dimanche 28 avril 2013
Compte rendu du café philo du 26 avril 2013
Trente et une personnes ont
participé à ce café philo au Centre culturel de Bouffémont sur le thème « Y a-t-il une vie en dehors de
l’économie ? », préparé
et animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller. Après les annonces d’usage
sur les activités de l’association, l’autorisation des participants a été
sollicitée de filmer la séance, dans le but de publier un extrait vidéo sur
Internet. Il s’agit d’une expérience dont il s’agira d’évaluer l’intérêt et
l’impact.
oooooooooooooooooooooooooo
Pierre Haller
Actualité avril 2013
+ 440.000, c'est le nombre de
personnes supplémentaires tombées en 2010 sous le seuil de pauvreté en France
en l'espace d'un an, selon une étude de l'Insee. Un enfant sur cinq vit en
dessous du seuil de pauvreté dans une famille disposant de moins de 964 euros
par mois.
+ Le commerce avant les
droits de l'homme
Reçu avec tous les égards par
ses hôtes chinois, M. Hollande a vigoureusement plaidé au cours d'une visite à Pékin et à Shanghaï,
pour un "rééquilibrage" des échanges commerciaux, mais a abordé
prudemment la question des droits de l'homme. La Chine et la France ont signé
un accord d'intention pour l'achat de 60 Airbus et envisagent la construction
d’une usine de traitement des combustibles nucléaires. Info du 26/04/2013.
+ Un article « Ma
licence d'économie ne connaît pas la crise » dans le Monde du 18 avril
2013 rapporte qu’un collectif d'étudiants dénonce le manque de pluralité dans
l'enseignement de l'économie à l'université, dont il juge l'approche trop
éloignée de la réalité. Il veut en finir avec « cet enseignement de l'économie
étrangement déconnecté de l'histoire qui s'écrit sous nos yeux ».
+ Sans l’économie souterraine,
il y aurait déjà la révolution, dit-on en Espagne qui compte 26% de chômeurs.
Qu’est-ce que l’économie ?
Selon Wikipédia l’économie (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : «
administration d'un foyer ») est l'activité humaine qui consiste en la
production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de
services.
Elle implique un vaste
spectre de dimensions des plus concrètes aux plus abstraites : la matière
première, le travail, la transformation de la matière, l’argent, les étalons de
mesure, les échanges de matières, d’informations ou de techniques, les
spéculations sur la valeur des entreprises, des objets et des services.
Le commerce, à côté des
conquêtes militaires et religieuses, a été de tout temps un vecteur de
rencontre et de diffusion des civilisations.
L’économie se targue parfois d’être une science exacte. Elle
utilise un langage et certaines méthodologies, notamment mathématique qui lui
confère une aura de crédibilité et du
pouvoir sur les cours du monde.
En microéconomie, celle des
interactions entre individus, certaines prédictions sont mathématiquement
testables à partir d’équations, d’optimisation linéaire ou non linéaire, de
théorie des jeux. En macroéconomie aucun
modèle ne fait consensus ; les facteurs humains et culturels
introduisent des imprédictibilités irréductibles.
Aujourd’hui l’économie domine
le monde et le destin de sept milliards de personnes. Selon l’observatoire des inégalités,
la pauvreté baisse dans le monde. 1,3 milliard d’habitants vivent cependant
toujours sous le seuil d’extrême pauvreté (moins de 1$ par jour), soit près du
quart des habitants de la planète. Un milliard n’a pas accès facile à l’eau et
aux énergies nécessaires à la cuisine et au chauffage.
Le système économique moderne
basé sur l’industrie et la technologie, est confronté à des problèmes majeurs et complexes, c’est-dire non linéaires. Problèmes de l’énergie, des déchets,
des ressources de matières premières, de l’environnement, de géopolitique, du
droit du travail humain, de la répartition des richesses, des marchés, de la
distribution des biens et services, des réseaux de transports et d’information,
des ressources en capitaux, des spéculations.
Histoire récente de l’économie
Dans les années 1945-1960,
régnait une utopie de l’épanouissement et la possibilité d’une ascension sociale
dans le travail. Les syndicats offraient une identité sociale honorable et
morale aux employés, qui pouvaient avoir le sentiment de participer à une œuvre
collective. Depuis 1980, le travail est la souffrance nécessaire pour
l’obtention d’un salaire. La mondialisation, les nouvelles utopies de
l’externalisation, de la sous-traitance et de la délocalisation des activités
des entreprises (pour Renault 90%
des activités dans l’entreprise en 1960, plus
que 20 % actuellement), le retrait des syndicats, la financiarisation de toute
activité, l’inflation des échelles de salaires (1 à 20 en 1950, 1 à 100-500
aujourd’hui) ont profondément modifié l’attitude envers le travail et le
fonctionnement de la société. La confiance mutuelle, envers les élites et
envers la société a été ébranlée, tout particulièrement en France. Pour les
élites, la réussite sociale n’est plus tant assurée par le travail que par
leurs participations aux jeux de réseaux. La précarisation et le malaise de
larges couches de la population est l’effet et un moteur essentiel de la
systémique économique actuelle. L’assistance aux chômeurs et victimes du
système et leur culpabilisation sous-jacente ainsi que la mise en spectacle « opiumisant »
du monde maintiennent une relative paix sociale.
Ce phénomène est mondial.
Après le tournant ultra-libéral des années 1980, l’action des États a été
progressivement subvertie par les intérêts privés : dans la santé, l’éducation,
le logement, la défense, les politiques publiques ont de plus en plus consisté
à garantir des rentes à des entreprises privées proches des pouvoir. L’État
garant de l’intérêt général s’est mué en État prédateur soumis à « l’exploitation systématique des
institutions publiques pour le profit privé », selon James K. Galbraith, dans «
L’Etat prédateur ».
Les indicateurs du développement
L’économie fonctionne à
l’aide de modèles d’algèbre linéaire, de statistiques et de théorie des jeux
mis en œuvre par des algorithmes informatiques. Elle fait appel à des
indicateurs auto-référents : PIB, taux de croissance, d’inflation,
d’intérêts, profits, rendements, fiscalité, etc. Elle connaît aussi une
inflation de prix Nobel, de professeurs, d’experts, de gourous ou de spin
doctors. Les écoles de commerce font
florès est et les plus prestigieuses assurent aux étudiants les meilleurs
carnets d’adresses pour leur avenir.
A côté de cela, un certain
nombre d’institutions et d’ONG mettent au point des indicateurs censés donner
une mesure plus proche de la réalité du développement humain lié au
développement économique.
L'indice de développement humain (IDH)
Indice de développement humain est
un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour
le développement (PNUD) en
1990 pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. L'IDH se
fonde sur trois critères majeurs : l'espérance de vie à la naissance, le niveau
d'éducation et le niveau de vie. Ces critères sont très liés aux activités et
aux structures économiques de chaque pays : eau potable, énergie, logement,
hygiène, système médical, école, revenu par habitant.
La France se situe en 2010
vers le quinzième rang sur 187 pays pour la moyenne de l’IDH et aussi pour les
inégalités sociales.
L’indice de bien être durable
Le calcul de L'IBED s'appuie
approximativement sur la formule suivante :
IBED = Consommations
marchande des ménages (base ou point de départ du calcul)+ services du travail
domestique + dépenses publiques non défensives - dépenses privées défensives -
coûts des dégradations de l'environnement - dépréciation du capital naturel +
formation de capital productif.
Il est censé traduire le
progrès véritable.
Selon les graphiques de l’ONG les Amis de la terre, le PIB (GDP) de la plupart des pays est en croissance
continue depuis les années 1950. L’IBED (ISEW) croît en parallèle jusque dans
les années 1980, puis décroche voire régresse, nettement.
Le bonheur national brut (BNB)
Le Bhoutan a adopté dès 1972
l’indice du « Bonheur national brut (BNB) ». Lequel repose sur quatre piliers : la croissance
et le développement économiques ; la conservation et la promotion de la culture
; la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources ; et
la bonne gouvernance responsable.
Globeco
Globeco
fournit des rapports annuels sur le bonheur
mondial calculé à partir des 40 critères regroupés en quatre chapitres. La
France dans chacun de ces chapitres se situe sur 60 pays aux places
suivantes :
-
La paix et la
sécurité : France 18è/60
-
La liberté, la
démocratie et les droits de la personne humaine : France 9è/60
-
La qualité de la
vie : 10è/60
-
L’intelligence,
la communication et la culture : 20è/60
Classement général : 14è/60.
Les dix premiers en 2012
sont : Suède, Norvège, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Australie,
Canada, Suisse, Irlande, c’est-à dire un certain nombre de Vikings, de
monarchies et de chrétiens protestants.
Le rapport Globeco 2013
explique : « la différence de performances entre la
France et les pays nordiques (Suède, Norvège, Pays Bas, Danemark, Finlande)
vient du fait que les Français ne font confiance à rien (gouvernement,
entreprises, médias, syndicats, justice) ni à personne. A la question : «
Est-il possible de faire confiance aux autres ? », près de 80 % des Français
répondent « non », alors que 60 à 70 % des habitants des pays nordiques disent
faire confiance aux autres. »
Les voix qui se lèvent
+ L’économie solidaire
« Aujourd'hui, les engagements sont d'une autre
nature. A côté de l'économie marchande fondée sur la compétition, une énergie
croissante s'investit dans l'économie sociale et solidaire, dans des rapports
empathiques organisés autour du collaboratif, dans des aventures où le gratuit
a sa place.
Philippe Lemoine, Le Monde du
16/04/2013
+ Le respect des droits de l’homme
Aujourd'hui, diverses
organisations non gouvernementales dénoncent les achats massifs de terres qui
se font au détriment des paysans locaux. En mai 2012, l'Organisation des
nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
a émis une directive destinée à encadrer ces opérations, rappelant les droits
des peuples autochtones, la nécessaire formation des populations, et appelant « les
investisseurs privés à respecter des droits de l'homme et de propriété
légitimes ».
Pierre Bezbakh
Le Monde 15/04/2013
+ L'économie politique est une pseudo-science
« L'économie
politique est une pseudo-science que les préoccupations matérialistes ont
projetées au devant de la scène. ....Avec le temps, les indices ont pris plus
d'importance que l'activité qu'ils devaient mesurer ....Si plus de gens ont été
malades et ont acheté plus de médicaments, si plus de couples ont divorcé et
ont fait appel à des avocats pour des procédures judiciaires, ... si l'eau des
aqueducs a été plus polluée et exigé davantage de chlore pour neutraliser les
colibacilles, tout cela a contribué à augmenter le PNB. »
Serge Mongeau,
La simplicité volontaire, plus que jamais, Montréal, Ecosociété, p.28-29.
+ Contre le darwinisme social
« Toute la doctrine darwiniste de la lutte pour
la vie n'est que la transposition pure et simple, du domaine social dans la
nature vivante, de la doctrine de Hobbes: bellum omnium contra omnes et de la
thèse de la concurrence chère aux économistes bourgeois, associée à la théorie
malthusienne de la population ».
Friedrich Engels, Lettre à Lavrov du 12 septembre 1917.
+ Fabriquer l'argent à partir de rien
"Le système bancaire moderne fabrique de l'argent
à partir de rien. .... Mais si vous voulez continuer à être les esclaves des banques
et à payer le prix de votre propre esclavage laissez donc les banquiers
continuer à créer l'argent et à contrôler les crédits".
Sir Josiah Stamp, Directeur de la Banque d'Angleterre 1928-1941 -- réputé 2e fortune
d'Angleterre à cette époque !
"Le procédé par lequel les banques créent de l'argent est tellement
simple que l'esprit en est dégoûté". -- John Kenneth
Galbraith, économiste –
+ Comment on sait qu'une société est condamnée ?
« Lorsqu’on constate que le commerce se fait non par
consentement mais par compulsion lorsqu’on constate que pour produire, il faut
auparavant obtenir la permission d’hommes qui ne produisent rien - lorsqu’on
constate que l’argent afflue vers ceux qui dispensent non des biens mais des
faveurs - lorsqu’on constate que les hommes deviennent plus riches par la
subornation et les pressions que par le travail, et que les lois ne vous
protègent pas de tels hommes, mais les protègent au contraire de vous -
lorsqu’on constate que la corruption est récompensée et que l’honnêteté devient
un sacrifice - on sait alors que la société est condamnée ».
Ayn Rand La Révolte
d’Atlas, publié en 1957.
+ Définition de la science économique
"L'activité économique a essentiellement pour objet de satisfaire les
besoins pratiquement illimités des hommes avec les ressources limitées dont ils
disposent en travail, en richesses naturelles et en équipement, compte tenu des
connaissances techniques limitées qui sont les leurs. La science économique
apparaît ainsi comme la science de l'efficacité, et par-là même, elle est
quantitative...
Constater
cette possibilité objective de transformation de l'économique en une science
véritable ne signifie naturellement pas que l'économie, dans son état actuel,
et prise dans son ensemble, puisse déjà être considérée comme une science.
Peut-être même ne pourra-t-elle jamais y réussir totalement, tant sa matière
première est liée à des intérêts et à des idéologies".
Maurice Allais Prix Noble d’économie 1988 ; Leçon donnée
à Genève en 1967.
+ L'homme jetable, l’obsolescence programmée
« Du
bas nylon à l’imprimante d’ordinateur, on sait maintenant que les marchands du
temple de la finance ont savamment programmé la durée de vie d’un objet. Il
s’agit de faire de nous d’éternels consommateurs. C’est ce que racontait le 15
février 2011 le film de
Cosima Dannoritzer, « Prêt à jeter » sur ARTE. »
Oliver Cabanel
+Les forces du marché ne sont pas
"naturelles"
"Il
n'y a rien de "naturel" dans les forces du marché. Ce sont les
idéologues des sociétés transcontinentales (des Hedge-Funds, des grandes banques
internationales, etc.) qui, pour légitimer leur pratiques meurtrières et
apaiser la conscience des opérateurs, donnent ces "loi du marché"
comme naturelles, s'y réfèrent en permanence comme à des "lois de la
nature".
Jean Ziegler Destruction
massive, Paris, Seuil, 2011, p.337.
+ La société de consommation va sur sa fin
"La
société de consommation de masse globalisée est arrivée au fond de l'impasse.
Elle repose, en effet, sur la croissance sans limite, qui est son essence même,
alors que les données physiques, géologiques et biologiques lui interdisent de
poursuivre dans cette voie en raison de la finitude de la planète. Le temps de
l'effondrement est venu. Nous en percevons de nombreux signes avant-coureurs,
même si nous refusons d'en accepter les conséquences et de prendre les mesures
pour limiter les dégâts ou y porter remède...
+ La manipulation publicitaire
« Je
me prénomme Octave et m’habille chez APC. Je suis publicitaire: eh oui, je
pollue l’univers. Je suis le type qui vous vend de la merde. ... Je vous drogue
à la nouveauté, et l’avantage avec la nouveauté, c’est qu’elle ne reste jamais
neuve. Il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la
précédente. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession,
personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment
pas.
... Je dépense donc je suis....
Mmm, c’est
si bon de pénétrer votre cerveau. Je jouis dans votre hémisphère droit. Votre
désir ne vous appartient plus: je vous impose le mien. Je vous défends de
désirer au hasard. Votre désir est le résultat d’un investissement qui se
chiffre en milliards d’euros. C’est moi qui décide aujourd’hui ce que vous
allez vouloir demain. »
Frédéric Beigbeder 99 F, Grasset,
2000, p. 17-19.
+Le libéralisme radical est un système idéalisé
« Au
cœur des enseignements sacrés de l'école
de Chicago figurait la conviction suivante : les forces économiques -
l'offre et la demande, l'inflation et le chômage - s'apparentent aux forces de
la nature, fixes et immuables. Au sein du libre marché absolu imaginé dans les
cours et les manuels de l'école de Chicago, ces forces sont en équilibre
parfait, l'offre influant sur la demande à la manière dont la Lune attire les
marées. »
+ L'économisme
« La
pensée des preneurs de décisions - decision makers dans la terminologie anglo-saxone- baigne en
permanence dans les concepts manipulés par les économistes ;...: le
fanatisme économique, l'économisme ».
+L’utilité
du contrôle démocratique pour l’économie
Conclusion
Pour paraphraser Churchill
qui disait que la démocratie est le moins mauvais des mauvais systèmes
politiques, on pourrait postuler de même pour l’économie de marché. Le
développement humain est intimement lié à celui de l’économie et celle-ci à la
consommation d’énergie et de ressources
naturelles ainsi que de production de déchets. Notre système économique permet
la mise à disposition de moyens technologiques utiles à la complexification de
notre monde. Le modèle de développement, qui ne serait pas celui d’une machine
auto-référente, mais essentiellement au service de l’humain et de la planète, reste
à trouver. C’est le processus
démocratique et politique qui devrait sans cesse réajuster les points de
fonctionnements optimaux des multiples facteurs de la machine économique pour
en assurer la stabilité et garantir la vie en dehors de la machine.
ooooooooooooooooooooooooo
Catherine Delaunay
(à partir de prise de notes)
Petit lexique élémentaire
Economie
a)
Economie dite
domestique : du grec ancien οἰκονομία / oikonomía , oikos = maison, nomos
= gestion, donc gestion de la maison ;
b)
Economie
politique : l’art de bien gérer les finances de l’Etat et du pays.
c)
Economie
générale : la réalité de la production, de la distribution, de la
consommation, des échanges de marchandises, services et capitaux.
Capitalisme
Système économique fondé sur
la propriété privée des moyens de production et d’échange, sur la liberté du
marché et sur le salariat.
Libéralisme
Conception selon laquelle il
existe des lois économiques naturelles et immuables grâce auxquelles s’établit spontanément
un équilibre entre la production, la distribution et la consommation. Exemple,
la loi de l’offre et de la demande. Il importe que demeurent la liberté du
travail, la propriété privée, la concurrence et le libre échange entre les
nations et que l’Etat intervienne le moins possible.
Ultralibéralisme
Système économique qui prône
un libéralisme absolu en encourageant la concurrence généralisée, la
privatisation des services publics, la dérèglementation du travail et le désengagement
de l’Etat.
Marché
Lieu d’échanges économiques,
qu’il soit local, régional, national ou mondial. Aujourd’hui quand on dit
« marché », on entend le plus souvent le marché mondialisé,
financiarisé, dérèglementé.
Mondialisation
Extension de l’économie de
marché à l’ensemble de la planète, qui ne s’explique plus par la dynamique
spontanée d’acteurs individuels privés (entreprises, banques...), mais par la
libéralisation des règlementations encouragée par les Etats les plus puissants,
comme les Etats-Unis, par exemple.
Argent-monnaie
Trois fonctions : a)
intermédiaire des échanges ; b) étalon pour fixer la valeur des
marchandises ; réserve de valeur et de capital.
Questionnement
L’économie fait l’objet de
présupposés et de préjugés : omniprésente, dangereuse, à valoriser,
contribue au bonheur. Elle exerce la fascination, l’indifférence ou la
répulsion. Elle pose la question des inégalités qu’elle engendre, de
l’exploitation des humains, de la servitude de l’argent. Comment vivre dans un
monde dominé par l’économie ? Survivre ? Consommer ? Exister en
plénitude ?
Histoire
Platon (-428
à -348) condamne les marchands et l’argent.
Aristote
(-384 à -322) rappelle que l’économie doit rester sous le contrôle de la
politique. Il existe des usages normaux et contre-nature de l’argent.
Thomas d’Aquin
(1224-1274), réhabilite l’argent.
Martin Luther
(1483-1546) condamne le marché d’indulgences de la Papauté.
Jean Calvin
(1509-1564) réhabilite la richesse (Reich= Riche=Empire en allemand)
Max Weber
(1864-1920) démontre l’affinité entre l’éthique protestante et l’argent.
Adam Smith
(1723-1770) : le travail produit la richesse. Les lois de l’économie sont
naturelles et éternelles.
Karl Marx
(1818-1883) : l’économie détermine tout. Seule la science échappe à
l’idéologie. L’économie doit être juste et équitable. Les inégalités se créent
non lors de la distribution des richesses, mais au stade des moyens de
production. La perte du travail est une violence.
La fin du 20è siècle est
marquée par la chute du communisme et la montée en puissance de
l’ultralibéralisme. La mondialisation s’affirme en même temps qu’émerge une
diplomatie économique.
Question :
Tous les rapports humains sont-ils marchands ? Faut-il se réjouir ou se
plaindre de l’hégémonie économique ?
oooooooooooooooooooooooooooooooo
Paroles entendues
-
Ce sont les
économies libérales qui produisent le plus de richesses. Mais la main invisible
du marché ne régule pas suffisamment.
-
La grande banque
américaine a mis la Grèce dans le mur.
-
La vie en dehors
de l’économie a une valeur différente de l’économie.
-
Il y a la micro
et la macro- économie ; l’économie marchande et non-marchande ; l’économie
officielle et souterraine, voire maffieuse.
-
L’erreur est de
vouloir appliquer les mêmes indicateurs quantifiables aux différents types d’économies.
-
Le sens de l’économie
est différent selon l’histoire, la géographie, la culture.
-
Le politique
doit-il diriger l’économie ?
-
En 1970, les 1 % les
plus riches accaparaient 8 % du PIB, en 2013, ils accaparent 25 % du PIB.
-
La richesse a
tendance à se distribuer au niveau mondial, à l’exception de l’Afrique.
-
L’économie
monétarisée contribue à niveler les classes culturelles.
-
Le bénévolat s’exerce
au détriment du salariat.
-
Le bénévolat est
au service du capitalisme.
-
C’est grâce au
bénévolat des « grands-mères » que la Russie fonctionne encore.
-
Le bénévolat
demande du professionnalisme.
-
L’économie
fictive de la spéculation supplante l’économie réelle.
-
Pourquoi les gens
des quartiers défavorisés ne sont-ils pas au café philo ?
-
Les banques
jouent avec notre argent, en plus il faut les payer.
-
Le libéralisme
veut faire de l’argent avec tout ce qui le permet, il veut tout privatiser
(santé, éducation, services publics, etc...°)
-
La main invisible
du marché est perverse.
-
Les banques
rendent aussi des services.
-
Il faut avoir et être
et faire des choix à chaque instant.
-
Il faut un
équilibre entre les économies marchandes et non-marchandes.
-
Le rêve est
non-marchand. (ça dépend du rêve).
-
En matière de
charité, il faut donner et ne pas se
poser de question.
-
Rien n’est
gratuit, tout a une valeur. On a perverti l’échange honnête.
-
On a besoin d’être
reconnu par son apparence. On a besoin du groupe pour exister.
-
Il faut un
certain bien-être pour exister. Rappel de la pyramide Maslow.
-
La cupidité fait
marcher l’économie.
-
Certains
phénomènes financiers sont déconnectés de la réalité. En s’emballant, ils conduisent
à des catastrophes.
-
Il faut taxer les
ventes à
découvert, qui sont des paris sur la casse des valeurs.
-
98 % des flux
financiers sont réalisés par des ordinateurs.
-
Certaines
entreprises gagnent plus d’argent en spéculant qu’un produisant des biens ou
des services.
-
Le bénévolat
permet d’échapper partiellement à la contrainte de l’argent. Il offre un espace
de liberté.
-
Le fait de taper
sur les financiers indique qu’il y a encore des valeurs non monnayables.
-
L’amitié reste
une valeur.
-
L’économie
sociale et solidaire fait travailler 10 % de la population et représente 12
% du PIB.
-
Les riches
devraient avoir des devoirs.
-
Il faut savoir de
ce qu’on veut faire de sa vie au-delà du minimum vital.
-
La financiarisation,
c’est la loi de la jungle. Il faut réguler au niveau mondial.
-
Il se fait
beaucoup de bien en France en matière de solidarité et d’échanges d’idées.
-
Nous sommes
co-responsables. Nous avons laissé les banques prendre le monopole de gérer
notre argent.
-
Rappel de la
fable de La Fontaine « Le savetier et
le financier ».
-
J’ai travaillé 40
ans chez un trader. J’ai perdu mes économies en actions Eurotunnel.
-
Essayons d’être
heureux dans la sobriété.
-
Ce n’est pas à
travers l’économie que se construit l’amitié.
-
On ne voit pas
comment sortir de l’imbroglio de l’économie mondialisée.
-
A lire « Globalia », un roman
d'anticipation de contre-utopie écrit par Jean-Christophe Rufin
-
Je suis choquée
par la consommation des enfants.
-
On n’a pas
nécessairement besoin de beaucoup d’argent pour le bonheur.
-
Il faut
distinguer économie et finance.
-
L’économie, c’est
la valeur ajoutée, la finance, c’est la destruction de valeur.
-
Jacques Attali plaide
pour une gouvernance mondiale.
-
L’économie
devrait être au service de tous les hommes. Mais prêcher la moralisation ne
suffit pas.
-
L’économie est un instrument du progrès humain.
ooooooooooooooooooooooooooo
Commentaire au blog
de notre ami Jean-Marie Oswald qui n'a pas pu participer au café philo
J’ai pris connaissance avec intérêt du compte rendu
sur le dernier sujet concernant l’économie et si nous pouvions vivre en dehors de ce monde économie. ce sujet m’interpelle!
Un beau résumé de thèses,
de livres et d’auteurs a été dressé.
Le sujet, je pense, est devenu toutefois aujourd’hui
très technique et très professionnel pour s’inscrire parfaitement dans nos
thèmes de loisir philosophique.
Le thème est désormais grave et cela
par les disparités géopolitiques, culturelles et sociales.
Nous sommes vraisemblablement dans un
tournant historique.
La science économique sert l’homme dans
ses valeurs et dans son bien-être matériel.
La perversion des travers économiques et
de ses conséquences ont fait leur œuvre par des spéculations
financières.
Ces spéculations diaboliques volent le
progrès, dépouillent le peuple et attisent les rivalités.
L’outil mécanique des mathématiques et
de l’informatique utilisé à cette fin divise le monde et crée une valeur qui
n’est que virtuelle.
Mais notre Droit Economique commence
peu à peu à se dessiner.
Il faut un nouveau leadeur de pensée, un
nouveau Baron KEYNES mais adapté à notre temps.
En fait, pour moi, il n’y pas pas
de richesse si elle n’est pas sociale!
Poème d’Arlette Coutin
Le Bonheur est en toi
Toi l’homme d’aujourd’hui
As-tu des appuis
Pour te raccrocher
Et ne pas sombrer
De ce monde réel
Recherche l’essentiel
Qui te permettra
De vivre ici-bas
Construis de ton mieux
Travaille en tout lieu
Métier et foyer
Seront tes alliés
Sans amour, sans art
Où sont les regards
Et sans la nature
Pas de vie future
Puise au fond de toi
Ton œuvre sera là
Celle que tu feras
Du plus bel éclat
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