Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

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+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

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Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

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mardi 25 septembre 2012

Compte rendu du café philo du 24 septembre 2012 à Bessancourt





“Avons-nous besoin de racines ?“
Treize personnes ont participé à ce café philo du 24 septembre 2012 dans la médiathèque municipale sur le thème « Avons-nous besoins de racines » animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller à la demande de la mairie de Bessancourt.



Le rapport au temps et à la mémoire a changé au cours de l’histoire. Dans le passé les hommes étaient tournés plutôt vers leur propre passé. C’est surtout au 19è siècle que l’intérêt pour le futur et le progrès devint prédominant. Aujourd’hui le scepticisme envers le progrès et l’inquiétude quant au futur incitent au retour vers les valeurs traditionnelles. Cette tendance concerne les individus tout comme certaines collectivités qui parfois inventent de nouvelles sortes de racines. Les héritages du passé sont omniprésents dans nos vies quotidiennes : habitudes, habits, croyances, frontières, appartenances, etc. L'historien Fernand Braudel dit « nous sommes tous des néolithiques » dans la mesure où c’est au néolithique que les sociétés humaines sont passées du nomadisme à la sédentarité. Ce  mouvement se poursuit aujourd’hui par l’urbanisation et l’exode rural.
L’histoire permet aux hommes de se comprendre, de former des sociétés et d’envisager un avenir commun. Inversement il est dangereux de s’enfermer dans les racines lorsque celles-ci font perdurer les haines entre les personnes ou les groupes. La rumination des mauvais souvenirs est préjudiciable au bonheur des personnes.


Les métaphores
Le monde végétal
Parler de racine pour les humains est une métaphore du monde végétal. Les racines d’une plante constituent sa part souterraine d’un volume équivalent de sa partie aérienne. La masse globale de masse vivante végétale et animale souterraine est équivalente à la masse aérienne. Une grande partie des cycles organiques et minéraux se déroulent sous la surface terrestre. Les racines fixent le végétal dans un territoire où s’établissent des colonies de la même espèce. Les racines puisent dans le sol et transportent les éléments nutritifs dans la plante. Le sous-sol est le lieu d’un éco-système complexe d’interaction entre le minéral, le végétal et l’animal. Il constitue un maillon essentiel des grands cycles de l’eau, du carbone, de l’azote. C’est là que se décompose et se recompose une grande partie de la matière vivante. Une autre partie des besoins nutritifs nécessaire au métabolisme des plantes est fournie par l’atmosphère et la lumière solaire.

Le monde animal
Le monde animal se caractérise par la possibilité de s’affranchir de la fixité des racines et de faciliter la quête de nourriture par la possibilité de se déplacer. La plupart des espèces animales gardent des racines virtuelles dans des territoires où ils trouvent nourriture et partenaires pour la reproduction. Les migrations aller-retour vers des lieux de reproduction et de nourriture plus abondante concernent plusieurs espèces d’oiseaux, de poissons et de mammifères. Des migrations sans retour ont permis l’exploration de nouveaux territoires la dissémination sur toute la planète des espèces végétales et animales tout au long de l’histoire. 

Le monde humain
Ces processus d’enracinement et de dispersion géographique des espèces vivantes à différentes échelles de temps ont accompagné l’évolution de la culture des sociétés humaines.
Le sous-sol est aussi lieu où se jouent les jeux de la mémoire et de l’oubli. Les fossiles nous racontent l’histoire de la vie sur trois milliards d’années. Les vestiges des civilisations passées sont conservés pendant des millénaires sous terre. Mais le sous-sol, lieu de culte dans les cimetières, sert aussi au travail puis à l’effacement de la mémoire qui est nécessaire à la marche du monde.

Le mythe de Déméter
Quand Hadès, souverain dans le monde souterrain des morts, enleva Perséphone pour en faire son épouse, Déméter, (Cérès) la mère de Perséphone et déesse des récoltes, pleura, partit à sa recherche et négligea les récoltes sur Terre. Se rendant compte qu'une famine menaçait les mortels, Zeus se décida à envoyer Hermès au royaume d'Hadès pour lui demander de rendre Perséphone à sa mère. Zeus accepta que Perséphone passe les six mois cultivables sur la Terre avec sa mère et les six mois du reste de l'année avec son époux. C'est de ce mythe qu'est né le cycle des saisons dans la mythologie grecque. Il pourrait aussi illustrer les cycles de décomposition et de recomposition de la vie mais aussi ceux de la mémoire.
Selon l’Evangile de Saint-Jean (Jn 12:24) : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. »

Les racines individuelles
Les racines individuelles humaines sont liées à celles d’une ou plusieurs collectivités d’appartenance. Elles sont familiales, claniques, sociales, nationales, raciales, religieuses. Le libre arbitre permet en principe à chaque individu d’adhérer ou non et de se nourrir de chacun de ces types de racines. Celles-ci sont plus ou moins structurantes, prégnantes, contraignantes, sécurisantes ou aliénantes. Le libre-arbitre ne permet pas toujours de s’en distancier. Ces racines sont structurantes pour la personnalité individuelle. Elles créent du sens, donnent des repères et des valeurs, permettent la solidarité. Les racines religieuses, en général dominantes sur un territoire donné, confèrent un sentiment d’appartenance fort à une identité collective et proposent (ou imposent) une transcendance à l’aventure terrestre. L’individu coupé de toutes racines, si tant est qu’il existe, est coupé également des liens avec autrui et risque de sombrer dans un narcissisme délétère.

La psychogénalogie
La psychogénéalogie est une théorie développée dans les années 1970 par le Pr Anne Ancelin Schützenberger (Université de Nice) selon laquelle les événements, traumatismes, secrets, conflits vécus par les ascendants d'un sujet conditionneraient ses troubles psychologiques, ses maladies, et ses comportements étranges ou inexplicables.

Les racines collectives
Elles sont également familiales, claniques, sociales, nationales, raciales, religieuses mais aussi civilisationnelles. Elles se sont construites et adaptées au cours de longs processus historiques. Elles intègrent les épopées et les tragédies de l’histoire au sein d’un conscient et d’un inconscient collectifs. Elles puisent également leur substance dans les mythes et dans les utopies. La narration de l’histoire est enjolivée ou enlaidie selon les besoins de la cohésion sociale.

Les mèmes
Un mème (de l'anglais meme; calqué sur gène, sans rapport et à ne pas confondre avec le français même) est un élément culturel, par exemple un concept, une habitude, une information, un phénomène, une attitude, etc., répliqué et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. Le mème est un élément d'une civilisation pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation.

Le terme de mème a été proposé pour la première fois par Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976). Les mèmes ont été présentés par Dawkins comme des réplicateurs, comparables à ce titre aux gènes, mais responsables de l'évolution de certains comportements animaux et des cultures. Les mèmes sont portés et porteurs de nos racines culturelles.

Expressions de nos racines
Ces racines individuelles et collectives s’expriment à travers les religions, les spiritualités, les cultures, la famille, les cimetières, les nations, les institutions, les monuments, les traditions, les rites, les fêtes, les légendes, les sciences, les arts, les lettres, les idées, les identités régionales, les langues, les accents régionaux, les musiques, les cadres de vie (habitat, meubles anciens, collections, héritages), etc.  Nous sommes tous plus ou moins enracinés ou déracinés par rapport à ces différents éléments qui participent à la construction de notre identité.

L’histoire
L’histoire des individus ou des groupes est en général construite a posteriori sur des récits comportant des vérités, des demi-vérités, des mensonges, des omissions, des exagérations. Cette adaptation de l’histoire est souvent nécessaire à la cohérence des récits ou à l’honneur des individus et des groupes. Elle peut s’avérer délétère lorsque le mensonge et les silences sont trop criants. « Il ne faut pas tout dire, mais il faut aussi ne pas ne rien dire du passé », dit le psychanalyste.

Les déracinements
Si l’on admet que les premiers homos habilis sont apparus il y a deux millions d’années en Afrique, la diffusion de l’espèce humaine sur le reste de la planète s’est accompagnée d’une succession incessante d’enracinements et de déracinements. L’homme est avec son compagnon le chien la seule espèce vivante à pouvoir planter ses racines aussi bien à l’équateur qu’aux pôles nord ou sud.
Aujourd’hui l’humanité compte quelque 200 millions de migrants internationaux en augmentation de 2% par an correspondants la plupart du temps à autant de déracinements familiaux et culturels volontaires ou forcés. Ce déracinement culturel causé par ces migrations, qui parfois améliorent la situation économique et sécuritaire des migrants, a souvent comme conséquences des souffrances psychologiques importantes s’étendant sur plusieurs générations. Les problèmes d’intégration des migrants dans les sociétés d’accueil constituent souvent le fonds de commerce autant des populismes politiques locaux qui les stigmatisent. Certaines communautés leur proposent, voire cherchent à leur réimposer, des enracinements qu’ils ont précisément fuis parce qu’ils les maintenaient dans la misère.
Les diasporas de communautés ethniques ou de peuples à travers le monde représentent probablement 600 millions de personnes. 
Dans nos sociétés, encore largement rurales il y a deux générations, l’urbanisation ainsi que le niveau d’éducation et d’information ou les mobilités professionnelles ont bouleversé les racines culturelles des populations.
Dans les sociétés traditionnelles, les racines sont souvent les chapes de plomb du contrôle social par les rites, les tabous, les renommées, les qu’en-dira-t-on, les religions, les superstitions, le sexisme, les vendettas, etc. La libération de ces chapes a laissé bien des personnes sans nouveaux repères. La société de consommation et de spectacle ne semble pas répondre durablement aux besoins de valeurs et de racines des gens. Peu de sociétés échappent aujourd’hui à la mondialisation et aux lois du marché. « La Chine traditionnelle s’est maintenue à travers toutes les vicissitudes de son histoire y compris le communisme. Mais aujourd’hui le Marché en aura raison. », a-t-on déjà entendu.

L’agriculture moderne, tout en donnant à manger à la majorité des gens, empoisonne les sols et le monde racinaire. Est-ce la métaphore du paradoxe de la modernité ?

Les racines du ciel
Les transmetteurs traditionnels (religion, politique, école) des racines culturelles semblent avoir toujours un certain retard sur les évolutions sociétales. Leur conservatisme, leur dogmatisme ou leur académisme jouent toutefois des rôles essentiels dans la régulation de la stabilité sociale. Le progressisme mâtiné de conservatisme raisonnable doit permettre l’émergence de nouvelles racines avec des manières de penser, des spiritualités, des mythes ou des histoires nationales mieux adaptés aux modes de vie de la modernité.
L’Europe, qui pendant des siècles a été le théâtre de carnages entre les peuples, propose depuis plus d’un demi siècle de nouvelles racines basées sur la paix et l’intelligence. Du moins, on espère que ça va durer.

Comme l’arbre, il ne s’agit pas seulement d’avoir des racines mais aussi des branches dans le monde aérien, un regard vers le dépassement de soi. Comme l’arbre, notre place est entre la terre et le ciel.
Le sens de la beauté est probablement la racine la plus profonde de la vie.
« A son disciple Ananda qui lui demandait si l'amitié, l'association, l'intimité avec le beau n'étaient pas la moitié de la vie sanctifiée, Bouddha répondit : « Ananda, ne dis pas la moitié de la vie sainte mais bien sa totalité. »


Paroles entendues

-         - Il faut lire « Roots » d’Alex Haley.
-         - Quand on veut reconstruire ses racine, le sol est dur.
-         - On recherche ses racines parce que tout va trop vite.
-        - L’intérêt pour la généalogie est parfois lié à des questions de récupération d’héritages.
-         - On peut s’enraciner ailleurs.
-         - Les expatriés ont souvent besoin de se retrouver entre gens du pays d’origine.
-       -   Se libérer de ses racines est une liberté essentielle.
-         - Le cadre social aujourd’hui permet cette liberté. On a la possibilité de se construire soi-même.
-         - Les racines, ou plutôt les identités, se construisent aujourd’hui chez les jeunes adultes à partir de leurs expériences de vie (voyages, relations, études, métiers).
-         - Ce qui se passe aujourd’hui il faut le voir à partir d’aujourd’hui.
-       -   Dans le passé la guerre était un état normal.
-       -   Le futur est anxiogène. Le passé on peut l’embellir. Il est sécurisant.
-         - Après avoir vécu dans plusieurs pays étrangers, mes racines sont multiples. On peut dire non aux racines tout comme on peut ne pas les renier.
-         - Les migrations créent des chocs. On peut se crisper sur les différences.
-         - Il faut éduquer à la diversité culturelle.
-         - Au Burkina, le griot raconte l’histoire des ancêtres de manière heureuse. Il a aussi réinventé et conté ma propre histoire de cette manière.
-        -  Les différences entre origine, racine et identité, sont complexes.
-         - Selon Amin Maalouf, les identités s’ajoutent et ne s’opposent pas.
-         - L’endogamie culturelle est source de drames.
-        -  Ma mère ne connaissait pas ses origines. Je me sens français.
-         - Le renouvellement des cartes d’identité pour les Français d’origine étrangère est devenu kafkaïen voire entaché de malveillance administrative.
-         -Il faut pouvoir s’écarter des racines et les juger avec un esprit critique.
 - Trop de racines, c’est paralysant.
-        -  Les racines préparent l’avenir.
-         - On est homme avant d’être français.
-        -  Les racines, ça se dose.


Citations

« La noblesse aurait subsisté si elle s'était plus occupée des branches que des racines. » (Napoléon 1er)

«Sans prise de conscience, sans travail sur soi, nous sommes condamnés à reproduire ultérieurement nos identifications d'enfant. Parfois à notre insu. » (Chantal Rialland)

« Le plus sûr moyen de tromper les hommes et de perpétuer leurs préjugés, c'est de les tromper dans l'enfance.» (Baron d’Holbach)

« L'humanité s'installe dans la monoculture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. »
« Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances indépendamment de leur condition. » (Claude Lévi-Strauss)

« Chacun, quelle que soit sa vie, devrait faire tout ce qui était en son pouvoir pour se débarrasser de ses propres fardeaux et malédictions afin de ne pas avoir à les charger, à l’instant de quitter ce monde, sur le dos de son propre fils... Nos peines ne s’effacent pas avec nos existences, elles demeurent vivantes et nos enfants en héritent aussi naturellement que l’on hérite d’un terrain ou d’une maison lézardée. » (Henri Gougaud)

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