sfr.fr ou
au 06 19 53 27 11 au prix de : 16euros )
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