Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

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+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

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Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

Programme des activités à venir (cliquez sur le lien)


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Fonction Sound est limitée à 200 caractères

dimanche 1 juin 2014

Compte rendu du café philo du 30 mai 2014 - Consommation






Nous étions trente-quatre personnes à participer à ce café philo, le vendredi 30 mai 2014, au centre culturel de Bouffémont, sur le thème : « La consommation dans nos sociétés pervertit-elle la démocratie ? » Ce thème avait été proposé par des membres de la Ligue des droits de l’homme, présents ce soir.

Le thème du  prochain café philo est :

-        Vendredi 27 juin 2014 : «  Le renoncement fait-il partie du bonheur ?» Arlette Coutin participera à la présentation.
Ce 27 juin, il conviendra également de choisir les thèmes des cafés philo de septembre, octobre et novembre 2014.

Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Catherine Delaunay, Daniel Croquette, Jean-Marie Oswald et Pierre Haller

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Présentation de Daniel Croquette

Thème du débat « La consommation dans nos sociétés actuelles pervertit-elle la démocratie ? »

1 – Définition des termes d’après le dictionnaire :
-         Consommation : Utilisation d’un bien matériel en vue de satisfaire les besoins de l’Homme.
Ce bien peut être individuel ou collectif. Il peut être aussi de nature intellectuelle.
Consommer= consummare et consumere soit faire disparaitre le produit par l’usage.
3 phases donc : acquérir, posséder puis détruire.
La société a été dite de consommation à partir des années 1950. Elle est passée de la consommation sociale à une consommation plus individualisée à partir des années 1970. Ce concept est venu des Etats-Unis.
-         Démocratie : Gouvernement du peuple par lui-même
      
2-     1er axe de discussion (Thèse) : La consommation va dans le sens de la liberté du consommateur. L’offre des produits est quasi illimitée dans l’économie de marché contrairement aux économies dirigées. La conjonction : offre +innovation+ communication a généré une augmentation du niveau de confort du plus grand nombre.
La libéralisation de la consommation est souvent synonyme de démocratisation des sociétés. On l’a constaté dans beaucoup d’évolutions des états vers des régimes  démocratiques.
Il faudrait distinguer les consommations individuelles qui répondent à cette liberté et les     consommations collectives qui ne sont pas déterminées directement par la personne mais par des élus pour lesquels elle a voté ou des entreprises.

3-    2ème axe de discussion (Antithèse)  Quels sont les éléments qui peuvent limiter et aussi pervertir cette liberté ?
L’information est-elle sincère ? Est-elle contrôlée par les citoyens ? L’objectif du producteur par la publicité n’est-il pas avant tout de séduire pour mieux vendre ?
Les inégalités de revenus pervertissent la démocratie puisque les uns et les autres ne sont pas égaux face à la consommation.
La comparaison entre personnes est inévitable. Elle suscite des envies et incite à la surconsommation pour exister dans la société. Elle touche les ados concernant par exemple les vêtements de marque mais elle touche aussi les adultes créant des frustrations.
Elle crée aussi de la marginalisation voire de l’exclusion. Elle peut entrainer de la violence d’où des vigiles, de la vidéosurveillance. Cette dérive peut s’opposer à la liberté de chacun et à la démocratie.
Le contenu de certains produits de consommation, par exemple les jeux vidéos, apprennent plus la violence ou la pornographie que le respect de l’autre qui est indispensable à la démocratie.
On voit bien que l’on se situe dans le domaine des objets et pas dans le monde de la relation à l’autre qui est fondamental en matière de démocratie qui est plutôt liée à l’être qu’à l’avoir.
Conclusions possible pour cette partie : L’éducation est importante ; il faut être éduqué pour exister en dehors du paraitre par l’avoir et aussi pour s’auto – limiter dans l’avoir.
4-    3ème axe de discussion :
L’acte d’achat  peut supprimer la réflexion et nuit à la capacité des individus à remplir pleinement leur rôle de citoyen. N’avons-nous pas deux cerveaux, un cerveau consommateur et un cerveau citoyen ?
L’acte d’achat est plus complexe que la satisfaction des besoins. Il répond à l’imaginaire et à l’inconscient.
De nombreux exemples :
La recherche du prix le moins cher qui ne respecte pas les conditions de travail du producteur ou qui induit des coûts et une énergie prohibitive pour le transport.
Le remplacement permanent du produit exemple les téléphones portables qui entraine une surexploitation de matières premières rares. Nos consommons plus d’une planète.
L’acte d’achat compulsif et de compensation.
L’obsolescence programmée des produits dont le remplacement coûte moins que la réparation.
La surconsommation de médicaments « gratuite ». J’ai des droits mais est-ce que je réfléchis au déficit de da Sécurité Sociale et en quoi suis-je redevable ?


5-     4ème axe de discussion (Synthèse) Comment réconcilier consommation et démocratie ?
Des points positifs :
Les associations de consommateurs, les AMAP, le commerce équitable, « Ethique sur l’étiquette », la ruche qui dit oui… Ils peuvent rapprocher producteurs et consommateurs et amener une meilleure information sur les produits.
Le recyclage, le développement du marché de l’occasion, l’économie de partage, le covoiturage … : des économies de moyens non liées à la possession se développent. Ils développent aussi la relation.
Les syndicats qui défendent les conditions de travail des producteurs.
L’exigence d’une transparence de l’information par exemple sur le traité de libre échange Europe/USA. Il faut rejeter ce qui est opaque  et pouvoir en tant que citoyen exercer un contrôle plus direct.
Les média tels qu’ARTE, France 3 ou France 5, des radios produisent des documentaires de qualité qui informent et mettent en garde sur certains dangers.
L’Europe peut et doit agir dans le sens d’une consommation plus respectueuse du consommateur par la mise en place de normes ou d’informations sur la composition et l’origine des produits. Par exemple les normes sur les produits chimiques avec la directive Reach.
Le boycott de produits peut être un moyen citoyen d’agir pour davantage de démocratie dans certains pays. Pensons au boycott des oranges Outspans en Afrique du Sud contre l’apartheid.


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Présentation de Jean-Marie Oswald

La consommation dans nos sociétés pervertit- elle la Démocratie?


1.     La signification, le décryptage du sujet :

·        Consommation : au sens économique, c’est l’action d’utiliser  et ou de détruire immédiatement ou dans le temps des biens et des services.
·        La perversion est une déviation par rapport à la moralité.
·        La démocratie est théoriquement la souveraineté du peuple par le peuple et pour le peuple.
Nous retrouvons un ensemble ou un lien, à savoir « la consommation et la perversion »
Quelle  en serait la conséquence l’effet  sur cette démocratie.
Le centre du thème tourne autour de la consommation, ses effets, à savoir ses vices et cela jusqu’à dévier notre moralité…. Et avoir une incidence sur la Démocratie.

2.      Un peu d’Histoire et quelques remarques sur la consommation : 

La consommation est dans  notre macroéconomie un ensemble, une résultante ou se lient les dépenses pour les biens et services, ou encore l’investissement d’une part,… Les revenus, les ressources, d’autre part..
Notre société a classifié les différentes consommations  à savoir essentiellement l’alimentation, l’habillement le logement la santé, les loisirs, les biens et services  divers…
Il existe un classement public et une répartition (INSEE…)… Je ne m’y attarderai pas
Nous comprendrons ici  la consommation telle que nous la vivons tous.

Cette consommation jusque dans les années 60 se caractérisait essentiellement par un état de simple  production et de distribution.
Les seules incitations se cantonnaient à ce que l’on dénommait « La Réclame » et à l’activité du  « Vendeur ».

Deux personnalités se distinguent dans l’Histoire de la consommation, savoir John Maynard KEYNES (1883 à 1946) Mathématicien -  Economiste anglais et Milton FRIEDMANN, Economiste américain (Prix Nobel d’Economie) (1912 à 2006)

La vision de ces économistes  était alors  essentiellement purement  financière et d’ailleurs contradictoire. Ils théorisaient sur la variabilité du revenu et de l’épargne. FRIEDMANN s’étendait sur les effets de constance sur la théorie du revenu permanent et la répartition et ses conséquences sur la consommation.

C’était la fin des années 50. (Théorie de la fonction de consommation 1957)
C’était une vision essentiellement d’état, une constatation statique.
 
En effet, notre société, notre économie, ont traversé une période de besoin populaire caractérisée par une période dite de « production ». (C’était  l’époque BOUSSAC… c’était SINGER…)

Il s’en est suivi une prise de conscience qui se cantonna cependant  à la période de la simple dite ‘Etude de Marchés’ études mal ou peu exploitées.

Il n’existait quasiment pas de gestion dynamique des produits pour les biens et services et l’entreprise se cantonnait à un état traditionnel comptable de l’entreprise.

Le potentiel disponible, les surplus productifs des biens conduisirent à de nécessaires nouvelles méthodes  d’influence et d’incidence  sur la  consommation.

Faut-il rappeler que nos sociétés dans nos pays basés sur une économie de marché ont un besoin absolu de croissance ? Faut-il rappeler  que les piliers essentiels de cette nécessaire croissance dans nos systèmes économiques et démocratiques sont  la consommation, l'investissement, l'exportation ?
·       
Notre sujet,  à savoir (Consommation et la perversion de la Démocratie) nous mène à un nouveau traitement émergent et au  traitement actuel, le MARKETING. 

3.     Le PROCES du MARKETING :

Qu’est donc cette appellation de MARKETING ? 
C’est une  science économico – commerciale, le MARKETING ou en terme français trop vite oublié « LA MERCATIQUE ».
La source de cette méthode, vous le savez tous, nous vient des U.S.A.

J’en serai, si vous le voulez bien, le Procureur, le Défenseur et  vous serez les Juges par le débat qui suivra.

Pour certains Philosophes Comme  Herbert MARCUSE, certains Sociologues comme  Jean BAUDRILARD, certains Polémistes comme Vance PACKARD, pour certains hommes politiques d’extrême gauche et d’extrême droite, le MARKETING, c’est SATAN.

 Le  MARKETING et  notre société de consommation :

Le MARKETING :
·        est accusé d’être l’auxiliaire le plus actif  ou même le moteur d’une société matérialiste, de consommation, de gaspillage, de manipulation jusqu’à l’aliénation.
·        Serait le principal responsable de la consommation et du «matérialisme vulgaire».
·        Aurait pour résultat la création continuelle de besoins nouveaux et «inutiles» pour le consommateur.
·        Etc..

 Ainsi, les besoins de ces consommateurs seraient continuellement aiguisés, croissant plus vite que leurs ressources financières.
Ces consommateurs  seraient toujours insatisfaits et toujours avides de gagner plus pour dépenser plus et seraient dans le malheur.

Le MARKETING et  le gaspillage:

·        Ainsi les coûts générés augmenteraient les prix des produits.
·         Exemple : Le coût du MARKETING  le domaine  du luxe serait tel que les prix du produit vendu seraient exorbitants. Le Domaine du Parfum illustrerait ce fait.

On pourrait, dit-on faire  baisser sensiblement  le prix de ces produits ou encore en améliorer la qualité.

 Le MARKETING instrument de manipulation et d’aliénation :

·         La pression sur le consommateur serait telle qu’elle atteindrait même la liberté de choix.
·        On les empêcherait les consommateurs  de prendre conscience de leurs vrais besoins, on pousserait à un excès de consommation  voire à une déraison.
·        Le MARKETING serait une drogue et quelque part « l’opium du peuple » dans ce monde de consommation.

 Les critiques abondent, n’en finissent plus…

N’y aurait-il pas ici une confusion entre certains abus de publicité, certaines méthodes agressives de vente ?

J’en passe !

4.     La voix de la Défense du MARKETING :
Confusions ! Confusion !!!
Le MARKETING n’est :

·        Ni la publicité
·        Ni la vente,
·        Ni la distribution
·        Ni le commerce
·        Ni l’étude de marché.

Rappelons la définition de ce phénomène, définition enseignée de nos universités.

« Le MARKETING est l’ensemble des moyens dont disposent les entreprises en vue de créer, de conserver et de développer nos marchés. »

Au contraire les professionnels du MARKETING plaident :

Le MARKETING sert à satisfaire les besoins du consommateur.
Le ou les produits sont mis en adéquation avec les besoins du marché.
Ces produits sont positionnés, comparés en qualité, en prix, en moyen et méthode de distribution. (Marketing-mix)

MARKETING-MIX :
 MARKETING  MIX :  Produit – Prix- Communication- Distribution, suivi par  le plan de stratégie !
(Incidence mathématiques : «  écarts type », «  variance », «  Loi de POISSON », «  Probabilités »
Données secondaires….
Produit :
·        Caractéristiques, performances …
·        Prix : élasticité, acceptabilité, variabilité… Pricing !
·        Communication : Publicité la plus diverse… Incidence des Prescripteurs des influenceurs….
·        Distribution : internet, magasins, VRP, Supermarchés…logistique

L’ensemble est décliné en compatibilité avec le marché pour la  satisfaction du consommateur.

L’Homme du MARKETING est devenu l’ingénieur  du marché.
L’homme de MARKETING n’est pas le Directeur COMMERCIAL.
C’est le Directeur MARKETING.

Il calcule dès la naissance du produit le nombre de vente pour atteindre l’équilibre. (Point Mort, break even point).

C’est aujourd’hui la seule solution de vie et de survie de l’entreprise dans cette jungle de compétition et de concurrence.

Le seul souci éthique de l’esprit marketing est de satisfaire le consommateur et non de l’exploiter.

Il est certain que, par une orientation vers le consommateur et par la prise en compte des attitudes des avis et  des comportements, le marketing est un progrès social dans la qualité de la consommation.

L’Homme de MARKETING est le gardien de l’économie de l’entreprise et surveille le cycle de vie de son ou ses produits jusqu’à leur extinction ou leur renaissance en adéquation  avec le marché et le consommateur.

En effet, le libre marché est dur et ne pardonne pas.. L’erreur  MARKETING conduit droit au désastre économique et social, et cela jusqu’à la fermeture et la liquidation de l’entreprise !

Le MARKETING, dans la société d’économie de marché garantit la liberté du choix, la liberté, de comparaison, la décision du meilleur choix par l’acheteur responsable.

Alors qu’à l’inverse dans un pays totalitaire, le régime impose  les produits, les régule et cela au détriment du consommateur et du besoin.

5.     La perversion de la Démocratie par cette consommation ?

Notre consommation, prétendument polluée par le MARKETING, atteindrait-elle la Démocratie, Démocratie  matérialisée par la gouvernance, la  souveraineté du peuple, par  le peuple  pour le peuple ?

J’en appelle aux penseurs aux philosophes et aux économistes.

J’en appelle à l’histoire de la pensée économique.

Je cite Joseph SCHUMPETER (1883 – 1950) qui, dans son livre
« CAPITALISME, SOCIALISME et DEMOCRATIE » (1942) avait la lucidité de ce qu’il appelait la « Destruction Créatrice », la vie de l’entreprise  dans son image qu’il appelait « Ouragan perpétuel » était  déjà visionnaire quant aux changements perpétuels.
Je cite Luc FERRY : « L'innovation destructrice » (Editions PLON)
Selon Luc Ferry, ce qui va nous sauver, ce n'est pas la décroissance, mais l'innovation’. Même si elle déstabilise le monde, même si elle peut être formidable et, en même temps, destructrice.
L'innovation est vitale et angoissante à la fois : dans un siècle de déconstruction, la France doit résoudre ce dilemme.
Luc FERRY ne manque pas d’accréditer la vision et la thèse de Joseph SCHUMPETER.

Le MARKETING, c’est un peu tout cela, à savoir une adaptation perpétuelle au marché pour garantir une vie économique saine.

Cependant, le marketing seul, aujourd’hui ne commande que partiellement notre économie, notre consommation et notre état matériel.

L’idée de la libre nature économique, l’idée  de l’équilibre naturel de l’offre et de la demande (Théorie de l’Economiste Jean-Baptiste SAY (1767 – 1832)  est battue en brèche.
 En effet, il nous faut aller à la source du Marché et des consommateurs ce qui est le premier principe du MARKETING.

Il est vrai que, dans une économie mondialiste et  sauvage, cette liberté a ses limites et l’interventionnisme politique dans notre économie de marché est présente.

L’ombre du Baron KEYNES, contradicteur de la Loi de SAY, siège  dans nos Conseils des ministres, à tort et à raison, que ces Conseils soient de gauche ou de droite.

Mesdames et Messieurs, chers Amis, j’en viens à la fin !
Peut-être après le débat resterons-nous sur notre faim !
Quoiqu’il en soit nous resterons en interrogation,
Sur ce sujet qui nous anime, la consommation !

Je vous remercie !


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Présentation de Pierre Haller

« Pauvres sont ceux qui ont besoin de beaucoup, car rien ne peut les satisfaire » Sénèque. (-4 à +65)
« Lorsque je consomme, j’agis globalement et je pense localement. »
« Je consomme, je (me) consume ».

Définitions


+ La consommation a pour but de satisfaire des besoins par l'utilisation immédiate et non durables des biens et services ou bien sur le long terme de biens durables.
+ Ces besoins varient en fonction des époques, des lieux, des conditions sociales. Ils couvrent un large spectre allant des plus basiques, de l’utile légitime : la nourriture, le logement, la santé, la sécurité, l’éducation, la culture, aux plus futiles : le luxe. La consommation sert à survivre, à se ressembler et à se différencier les uns des autres.
+ On peut distinguer la consommation de masse d’objets par les individus et la consommation de biens communs de l’ensemble d’une société sous forme d’infrastructures et de services.
+ La consommation de masse est un moteur de l’économie.
+ Le numérique est en train de changer les logiques de consommation des biens matériels, des services ou de la culture. Ces nouvelles logiques reposent sur les flux plutôt que sur les stocks. L’accès, via des abonnements et des réseaux, aux biens et services remplace la propriété ; en particulier dans le domaine culturel : films, musiques, savoirs sur Internet.


+ La démocratie,  est le régime politique dans lequel le peuple est souverain.
La démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », selon la  définition canonique introduite dans la Constitution de 1958 de la Cinquième République française. Il n'existe pas d’interprétation universellement admise de ce qu'est ou doit être la démocratie dans la pratique.
+ De façon générale, un gouvernement est dit démocratique par opposition aux systèmes monarchiques d'une part, où le pouvoir est détenu par un seul, et d'autre part aux systèmes oligarchiques, où le pouvoir est détenu par un groupe restreint d'individus. Néanmoins, ces oppositions sont aujourd'hui contestables de par l'existence de monarchies parlementaires. On peut aussi définir la démocratie par opposition à la dictature ou tyrannie. En démocratie, le peuple a la possibilité de contrôler ses dirigeants, et de les évincer sans devoir recourir à une révolution.
+ La démocratie ne se réfère pas uniquement à des formes de gouvernements, mais aussi désigne une forme de société ayant pour valeur la liberté et l'égalité ainsi qu’un ensemble de valeurs, d'idéaux et de principes politiques, sociaux ou culturels tels que les droits de l’homme, la dignité humaine, le droit à la vie privée ou l’autonomie du sujet.
+ Le terme de démocratie peut aussi servir à qualifier le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale (organisme public ou privé, associations, entreprises). Démocratie signifie alors que ce fonctionnement repose sur l'égalité des membres du groupe, sur des procédures de délibérations, ou encore de votes et d'élections.

Ces définitions de la consommation et de la démocratie laissent entrevoir de multiples interactions entre ces deux phénomènes accompagnant l’histoire et le fonctionnement de nos sociétés.

La société de consommation

+ C’est au 20è siècle que la société de consommation de masse se développe en Amérique sous l’impulsion du fordisme. Pour que l’industrie marche, il faut que les ouvriers puissent en consommer les produits. Cette consommation de masse se développe en Europe dans les années 1950, au Japon en 1960, dans le reste du monde vers 1990. Les critiques se font entendre très tôt.

+ La consommation de masse constitue les fonds de commerce et les logiques  industriels  non seulement destinés au client particulier mais aussi aux institutions. Des complexes industriels et des pans entiers de la société vivent de la course en avant de la production et de la consommation de biens et de services dans les domaines tel que le médical, le militaire, le sécuritaire, le médiatique, le culturel, l’éducatif, le sportif, etc.

+ La consommation est le moteur du commerce et de la production, ceux-ci les moteurs de la finance et de la politique. Les Etats sont de moins en moins régis par la politique mais par des forces économiques mondialisées. Des institutions internationales, la « troïka » Commission européenne,  BCE, FMI,  ainsi que l’OMC, sont régulièrement accusées d’être au service d’intérêts particuliers des acteurs économiques.

+ Dans nos démocraties, la consommation fait l’objet d’un consensus implicite. Il devient impossible de vivre en dehors du système de consommation. Le peuple est contrôlé par la consommation. La boulimie de consommation est  un facteur  de servitude volontaire, concept déjà évoqué par la Boétie (1530-1563). Cette boulimie n’est pas seulement celle des objets mais aussi des symboles que ceux-ci représentent : marques de luxe, symboles d’appartenance sociale ou de pouvoir.

+ Au-delà des besoins vitaux, chacun d’entre nous est consommateur d’objets et de pratiques symboliques qui traduisent son appartenance sociale et participent à son bien-être et son confort intellectuel.

+ Le marché de l’immobilier structure la géographie sociale engendrant ou renforçant exclusions, communautarismes et clanismes.

+ Cette consommation symbolique du soi est souvent narcissique et en particulier l’objet du marketing des soins du corps, du développement personnel, du coaching, des réseaux sociaux d’Internet et de leurs « selfies ». Le narcissisme à la portée de chacun peut-il être considéré comme une avancée démocratique ? 

+ L’ultralibéralisme économique, soutenu par des universitaires ou des prix Nobel de l’école de Chicago. constitue la religion dominante dans l’économie mondialisée, depuis, dans les années 1990, la chute du communisme et de la bipolarité du monde. Sa logique darwinienne promeut ou élimine les produits et services en fonction essentiellement de leur rentabilité économique.

+ Les dérives et les menaces de la société de consommation sont réelles et nécessitent des contre-pouvoirs par des militants et des lanceurs d’alertes. Le marché cependant fait partie de ces systèmes « diaboliques » qui se renforcent grâce à leur opposition mais aussi en l’absence d’opposition. Les associations de défense des consommateurs renforcent la consommation. Les luttes contre le trafic de drogue, d’armes ou la délinquance financière renforcent ces affairismes en « assainissant » ces marchés interlopes en laissant survivre les plus puissants.

+ La recherche de l’efficacité économique entraine la destruction de toute protection sociale, de tout contrôle juridique selon une chronique du journal Le Monde du 9/5/2014 de l’historien Tzvetan Todorov (né en 1939). « Ce n’est plus le peuple qui détient le pouvoir, mais les multinationales ».

+ Les fruits de la production-consommation sont très inégalement répartis au sein des sociétés et dans le monde.
-         Selon « Le capital au XXIè siècle » de Thomas Piketty : Aux USA, « Les 1% possèdent 20 % de la richesse... Ils ont vu leurs revenus augmenter de de 86 % entre 1993 et 2012, contre 6,6% pour les autres ».
-         Selon le mouvement OXFAM, la fortune des 67 personnes les plus riches du monde est égale au revenu de la moitié de l’humanité soit 3,5 milliards d’individus.
-         Le drame de Dacca qui a tué 1133 ouvriers du textile en avril 2013  dans l’effondrement d’un immeuble abritant des ateliers de sous-traitance de nos marques préférées (Gap, Zara, H&M, Auchan, Nike, Puma ou Benetton) met en exergue les formes d’esclavage moderne. Cet esclavage moderne s’exprime aussi à travers l'incroyable histoire des ouvriers népalais de Flextronics et de l'iPhone 5.

+ Les migrants dans le monde ont été 220 millions en 2013, ils seront 405 millions en 2050. Les raisons économiques des migrations sont prépondérantes. Selon l’ONG OWNI, plus de 14 000 réfugiés migrants sont "morts aux frontières" de l'Europe depuis 1988, dont 10.000 noyés en mer.

+ Les migrations intérieures des pays pour des raisons économiques engendrent le développement des mégapoles et des bidonvilles parfois associés. Un milliard de personnes sur la planète vivaient dans des bidonvilles en 2008 et les prévisions sont de deux milliards pour 2030. L'Unicef estime qu'il y a plusieurs dizaines de millions d’enfants des rues dans le monde.

+ L’impact environnemental de la consommation humaine est considérable en termes de changement climatique et d’extinction massive des espèces vivantes par les produits toxiques et la destruction des habitats écologiques. Il semble impossible de donner à 7 milliards d’humains le mode de vie des pays développés. Ce mode de vie est caractérisé par une consommation d’énergie par personne de 5 tep/an pour les Européens et 10 tep/an pour les USA ainsi que le même poids en tonnes de déchets dont 10 % sont écotoxiques.

+ L'empreinte écologique est un indicateur environnemental qui comptabilise la pression exercée par les hommes envers les ressources naturelles et les « services écologiques » fournis par la nature. Un Terrien moyen avait besoin en 2006 de 1,4 planète pour soutenir la consommation de façon durable en 2006. L'empreinte écologique mondiale a en fait dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980, ce qui signifie que l'on surconsomme déjà les réserves en surexploitant les milieux naturels.

+ Ce mode de consommation tel quel n’est pas soutenable en raison de l’épuisement inéluctable des matières premières et des inégalités humaines engendrées par la logique du système économique de consommation. Le GIEC (le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), sur la base d’une étude de la NASA envisage l’effondrement de l’humanité par suite du creusement des inégalités et la destruction des écosystèmes. Ces deux facteurs seraient les principales causes des chutes des empires égyptien, Sumer, romain ou maya.

Le marketing est défini comme :
« L'ensemble des actions ayant pour objectif de prévoir ou de constater, et le cas échéant, de stimuler, susciter ou renouveler les besoins du consommateur, en telle catégorie de produits et de services, et de réaliser l'adaptation continue de l'appareil productif et de l'appareil commercial d'une entreprise aux besoins ainsi déterminés. »

+ Les techniques du marketing s’appliquent non seulement aux objets mais aussi aux idées voire aux profils des hommes politiques soumis au suffrage électoral.

+ Les produits et services de consommation de masse, du hamburger à la politique, génèrent de riches oligarchies influentes qui se constituent en nomenclatures dominant la politique, les médias, la culture ou la finance. Certains grands groupes de presse et médias sont aux mains de gens étrangers à ces métiers.

+ Les NTI, Nouvelles Technologies de l’Information sont issues de la société de consommation de masse et renforcent celle-ci. Elles font émerger de nouvelles formes de commerce, l’e-commerce, par exemple. Elles procurent de formidables outils d’analyse des marchés, de profilage des consommateurs, de mise à disposition de services, d’outils de gestion  et de robotisation de la fabrication des objets. Elles constituent une révolution anthropologique de l’humanité entière qui devrait interpeler les philosophes.
Internet, entrainant de fait la dérégulation de la masse considérable d’informations échappant ainsi aux censeurs, constitue un progrès démocratique. On pourrait supposer que la multiplication des sources d’information peut faire émerger davantage de raison et de vérité et moins de croyances. Cependant des minorités militantes hyperactives ou des lobbys maitrisant bien les techniques disposent d’un puissant moyen de biaiser la vérité, par des rumeurs, par des pseudosciences, des théories du complot, du populisme. Des contrevérités ou des futilités peuvent facilement occuper l’espace médiatique voire les consciences collectives. Au-delà d’une masse critique de croyants, une contrevérité ou une futilité deviennent dogmes par réactions en chaines. Ce phénomène de manipulation de masse cependant n’est pas nouveau.
Les NTI sont l’objet de nouvelles boulimies tant des individus que des Etats. La NSA, l’agence nationale de sécurité américaine, qui emploie 40.000 personnes et utilise les plus puissants ordinateurs, intercepte chaque jour 20 milliards de messages dans le monde.

+ La consommation, base de la puissance économique, entraine avec elle la puissance politique et culturelle. Les Etats-Unis en sont l’exemple. La consommation des produits et services tels qu’Apple, Microsoft, Google, Google Maps, Skype, Facebook, Twitter, Amazon, le cloud computing (informatique en nuage), le GPS et autres met le monde entier sous la dépendance et la vassalisation de l’Amérique. Il faut reconnaître que ces produits et services, qui ont tous des intérêts géostratégiques pour l’Etat américain, sont conçus et exploités avec une grande intelligence de sorte que le monde presque entier les adopte volontairement sans trop d’hésitation. Il est intéressant de noter que l’Europe a perdu la main dans ces domaines stratégiques. Pourquoi ? That is the question ! Un rapport du Sénat français parle de l’Europe comme d’une « colonie du monde numérique », un député allemand a dénoncé « l’occupation numérique des Américains ».

+ Les citoyens prennent progressivement conscience des intrusions étatiques massives dans leur vie privée par la consommation incontournable de services informatiques. Edward Snowden (né en 1983), le lanceur d’alerte considéré comme un traitre et un délinquant, restera peut-être dans l’histoire comme un héros de la défense de droits humains fondamentaux.

+ Les produits dérivés financiers sont des produits de consommation financière dont le développement s’est accentué depuis 1980. Ils représentent aujourd’hui 770.000 milliards de dollars de transactions par an pour lesquels la taxe Tobin est en cours de discussion. La complexité des mécanismes en jeu en fait un outil d’experts et d’aigrefins. Ils sont à l’origine de la crise financière de 2008, dont le contrôle échappe largement aux instances démocratiques.

Quelques auteurs et courants de la critique de la société de consommation.

+ Critiques situationnistes. : L’Internationale situationniste (IS) était une organisation révolutionnaire créée en 1957, désireuse d'en finir avec la société de classes et la dictature de la marchandise. Puis l'IS s'est orientée vers une critique de la société du spectacle, ou société « spectaculaire-marchande». Guy Debord y développe une théorie de la spectacularisation de la société qui se trouve par là-même vidée de tout contenu. « Le spectacle est la religion de la marchandise ».
De nos jours, plusieurs organisations du mouvement altermondialiste puisent une partie de leurs idées dans la philosophie situationniste. Des groupes comme Antipub ou des écrivains comme Naomi Klein (née en 1970) affirment s'inspirer des écrivains situationnistes

+ Critiques réformistes : Galbraith (1908-2006) Economiste américain, se situant parmi les keynésiens de gauche, Galbraith critique la théorie néo-classique de la firme, la souveraineté du consommateur ainsi que le rôle autorégulateur du marché.

+ Critique morale : (Jacques Ellul (1912-1994) professeur et théologien protestant marxisant.
Il démystifie le communisme : « Dans l’État communiste, l’homme ne reçoit pour idéal que la production économique et son accroissement. Toute liberté individuelle est supprimée pour la production sociale. Tout le bonheur de l’homme est résumé en deux termes: d’une part “produire plus”, d’autre part le confort ».
« Dans l'État capitaliste, l'homme est moins opprimé par les puissances financières que par un idéal bourgeois de confort, de sécurité et d'assurance. (...) C'est cet idéal qui donne leur importance aux puissances financières. »
« L'organisation industrielle, comme la « post-industrielle », comme la société technicienne ou informatisée, ne sont pas des systèmes destinés à produire ni des biens de consommation, ni du bien-être, ni une amélioration de la vie des gens, mais uniquement à produire du profit. Exclusivement. »
« La liberté-prétexte est le fondement de toute notre société, c’est celle du libéralisme économique, qui autorise le plus fort à écraser autrui, et celle du libéralisme politique, qui permet à la classe bourgeoise de justifier sa domination sur la classe ouvrière. »
« Je ne veux pas dire que Dieu interviendra directement sur la technique, comme à la Tour de Babel, pour la faire échouer. Mais c'est avec l'appui de la révélation du Dieu biblique que l'homme peut retrouver une lucidité, un courage et une espérance qui lui permettent d'intervenir sur la technique. Sans cela, il ne peut que se laisser aller au désespoir. »

+ Critiques écologistes : (Ralph Nader (né en 1934) homme politique américain et candidat présidentiel en tant qu'écologiste, il milite pour l'agriculture biologique et la protection de l’environnement face au tout-économique.

+ Critiques « radicales » : Ivan Illich (1926-2002), prêtre catholique et penseur de l'écologie politique est une figure importante de la critique de la société industrielle. A partir du moment où la société industrielle, par souci d'efficacité, institutionnalise un moyen (outil, mécanisme, organisme) afin d'atteindre un but, ce moyen tend à croitre jusqu'à dépasser un seuil où il devient dysfonctionnel et nuit au but qu'il est censé servir. Ainsi l'automobile nuit au transport, l'école nuit à l'éducation et la médecine nuit à la santé. L'institution devient alors contre-productive en plus d'aliéner l'être humain et la société dans son ensemble.
«Lorsqu'une activité outillée dépasse un seuil défini par l'échelle ad hoc, elle se retourne d'abord contre sa fin, puis menace de destruction le corps social tout entier»
(Il décède en 2002 des suites d'une tumeur qu'il a volontairement choisi d'assumer jusqu'au bout sans vouloir l'opérer, considérant que les cancers étaient un exemple de maladie traitée de manière contre-productive, par la médecine ; «  le patient meurt de guérir ». Il aura survécu vingt ans avec sa tumeur.)

+ Critiques philosophiques : Jean Baudrillard (1929-2007) philosophe français. Ses thèses présentent une critique de La Société de consommation (1970) et du « système des objets ». Il reprend la critique de la société du spectacle entamée par Guy Debord ; celle-ci repose sur l'analyse de la « disparition du réel », auquel se substitue une série de simulacres qui ne cessent de s'auto-engendrer. « La séduction représente la maîtrise de l'univers symbolique, alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l'univers réel. »
La consommation de masse. Dans cette approche, la consommation n’est plus, pour chaque individu, le moyen de satisfaire ses besoins (théorie des besoins) mais plutôt de se différencier.

+ Critiques de la finance
-         ATTAC : La mondialisation financière a créé son propre État, avec ses appareils, ses réseaux d'influence et ses moyens d'actions, mais c'est un État complètement dégagé de toute société, elle désorganise les économies nationales, méprise les principes démocratiques qui les fonde, presse les États à s'endetter, exige des entreprises qu'elles leur reversent des dividendes de plus en plus élevés, et fait régner partout l'insécurité. ATTAC propose d'établir une taxe sur toutes les transactions financières, la taxe Tobin.

-         Naomi Klein (journaliste canadienne née en 1970) : « Au cœur des enseignements sacrés de l'école de Chicago figurait la conviction suivante : les forces économiques - l'offre et la demande, l'inflation et le chômage - s'apparentent aux forces de la nature, fixes et immuables. Au sein du libre marché absolu imaginé dans les cours et les manuels de l'école de Chicago, ces forces sont en équilibre parfait, l'offre influant sur la demande à la manière dont la Lune attire les marées. »

-         Joseph Stiglitz, (né en 1943), économiste américain, prix Nobel d’économie en 2001 parle de « fondamentalisme marchand ».

-          Jérôme Kerviel ancien trader de la Société Générale condamné pour fraude, revenant de Rome à pied après une entrevue avec le Pape François, (aujourd’hui en prison) déclare au « Monde des Religions » en  mai 2014 : «  il faudrait vraiment enseigner l’éthique aux étudiants en finance » ; « il faut en premier lieu déjà appliquer les règles qui existent » ;  «  je croise régulièrement des traders. Ils me disent que rien n’a changé et que c’est au contraire reparti de plus belle  »

-         « Le Loup de Wall Street » : est un film à succès de Martin Scorsese de 2013 illustrant les excès de la finance. « Certains s’amuseront peut-être que l’Amérique du cinéma récupère le thème de la critique du capitalisme pour en faire un produit commercial parmi d’autres, comme s’il y avait un marché de l’antimarché ».

-         « Deux jours et une nuit » : le récent film de Jean-Pierre et Luc Dardenne stigmatise le capitalisme cynique et engoncé dans ses propres règles du jeu. La violence aveugle de ce capitalisme jette des pans entiers de la population dans la précarité et la peur permanente du déclassement social. Sandra, l’héroïne de ce film, par la prise en main de son destin, semble réussir à surmonter sa dépression et à ressouder des liens de solidarité que l’entreprise a détruits. Ce film fait aussi apparaitre combien la consommation détermine le classement social et à laquelle il est pratiquement impossible d’échapper.

-         «  Maps to the Stars », le dernier film de Cronenberg emporte le spectateur dans l’abîme du cynisme hollywoodien, qui se contemple et se consomme narcissiquement dans son luxe effréné, ses réseaux et ses vanités jusqu’à la folie meurtrière. Ce film, comme « Le Loup de Wall Street » qui dénonce la perversité du tout-argent, en est une mise en abyme. Cronenberg s’enrichit en argent et en notoriété hollywoodienne en dénonçant cet univers qui indigne et fascine le spectateur, spectateur qui contribue à son tour à la pérennité de ce monde artificiel.

Critique de la critique de la consommation

+ La critique de la société de consommation est souvent militante, utopique et parfois hypocrite. Le discours est parfois éloigné de la manière de vivre de celui qui le produit.

+ Le capital social (éducation, santé, services publics) et le capital culturel (sciences, recherche internationale, arts, littérature) sont directement et indirectement liés à la consommation de biens et de services.

+ La plupart d’entre nous n’ont probablement pas vécu ou simplement aperçu la précarité qui touche des sociétés entières où la consommation des produits de première nécessité est un problème quotidien : approvisionnement d’aliments, de médicaments, services publics déficients, etc. Les déficiences des systèmes de consommation entrainent la prolifération de systèmes maffieux. Le recours à l’économie souterraine devient un facteur de survie.

+ La critique radicale de la consommation relève de l’utopie car l’humanité ne fera jamais marche arrière, du moins volontairement, dans cette course en avant du toujours plus de « bien-être ». Même si cette course conduit souvent au « mal-être ».

+ L’empire de la consommation devrait être capable de s’adapter à ses propres engendrements. Sinon, comme tous les empires, il mourra de sa propre logique interne par l’épuisement des ressources et par la part grandissante des ressources nécessaires pour faire face à ses effets pervers tels que la révolte des exclus.

+ La consommation ostentatoire régule l’ordre social. « Tant que les riches s’amuseront, les pauvres auront du travail et à manger », dit, parait-il, un proverbe russe.

+ Les régulations sociales du passé basées sur la religion ou le patriotisme n’ont pas été sans défaut non plus quant au respect des valeurs démocratiques. Loin s’en faut.

+ La Bible fait allusion 2804 fois à l’argent, 215 fois à la foi, 208 fois au salut. (Le Monde des Religions, mai 2014).

+ Il convient de reconnaître les bienfaits en termes de valeurs démocratiques et humaines de la consommation-production de biens et de services. L’utilisation de l’énergie mécanique a libéré des pans entiers de la population de la vente de leur force physique, voire de l’esclavage ou du servage. Elle a notamment contribué à l’évolution
du statut de la femme dans nos sociétés. La diffusion des biens culturels et de l’éducation s’appuie sur des infrastructures, des objets et sur leur marchandisation. La plupart des journaux, acteurs majeurs de la démocratie, vivent de la publicité et souvent de produits de luxe, symboles de la futilité pour certains. L’industrie du luxe, (5.000 PME-PMI et TPE françaises qui travaillent dans le secteur de la mode et du luxe) des voyages d’agrément ou en première classe, des sports, etc. participe au bien-être de ceux qui en bénéficient, aux rêves de ceux qui les désirent et fournit du travail à des milliers de citoyens. (Un billet d’avion transatlantique en première classe coûte 9000 euros et 300 euros en low cost).

+ La complexification de notre société humaine est inscrite dans ses gènes ; elle ne pourra pas se passer de ressources énergétiques croissantes. Selon l’astrophysicien Eric Chaisson, le cosmos en général et notre société humaine en particulier va irrémédiablement vers une complexité et une production d’information croissantes. Cette complexité demande une énergie exponentiellement croissante. E. Chaisson a calculé, par exemple, que notre cerveau est traversé par un flux d’énergie en erg/seconde/gramme 100.000 fois supérieur à celui du soleil et nos ordinateurs un milliard de fois plus. Notre système économique permet la mise à disposition de l’énergie indispensable à la complexification de notre monde et de la civilisation.

Les voies du progrès

+ La civilisation humaine mondialisée devrait se fixer comme objectifs de réduire les inégalités, de préserver l’environnement, de développer des modes de fonctionnement économes de ressources et d’énergie tout en ne renonçant pas à la complexification de la culture. 

+ La démocratie est l’affaire de citoyens prenant conscience des influences qu’ils subissent et de la possibilité de s’y soustraire. La dignité de la personne est de pouvoir assumer ses besoins fondamentaux de nourriture, de logement, de sécurité et d’instruction, mais également de gérer raisonnablement le surplus utile au bien-être. «  Un minimum de bien-être est nécessaire à la pratique de la vertu » , disait, parait-il, Saint Thomas d’Aquin.

+ Le défi de l’humanité est de maîtriser le système des objets. Ce système fonctionne selon sa propre logique et a tendance à échapper au contrôle des hommes. La logique du marché des objets est fondamentalement darwinienne ; elle favorise les forts et maintien les autres au seuil de la survie en s’en servant comme d’un moyen et non comme d’une fin. Cette maîtrise passe par le comportement individuel du citoyen, du bas vers le haut, et par l’intervention des institutions d’Etat et de la société civile, du haut vers le bas.

+ Agissons, pendant que le Big Brother , chef d’orchestre de la consommation, laisse encore quelques espaces de liberté.






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Conclusion de Catherine Delaunay

Ce sujet tel qu'il est posé, présuppose que notre bien le plus précieux c'est la démocratie, et que la consommation constitue un mal, qui corrompt ce qui nous est le plus cher. A bien faire, il aurait fallu exercer notre réflexion critique en nous interrogeant sur l'état de nos démocraties. Ces dernières ne se portent pas bien, elles accusent des dysfonctionnements, comme le chômage, la corruption, la faiblesse de la croissance et de la prospérité, l'exclusion des laissés pour compte, etc.
Ce serait un sujet en soi que de se demander si la démocratie est un modèle indépassable.
Nous l'avons donc laissé de côté et comme la démocratie risque toujours d'être piétinée par les dictatures, nous avons considéré que c'est tout de même le meilleur des régimes en place. Comme gouvernement du peuple par le peuple c'est un Etat de droit qui poursuit les idéaux de liberté, égalité, sécurité, tolérance, solidarité, fraternité. C'est par rapport à ces idéaux que nous nous sommes demandé si la consommation produit des effets pervers sur la démocratie.
La problématique a consisté à mettre en parallèle un certain modèle économique de satisfaction des besoins, qui met au premier rang la consommation avec un modèle politique, la démocratie indirecte parlementaire, avec ses mécanismes et ses valeurs.
Est ce que la place considérable prise par la consommation sur le plan économique a des effets désastreux sur le plan politique au niveau des institutions ? Ou encore, est ce que le consommateur n'altère pas le citoyen que nous sommes censés être ?
Cette consommation prend place dans une société de consommation, qui est née après la deuxième guerre mondiale : les Américains se trouvaient face à un problème de surproduction. De manière systématique et délibérée, ils ont entrepris de susciter des désirs, des envies, des appétits, bien au delà des besoins stricts et usuels pour que les simples consommateurs deviennent insatiables. Cette politique de l'offre articulée à l'innovation technologique et à l'inventivité illimitée en matière de communication, a été le moteur du développement économique des trente glorieuses. Ce modèle fonctionne encore aujourd'hui. La société de consommation est une société d'abondance de biens où l'on fait miroiter que l'on peut acquérir, posséder et utiliser sans limites les produits matériels et culturels en fonction de nos désirs illimités et en faisant croire que l'on peut s'accomplir, se réaliser, à travers la jouissance de ces biens, créés de toute pièce par le marketing et la publicité, alors que seront engendrées des frustrations considérables si nous sommes privés de ces biens.

Après ces préliminaires on peut affirmer :
1)    Que la consommation fonctionne comme un système en soi, un système total, englobant, qui désigne non seulement un processus économique de satisfaction des besoins, mais aussi un modèle d'existence et de relations. Autrement dit, toute notre vie est influencée et déterminée par ce modèle de consommation.
2)    Or, dans ce modèle toute notre existence s'investit et se polarise sur le monde des objets, sur le monde matériel : dans notre désir effréné d'appropriation, nous existons de plus en plus dans notre relation aux choses, nous existons à travers ce que nous consommons, nous risquons de nous y isoler. Or ce qui nous humanise, c'est la relation aux autres êtres humains. La démocratie c'est un style de vie où le rapport à l'autre est essentiel.
3)    On constate que la consommation devient une fin en soi alors qu'elle ne devrait être qu'un moyen. La relation aux choses instrumentalise la relation aux autres et dans ces conditions,
4)    L'être humain devient lui même un bien de consommation comme un autre, que l'on peut jeter quand il ne convient plus, que ce soit dans l'entreprise, dans la vie de couple, ou dans la vie familiale ; lorsque l'on pousse les enfants dehors à peine majeurs ou que l'on place le vieillard trop encombrant.
5)    Certes ce modèle a participé un temps au progrès, à la croissance, à l'augmentation d'un bien être généralisé qui a profité à l'ensemble de la population. Certes, ce modèle concourt à notre désir de confort. Certes ce modèle a accru la liberté de choix jusqu'à l'excès (trop de choix génère de l'hésitation, du stress, et de la perte de temps parfois). Certes ce modèle a contribué à l'établissement des démocraties dans de nombreux pays car les historiens ont montré que le bien être constitue un moteur favorable aux démocraties.
6)    Néanmoins, aujourd'hui ce modèle accuse beaucoup de ratés et des effets pervers sur le fonctionnement de la démocratie.
a) au niveau de la liberté on nous fait croire que nous pouvons tout acheter mais nous sommes limités économiquement et d'autre part la publicité dès le plus jeune âge influence voire conditionne le jugement si ce dernier n'est pas éduqué à l'esprit critique et n'a pas appris à réguler et à maîtriser ses désirs.

b) au niveau de l'égalité, la société de consommation accroit la précarité et les disparités sociales, les mécanismes d'exclusion et de marginalisation. Le sociologue Baudrillard a montré que les inégalités se reproduisent inexorablement, même au sein d'une société dite d'abondance. Et même si des individus de classe sociale différente possèdent une même télévision ou les mêmes livres de poche, la sociologie montre qu'ils n'en font pas le même usage et que les inégalités interfèrent dans la pratique et dans l'utilisation des objets consommés.
c) au niveau de la fraternité, de la solidarité, on constate qu'une véritable lutte pour s'accaparer les biens, entraine une certaine violence : la profusion des biens aiguise les appétits, la convoitise, (voir les soldes où les gens se battent).
d) Le citoyen, sujet de droits et de devoirs, membre de la communauté politique, appelé à s'exprimer par le suffrage universel, et à participer à la chose publique, se délite en simple consommateur. Il se désintéresse de la chose publique, s'abstient de voter (élections européennes) et il en vient même à considérer la chose publique elle même comme un bien de consommation dont il peut user et abuser : par exemple il revendique des droits de complaisance sans limites comme le droit au bonheur, le droit à l'enfant, le droit au silence, le droit au beau temps pendant ses vacances. Il revendique aussi des prestations sociales là encore de plus en plus nombreuses. Ce qui est autorisé devient un dû. Par exemple certains prennent systématiquement leurs « jours de maladie ».
Le citoyen ne se vit plus comme « redevable », mais comme un « ayant droit », tout lui est dû, il veut de nouvelles protections, de nouveaux services de la part de l'Etat, lui même ne se sent plus responsable mais veut être pris en charge. Il faut tout de même signaler notre ambivalence à l'égard de cette société de consommation.

Nous sommes conscients de ses dangers, de ses limites, et en même temps nous ne sommes peut être par prêts à restreindre nos besoins et nos désirs. C'est là tout le tragique de notre situation.

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Propos entendus

-         Il est nécessaire de s’auto-limiter.
-         Le marketing est diabolique.
-         Nous gagnons en liberté et en sécurité, mais l’égalité est perdante.
-         Notre façon de consommer a changé, elle devient active. Le consommateur est davantage conscient.
-         Les Restos du cœur distribuent 130 millions de repas par an en France.
-         Il y a profusion de bien mais une mauvaise répartition.
-         Avec  la crise, en Espagne beaucoup de gens ont été expulsés de leur appartement. Le marketing a mal fonctionné.
-         La consommation répond avant tout à un désir. Chacun est acteur de sa consommation. Un besoin n’est jamais inutile.
-         Les responsables du marketing s’inspirent des techniques de propagande de Goebbels d’aliénation et de transformation de la pensée.
-         Le marketing promeut des produits dangereux. Il est pervers par essence.
-         Soyons plus intelligents que les pervers.
-         Le besoin n’est pas nécessaire pour consommer.
-         Les grands médias ne donnent pas d’information sur la consommation.
-         Une fois le besoin créé, il est difficile de s’en défaire.
-         Aux USA, on conditionne les petites filles pour en faire des « miss ». On détruit l’image de la femme.
-         Il y a du chômage parce qu’il n’y a pas assez de consommation.
-         Le système économique est complexe. Il n’y a pas de recette miracle.
-         Un progrès en remplace un autre.
-         Aujourd’hui le citoyen peut influencer les produits qu’il consomme.
-         Les entreprises ont des programmes de RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale).
-         La RSE c’est de la poudre aux yeux, un vernis. Dès qu’elle pose problème les entreprises la contournent.
-         On ne peut pas mettre démocratie et consommation sur le même plan.
-         Avec la cigarette, on ne vend pas de l’addiction mais de la liberté.
-         En France 8,2 millions de gens vivent avec 920 euros par mois.
-         Il faut être capable de digérer l’information.
-         Le marketing stimule le cerveau droit du plaisir.
-         Je rêve d’un marketing humaniste et égalitaire.
-         La consommation de l’information améliore la consommation.
-         Le sujet de ce café philo n’est pas un  sujet de philo. Le marketing, c’est fait pour gagner de l’argent.
-         « L’esprit qui n’est pas libre ignore sa prison ».
-         La liberté se conquiert. Elle fait appel à la responsabilité de chacun.
-         Pourquoi y a-t-il tant d’obèse ? Aujourd’hui les riches sont sveltes et les pauvres obèses.
-         De plus en plus de gens cherchent à sortir du système. Le pouvoir des supermarchés est en baisse.
-         Il est plus ou moins facile d’agir selon les professions.
-         Le bien-être est un objectif de la démocratie. Mais il existe une hypertrophie du bien-être. Cela dépend de la culture individuelle. En démocratie on peut acheter avec responsabilité.
-         Pour équilibrer le cerveau droit et gauche, il faut des valeurs, il faut une éducation à la consommation.
-         On a vu à la télé que des jus de fruits ont été transportés dans des fûts ayant contenu des produits toxiques.
-         Il faut contrer les abus des lobbys.
-         Nous ne sommes pas en démocratie. Lorsque le peuple vote contre certain traité européen, celui –ci revient par une porte dérobée. Nous vivons en ploutocratie.
-         La démocratie n’est pas perturbée par la consommation. La démocratie est un rêve, la consommation aussi.
-         Les mécanismes  économiques sont très compliqués. Il y a des effets de bord qui posent problème pour la démocratie, par exemple la pression sociale exercée sur les enfants.
-         Il y a trop de résignation. Il reste des marges de manœuvre. Je reste indignée.
-         La consommation annihile le citoyen, elle porte atteinte aux droits de l’homme. Tf1 achète du temps de cerveau disponible. Quelle société veut-on ?
-         Je consomme mes propres productions.
-         Le système est pervers. Les ressources ne pas illimitées. Les responsables marketing finissent dirigeants de multinationales plus puissantes que les Etats. Ils s’opposent aux réformes.
-         Je suis gênée par le langage du marketing : « se faire plaisir », « je le vaux bien », etc. On se laisse aller.
-         Il reste des actes citoyens.
-         On critique le marketing, mais on achète quand même. C’est la demande qui doit guider le marketing et non l’offre.
-         L’offre et la demande, c’est comme l’œuf et la poule.
-         L’homme doit maîtriser le système des objets.

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