dimanche 29 septembre 2013
Compte rendu du café philo du 27 septembre 2013
Nous étions quarante deux personnes à participer à ce
café philo de la rentrée, le vendredi 27 septembre 2013, sur le thème "L'égalité, un mythe ou une réalité
?" Pour des raisons d’occupation de la salle au centre
culturel de Bouffémont, nos cafés
philo des derniers vendredis du mois commenceront désormais à 20 h 45.
-o-
Présentations du thème
Pierre Haller
-
Champ sémantique de la notion d’égalité : parité, équité, justice, identité, unité,
droits, dignité. Ses antonymes : différenciation, diversité, exclusion,
discrimination, ségrégation, racisme, xénophobie
-
Egalité et dynamique des systèmes naturels ou humains. Dans tous les systèmes qui fonctionnent on peut
observer des répartitions statistiques
et imbriquées des caractéristiques des éléments constitutifs : taille,
rôle, pouvoir, capacités intellectuelles, richesse. Du minéral au vivant et au social on observe des répartitions
statistiques plus ou moins « gaussiennes » indiquant la coexistence
de valeurs moyennes et d’extrêmes. La plupart des caractéristiques sont
organisées en domaines plus ou moins étendus autour de valeurs moyennes.
L’évolution du monde et de ses multiples domaines est tributaire de ces
inégalités et de la diversité. Sa régulation également repose sur l’équilibrage
de forces opposées. Même les animaux ne sont pas égaux, ni à l’intérieur de
leur espèce ni entre les espèces. Les philosophies orientales parlent du Yin et
yang. Les logiques alimentaires du vivant sont basées sur l’équilibre des
prédateurs et des proies. L’équilibre social repose sur la répartition des
dominants et des dominés. L’autorité sous forme religieuse, morale, technique,
scientifique ou répressive est nécessaire dans le fonctionnement et dans
l’évolution des sociétés. L’égalité,
tout comme la liberté et la fraternité, est un idéal jamais atteignable dans
l’absolu. Les extrêmes minoritaires sont également nécessaires à l’évolution ou
à la stabilité des systèmes.
-
L’histoire des inégalités dans les sociétés humaines. Dans toutes les société, certains individus
incarnent plus que d’autres l’identité du groupe. L’esclavage a été une pratique depuis la nuit des temps dans toutes
les civilisations. Dans la
République d’Athènes au 5ème siècle av.
JC, seuls 10 % des personnes avaient le statut de citoyens. Les femmes et les
esclaves étaient exclus. Aristote
(-384 à -322) a dialectisé la question de l’inégalité en la justifiant par
l’égalité des rapports humains. La taille de l’empire romain était déterminée
par les distances sur lesquelles on pouvait amener en esclavage les populations
lointaines vers Rome. Le christianisme
puis les philosophes des Lumières ont très progressivement contribué à
l’émergence de l’anthropologie de l’égalité
formelle des humains, c'est-à-dire de principe, de droit, de dignité, telle
que l’a formalisée plus tard en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme. Son article premier stipule : « Tous les êtres humains naissent
libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de
conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité. »
Le sujet proposé au concours de
1754 par l’Académie de Dijon et traité par Jean-Jacques Rousseau était «Quelle
est l’origine de l’inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la
loi naturelle ? ».
Les paradoxes ont jalonné ce long chemin de l’histoire. Pour Saint-Paul (8-67) la rédemption s’adresse à tous, indépendamment
de la race, de la condition sociale, du sexe, etc. « Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave,
ni homme libre ; il n’y a plus homme et femme » (Ga 3, 28).
L’Eglise n’a reconnu une âme aux Amérindiens qu’après la Controverse de Valladolid (1550). Les religions qui proclament l’égalité des
tous les hommes devant Dieu, pérennise des hiérarchies cléricales de la
proximité symbolique avec celui-ci. Voltaire (1694-1778) qui écrivait savamment sur l’égalité
était actionnaire d’une société maritime esclavagiste.
Les régimes politiques totalitaires du 20ème siècle et leurs
reliquats autoritaires actuels ont érigé l’égalité pour les uns et l’inégalité
pour les autres jusqu’au paroxysme de la barbarie au détriment de la dignité
humaine.
« L’égalité de condition
parmi leurs sujets a été l’un des principaux soucis des despotismes et des
tyrannies depuis l’Antiquité» Hannah
Arendt
La lutte pour l’égalité ou du
moins la mise en scène ou la dénonciation des inégalités doit beaucoup à la littérature : Les fables de Jean de La Fontaine
(1621-1695), les pièces de Molière (1622-1673), Voltaire (1694-1778), Beaumarchais (1732-1799), le valet plus intelligent que le maître,
Karl Marx (1818-1883),
« A chacun selon ses besoins », Jean-Paul
Sartre (1905-1980), Albert Camus
(1913-1960), Herbert Marcuse (1898-1979), « Abolir les privilèges sans
guillotine ». Et bien d’autres.
Dans les démocraties modernes,
les institutions de justice, les déclarations des droits de l’homme constituent
des avancées à défaut de garantie absolue dans le traitement égalitaire des
citoyens.
Les
multiples formes des inégalités humaines.
La loi du plus fort. Jean de La Fontaine
(1621-1695) Le Loup et l'Agneau. « La raison du plus fort est toujours la
meilleure. »
Génétiques : capacités
physiques ou intellectuelles, tares génétiques ou épigénétiques.
Le profil psychologique d’une
personne, relevant autant de la génétique que du parcours de vie, détermine
largement sa position sociale. La résilience et le libre arbitre ne sont pas
simple affaire de volonté. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir
vouloir changer son destin.
Le contexte social : la
race, la tribu, le clan, la communauté, la religion, l’habitat, le quartier de
ville, la langue, le langage, l’accent, les codes d’appartenance sociale, les
centres d’intérêts culturels, les canons esthétiques ou vestimentaires, les
loisirs, les diplômes, les réseaux, la fortune, les symboles du statut social
sont tous des éléments qui déterminent le degré d’égalité et d’intégration
d’une personne dans un groupe donné.
L’histoire du groupe
d’appartenance (ségrégation) et de la vie individuelle peut également
déterminer le degré d’égalité et d’intégration. L’individu est tributaire de
son histoire sociale, de sa santé, des hasards de sa vie.
-
Les domaines d’inégalités : la dignité, le respect des droits, la liberté
d’expression, de penser, de circuler, de travailler, l’accès à l’éducation, à
la santé, à l’eau, à l’énergie, à l’information, aux technologies numériques,
la sécurité, la protection contre les totalitarismes, contre les maffias,
contre la corruption, pour l’équité judiciaire, fiscale.
-
La démocratie
stipule l’égalité des citoyens en droits et en dignité. Elle est censée
garantir un certain nombre d’égalités : Égalité en droit, Égalité devant la
loi, Égalité sociale, Égalité des chances, Principe
de l'égalité des races. La voie
démocratique, basé sur la voix du peuple, est parfois en délicatesse avec
certains domaines comme la vérité scientifique, la créativité artistique ou
certains problèmes éthiques (peine de mort, vengeance, ordre public, racisme,
euthanasie, bioéthique).
La démocratie peut être amenée
à instituer des discriminations
positives, coups de pouce à l'égalité. Mais l’instauration de quotas
est-elle réellement égalitaire et juste en défendant les droits
particuliers de certaines catégories ?
L’Etat providence se donne
aussi pour fonction de lisser les inégalités.
-
Les élites, dont
l’autorité est inégalitaire par essence,
dans les domaines de la
politique, des sciences, des arts, des religions, des
services publics ou des armées ont pour fonction normalement de structurer le
corps social, de maintenir son identité et de le faire évoluer. Les attributs
symboliques dont ces différentes élites se dotent sont de systèmes de
reconnaissance de leur autorité et articulent les interactions sociales. L’essentiel
du patrimoine artistique des nations
tels que les châteaux, les cathédrales, l’orfèvrerie, les tableaux, les
sculptures, a été élaboré grâce à l’inégalité de fait entre les êtres humains entérinée
par des institutions. La créativité dans la littérature ou les arts est issue
pour l’essentiel de personnes qui n’ont pas eu à travailler avec leur force
physique.
-
L’instrumentalisation et les paradoxes de l’égalité. Comme pour la liberté, l’histoire a commis beaucoup
de crimes en son nom. La séparation des pouvoirs exécutif, législatif et
juridique n’est pas toujours effective. Les tribunaux internationaux chargés de
juger les crimes contre l’humanité sont parfois accusés de représenter la
justice des vainqueurs. Les élites ont inventé de multiples stratégies, dont le
mérite, pour maintenir les pouvoirs et les prérogatives de leurs clans (grandes
écoles, héritages, mariages, codes sociaux, signes d’appartenance, réseaux,
exclusion des parvenus).
Les religions et les
démocraties prônent des doctrines paradoxales sur l’égalité. Tous les humains
sont égaux devant Dieu ou devant la loi, et cela justifie en même temps la
domination de castes religieuses ou politiques sur l’ensemble du peuple.
« Les maux qui, au fil du temps, ont touché les institutions
religieuses ont leurs racines dans l’auto-référence,
une sorte de narcissisme théologique. L’Eglise, quand elle est auto-référente,
donne naissance à ce mal si grave qu’est la mondanité spirituelle. L’Eglise
évangélisatrice sort d’elle-même ; l’Eglise mondaine vit en elle-même,
d’elle-même et pour elle-même » Cette
déclaration du pape François
est probablement applicable à tous les systèmes élitaires en politique, en
sciences, dans les arts, dans les administrations et notamment dans la finance.
Le système scolaire a également un rôle paradoxal dans la lutte pour
l’égalité sociale. L’instruction permet l’élévation du niveau intellectuel
global d’une société et l’ascension
sociale des classes populaires en même temps elle favorise par les examens
et les concours la reproduction des
élites et la pensée unique.
« L’idéal de promotion par l’école s’est transformé en orientation par l’échec
pour la masse », note le journaliste Benoît Floc’h dans le Monde
du 26 septembre 2013. Ces inconvénients sont à leur tour contrés grâce à la
diversité de l’instruction et de l’accès à l’information par le peuple.
Le système de consommation de masse paradoxalement
tout en favorisant accès plus égalitaire aux biens transforme l’individu en
simple objet-acteur à son service.
Les systèmes d’enfermement partiel ou total des personnes ramènent en
général les individus à un niveau d’égalité
basique : prisons, camps, asiles, hôpitaux, troupes militaires,
sectes, couvents. Certains systèmes visent explicitement à déshumaniser
collectivement les personnes : enfermement, camps, déshumanisation des ennemis.
La représentation de l'ennemi va de pair avec sa déshumanisation (on parle de
vermine, de rats, de serpents) et avec sa totalisation : ceux que l'on combat
perdent leur individualité pour devenir l'animal à éradiquer.
Un aspect de la barbarie humaine
consiste à traiter de manière égalitaire un groupe entier : racisme,
ostracisme, bombardements de villes, génocide, maltraitance de civils ou de
prisonniers de guerre. Dans son livre Death by Government (1996), le
politologue américain Rudolph Rummel
(né en 1932) estime qu'environ 150 millions de personnes ont été tuées au XXe
siècle du fait de l'action de leur propre gouvernement, alors que, dans le même
temps, l'ensemble des guerres (les deux guerres mondiales comprises) ont fait
de 35 à 40 millions de morts.
-
L’éthique. Nous et l’égalité des humains
Chacun de nous peut noter des
inégalités dont il se dit victime, mais aussi celles dont il profite. Notre
position sociale, donc notre degré d’égalité, est une composition d’éléments
qui dépendent de nous et d’autres qui n’en dépendent pas. Nous trouverons
toujours des gens « injustement » plus avantagés que nous et d’autres
tout autant injustement désavantagés. La
sagesse voudrait que nous n’éprouvions ni amertume ni jalousie vis-à-vis des
premiers et plutôt de la compassion et de la solidarité vis-à-vis des seconds.
Notre société de consommation nous incite souvent à avoir des comportements
d’enfants gâtés cherchant à posséder toujours plus. Elle tente de nous
convaincre que tous nos désirs doivent être réalisés comme si la réalisation
des désirs et d’avoir ce que l’autre possède en bien matériel ou immatériel
étaient le signe ultime de la liberté.
Les systèmes sociaux évoluent
en permanence sous l’effet d’injonctions apparemment contradictoires :
égalité-inégalité, diversité-unité. La tendance naturelle des systèmes non
régulés conduit à renforcer dans un premier temps les inégalités puis à la
dilution des liens sociaux.
L’humanisme consiste à réduire
les inégalités que la nature ou les systèmes économiques tentent spontanément à
creuser. La fatalité des inégalités n’est pas sans réponse.
La sociologie et
l’épidémiologie s’intéressent aux corrélations entre les statuts sociaux et les
comportements, la santé ou le bonheur. Des études universitaires, par exemple « Mac Arthur Scale of Subjective Social
Status » , indiquent des
corrélations mais aussi que la fatalité n’est pas systématique.
-
La fraternité : réponse aux inégalités, chemin de
la transcendance ? La fraternité envers les pauvres est au cœur du
message monothéiste (les Béatitudes)
ou du bouddhisme. La quête de l’abondance matérielle conduit à la
perte du sens
de la vie. L’accès à la transcendance de l’aventure humaine serait à chercher
du côté des défavorisés. Le nouveau pape François
martèle son message d’une « Eglise
pauvre pour les pauvres ». Lors des Journées Mondiales de
la Jeunesse d’août 2013 à Rio il
déclarait : « il ne faut pas
avoir peur de sortir dans la nuit, de croiser la route, de s’insérer dans les
conversations des plus indifférents.... il faut partir de la périphérie, de
ceux qui sont le plus loin, aller vers les pauvres, les vieux , les malades, les
chômeurs... »
Et pour
conclure un conte :
« L'homme en quête de sens priait quand l'infirme, le clochard et
le vaincu passèrent près de lui. En les voyant, le saint homme plongea dans une
profonde prière et dit : 'Mon Dieu, comment un créateur aimant peut-il voir ces
choses sans rien faire ?'Et après un long silence, Dieu répondit : 'J'ai fait
quelque chose, je t'ai fait, toi. »'
-o-
Texte rédigé à partir des notes de
Catherine Delaunay
Un constat paradoxal. D’une part nous
valorisons l’égalité comme un idéal, d’autre part nous revendiquons nos
différences. Chacun éprouve le besoin de se distinguer et quelque fois de se
mettre au-dessus des autres. En fait nous sommes probablement inégaux
naturellement, égaux en droit et surtout différents. Jusqu’où pouvons être
égaux ? Cela a-t-il du sens ? Est-ce souhaitable ? Le
désirerons-nous vraiment ? Le concept d’égalité n’est pas vraiment clair. En
mathématique l’égalité est généralement quantifiable, pour les personnes le
concept a des contours flous. Pourtant l’Histoire montre que l’égalité n’est
pas seulement un mythe mais qu’elle a progressé.
Histoire de l’égalité
Etape 1.
L’égalité naît au 5ème siècle av. JC à Athènes qui instaure la
démocratie pour les citoyens, qui représentaient environ 10 % de la population.
Les femmes, les étrangers et les esclaves en étaient exclus. Platon et Aristote parlent d’égalité arithmétique, chaque citoyen en
vaut un autre.
Etape 2. Le
christianisme proclame une égalité de nature, ontologique, de tous les hommes,
qui sont les enfants de Dieu. « Il
n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni
homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ. » Nouveau
Testament ; - Epître de Paul aux Galates 3. Les inégalités sont apparues à
cause du péché.
Etape 3.
L’égalité de nature métaphysique est proclamée au 17ème siècle par
les philosophes. Pour René Descartes (1596-1650), la raison est la chose la mieux partagée
au monde : « la puissance de bien
juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme
le bon sens ou la raison, est réellement égale en tous les hommes». Pour René
Descartes, comme pour Nicolas Malebranche
(1638-1715), cependant, les inégalités proviennent du fait que tous les humains
ne savent utiliser cette raison.
Etape 4.
L’égalité politique est proclamée par les philosophes des Lumière au 18ème
siècle. « Les hommes naissent
et demeurent libres et égaux en droit ». Il s’agit d’une égalité
politique et juridique. La Nuit du 4 août 1789 met fin aux privilèges du système féodal. Alexis de Tocqueville (1805-1859) parle d’égalité de conditions. Les
inégalités subsistent, mais elles ne sont plus figées. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), dans le « discours sur l’inégalité » distingue les inégalités naturelles ou physiques et
les inégalités politiques et sociales. Les inégalités conduisent nécessairement
à la servitude. Emmanuel Kant (1724-1804) et Nicolas de Condorcet (1743-1794) jugent qu’une certaine inégalité stimule l’émulation.
Toutefois tous les philosophes des Lumières ont condamné le luxe, l’opulence et
l’excès de richesse.
Etape 5. Au 19ème
siècle, le développement industriel et l’avènement du capitalisme vont conduire
à de grandes inégalités sociales et économiques au détriment de la classe
ouvrière. La méritocratie va à l’encontre de l’égalité des droits. Face aux
nouvelles inégalités de nouveaux concepts émergent. Le socialisme utopique est
représenté par Robert Owen en Grande-Bretagne, Saint-Simon, Charles Fourier,
Étienne Cabet et Philippe Buchez
en France. Le communisme
cherche à promouvoir une égalité réelle. Karl
Marx (1818-1883) explique que seule
la suppression de la propriété privée viendra à bout des inégalités.
Etape 6.
L’historien Pierre Rosenvallon (né en 1948) affirme que le 20ème siècle en Europ a été le
plus égalitaire grâce au suffrage universel, à l’impôt sur le revenu
progressif, au principe de redistribution de l’Etat providence, à la
reconnaissance des syndicats, au droit de vote des femmes.
Etape 7. Les
années 1980-1990 sont marquées par la fin des utopies égalitaires (fin de
l’Union
soviétique, chute du Mur de Berlin) et la montée du néolibéralisme
renforçant à nouveau les inégalités socio-économiques. L’égalité politique et
juridique en contrepartie a continué à progresser. La promotion de l’égalité
des chances par l’école est censée compenser ces nouvelles inégalités. Malgré
ces efforts, selon Pierre Bourdieu
(1930-2002), la probabilité pour un enfant d’ouvrier d’entrer à Polytechnique
n’est pas meilleure à la fin du 20ème siècle qu’au 19ème siècle. Selon
Pierre Rosenvallon trois poisons menacent aujourd’hui l’égalité : la
reproduction sociale, le modèle économique de croissance illimitée, les ségrégations
sociales et urbaines.
Conclusion.
Le problème de l’égalité est complexe car plurivoque : égalités de droit,
de fait, politiques, juridiques socio-économiques, devant la vie, voire devant
le bonheur. Les questions à débattre sont :
-
Jusqu’où les êtres
sont-ils égaux ?
-
L’égalité absolue
comporte-t-elle des contradictions ?
-
L’égalité absolue
n’engendre-t-elle pas des inégalités ?
-
L’égalité pour
quoi faire ?
-
Les effets
pervers de l’égalité.
-o-
Poème inédit composé et lu par Jeannine Dion-Guérin
Inégalité,
L'automne
mutile peu à peu
les champs
harmonieux de l'été
si bien
qu'il en est
de la
raideur des tournesols
comme de
la faconde
des gens
des cités
Il y a
ceux qui s'imaginent puissants mais dodelinent déjà
de la tête victimes
de leur
port alourdi
Il y a
aussi les tout-petits qui hissent gaillardement une collerette fleurie
heureux de
simplement jouer les prolongations de vie
Jeannine
Dion-Guérin (inédit)
-o-
Propos entendus
-
Dans les systèmes
totalitaires, il y a le modèle soit de l’homme moyen et on coupe les têtes qui
dépassent, soit du surhomme et on élimine les sous-hommes.
-
Les correctifs
sociaux permettent de compenser les inégalités.
-
Il y a deux modèles
de justice sociale : soit réduire les écarts entre riches et pauvres, soit
rechercher l’égalité des chances. Ce dernier modèle tend aussi à creuser les inégalités,
comme par exemple dans le sport.
-
Si tout le monde
est égal, il n’y a plus de raison de faire des efforts. On confond égalité,
équité et justice. Les correctifs sont des inégalités.
-
Nous pouvons
faire des efforts même si nous sommes égaux. Est-ce que l’égalité est
morale ?
-
Les hommes ont
inventé des dieux inégaux.
-
L’ordre social
est une fiction sociale.
-
Le savoir doit
être donné dans la liberté et dans l’égalité.
-
Amartya
Sen (né en 1933) prix Nobel
d’économie, économiste indien, est l'initiateur de l'approche par les capabilités.
Chacun doit avoir les moyens de faire quelque chose de sa vie.
-
JJ. Rousseau a
dit que le pauvre n’a pas besoin d’éducation.
-
Il faut trouver
un consensus sur les inégalités de l’avoir.
-
Les plantes qui
montent très haut empêchent les autres de pousser.
-
Quand on gagne en
avoir, on perd en être.
-
La vie en
communauté implique la relativisation de la liberté et de l’égalité.
-
L’égalité a été
instrumentalisée par les régimes totalitaires.
-
Le philosophe
politique américain John Rawls (1921-2002),
s’est rendu célèbre par son ouvrage Théorie de la
justice où il développe l’idée
que les inégalités sont tolérables si elles profitent au plus grand nombre et
aux plus défavorisés.
-
L’égalité pour
quoi faire ?
-
Napoléon a
dit « mort aux pauvres », puis il les a embauchés dans ses
armées.
-
Beaucoup plus de
gens sont morts en combattant pour la liberté que pour l’égalité.
-
La démocratie
fonctionne grâce à l’égalité.
-
L’égalité de
dignité apportée par le christianisme a fait progresser la société.
-
L’égalité
correspond à une demande de norme.
-
L’égalité permet
l’évolution de la société.
-
L’égalité est
liée au sentiment de justice.
-
Le sentiment
d’injustice est très fort chez les enfants.
-
Il faut des
inégalités pour évoluer. Il y a des inégalités entre les sociétés.
-
L’égalité est une
utopie. L’inégalité crée l’émulation.
-
L’humanité est
éprise de justice. L’inégalité est naturelle. Il faut plafonner les avoirs et
revoir la notion de bonheur.
-
Tout commence et
finit par liberté-égalité-fraternité
-
Il faut de la
discrimination positive. Il y a 60 % de chômeurs dans certaines cités.
-
Il faut aussi de
la différenciation positive.
-
L’égalité des
chances est un échec.
-
La bienveillance
corrige les inégalités.
-
Certains hommes
sont plus égaux que d’autres.
-
L’égocentrisme
est au cœur de l’humain.
-
C’est au contact
des plus humbles qu’on apprend le plus.
-
L’égalité des
chances augmente les inégalités.
-
Les grandes inégalités
aux Etats-Unis sont partiellement régulées par la démocratie et la liberté.
-
On ne peut pas
atteindre l’égalité.
-
L’égalité est
d’accepter l’autre tel qu’il est.
-
En valorisant le
darwinisme social on rationalise l’inégalité. On rationalise peu l’égalité.
-
Il n’y a jamais
eu autant d’égalité qu’aujourd’hui. Mais il reste des écarts entre la théorie
et la pratique.
-
Pourquoi un
ingénieur est-il mieux payé qu’une assistante sociale ?
-
Chacun a la
possibilité de lutter contre les inégalités.
-
L’égalité est une
utopie, mais quand on passe à côté des inégalités, il faut faire quelque chose.
-
Il y a parfois
des inégalités dans l’amour que des parents portent à leurs enfants.
-
Voulons-nous être
égaux ou bien être traités égalitairement ?
-
On ne peut pas
comparer les proies et les prédateurs en termes d’égalité.
-
L’équité régule
les inégalités.
-
La loi régule les
héritages.
-
L’égalité n’est
pas l’uniformité. Il faut une morale. La richesse doit être au service de la
société.
-
L’égalité est un
mythe nécessaire.
-
La paix dépend
d’un équilibre « chimique » entre égalité et inégalité.
-
La justice sociale
est une question de responsabilité.
-
Bill Gates a
donné 60 milliards$ à des œuvres philanthropiques, il a quand même gardé 10
milliards$ pour lui.
-
L’égalité est une
construction de l’histoire. On est passé de sociétés très inégalitaire à une
société de droit.
-
L’esprit
d’égalité, c’est la reconnaissance de l’un par l’autre.
-
La démocratie
exige l’égalité et la dignité des personnes.
-
L’égalité n’est
pas la seule valeur ; la liberté, l’égalité et la fraternité se corrigent
mutuellement. Il n’est pas bon de faire un absolu d’une seule valeur.
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