Nous étions trente-six
personnes à participer à ce café philo, le vendredi 27 novembre 2015, au Centre
culturel de Bouffémont, sur le thème :
« Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ? »
qui était un des sujets du bac 2015.
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Catherine Delaunay a ouvert cette
rencontre par une contribution à
l’hommage national aux victimes des
attentats du 13 novembre 2015 qui ont endeuillé le monde civilisé. Nous avons
décoré la salle avec plusieurs symboles du drapeau Bleu Blanc Rouge de la
République Française.
« Nous avons tous à l’esprit qu’aujourd’hui vendredi
27 novembre n’est pas tout à fait une journée comme les autres. C’est un jour de
deuil et de recueillement.
Nous voulons vous dire, Pierre et moi-même, que nous
nous associons à l’hommage rendu aux victimes.
Nous pouvons regretter que le thème de notre café
philo ce soir paraisse un peu léger : l’œuvre d’art a-t-elle toujours un
sens ?
En même temps il s’agit de culture. Les 130 victimes
de ces attentats, on l’a dit, fêtaient la musique au Bataclan, ou bien
partageaient un moment d’amitié à la terrasse de restaurants.
Au fond nous aussi ce soir, nous partageons un moment
de culture et d’amitié et nous nous sentons solidaires de ces évènements
tragiques. Je pense que la culture et l’amitié n’empêchent pas la gravité. »
Catherine Delaunay
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Nous avons procédé ensuite aux
choix des thèmes des trois prochains cafés philo dont les résultats sont les
suivants :
+ Vendredi 29 janvier 2016 : « Le devoir conduit-il à sacrifier notre bonheur ?»
+ Vendredi 19 février 2016 : « Morale et politique sont-elles
compatibles ? »
+ Vendredi 25 mars 2016 : « Sommes-nous prêts à changer de mode de
vie pour sauver la planète ? »
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Paroles entendues
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Une œuvre, c’est
une production et une diffusion, elle n’existe que par la rencontre avec un
public.
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Un œuvre d’art
demande un consensus.
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L’art part de la
réalité et s’en détache. La liberté de la forme en fait la beauté. Seule la
musique ne se réfère à aucune réalité. L’art n’a pas de fonction pédagogique,
il est libre.
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La production
d’un enfant est-elle artistique ?
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L’art n’a pas
besoin de sacralisation. L’enfant qui dessine à l’école maternelle produit de
l’art. Le créateur et le spectateur doivent faire chacun un bout de chemin pour
se rencontrer. Le créateur doit laisser une part de rêve et de liberté au
récepteur. Il y a beaucoup d’artistes dont les œuvres ne sont pas reconnues.
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L’œuvre est un
arrêt sur image qui invite à poursuivre. Il faut des codes pour parler à une
œuvre.
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L’homme produit
de l’art pour affirmer son existence. L’artiste a été initié par ses pairs,
puis il se libère et explore de nouveaux espaces. Le sens est donné par l’étiquette.
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Différence entre
sens et signification : le sens c’est la volonté de l’auteur, la
signification, c’est l’interprétation par les spectateurs.
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En musique,
l’interprète se place entre l’auteur et l’auditeur.
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L’art, c’est
représenter l’âme au moyen du corps.
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L’œuvre d’art
prend vie par la subjectivité. Chacun peut se forger un code personnel de
perception.
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Evocation de la
pièce « Art »
de Yasmina Reza où se pose la question de savoir si l’amitié supporte les
divergences de jugements sur une œuvre d’art de type « carré blanc sur
fond blanc ».
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La musique n’exprime
qu’elle-même.
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L’art, c’est le
travail d’un artisan sur une matière.
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L’art transcende
l’homme. Et permet de toucher les autres par son vécu.
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L’œuvre d’art
doit avoir un sens c’est-à-dire un créateur, un objet et un spectateur. Une
œuvre qui n’a pas de sens n’est pas une œuvre d’art.
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J’ai pleuré
d’émotion avec son auteur Laïna
Hadengue devant son tableau « L’impasse, l’autre reste » (n° 8/15
de painting 2015).
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Chaque fois qu’il
y a de l’émotion, il y a de l’art ; même devant un coucher de soleil.
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On ne peut pas
imaginer qu’un artiste ne mette pas un sens dans son œuvre. La beauté, c’est la
recherche d’une vérité à travers une forme puis par l’informel.
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-
-
« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des
objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins; mais je
suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans.
C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la
nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à
l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au
fond des choses; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable,
et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande
à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Ecrit, à l’âge de
soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le
vieillard fou de dessin.» Katsushika
Hokusai (1760-1849), Postface aux cent vues du mont Fuji.
L’art naît au
point de disparition de la réalité. Que serait la vie sans le recours à ce qui
n’existe pas ?
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L’art a tellement
de sens que certains veulent le détruire.
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Il y a un mystère
dans la rencontre d’un être avec une œuvre.
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J’aime l’art,
mais pas la glose sur l’art.
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Un poète, un
scientifique, un artiste se cherchent avant tout eux-mêmes.
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Tout est question
d’émotion. L’art est producteur d’émotion. Son sens est celui de l’émotion
qu’il suscite.
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Les musiques contemporaines
sont mathématisées.
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Il y a des arts
totalitaires.
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L’art
contemporain est plein de sens même s’il nous dérange.
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Quid de l’art de
la guerre, des arts martiaux ?
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Quid du
football ?
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Même la finance
s’intéresse à l’art.
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L’art parle à
l’intelligence du cœur.
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Pourquoi une
œuvre nous touche-t-elle plus qu’une autre ?
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Je déteste
Picasso, mais j’adore Dali.
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L’art est un
désir d’éternité.
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L’art est
subjectif, un mélange d’intelligence et d’émotion, d’explicite et d’implicite,
mon rapport au réel.
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Le musée
Pompidou, les colonnes de Buren, la tour Eiffel n’ont pas plu à tout le monde à
leur origine.
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La rumeur dit que
le président François Mitterrand aurait souhaité faire enlever la tour Eiffel
pendant son septennat.
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Les ateliers de
peinture des personnes du troisième âge donnent du sens à la vie.
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L’émotion devant
une œuvre peut être physique (frissons, larmes).
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L’art est un
chemin qui conduit l’homme de la terre vers la transcendance.
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On ne peut pas se
passer du beau, même certains arts l’écartent. Le beau dépasse la mort. Le beau
réussit où le politique échoue. Le beau me parle de transcendance et de sacré.
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