Nous étions vingt-quatre
personnes à participer à ce café philo, le vendredi 25 avril 2014, au centre
culturel de Bouffémont, sur le thème : «
Peut-on fonder une morale sans Dieu ? »
Les invitations aux deux
prochaines manifestations de l’association du Chemin du philosophe ont été rappelées :
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Samedi 14
juin 2014 (8 h 30 à 19 h 30 environ) : excursion en car à Senlis, 2000 ans
d’histoire et d’architecture, et Chaalis., l’abbaye, le musée, la roseraie. Bulletin
d’inscription à télécharger.
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Les thèmes des deux prochains
cafés philo sont :
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Vendredi 30
mai 2014 : « La consommation dans nos sociétés pervertit-elle la démocratie ? »
Daniel Croquette participera à la présentation.
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Vendredi 27
juin 2014 : « Le renoncement fait-il
partie du bonheur ?» Arlette Coutin participera à la présentation.
Le thème du café philo de ce soir
a été préparé et animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller
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Contributions
de nos amis philosophes européens qui nous ont écrit
Wladimir Gutowski a invité ses
amis européens à nous adresser leurs réflexions sur le thème de la morale sans
Dieu. Les contributions des philosophes belges Anne-Marie Roviello et Baudouin
Decharneux sont reproduites ci-après. La contribution, plus longue, de Jerzy
Ochmann, professeur de philosophie à l’université
jagellonne de Cracovie (Pologne) est téléchargeable
ici. Patrick Duprez, un habitué de notre café philo, nous a également adressé sa contribution téléchargeable ici.
Merci pour ces contributions.
+
Anne-Marie
ROVIELLO, professeur de philosophie, nous écrit : « Pour résumer ma position en un mot : l'éthique comme exigence et
aspiration est à elle-même sa propre légitimation, non seulement elle n'a nul
besoin d'un "fondement", mais lui en attribuer un extérieur à elle
donc, ce serait nier l'éthique dans son caractère inconditonné (ce que je
distingue d'"absolu"). Inconditionné : qui a sa condition, en
lui-même, l'éthique trouve la condition de son sens en elle-même.
Pourquoi
faut-il respecter l'égale dignité des hommes ? Parce que l'égale dignité des
hommes. La réponse (sur le "fondement") est dans la question. »
« Il
tombe sous le sens qu'on peut fonder une morale sans Dieu et qu'on peut être
immoral avec Dieu. L'art de gérer les mœurs (donc la morale étymologiquement)
ne dépend pas d'une référence à la transcendance mais nécessite
l'identification de principes ayant une valeur transcendantale. Ainsi, il
existe des sociétés faisant référence aux ancêtres, aux dieux, à dieu, ce qui
montre bien qu'il n'est absolument pas nécessaire de faire référence à un Dieu.
Lier la morale à un Dieu équivaut à adopter une lecture monothéisme du monde
sans mise en perspective critique. »
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Contribution de Catherine
Delaunay
Peut-on fonder une morale sans
Dieu ?
Nous vivons aujourd'hui dans des
sociétés sécularisées, laïques. La morale s'y est émancipée de la religion,
comment poser pareille question ?
• Pourtant
le grand sociologue français du 19ème siècle, l'un des fondateurs de la
sociologie, Emile Durkheim, a montré dans ses travaux que les morales étaient
nées dans le giron des religions.
• Même
dans les religions animistes, puis polythéistes, les premières formes de
religions, les éléments de la nature divinisés incarnaient des symboles moraux,
par exemple : le feu signifiait la pureté, la terre la fécondité. Et les cultes
des ancêtres, les cultes des morts, les cultes des héros fournissaient des
modèles, de conduite vertueuse.
• A
fortiori dans la religion judéo-chrétienne, il y est affirmé que Dieu a fait
don des tables de la loi à Moïse. Les dix commandements constituent le socle de
la morale occidentale.
• Dans
la religion musulmane, le Coran contient lui aussi de nombreuses règles de vie
concernant les aliments autorisés ou défendus, les relations entre les hommes
et les femmes, l'éducation des enfants, le mariage, le travail, les devoirs de
prières, de pèlerinage etc.
• Mais
pourquoi aujourd'hui, alors que nos sociétés sont devenues indépendantes de la
religion, reposer cette question qui pourrait paraître dépassée : "Peut-on
fonder une morale sans Dieu"
• Est-ce
dû à l'ère du relativisme, du nihilisme, de l'hédonisme, nous éprouvons quelques
regrets, quelque nostalgie ? Est-ce que nous craignons que si Dieu ne fonde pas
ou plus la morale, celle-ci ne s'effondre, c'est un peu ce que pensait le grand
écrivain russe du 19ème siècle Fiodor Dostoïevski lorsqu'il fait dire dans les
frères Karamasov : "Si Dieu n'existe pas, tout est permis". Est-ce
que nous craignons que toutes les valeurs ne se valent ? C'est ce que proclame
le relativisme : (tout est relatif). Est-ce que nous craignons que rien n'ait
plus de valeur ? (c'est ce que proclame le nihilisme : nihil signifie rien en
latin – la morale n'aurait plus de raison d'être). Est-ce que nous avons peur
d'en être réduits à idolâtrer des substituts de la morale comme : le plaisir
(hédonisme), la consommation (consumérisme), le progrès (progressisme), la
liberté des paradis artificiels comme les drogues ? Tous ces objets sont
presque divinisés aujourd'hui.
• Dans
cette question, il y a un verbe très important, le verbe "fonder".
Pour l'expliquer, on peur procéder par analogie, une analogie toute simple,
celle qui compare le fondement de la morale aux fondations d'une maison.
• Les
fondations d'une maison ce sont les bases, les assises, les soutiens de la
maison, c'est-à-dire toutes les opérations et tous les matériaux que l'on pose
en premier, pour assurer la stabilité de l'édifice. Sans ces fondations
solides, la maison risque de s'effondrer. La naissance de la maison, nous la
devons d'abord à des bases fermes, mais aussi à ce qu'on pourrait appeler sa
raison d'être, c'est la volonté du bâtisseur qui veut habiter ou vendre cette
maison. Enfin le concepteur a procédé à des choix techniques, esthétiques,
écologiques et autres pour rendre cette maison agréable à vivre : on dira que
c'est sa légitimité, ce qui justifie cette forme de maison et pas une autre.
• Le
fondement de la morale serait de la même manière, d'abord ce qui soutient la
morale d'un point de vue théorique et historique : c'est en premier sa source,
ses origines (d'où vient cette morale historiquement ?) Mais c'est en second
lieu aussi à sa raison d'être, son pourquoi, (pourquoi l'homme se met-il en
quête de morale ? D'où vient qu'ait pu s'éveiller en l'homme cette idée de
morale ? demande Arthur Schopenhauer,
philosophe allemand du 19ème siècle dans son livre "Le fondement de la
Morale". C'est enfin sa légitimité (qu'est-ce qui justifie la morale et
plus particulièrement cette morale-ci ? Y-a-t-il une justification suprême,
ultime, dernière, incontestable, irréfutable qui serait la meilleure de toutes,
par exemple une morale fondée sur Dieu ? Ou bien n'y en a-t-il pas ? Et dans ce
cas toutes les morales se vaudraient, voire aucune morale ne vaudrait grand
chose, thèse que soutiendra le grand philosophe allemand de la fin du 19ème
siècle, Friedrich Nietzsche.
Donc la notion de foncement contient
rigoureusement ces trois composantes : l'origine historique, la raison d'être
qui lui donne du sens et la légitimité. Nous nous servirons de ces 3 critères
pour évoquer d'abord une morale fondée sur Dieu.
La morale c'est l'ensemble des
règles de conduite recommandées et interdites dans une société : être juste,
sincère, courageux, ne pas mentir, trahir, nuire aux autres.
C'est le système des valeurs qui
prescrivent ce qui est bien et mal. La morale existe indépendamment du fait que
les hommes lui obéissent ou au contraire la transgressent.
Le verbe pouvoir : ici peut être
pris dans deux sens : "Peut-on"
1) C'est d'abord : est-ce possible théoriquement, historiquement,
logiquement, philosophiquement, c'est-à-dire, trouve-t-on des arguments
capables de mettre en évidence les origines de la morale, mais aussi sa raison
d'être et sa justification ultime.
2) C'est ensuite : est-ce souhaitable ? Faut-il ? Doit-on ?
serait-ce préférable d'asseoir la morale sur Dieu ?
Dieu :
• Evidemment
nous savons tous que dans l'histoire le divin a pris des formes très
différentes selon les sociétés, les religions, les traditions spirituelles
comme en Inde, en Chine par exemple où le Bouddhisme, le Confucianisme ne
comportent pas de dieux à proprement parler.
• Il
faudrait pouvoir débattre de toutes les formes différentes de divinités en
correspondance avec les différentes formes de morales, ce qui n'est pas
possible dans le cadre d'un exposé de 20mninutes. On peut remarquer d'ailleurs
que dans le polythéisme grec puis romain, les divinités n'arboraient pas
toujours des comportements très moraux. De l'animisme, au polythéisme, au
monothéisme, la problématique change !
• Pour
simplifier le sujet, je propose de partir de la conception actuelle du divin
comme d'un principe absolu, transcendant incarnant la même perfection. Ceux qui
souhaitent se situer dans le cadre judéo-chrétien peuvent ajouter l'idée d'un
Dieu personnel et d'un Dieu d'amour.
• D'ailleurs
pour que le sujet revête du sens, il faut que le Dieu en question soit considéré
comme parfait, doté d'une sagesse infinie, un dieu qui se tromperait ou nous
tromperait, un dieu immoral lui-même, imparfait, ne pourrait en aucun cas
fonder la morale. Le sujet deviendrait absurde et insensé.
• Je
vous propose donc 2 parties : la première qui envisage la morale fondée sur
Dieu, les arguments qui la fondent. La seconde qui évoque les objections à
cette morale d'essence divine pour lui préférer une morale humaine.
I. Quelle serait la supériorité d'une morale fondée sur Dieu ?
1. Le premier argument est l'argument historique. Si l'on prend
comme exemple la morale judéo-chrétienne, on en connaît les sources, les
origines dans la religion du même nom. D'ailleurs bien des philosophes
contemporains, pourtant athées et faisant profession d'athéisme, reconnaissent
que la plupart des grandes valeurs morales à l'œuvre dans nos sociétés sont
issues de la religion : compassion, vérité, courage, justice, humilité,
fraternité, générosité, etc.
Des philosophes comme André
Comte-Sponville ou Luc Ferry reprennent ces propos dans leurs ouvrages. Ils
viennent confirmer les analyses sociologiques de Durkheim. C'est parce que ces
valeurs émanent de commandements divins qu'elles n'étaient pas facultatives,
pas contestables et qu'elles devaient être obéies absolument même si dans les
faits elles étaient souvent violées.
Et d'ailleurs de grandes figures
spirituelles ont mis en pratique cette morale : les apôtres et disciples du
Christ d'abord, les martyrs des premiers temps de l'histoire du christianisme,
les saints, les fondateurs d'ordre religieux comme François d'Assise, Vincent
de Paul, Dominique, Thérèse de Lisieux qui nous proposent des modèles concrets
de conduites exemplaires et presque surhumaines parfois.
Cette morale est donc fondée
historiquement, elle obéit au premier critère.
2. Mais second argument, Dieu constitue une autorité suprême
infaillible parce qu'il est l'absolu, l'infini, la toute puissance,
m'omniscience, la perfection? Donc au-dessus de l'homme, au-dessus des
sociétés, il assure une garantie, un garde-fou à une morale qui n'est pas
seulement à la mesure de l'homme, qui n'est plus un simple produit de l'esprit
humain. La morale n'est plus relative, changeante, variable, arbitraire,
subjective, imparfaite, humaine rien qu'humaine.
D'ailleurs l'homme possède t-il
le savoir et la sagesse pour créer lui-même de toute pièce une morale digne de
ce nom ? L'homme peut-il décider seul, de ce qu'est le bien de ce qu'est le mal
? La morale fondée sur Dieu parait en ce sens beaucoup plus légitime que toute
autre. Elle s'impose par l'autorité même de son auteur divin.
La morale risque toujours de se
dégrader en simple conformisme, en simples usages et coutumes tout juste
capables d'assurer la cohésion sociale. Des philosophes comme Michel de
Montaigne au 16ème siècle ou Blaise Pascal au 17ème siècle ont insisté sur
l'aspect constitutionnel et arrangé de nos morales.
La morale risque, aussi de subir
l'influence des pouvoirs en place, dans les régimes autoritaires voire
totalitaires, la morale s'altère rapidement dans le régime nazi, l'annonce du
prochain souffrait soudainement de nombreuses exceptions, les handicapés, les
tziganes, les juifs en étaient exclus. Ils devaient même être éliminés.
Bref, on perçoit ici que la
morale est vite corrompue, pervertie par nos sociétés ; rappeler ses origines
et ses exigences permet de la restaurer dans une certaines pureté. La morale
d'essence divine ne recherche pas seulement l'utilité sociale, la cohésion
sociale, un vivre ensemble stable, elle veut élever l'homme, le pousser à se
dépasser.
C'est en ce sens que le
philosophe français Henri Bergson dans "les Deux sources de la morale et
de la religion" évoque deux sortes de morales : la première "la
morale close" faite de préceptes, de règles un peu mièvres, de rituels de
politesse parfois insipides, conservateurs, traditionnels, vise surtout à
maintenir l'unité de la société.
En revanche "la morale
ouverte" d'inspiration chrétienne nous propulse au-delà de nous-même,
parfois même vers des actes héroïques. C'est l'œuvre de Dieu qui en est la loi
suprême. Cet amour peut irriguer des règles de vie authentiques. Les valeurs
morales si elles ont leur source en Dieu découlent de sa nature parfaite et
conservent la marque de cette filiation divine qui incline au don, à la
charité, à la générosité, à un amour cette fois inconditionnel et sans failles.
Quelle morale humaine serait
capable de promouvoir des modèles de conduite aussi exigeants que ceux que
l'Evangile propose ? Faire le sacrifice de sa vie ? Renoncer à ses biens et à
tout enrichissement ? Tendre l'autre joue quand on reçoit un coup sur la
première ? Se préoccuper d'abord des pauvres, des malades, des mourants, des
plus démunis, comme le fait mère Térésa avant de penser à ses propres affaires
? etc.
Ce second argument a mis en
évidence la légitimité de cette morale.
3. Il nous reste à entrevoir le 3ème argument concernant le
fondement comme raison d'être.
Dans ce cas de la morale
chrétienne, c'est l'amour qui constitue cette raison d'être. Dieu aurait créé
l'homme par amour pour faire partager au genre humain ce projet d'amour,
possible en partie sur cette terre, et réalisable en totalité pendant la vie
après la mort. Nous comprenons donc le pourquoi de cette morale, son sens, et le
sens que peut prendre notre vie par elle.
4. En même temps nous sommes propulsés sur la vie de l'espérance
: car la mort n'est pas plus une fin en soi, un philosophe comme Emmanuel Kant,
philosophe allemand de la fin du 18ème siècle affirmait qu'il était contraint
intellectuellement, philosophiquement, de poser les postulats de l'existence de
Dieu et de l'immortalité de l'âme pour assurer justement la pérennité de la
morale. Le raisonnement était le suivant : certes on ne peut pas
"démontrer" – "déduire" l'existence de Dieu et
l'immortalité de l'âme, mais on doit affirmer comme des propositions
indémontrables, mais exactes, des postulats (qu'on demande d'accepter :
posturale en latin signifie demander), parce que sur terre nous n'avons ni le
temps, ni les moyens de devenir saint et parfait. Or, par sa raison et sa
conscience morale, l'homme exige la perfection, il lui faut donc toute
l'éternité pour s'accomplir. C'est la morale ici qui paradoxalement exige et
l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme c'est-à-dire la religion. Ce
n'est plus la morale qui est fille de la religion c'est l'inverse. C'est la
religion qui devient fille de la morale.
On voit donc par ces arguments
qu'une morale fondée sur Dieu est possible. Mais est-elle souhaitable ?
Pourtant évidemment dans ce cas
la morale présuppose la croyance, la foi. Or croire en Dieu n'est plus très
répondu aujourd'hui particulièrement en Europe, et la foi n'est pas donnée à
tous.
Et puis surtout cette conception
de la morale se heurte à beaucoup d'objections, de critiques, quelles
sont-elles ? Est-ce qu'une morale humaine rien qu'humaine serait préférable ?
Mais serait-elle fondée philosophiquement ?
Ici je vais juste énumérer
quelques arguments sans développer ; ce sera notre travail dans le débat.
II. Les difficultés d'une morale fondée sur Dieu. Quelle morale
pourrait être fondée sur l'homme ? Idée d'une morale naturelle ? Idée d'une
morale laïque ?
1. Première difficulté : une morale fondée sur Dieu suppose déjà
l'adhésion à une religion. Cela suppose la croyance, la foi.
2. Qu'en sera-t-il pour les non-croyants, les agnostiques et les
athées, seront-ils condamnés à être privés de morale ?
3. Mais de quel Dieu parlons-nous quand nous parlons de fonder
la morale sur Dieu ? Sont-ce les divinités de l'animisme que l'on trouve
toujours en Afrique ? Certaines formes de polythéisme ? Est-ce le Dieu de
l'ancien testament, surtout tout puissant, voire vengeur ? Est-ce le Dieu amour
du nouveau testament ? Est-ce le Dieu de l'Islam interprété de si différents manières
? Est-ce le Dieu des philosophes dont parle Blaise Pascal avec mépris, lequel
prendra des statures particulières. Par exemple chez Voltaire, le grand
horloger, chez Rousseau, l'auteur de la nature et de toutes choses, qui
s'adresse au cœur d'abord. Donc incertitude sur le concept de Dieu ici.
4. Historiquement la morale inspirée par la religion
judéo-chrétienne a hélas conduit au meilleur comme les figures spirituelles
évoqués tout à l'heure, mai aussi au pire : l'inquisition, les croisades, les
guerres de religion et toutes les formes de fanatismes, aujourd'hui
d'intégrisme qui affectent les religions et sectes de toutes sortes. Si c'est
Dieu qui commande il n'y a plus de discussion possible, cela risque
malheureusement de conduire souvent à une morale intransigeante, trop sûre
d'elle-même, tyrannique, excessive, intolérante. La collusion entre la religion
et la morale est plutôt dangereuse.
5. Mais surtout rien ne prouve que ceux qui se réfèrent à une
morale d'essence religieuse se comportent plus moralement que les autres. C'est
une question impossible à évaluer, à mesurer, mais nous avons tous à portée de
main des exemples et contre-exemples qui peuvent démontrer tout ce que nous
voulons.
6. Enfin on n'a pas besoin de croire en Dieu pour juger que
l'amour est préférable à la haine, la vérité au mensonge, la justice à
l'injustice, la générosité à l'égoïsme, le courage à la lâcheté, etc.
Même si ces valeurs ont eu dans
le passé une origine religieuse, aujourd'hui elles sont sécularisées, elles
appartiennent à une morale humaine tout à fait humaine voir laïque.
QUELS SERAIENT LES AVANTAGES
D'UNE MORALE HUMAINE ?
• Elle
serait fondée sur l'autonomie de l'homme, sur sa liberté, sur un homme qui se
suffit à lui-même, un homme considéré comme majeur, capable de se passer de la
tutelle d'un Dieu.
• Elle
serait applicable quelles que soient les croyances, les religions ; elle serait
adaptable à chaque époque, chaque pays, chaque culture.
• Elle
serait réaliste et pas utopiste, pas idéaliste, pas angélique comme les morales
d'essence religieuse qui exigent peut-être des conduites surhumaines.
• Elle
éviterait l'intolérance, le fanatisme, la démesure, l'excès, l'obscurantisme.
• Elle
pourrait dériver de la raison, commune à tous les hommes. Est-ce que l'homme
par sa raison, par sa conscience n'est pas capable de distinguer le vrai du
faux ? Le Bien du mal ? Cette Conscience que Rousseau apostrophait ainsi
"conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix
…".
• Est-ce
que la morale et la religion ne sont pas deux registres très différents ? L'une
concerne la terre, les rapports des hommes entre eux, l'autre concerne le ciel
et les rapports des hommes avec Dieu. C'est entre autre un des apports de la
laïcité et de la loi 1905 de la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
• D'ailleurs
déjà Saint Paul rappelait aux juifs que ceux qui n'ont pas la loi de Dieu
peuvent "naturellement" accomplir le bien par le pouvoir de leur
raison. Saint Thomas d'Aquin reprendra ce propos au 13ème siècle affirmant
qu'il existe dans le cœur de l'homme "une loi naturelle" qui n'a pas
été totalement pervertie par le péché originel, et qui lui permet de distinguer
le bien du mal et donc de se conduire loyalement. Rousseau reprendra largement
cette idée : la morale appartient à la nature humaine. En particulier le
sentiment de "pitié" témoigne de cette morale naturelle. La pitié,
Rousseau la définie comme suit "répugnance innée à voir souffrir son
semblable". Et Rousseau est persuadé que tout homme est doté de cette
faculté même s'il peut s'y soustraire, faire taire ses sentiments innés et
devenir cruel même en face de la souffrance qu'il génère lui-même. Toujours faire
la différence entre la morale comme sentiment et la morale comme pratique.
• Curieusement
François Jullien, philosophe contemporain, sinologue (spécialiste de la Chine),
explique dans son ouvrage "Dialogues sur la morale" que le grand
philosophe chinois du IVème siècle avant notre ère : "Mencius" fonde
la morale lui aussi comme Rousseau sur "un sentiment d'humanité"
commun à tous les hommes qui les empêche d'être indifférent à la souffrance
d'autrui.
"Quiconque voit un enfant
sur le point de tomber dans un puits est saisi d'une violente frayeur et se
précipite pour le sauver" et il précise que ce n'est ni pour se concilier
les bonnes grâces des parents ni pour s'attirer les éloges des voisins et aussi
ce n'est ni par réflexion, ni par calcul. C'est une conduite spontanée et
désintéressée.
• Alors
c'est vrai que ces morales humaines, on peut les fonder de bien des manières
différentes. Sur les usages et coutumes comme Montaigne et Pascal (Pascal qui
affirmait par ailleurs dans "Les Pensées" :"La vraie morale se
moque de la morale" sur des sentiments innés comme Mencius et Rousseau.
• On
peut la fonder sur le plaisir comme Epicure, sur la raison comme les Stoïciens,
puis Kant.
• On
peut la fonder sur l'utilité sociale comme certaines sociologies le font.
• On
peut la fonder sur la liberté comme la morale existentialiste de Sartre.
• On
peut la fonder sur l'homme en général comme le préconise Luc Ferry dans
"L'homme-Dieu" où il parle de morale humaniste. Mais s'agit-il de
véritables fondements ? Ou bien les morales humaines sont-elles condamnées à
une certaine incertitude ? A une certaine variabilité ?
• Avant
de répondre directement à la question, il me semble qu'il serait utile
d'évoquer les arguments qui pourraient nous inciter à fonder la morale sur
Dieu. J'ai proposé quelques arguments, mais il y en a d'autres.
• Et
ensuite, nous verrons si aujourd'hui cette morale fondée sur Dieu concerne tout
le monde et à quelles critiques elle se heurte.
• Je
signale aussi que l'on pourrait si l'on voulait traiter le sujet de manière
exhaustive envisager ce fait qu'il soit impossible de "fonder" la
morale sur des bases sûres. Un philosophe comme Marx voyait dans la morale une
expression de la classe bourgeoise dirigeante et exploitante, qui dans la
société capitaliste veut maintenir et consolider l'ordre établi. Sous
l'idéologie des valeurs du bien et du mal, elle cache les vraies injustices,
les vraies inégalités liées à des intérêts divergents des classes antagonistes.
Un philosophe comme Nietzsche dresse une typologie des différentes morales
selon les instincts à l'œuvre derrière les conduites dites morales. Il accuse
par exemple, la morale chrétienne d'être une morale grégaire, de troupeau qui
assouvit des instincts de ressentiment, de vengeance contre les forts pour justifier
sa véritable faiblesse.
• Freud,
fondateur de la psychanalyse expliquera que la morale dérive de mécanismes
psychiques : la conscience morale n'est que le résultat de la constitution du
sur-moi qui n'est dû lui-même qu'à l'introjection durant l'enfance de l'image
idéalisée des parents.
Alors la morale se réduit comme
peau de chagrin à peu de choses. On peut en expliquer la production la
généalogie dit Nietzsche, mais la fonder n'a plus de sens. Il faudrait alors
refuser le sujet !
CONCLUSION PLUS PERSONNELLE
• Fonder
la morale sur Dieu présuppose la croyance religieuse et là chacun est renvoyé à
ses options personnelles.
• Même
si aujourd'hui une morale humaine et laïque est possible et souhaitable, il me
semble que néanmoins la morale a besoin que Dieu et la religion existent
"quelque part" pour incarner un langage, celui d'une aspiration à la
transcendance, à l'absolu, à l'infini, à la perfection. Dieu et la religion
expriment cette quête, cet appel, une élévation vers un sens ultime et
invisible, une espérance aussi. Peut être n'y a-t-il pas grande différence
entre l'athée et le croyant du point de vue de la conduite morale. En revanche,
comme le remarquait Pascal, l'athée ne peut rien espérer, pour lui la mort est
une fin inexorable. Pascal disait que l'athée ne pouvait échapper au désespoir
au sujet de la mort.
• C'est
important aussi de ne pas oublier l'origine divine de toutes les valeurs qui
nous paraissent essentielles. Ce qui fait la valeur de sa vie ce n'est pas, ni
qu'on se compare à une "morale close" faite d'usages et de coutumes,
ni que sa morale soit fondée sur Dieu, c'est la quantité et la qualité d'amour,
de vérité, de courage que l'on met dans ses actes en créant, en inventant sa
conduite au jour le jour comme "la morale ouverte" de Bergson nous y
invite.
• Personnellement
je pense assez comme Mencius et Rousseau qu'au fond de notre conscience, il est
un sentiment d'humanité naturel à l'homme : il y a des actes et des souffrances
qui nous paraissent insupportables, intolérables : "Il est au fond des
âmes un principe inné de justice et de vertu …. et c'est à ce principe que je
donne le nom de conscience" Emile, de Rousseau.
Mais notre conscience peut être
aveuglée, obscurcie par notre égoïsme, notre intérêt ou par les idéologies, les
pouvoirs en place.
S'il existe une "morale
naturelle", la morale d'essence religieuse ne vient que cautionner la
première. Certains se suffisent de cette morale naturelle, d'autres ont besoin
de se fonder sur Dieu, mais la morale humaine, naturelle ou pas, n'est pas
fondée car sa raison d'être nous échappe.
Enfin, il faudra une fois
réfléchir à l'affaiblissement de la morale dans nos sociétés, aux raisons qui
vont dans ce sens et en même temps au fait que nous adorons des objets de
substitution comme le plaisir, la consommation ou les drogues.
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Contribution de Pierre Haller
La morale est un sous-ensemble
des règles de conduites humaines. Ces règles fixent des devoirs individuels ou
collectifs reposant sur la vertu qui distingue le bien du mal. L’éthique
concerne la morale des pratiques et des normes de certaines activités humaine
telles que la bioéthique, la médecine, l’environnement ou les affaires. La déontologie concerne les règles et les
normes morales propres à une profession (médecine,
justice, police, journalisme, etc.)
Les règles morales peuvent être
de simples habitudes d’un lieu et d’une époque. Elles peuvent aussi prétendre à
l’universalité par une certaine représentation de l'être humain (droits de
l'homme).
La valeur morale d'une action est
définie d'après ses finalités, ses conséquences, son utilité ou les moyens
utilisés et/ou d'après sa conformité à des valeurs transcendantes.
Le
point de vue religieux du fondement de la morale
+ Pour le croyant, l’univers est créé
par Dieu avec une certaine intention à laquelle l’homme doit se conformer. Sans
Dieu, cette intention à l’origine de toute existence s’évanouit et l’homme est
libre de toute moralité. Pour l’athée, il n’y aurait pas d’intention dans le
monde. Alors il fonderait sa morale sur rien, elle serait arbitraire. Toute
morale se fonde sur une autorité qui établie des devoirs. Si Dieu est cette
autorité, alors la morale est inscrite dans la nature même des choses qu’il a
créées, elle est universelle et indiscutable. Si l’homme est son propre chef,
il n’a pas de devoir, ce n’est pas donc pas une morale.
La morale athée serait comme une
voiture ayant des freins mais sans moteur, l’athée n’est moral que lorsqu’il se
retient, lorsqu’il agit, il est amoral.
+ Selon Mircea Eliade
(1907-1986), historien des religions, « plus
l’homme il est religieux, plus il est réel ».
+Le philosophe Pierre Bayle
(1647-1706) a reconnu : « Un athée
peut être vertueux, aussi sûrement qu’un croyant peut ne pas l’être. »
+ Bien que ne disposant pas de
chiffres statistiques, il ne semble pas que la morale religieuse soit une
motivation de la plupart des personnes qui s’engagent aujourd’hui dans l’action
humanitaire et caritative.
Les
points de vue athées du fondement de la morale
+ Le philosophe André Comte Sponville (né en 1952) a un programme d’envergure,
qui vise à faire de l’athéisme une valeur d’avenir. Pour lui, un athée peut
bien faire siennes les valeurs judéo-chrétiennes (ne pas tuer, ne pas voler, ne
pas convoiter l’épouse du voisin…). La morale n’est pas un monopole du
religieux.
+ Le philosophe Michel Onfray
(né en 1959), dans son Traité d’athéologie (2005), se montre très virulent
contre les religions et les conséquences de leurs morales: « Les trois monothéismes, animés par
une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris
identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ;
haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la
sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine des corps, des
désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et
islam défendent : la loi et la croyance, l’obéissance et la soumission, le goût
de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la
virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère, l’âme et l’esprit.
Autant dire la vie crucifiée et le néant célébré. »
Le taoïsme est une philosophie et
une religion chinoise se réclamant de 2500 ans d’histoire. Les rapports des
hommes à Dieu, aux dieux, aux divinités ou à l’invisible sont complexes. Les
fondements de la morale, tout comme ceux de la santé de l’esprit, du corps, de
la société ou de l’univers, reposent sur l’équilibre des complémentarités, du yin et du yang. Le taoïsme propose le « non-agir », l’acceptation de
la réalité.
« L'homme
suit les voies de la Terre, la Terre suit les voies du Ciel, le ciel suit les
voies de la Voie, et la Voie suit ses propres voies. » Lao-Tseu
Selon une tradition issue
du Talmud, il existerait de par le monde, à chaque génération, 36 justes.
S'ils venaient à disparaître, le monde serait détruit. Rien ne les distingue
apparemment des autres hommes et souvent eux-mêmes ignorent qu'ils font partie
des 36 Justes, d'où l'idée qu'ils sont « cachés ». En hébreu, ils se
nomment les Tsadikim Nistarim (צדיקים נסתרים), c'est-à-dire les « Justes
cachés », ou encore les Lamed Vav Tsadikim (ל"ו צדיקים), c'est-à-dire les « 36 Justes5
».
La tradition veut que si quelqu'un
prétend être l'un des 36, c'est la preuve positive qu'il ne l'est certainement
pas. Du fait que chacun des 36 est un exemple anavah, (d'humilité), cette vertu
même leur interdit de s'auto-proclamer comme faisant partie des justes. Les 36
sont simplement trop humbles pour croire qu'ils sont l'un des 36.
Le mémorial du camp de Drancy, reprenant la symbolique des Lamed Vav Tsadikim,
représente les deux lettres lamed etvav, en hommage aux anonymes qui
ont sauvé des Juifs de la persécution.
La
nature est amorale
+ Selon la science académique, la
vie sur terre a évolué depuis 3,5 milliards d’années sans considérations
morales. Cette vie fonctionne sur la base des cycles de la biomasse impliquant
l’interaction de prédateurs et de proies. Une espèce est la nourriture ou le
parasite d’une autre. La souffrance est un moyen de régulation du comportement
des individus. Les êtres vivants sont essentiellement inégaux face au bonheur,
à la maladie, au handicap, à la souffrance, à leur place dans leur société. Bien
des souffrances n’ont pas de sens. Les êtres vivants sont en proie à des
besoins et des désirs dont ils ne sont pas entièrement responsables. "C'est
la vie, ça... Tous les jours des innocents meurent, sans savoir
pourquoi. » d’après les
humoristes Pierre Dac (1893-1975) et Francis Blanche (1921-1974).
+ La science contemporaine a toutefois
mis en évidence des comportements altruistes chez certaines plantes et certains
animaux qui pourraient constituer les rudiments de morale.
+ Selon la théorie
du gène égoïste du biologiste britannique Richard Dawkins (né en
1941), théorie datant de 1976, les plantes et les animaux ne sont que des véhicules
utiles à la prolifération de celui-ci. La morale est un des moyens parmi
d’autres qui optimise la survie d’une des espèces servant de véhicule.
La
morale nécessaire à la survie de l’espèce humaine
A cause de ses capacités
cognitives et de sa technologie, l’homme est une espèce qui n’a plus de prédateur
et qui n’est plus régulée naturellement. Un comportement amoral conforme à la
loi naturelle du plus fort conduit l’homme à détruire la biosphère hormis les
espèces nécessaires à sa survie immédiate. Le comportement amoral conduit aussi
à la domination d’un groupe unique qui, à son tour, pourrait finir par s’auto
détruire. Une morale transcendante semble donc nécessaire à la survie de
l’espèce humaine dont le cerveau peut être une malédiction s’il sert uniquement
à être le plus fort. La morale est l’intelligence du cœur. Elle comble les
lacunes de la raison.
La
morale du mal
+Tous les êtres naissent, vivent
et meurent sans connaître le vrai sens de leur bonheur ou de leurs souffrances.
« Je ne sais pas si Dieu existe.
Mais s'il existe, j'espère qu'il a une bonne excuse » a dit
l’humoriste Woody Allen (né en 1935).
+ Emmanuel Levinas (1906-1995) parle de
l’impensable de Dieu. Il est transcendant jusqu’à l’absence, notamment au cours
de la Shoah. Dieu est dans l’autre.
+ Jésus(env. -5 à + 30), lui-même,
mourant sur la croix, prononça ses ultimes paroles : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
+ Chez les humains, le sens de la
souffrance injuste se construit a posteriori. Cette souffrance institue la
compassion, incite à développer les sciences, notamment médicales et
politiques. Beaucoup de religions, civilisations, cultures ou nations
s’appuient sur des crimes fondateurs (Abel et Caïn,
Jésus, Osiris, le parricide
Œdipe, le génocide amérindien,l’ esclavage,
la Shoah, Hiroshima et Nagasaki).
Le
point de vue anthropologique
+ Toutes les sociétés se sont
dotées de codes moraux et des us et coutumes pour permettre la vie en société,
pour assurer la survie du groupe. Ces codes ont fait l’objet de processus
adaptatifs avec beaucoup d’heurs et de malheurs au cours de l’évolution. Les
croyances religieuses ont souvent servies de fondement à ces codes, puisqu’elles
facilitent l’autocontrôle de chaque individu qui se sent sous le contrôle de
puissances surnaturelles omniprésentes. Dans certaines sociétés traditionnelles
l’individu en tant que tel n’existe qu’en fonction du groupe, de sorte qu’il
s’insère quasi automatiquement dans les comportements collectifs.
+ Toutes les civilisations se
sont dotées de formes de religions faisant appel à un monde surnaturel. Qu’il
existe réellement ou qu’il s’agisse d’un pur artéfact, ce monde surnaturel est
structurant pour la psyché individuelle et pour les sociétés. Les villes se
construisent autour des temples. La transcendance assoit l’autorité. Mis la
transcendance doit elle empêcher de discuter les valeurs ?
On peut noter que toute
structure, naturelle, vivante ou technologique est intégrée dans un ordre
supérieur, transcendant, différent d’elle. L’ordre transcendant sert au
fonctionnement de l’ordre immanent et réciproquement. La vie sur terre
fonctionne grâce au système solaire. Un ordinateur fonctionne grâce aux
humains. La morale laïque ou religieuse fait appel à un ordre transcendant qui
lui donne du sens. Le caractère utilitaire de la morale semble nécessaire mais
pas suffisant, il lui faut un minimum de transcendance. En effet au nom de
l’utilité, on peut justifier n’importe quoi.
L’histoire montre que
l’auto-référence, c’est-à-dire le narcissisme, des institutions porteuses de la
morale religieuse ou laïque conduit souvent à son contraire, à la barbarie.
+ Les avancées morales de
l’humanité sont redevables aux complémentarités, parfois aux oppositions, de la
culture, de la religion et des lois de la cité. La laïcité a été le moteur
essentiel dans les sauts qualitatifs de la morale publique au cours des
derniers siècles : abolition de l’esclavage, droit de l’homme,
émancipation des femmes, abolition de la peine de mort, éradication des crimes
d’honneur, démocratie, reconnaissance de la diversité culturelle, tolérance,
prise en compte de la souffrance en médecine (notamment des bébés), respect de
la vie animale, respect de la nature. La souffrance n’est plus un moyen de
gagner le ciel. La culture laïque, du moins dans les pays évolués, a permis de
rendre leur dignité aux catégories ostracisées notamment par les
religions : enfants illégitimes (enfants du péché !!), homosexuels, couples
divorcés, femmes avortées, castes d’intouchables. Les malades mentaux ne sont
plus considérés comme des possédés du diable, même s’ils constituent encore
quelque 50 % des populations carcérales et des SDF.
+ On assiste aujourd’hui à des
replis identitaires au nom de la morale. L’occident serait un repaire du mal
dans la propagande islamiste ou même « de pédophiles et
d’homosexuels » pour les russophones d’Ukraine refusant l’Europe !
+ Les pouvoirs politiques ont
joué un rôle important dans le contrôle des dérives des pouvoirs religieux et
réciproquement. Selon le philosophe Jacob Rogozinski (né en 1953) les sorcières ont
été bien plus et plus longtemps massacrées au cours des 16ème et 17ème siècles dans un
pays politiquement morcelé comme l’Allemagne avec des justices locales qu’en
France, un pays déjà centralisateur.
+ L’éthique constitue un processus
fondamental de l’hominisation de l’espèce humaine.
+ La morale a un fondement
neurobiologique. L’homo sapiens sapiens sait qu’il sait, qu’il pense, il est
capable penser et de ressentir ce que l’autre pense et ressent. Il possède des neurones miroirs qui remplissent cette fonction.
Il est aussi capable de libre arbitre. Des atteintes neurologiques, des
pulsions, des drogues ou des pressions psychologiques peuvent altérer les
comportements moraux.
+ Le besoin de transcendance
semble inhérent au processus cognitif humain. L’homme sait penser sa propre
pensée. Sa quête de sens est sans fin. Le besoin de s’élever au-dessus de
soi-même est une fonction neuronale.
+Selon le neurobiologiste Jean-Pierre
Changeux (né en 1936
à Domont), nous serions des êtres
neuronaux, au sens où tout ce que nous faisons, pensons et sentons est une
fonction de l’architecture de nos cerveaux. Cette vision matérialiste des
neurosciences pourrait saper les fondements moraux de notre
société, en
fragilisant ses piliers que sont le libre arbitre, la responsabilité,
l’identité individuelle et le jugement moral. Quelles limites devrons-nous
imposer aux développements neurotechnologiques, qui offriront bientôt la
possibilité de modifier le fonctionnement cérébral, en bien comme en mal ?
Kathinka Evers, professeur au centre de
recherche en éthique et bio-éthique de l’Université d’Uppsala (Suède) répond
dans son ouvrage « Neuroéthique : quand la matière s’éveille. »
Odile Jacob 2009 : « La
signification, le sens, la dignité, la raison d’être, et autres notions si
chères aux humains ne sont pas perdues pour nous du fait d’être des
constructions qui dépendent de notre architecture cérébrale »,
Elle ajoute : « La personne humaine n’est entièrement
déterminée ni par ses gènes ni par son histoire. Une variabilité permanente
caractérise l’activité neuronale qui peut donc, d’une façon qui restera
toujours imprévisible, basculer vers l’honneur ou vers l’horreur»
+ L’émotivité est la base
neuronale de la morale. Le cerveau déroule sa propre histoire.
+Même chez certains animaux, des
« valeurs » comportementales sont transmises de générations en
générations de manière épigénétique, telles que les soins aux nourrissons, la
protection du groupe, l’entre aide, le secours mutuel. Leur libre arbitre
existe, mais semble plus limité que chez les humains.
La
morale et les dieux antiques
+ La pièce de théâtre Antigone de Sophocle, datant de 441 av. J.-C.,
illustre le conflit des lois des dieux et des hommes. Au prix de sa vie et au
nom de la loi supérieure des dieux, Antigone brave l’interdiction du roi Créon
de procéder aux rites funéraires pour son frère Polynice, considéré comme
traître à la cité. Ismène, la sœur d’Antigone, bien que du même avis qu’elle,
refuse de la suivre dans sa révolte «
je cède à la force, je n'ai rien à gagner à me rebeller », dit-elle. Le
chœur des vieillards de Thèbes reste docile au roi. Antigone et Créon sont des
obstinés qui s’enferment dans leurs certitudes. Ils symbolisent la lutte de
l’idéalisme contre le réalisme politique. Antigone et Créon, c’est
l’affirmation de soi qui exclut les autres, conduisant à la solitude,
caractéristique de ces héros supérieurs au commun des mortels. L’un comme
l’autre sont responsables de la tragédie qui les emporte, eux et leur entourage.
Hémon, le fiancé d’Antigone et fils de Créon, ainsi qu’Eurydice, sa mère, se
suicident. Ismène est également condamnée. Ceux-ci, qui ont cherché à concilier
les antagonistes, sont les représentants d’une position humaine raisonnable,
leurs morts signifient leur échec, l'impossibilité de modérer les pulsions
quasi pathologiques des deux héros, Créon et Antigone.
Il est intéressant de noter que
la pièce Antigone de Jean Anouilh a été représentée pour la
première fois au théâtre de l'Atelier à Paris le 4 février 1944, durant l'occupation
allemande. La pièce a été applaudie par les militaires allemands présents car
ils n’auraient uniquement retenu qu’Antigone a reçu un juste châtiment pour sa
rébellion contre l’autorité du roi.
+ La littérature est un vecteur
de transmission de morale et de contre morale.
La
morale et sa pratique
+ La morale se heurte à des
limites économiques, physiques voire métaphysiques, notamment dans le domaine
du vivant ou des maîtrises des risques. Limiter les risques, soigner des
malades sont des devoirs moraux mais jusqu’où ? La vie humaine n’a pas de
prix, pense-t-on. Mais de fait, pour conduire l’action il faut quand même lui
en attribuer un. Dans les aménagements routiers, dans les passages à niveau des
chemins de fer, dans les primes d’assurance, dans les coûts des soins en fin de
vie les responsables sont obligés de prendre en compte, souvent implicitement,
de valeurs de la vie humaine. Pour indécent que soit ce
concept, la valeur de la vie statistique (VVS) est de 5 millions d’euros.
+ Le respect de la vie et de la
dignité humaine soulève un problème de savoir où l’individu et la société placent
le curseur. La technologie médicale peut maintenir un organisme presque indéfiniment
en semblant de vie. L’euthanasie « naturelle » en fin de vie qui
consiste à laisser mourir de soif est-elle morale ? Qu’est-ce qu’une
morale « raisonnable » ?
+ Où est le juste curseur dans
une action de licenciements de personnel pour sauver une entreprise ?
La
morale sexuelle, une morale utilitaire transcendée
+ L’ordre démographique et social
est sous-jacent à la morale sexuelle. Il convient d’assurer la pérennité de
l’espèce, de réguler les naissances en fonction des ressources, d’assurer la protection
et l’éducation des enfants, d’organiser la société autour de la famille. La
sexualité humaine est porteuse de transcendance comme de violence qu’il
convient de maîtriser. La morale est un facteur de régulation faite de tensions
permanentes entre le désir et son contrôle.
Dans les sociétés
traditionnelles, les constructions monumentales de pyramides, de temples, de
cathédrales, de grandes murailles, etc. ainsi que les guerres ou les migrations
avaient aussi pour fonction d’éloigner les mâles de leurs compagnes à la fois
pour limiter les naissances et pour renouveler parfois le patrimoine génétique
par de nouvelles rencontres.
+
La prostitution, bien que
problématique vis-à-vis de la dignité humaine, participe à la régulation sociale
de la sexualité d’une part en servant d’exutoire aux pulsions hormonales,
essentiellement des mâles ; d’autre part sa condamnation et le mépris dans
le langage commun pour les prostituées servent de contre modèle. La morale profite de
son contraire.
La morale laïque en matière
sexuelle, qui reconnaît la liberté des pratiques entre adultes consentants, se
montre plus sévère que celle de bien des religions dans les domaines de la pédophilie,
du viol, de l’inceste ou de la violence conjugale.
+ Le contrôle des naissances par la contraception permet à la
fois la maîtrise des explosions démographiques, la vie plus digne des citoyens
et l’épanouissement des personnes à travers la relation amoureuse. Bien que
stigmatisé par certains religieux se référant à une volonté divine, ce contrôle
des naissances représente un progrès moral par rapport à la régulation
démographique par les avortements sauvages, les maladies, les guerres,
l’infanticide ou la misère. La situation est encore bien réelle dans certains
pays, où le développement humain (infrastructures, sécurité, santé publique, démocratie,
Etat) creuse son retard sur la démographie galopante. Actuellement plus d’un
milliards de personnes dans le monde vivent dans des bidonvilles ;
deux milliards sont prévus en 2030. (La population de la Côte d’Ivoire a été multipliée
par cinq depuis l’indépendance en 1960, c’est comme si la France comptait
aujourd’hui 300 millions d’habitants.)
L’instrumentalisation
de la morale
+ La morale est souvent
instrumentalisée par les individus, par les institutions, par les politiques ou
par les entreprises commerciales. Elle sert de cosmétique.
+ Elle sert à se rassurer soi-même
en se positionnant comme vertueux ou en se plaignant de l’immoralité du monde.
« Morâleur » est un mot valise qui pourrait désigner une espèce très
répandue de râleurs contre le monde au nom de la morale.
+ Elle sert à dénigrer les
adversaires. « Le barbare, c’est l’autre. »
+ Elle sert à avancer masqué.
+ Elle sert à manipuler des
militants ou combattants pour une juste cause apparente.
+ Il existe un affairisme
alimenté par les valeurs morales (campagnes par l’industrie de greenwashing
(écoblanchiment) pour l’environnement, de pinkwashing
pour l’homophilie ou pour le cancer du sein, (Téléthon ?). Les hauts
salaires des dirigeants des grandes ONG, les coûts des campagnes de publicité
caritatives, l’utilisation des fonds recueillis, les fortunes et héritages des
institutions religieuses ou humanitaires, les bénéfices et détournements de
l’argent public par des complexes médico-industriels, sécuritaires, culturels ou
environnementaux, sont souvent alimentés par des discours moralisateurs et
compassionnels.
+ Les institutions caritatives,
les ONG, outre leur objet premier, fournissent du confort moral au donateur :
« Je donne, donc je suis
moral ».
+Beaucoup de médias (presse,
télé, internet) basent leur fonds de commerce sur l’indignation ou la
compassion au nom de la morale.
+ Les discours politiques, même
les plus nauséabonds, en appellent toujours à certaines valeurs morales comme
la justice, la vérité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la compassion.
+ Les républiques qui se proclament
haut et fort démocratiques ne sont de loin pas les plus démocratiques, elles sont
parfois même carrément kleptocratiques.
+ La morale d’un discours se juge
à ses résultats. Il est possible que son instrumentalisation soit parfois
nécessaire à l’obtention de résultats. Mais la vigilance et l’esprit critique restent
indispensables.
La
fragilité de la morale avec ou sans Dieu
+ Les sept péchés capitaux :
l’orgueil, l’avarice, l’envie, la colère, la luxure, la paresse, la gourmandise
sont inhérents à la nature humaine en tout temps et en tout lieu. Leur
régulation par la morale participe au fonctionnement de la société et la
rendent viable.
+ Le discours moralisateur est
relativement facile à formuler. Le comportement vertueux, quant à lui, est
facile ou difficile en fonction du contexte. L’immoralité humaine peut être
pire que l’amoralité de la nature. L’homme peut être pire que le loup pour
l’homme.
+ De l’individu à l’Etat,
l’histoire humaine est remplie d’actes de barbarie :
maltraitance,
injustice, bombardement de villes, génocides, déportations, croisades. Souvent
de fausses bonnes raisons, d’apparence morale, ont été invoquées.
+ Dieu est souvent
instrumentalisé encore aujourd’hui lorsque des chefs de guerre veulent avoir
leur part aux ressources de matières premières.
+ La maltraitance des personnes
sans défense n’est pas rare dans des institutions se réclamant de l’intérêt
moral supérieur (écoles publiques ou religieuses, maisons de retraites,
hôpitaux, police, justice, prisons, etc.)
+Le pervers narcissique qui sévit
dans les institutions, entreprises et dans les familles harcèle son entourage le
plus souvent au nom de valeurs morales supérieures.
L’obéissance
source de l’immoralité
+ L’obéissance à l’autorité et la
capacité de révolte sont épigénétiquement ancrées dans les comportements
humains, notamment moraux.
+ L’expérience de Milgram indique que le sens moral peut
se perdre par la soumission à une autorité lorsque celle-ci incite à la
torture, par exemple.
+ L’article du Monde du 4/4/14 à
l’occasion du 20ème anniversaire du génocide du Rwanda en 1994
« Comment devient-on
bourreau ? », est un dialogue entre le cinéaste Rithy Panh
(Cambodge), l’écrivain Jean Hatzfeld et l’historien Jacques Sémelin.
Quelques phrases sont à noter :
« Je me suis rendu compte que créer un bourreau est bien plus facile que
ce que l’on croit. Il suffit pour cela de donner le pouvoir et d’exercer la
terreur simultanément sur un même individu. ...
Les
têtes pensantes étaient, selon moi, les plus dangereuses, parce que les plus
zélées...
Trente
ans plus tard, on remarque que ce ne sont pas les moins éduqués qui ont le plus
de mal à saisir les conséquences de leurs actes, mais les intellectuels. Ils
n’arrivent pas à s’affranchir de quarante ans d’idéologie, ils se pensent
toujours dans le cadre de l’exercice de la loi...
Un
instituteur rwandais disait que la culture ne rend pas l’homme meilleur, mais
qu’elle le rend plus efficace. Penser que les gens cultivés auraient pu être
des garde-fous est parfaitement faux, ils se sont comportés exactement comme
les autres....
Avant
tout massacre, il y a une idée. Douch
(le Khmer
rouge) était un instituteur,
professeur de mathématiques, licencié de littérature, féru de Marx, de Mao et
Staline. Il a passé sa vie en prison, il avait manifesté contre la corruption,
l’injustice et le mépris de la bourgeoisie intellectuelle citadine pour les
classes populaires....
Et,
comme dans tout projet idéologique, il faut manipuler le langage puisque les mots
sont le support des gestes. ... Le parti est devenu l’Etat, la question de
l’impunité ne se pose même plus puisque tous ces massacres se font dans le
cadre de la loi...
Citation de Tacite (58-120) : «
Quelques-uns l’ont voulu, d’autres l’ont fait, tous l’ont laissé faire. »...
Le
massacre est avant tout un processus mental qui déforme les représentations de
l’autre, au point qu’il devient possible de violer, de torturer ou de tuer. Les
nazis ont eu une perception délirante et fantasmatique des juifs.... Il fallait rassembler les juifs en troupeaux pour qu’ils perdent toute
individualité et que les bourreaux perçoivent des masses et non des êtres
humains...
Beaucoup
de bourreaux se sont tournés vers la religion, pour obtenir la rédemption sans
avoir à s’investir dans la société. C’est plus facile pour eux que pour les
victimes...
Je ne pense pas qu’on puisse un
jour éradiquer des modes de pensée qui consistent à accuser l’autre d’être
responsable d’une situation de crise. Citation d’une jeune agricultrice
rwandaise : « S’il y a eu un génocide, il
peut y en avoir un autre, puisque la cause est toujours là et qu’on ne la
connaît pas.»...
La
morale de la débrouille
+ L’Etat de droit et la
démocratie donnent idéalement aux citoyens les moyens de se comporter normalement
et moralement. Cependant cet idéal n’est jamais parfait. Il n’est par exemple
pas possible de concilier totalement liberté, égalité et fraternité, mais cela
peut être un objectif.
+De l’article de l’écrivain
algérien Samir Toumi dans le Monde du 6 avril 2014 « Au
cœur du chaos algérien » il se dégage un sentiment
de déliquescence des repères moraux dans ces sociétés où s’entrechoquent la
tradition moyenâgeuse et la modernité d’Internet. Il évoque « les jeux opaques entre états-majors
de l’armée, des services secrets et des politiques » ; « les
apparatchiks se cachant derrière les vitres fumées des limousines noires » ;
le besoin « d’exister hors
des circuits officiels totalement dépassés par la vitalité d’une société qu’ils
ne peuvent comprendre ni accompagner » ; « la parole se construit
déjouant les perpétuels obstacles générés par des institutions autistes » ;
« Réfléchir, aussi, sans l'aide de ces élites déconnectées, tenant des
discours d'un autre âge. Et pour moi, quotidiennement, déambuler et me perdre
dans les rues, arpenter la Toile, m'insinuer dans cette énergie du désespoir,
contempler cette créativité de la
débrouille, faire que chacun de mes actes, porteurs de mon silence,
devienne un hymne à la liberté ». Mais s’agit-il uniquement de
l’Algérie ?
+ Lorsque l’Etat est carrément déficient,
voire scélérat, ses fonctions essentielles sont prises en charge par des
institutions religieuses comme dans certains pays africains, par des économies
souterraines ou par des clans.
+ Les meilleures notes de l’indice de corruption dans le monde vont aux pays à
majorité protestante (Danemark). Ils sont aussi ceux des meilleurs indices de développement humain : éducation, sécurité,
emploi, santé (Norvège). La France est en 25ème position sur 178
pays pour la corruption et en 20ème pour le développement humain.
+ La morale est-elle donc facteur
de développement humain ?
Quelle
morale pour le XXIème siècle ?
+ Toutes les nations affrontent
aujourd’hui de nouveaux défis de la morale par la diversité culturelle, les
crises d’identité, l’immigration, Internet, les risques numériques sur les
libertés, le changement climatique, les crises financières, la démographie, la
pauvreté, la limitation des ressources, la criminalité internationale.
+ Une morale humaniste est
confrontée à trois injonctions : la pratique, la raison et la
transcendance. Elle ne sera jamais parfaite mais elle peut espérer le moindre
mal.
+ Une morale avec Dieu ?
Pourquoi pas. Mais pas uniquement, et avec prudence.
ooooooooooooooooooooooooooooooooo
Propos entendus
-
La morale
fonde la religion.
-
Pourquoi
a-t-on fondé la morale sur Dieu dans le passé ?
-
La morale
fait partie de la conscience, qui reste un mystère.
-
Le monde
vient du passé.
-
La morale
est un pacte.
-
Elle n’est
pas démontrable.
-
Peut-elle être
universelle et intemporelle ?
-
Si Dieu
existe comment passe-t-il les consignes aux hommes ?
-
Les morales
humaines et divines se rejoignent par l’intuition.
-
L’intuition
est la conversation avec Dieu.
-
Dans le
temps, il y avait chaque jour un cours de morale dans les écoles laïques pour
éveiller la conscience à la vie en société.
-
La morale
participe à la quête de sens collective et individuelle.
-
Les morales
individuelles et collectives sont liées.
-
Si le
fondement de la morale est en Dieu, cela voudrait dire que Dieu est moral.
-
Certaines
sociétés fonctionnent sans dieux.
-
La morale
dépend du contexte spatio-temporel.
-
La sécurité
est le besoin premier de l’homme.
-
La sécurité
et le sens !
-
Dans chaque
société, il y a une morale. Toute morale est relative.
-
Les sociétés
criminelles ont aussi leurs codes.
-
Bergson
distingue les sociétés closes et ouvertes. Les sociétés actuelles sont de plus
en plus ouvertes.
-
Les
religions sont de moins en moins crédibles.
-
Il n’y a de
morale qu’humaine. La transcendance aide à la construire. Il faut toujours une
transcendance.
-
La morale et
Dieu ce ne me tiennent pas à cœur.
-
Les droits
de l’homme sont apparus après les catastrophes du 20è siècle.
-
Des actes
immoraux peuvent découler d’intentions morales.
-
La morale n’est
que personnelle.
-
La
moralisation du capitalisme est possible.
-
Les lois
succèdent à la morale
-
Dans
certains cas le crime peut être salvateur.
-
Il y a des
lois scélérates.
-
La religion
catholique est loin d’être morte. Un million de croyants vont se réunir
prochainement à Rome.
-
La société s’arrange
toujours avec la morale.
-
Les êtres
évoluent, la morale le doit aussi.
-
La morale
est élastique.
-
Le fondement
de la morale sur Dieu est un fait historique.
-
Ne pas
infliger l’humiliation à l’autre.
-
Il y a des
embryons de morale chez les animaux. Elle est nécessaire à la survie. L’homme
est en danger. La morale est une astuce de la nature.
-
La morale ne
nous aide pas beaucoup pour certaines questions comme l’euthanasie. Elle a des
limites. La loi dit ce qui est légal et non ce qui est moral. Celle-ci gère des
priorités, par exemple pour l’IVG : la liberté ou la vie !
-
Il n’est pas
sûr que la morale soit utile pour les choix scientifiques.
-
Pour vivre
ensemble il faut des règles. Si Dieu n’existe pas, il faut quand même une
autorité.
-
Dieu et la
religion, ce n’est pas la même chose.
-
L’homme est
fragile et dangereux.
-
La morale laïque
est nécessaire tout comme la religion.
-
Dieu est
cette quête et l’espérance que la mort ne soit pas une fin en soi.
-
Il faudrait réfléchir
sur l’affaiblissement actuel du sens de la morale.
ooooooooooooooooooooooooooooooooo
Autres sources de réflexion
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