Trente et une personnes ont
participé à ce café philo au Centre culturel de Bouffémont sur le thème « Quelles valeurs pour notre société
d'aujourd'hui ? » préparé et animé par Catherine Delaunay et
Pierre Haller. Jeannine Dion-Guérin a récité un de ses poèmes rapporté plus
loin.
« Avec le retour de la morale à l’école et dans la politique se pose la
question des valeurs. Que reste-t-il des anciennes ? Quelles sont les
valeurs d’aujourd’hui ? Les bouleversements liés à la mondialisation
mettent-ils à jour des conflits de valeurs et même une crise des valeurs qu’il
convient de diagnostiquer et d’expliquer ? »
"Tout ce qui a un prix n'a pas de valeur" Kant
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Pierre Haller
Histoire anthropologique
Les valeurs appartiennent aux
paramètres de fonctionnement des sociétés à un certain moment de l’histoire et
dans un espace géographique donné. Elles renvoient à des façons de penser, de
parler, d’agir, de représenter le monde et de vivre ensemble. Elles sont liées
à l’épistémè introduit par Michel Foucault
(1926-1984), c’est-à-dire le socle de connaissances et des techniques d’une
époque. L’histoire humaine évolue entre trois pôles : les techniques, les
savoirs et les valeurs. Ces pôles interagissent et se transforment les uns les
autres.
La vitesse d’évolution et de
transformation du monde et de ces trois pôles s’accélère et elle a atteint aujourd’hui
un niveau inédit. Les ères de stabilité relative des sociétés humaines se sont
sans cesse raccourcies depuis la nuit des temps. Les durées, les modes de
production, les modes de régulation et les valeurs des sociétés humaines ont
évolué au gré des avancées des connaissances et des technologies. Certaines, de
la pierre taillée à l’internet, ont impacté l’ensemble des civilisations et
leurs valeurs. Pendant des millénaires, les cueilleurs-chasseurs, puis les
agriculteurs, vivaient en petits groupes sous la férule des valeurs dictées par
les chamanes qui incarnaient l’ordre social et l’ordre céleste. Pendant des
siècles, depuis les cités antiques, les Etats et des empires ont favorisé le
commerce, la culture, la séparation progressive des pouvoirs religieux, civils
et intellectuels, mais aussi l’esclavage, les conquêtes militaires ou les
nationalismes meurtriers. La pensée scientifique et la technologie ont forcé
l’évolution des sociétés et de leurs valeurs. A partir du 16ème
siècle, l’imprimerie a facilité la diffusion de la pensée scientifique et
philosophique. L’utilisation de la machine à vapeur, puis des moteurs à essence
ou électriques, a mis fin à bien des servitudes physiques qui étaient l’apanage
de la plupart des gens. Elles ont entraîné l’accès à la culture et à l’hygiène
de la plupart des strates sociales traditionnellement soumises au travail
physique. Ce processus historique et anthropologique a conduit à l’explosion de
la croissance
démographique mondiale (100 millions à l’âge du bronze, 200 millions au
Moyen Âge, 1 milliard en 1900, 7 milliards en 2000). Depuis 1980, internet, la
mondialisation de l’économie et des cultures ont entrainé un nouveau tournant
de civilisation. Les valeurs et les normes des sociétés sont dictées par ceux
qui possèdent les moyens de raconter et de diffuser l’histoire. Grâce ou à
cause d’Internet la valeur des choses et des idées n’est plus dictée par des
autorités religieuses, politiques ou professionnelles, mais par une main
invisible du marché de l’information. Internet fait exploser les narrations
(story telling) qui fondent les valeurs et identités religieuses, nationales,
raciales et notamment sexuelles et familiales.
L’actualité met en exergue les
conflits sur les perceptions des valeurs dans notre société : mariage pour
tous, familles décomposées et recomposée, avortement, contrôle des naissances,
euthanasie, recherches sur les embryons humains, principe de précaution,
liberté des médias, internet, etc.
« A quoi ressemblera le monde en 2030 ? Jamais
les incertitudes n'auront été si nombreuses. C'est la raison pour laquelle le centre
d'analyses stratégiques de la CIA a synthétisé toutes les informations en sa
possession pour dessiner le monde en 2030. Plusieurs grandes tendances
apparaissent : la population mondiale atteindra 8,4 milliards d'habitants,
l'urbanisation sera croissante, surtout en Afrique, les classes moyennes se
développeront. L'éducation et la santé entraîneront une émancipation des individus.
Mais ils auront aussi accès à des technologies plus meurtrières et
dévastatrices qui ne seront plus l'apanage des Etats. La dispersion de la
puissance entre les nations sera plus marquée. Le pouvoir sur lequel les
Etats-Unis n'exerceront plus leur hégémonie glissera grâce aux technologies de
la communication vers les réseaux. La demande en nourriture, eau, énergie
augmentera entre 35 et 50 % et de nombreux pays seront confrontés à des
pénuries. Enfin, nous vivrons une époque cisaillée par les crises économiques
et les conflits. »
La principale menace ne viendrait
pas de l’extérieur mais de l’intérieur du système économique, qui produit plus
de dégâts que le terrorisme. Nous allons vers un monde unipolaire, dont
l’occident n’a plus le monopole des valeurs et qui a peur.
Les catégories de valeurs
Valeurs économiques : le travail les objets manufacturés, les
ressources naturelles, l’argent, le luxe, le superflu, les bulles spéculatives
(immobilier, bourse, objets d’art, etc.)
« Ainsi est introduit le concept clé
autour duquel toute la théorie économique est édifiée: celui de valeur. Au
moyen de ce concept, la multitude des caractéristiques d'un bien quelconque est
résumée par un nombre unique, ce qui va permettre de modéliser l'échange au
moyen de paramètres mesurables. Tout sera dit grâce à des équations; les
mathématiciens pourront s'en donner à cœur joie, démontrer des théorèmes,
mettre en évidences des lois de l'échange, en tirer des conséquences pour
l'organisation sociale ».
Les valeurs vitales : le respect de la vie, les ressources de la
nature, la santé, le bien-être, la sécurité, le rire ; l’absence, de
souffrance, de maladie, de violence, de guerre, de torture, de mortalité
infantile, de mortalité par violence ou par suicide. La civilisation par
opposition à la barbarie.
Les valeurs morales : l’humanité au sens d’humanisme, la
vérité, l’honnêteté, la grandeur, la droiture, le courage, la résilience, la
responsabilité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la solidarité, la
fidélité, la persévérance, la compétence, l’honnêteté intellectuelle, la
tolérance, le respect des morts. L’absence de barbarie.
Les valeurs esthétiques : la beauté, la spiritualité, le sublime, le
charme, la désirabilité, la perfection, la fragilité, la spezzatura « le vrai art est celui qui ne semble
être art », la sérénité, le silence, les paysages.
Les valeurs intellectuelles : la raison, la science, la pensée, la
connaissance, l’étude, l’intuition, l’objectivité, l’honnêteté scientifique, la
modestie intellectuelle, le génie, la science avec conscience, l’expérience,
l’histoire, la désobéissance intelligente («
Exister, c’est résister » selon J. Ellul), l’altérité, les autres cultures,
le changement, le progrès, l’exploration.
Les valeurs affectives : l’attachement à des êtres, à des groupes, à
des traditions ou à des objets chargés de souvenirs ou de symboles. L’amitié,
le bonheur, l’émotion, la compassion.
Les valeurs conventionnelles : les pratiques religieuses, la propriété
individuelle, les tabous alimentaires et sexuels, la courtoisie, les diplômes,
les hiérarchies sociales, les exercices de pouvoirs, les lois, les
institutions, certaines croyances.
Les valeurs à moduler : la religiosité, la spiritualité, la laïcité,
les rites identitaires, la richesse matérielle, le pouvoir, la sexualité,
l’usage de la force, les codes de l’honneur, les positions dominantes de
certaines professions, leurs lobbies et leurs rentes de situations. Equilibrer
le yin et le yang. Evaluer les plus-values, les valeurs ajoutées effectives des
différentes activités et acteurs sociaux.
Les valeurs instrumentalisées
Toutes les conquêtes de pouvoirs
politiques, religieux, militaires, économiques, avancent drapées de vertus et
au nom de valeurs
morales ou vitales.
Le discours sur la vertu n’est
pas une preuve de vertu.
La vertu et les valeurs
proclamées sont parfois des écrans de fumée servant à cacher les turpitudes. Cependant
la proclamation de la vertu est nécessaire à son existence.
L’appel à l’émotion du public à
partir de réels faits divers ou de sociétés est largement utilisé par les
médias, les politiques, les religieux, les idéologues, les lobbies médicaux ou
sécuritaires, voire les humanitaires pour asseoir leur puissance.
« Dans une société donnée, plus on parle
d'une valeur, d'une vertu, d'un objet collectif... plus c'est le signe de son
absence. Si on proclame très haut la liberté, c'est que le peuple est privé de
liberté, etc. Et plus la réalité est sombre, plus le discours est
lumineux ».
« Le bluff technologique ».
Les conflits de valeurs
« Entre ma mère et la justice, je
choisis ma mère » Albert Camus (1913-1960)
Les valeurs politiques
La géopolitique désigne les
rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires et sur les
populations. Elle cherche à comprendre les grands mouvements de l’Histoire et
les positionnements de chaque nation sur l’échiquier du monde. Il s’agit des
évolutions des rapports de force et de
puissance. La puissance d’une nation repose sur un spectre de valeurs
politiques, économiques, culturelles, morales, militaires et d’alliances.
La démocratie, qui reste le moins mauvais des mauvais
systèmes, selon Winston
Churchill (1874-1965), souffre dans le monde actuel encore et toujours de
multiples imperfections et dérives des valeurs.
La démocratie est un régime
politique qui a comme spécificité le foisonnement et la relativisation de
toutes les valeurs. « Elle n’est pas
un modèle de valeurs, elle rend possible les valeurs ». Contrairement
à l’aristocratie, aux régimes autocratiques, elle est l’absence de valeurs
instituées. Elle nie toute autre loi que celle de la volonté générale.
Dans le débat d’idées entre Pierre Rosanvallon
(né en 1948) et Jacques
Rancière (né en 1940) dans Le Monde du 7 mai 2013 a été posée la
question : « Comment revivifier
la démocratie ? » « Des idées pour transformer une République
encore oligarchique ». Le
discrédit frappe le personnel politique à cause des connivences entre pouvoir
et trafic, entre responsabilité et conflits d’intérêts. Pierre Rosanvallon
évoque « l’entropie démocratique », c’est-à-dire le délitement des
valeurs. « La vie démocratique
présuppose un espace de délibération du commun en matière de redistribution,
d’égalité de justice, de gestion des différences. » Il s’en
prend à la « France des
rentiers », pour lui les finalités de la politique sont « l’impartialité (absence de conflits
d’intérêts), la moralité (comportement des personnels), la dignité des
fonctions publiques. »
Selon Jacques Rancière « il n’y a pas de dissémination du
politique, mais une confiscation, une appropriation centrale par
l’Etat. », « la démocratie représentative est une contradiction dans
les termes », « l’intellectuel qui éclaire le peuple est un abus de
pouvoir... les gens n’ont pas besoin qu’on leur dise pourquoi ils sont
opprimés, ils le savent parfaitement. » Il critique en règle
l’antidémocratisme ambiant qui voudrait assimiler la démocratie à un « individualisme consumériste ».
Les principes fondateurs de la
démocratie
Liberté, égalité,
fraternité ; la séparation des pouvoirs, la différenciation des rôles, le
bornage des pouvoirs, le contrôle des pouvoirs, l’alternance du pouvoir, l’Etat
de droit, l’équilibre des intérêts particuliers et généraux.
Les réseaux, les lobbies, les
conflits d’intérêts
Les réseaux, les lobbies, les
conflits d’intérêts contribuent au fonctionnement normal de la plupart des
groupes humains. Les réseaux maintiennent le pluralisme des idées, la proximité
des acteurs, la réflexivité et la réflexion sur les modèles. Les lobbies
permettent de défendre les intérêts de certains groupes pas forcément dominants
ni prédateurs. Les conflits d’intérêts sont omniprésents dans la vie
quotidienne ; ils soumettent les personnes et les gouvernants à des
injonctions contradictoires et engagent leur responsabilité dans leurs décisions.
Par contre ces réseaux, lobbies
et conflits d’intérêts sombrent souvent dans des pratiques corporatistes qui
vont à l’encontre de l’intérêt général voire à la délinquance. Ils sapent la
confiance des citoyens dans les institutions.
Le fondamentalisme vertueux
constitue un danger car l’histoire montre que la vertu affichée peut cacher les
pires turpitudes.
Leur régulation s’avère
indispensable, par le droit, par des codes de déontologie, par la prévention,
par la détermination de lignes rouges, par l’éducation, par la transparence,
par l’arbitrage entre l’intérêt particulier et général.
La régulation de cette régulation
doit également être assurée.
La morale laïque
Interview du ministre de
l’Education nationale Vincent
Peillon dans le Monde du 23/04/2013 :
« La morale laïque est un ensemble de
connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui
permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de
liberté, d'égalité et de fraternité. Cela doit aussi être une mise en pratique
de ces valeurs et de ces règles...Elle est une morale commune à tous, et c'est
justement son respect qui autorise la liberté et la coexistence des croyances
individuelles et privées de chacun. Ensuite, la morale laïque n'est pas non
plus une morale d'Etat, une "orthodoxie à rebours". Elle est le
contraire du dogmatisme et fait le pari de la liberté de conscience et de
jugement de chacun : elle vise l'autonomie. »
La crise économique et sociale
que nous vivons est aussi civique et morale, notamment dans ce que certains ont
pu appeler « les territoires perdus
de la République ».
Le marketing politique
« Omniprésents, les « spin
doctors » infligent un coût moral à la démocratie », titrait Le Monde du 10 mai 2013. Il s’agit
des conseillers en communication qui ont réussi à faire croire à la classe
politique qu’ils sont indispensables. Ils font appliquer aux citoyens les
techniques de la publicité marchande. « La
désillusion démocratique doit plus encore à la nouvelle économie symbolique
instituée par le marketing politique » note l’auteur de l’article, Alain Garrigou (né en
1949).
La liberté de la presse
Le rapport de « Reporter sans frontières »,
sur la liberté de la presse désigne 39 prédateurs de la liberté d’information à
travers le monde en 2013. Il s’agit de chefs d’Etats, de chefs religieux, de
chefs de milices et de maffias.
Inversement, cette liberté de la
presse, qui est un fondement de la démocratie, est souvent instrumentalisée
pour détourner les citoyens des vraies problèmes, pour manipuler, désinformer,
stigmatiser, créer de fausses valeurs, enrichir des aigrefins, vedettiser
l’insignifiant.
La dissidence et le courage politique
Selon Nicolas Truong dans le
Monde du 18 mai 2013 « la
dissidence, ce n’est pas qu’une
politique des droits de l’homme, c’est aussi une insurrection et une éthique
des droits de l’âme ».
Aujourd’hui en occident la
vigilance pour les droits de l’homme semble relâchée parce que les valeurs du
marché ont supplanté les valeurs morales dans le nouvel ordre économique
mondial. Selon Liao Yiwu,
un dissident chinois, il est de mauvais goût, voire risqué, d’évoquer les
dizaines de millions de morts du maoïsme et les militants pour la liberté jetés
dans les camps de rééducation par le travail.
Les valeurs à préciser face aux grands défis
émergents
Le rapport à la nature, à la
mondialisation, à l’urbanisation, à internet et au « big data », aux nouvelles armes de guerres, à l’information foisonnante, aux nouveaux
paradigmes de la science (complexité, indéterminisme, ordre émergent, bioéthique,
neurobiologie, climat),aux contrôles de la société (inflation ou manque de
contrôles selon les domaines), à l’inflation normative, à l’accueil et à
la régulation des flux migratoires, à l’ordre public (police, justice,
punition, prison), au vieillissement massif de la population, aux traitements
infligés aux animaux...
La vie elle un coût ?
Par exemple, l’acharnement
thérapeutique ou le principe de précaution peuvent au nom du respect de la vie
entrainer des coûts exorbitants pour l’ensemble de la société. Il arrive que de
interventions médicales coûteuses et douloureuses sont exigées par les familles
pour des personne en fin de vie. Certaines vaccinations sont à l’origine de
décès de personnes mais globalement en sauvent davantage. L’élimination de tous
les passages à niveaux par la SNCF éviterait un certain nombre de morts chaque
année au prix de plusieurs milliards d’euros. On peut multiplier les exemples
où le respect absolu de la vie passe au second plan face aux intérêts
économiques, patriotique ou idéologique.
Le pire serait une société sans risques
Le risque est inhérent à la vie.
La technologie humaine, à côté de ses bienfaits, introduit de nouveaux risques.
Elle peut protéger des risques naturels, mais peut aussi les amplifier
(Fukushima). La réalité des risques et leur perception sont souvent
disproportionnées dans un sens ou dans l’autre tant par les individus que par
les collectivités. La perception des risques est souvent instrumentalisée par
les politiques ou les groupes de pression.
« Quand on regarde par exemple les
facteurs quantifiés réels de causes de cancers, nous obtenons : déséquilibres
alimentaires : 30 %, tabac : 30 %, UV solaire : 10 %, alcool : 7 %, facteurs
professionnels : 3 %, rayonnements ionisants : 1%. Quelle est la perception du public en
pourcentages cumulés ? : déchets radioactifs en premier : 70 %, drogues : 65 %,
pollution chimique : 65 %, trou d’ozone : 55 %, soleil et UV : 35 %,
irradiation des aliments : 30 %, centrales nucléaires : 30%. » Selon : « Bilan santé et source
d'énergie » par C.Acket et Y.Grall (SFEN)
La raison est une valeur
essentielle face à l’évaluation et la maîtrise des risques individuels ou
collectifs.
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Catherine Delaunay
I.
Analyse de
la notion de valeur
-
Qu’est-ce qu’une
valeur ?
-
Différentes
sortes de valeurs.
-
La fonction
des valeurs.
-
L’évolution des valeurs.
II.
La crise des valeurs : contestation et
crise des valeurs.
-
La
dévaluation des valeurs :Friedrich Nietzsche (1844-1900)
-
Vers les
valeurs autoréférentes : la liberté, racine de toutes les valeurs.
III.
Quelles
valeurs pour notre société aujourd’hui ?
-
Maintien des
valeurs républicaines ?
-
Des valeurs
morales ébranlées ?
-
A la
recherche de nouvelles valeurs spirituelles.
-
Refus des
valeurs par certains auteurs.
L’évolution des valeurs
-
Dans le
passé : valeurs d’essence religieuse, transcendantes et absolues, essentiellement
individuelles et de caractère moral. Exemples : bien, mal, vérité,
sagesse, ordre, honneur, prudence, tempérance, chasteté, sacrifice, dévouement,
obéissance, humilité, fidélité, autorité, discipline, douceur, devoir, guerre,
paix.
-
A partir du
18ème siècle sous l’influence de la philosophie des Lumières :
des valeurs d’essence uniquement humaines, des valeurs relatives, historiques,
en devenir, des valeurs collectives, des valeurs sociales, politiques,
économiques. Exemples : démocratie, nation, révolution, liberté, égalité,
fraternité, progrès, dignité, éducation, intérêt général, bonheur, laïcité,
tolérance, culture, solidarité, responsabilité, engagement, profit, efficacité,
utilité, performance, compétition, science, raison, argent, travail, technique.
-
Fin 19ème-
20ème siècles, crise des valeurs : contestation, effondrement
des valeurs, revendication d’une valeur centrale, la Liberté, y compris la
liberté de refuser certaines valeurs ou toutes les valeurs ; y compris la
liberté d’inventer de nouvelles valeurs.
-
Aujourd’hui :
Y a-t-il des valeurs qui font consensus ? Lesquelles ? Naissance de valeurs
individualistes et narcissiques comme le sport, le corps, la santé, l’ego, le
plaisir, le confort, l’épanouissement de soi, la sincérité, le ressenti, l’émotion,
le sexe, la réussite, la consommation, la sécurité, la nature, la permissivité,
l’amour, l’amitié.
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Jeannine Dion-Guérin
« Tentatives de louange »
Louange à Toi le poète*
le penseur et prophète,
à la
dignité de tes arbres
au Tulipier de Virginie
en ses floraisons inaccomplies
et ses tentatives d'ode à la beauté
Louange à l'expression de nos maux
des mots enfouis dans la chair
depuis et jusqu'en fin des temps
Et gloire à Toi Bauchau Henry
à ce que tu confies de la fragilité
de nos instants livrés à l'interrogation
Ainsi que Maître Ekhart l'a écrit * *
la vie qui chaque soir s'éteint,
chaque matin s'irradie d'une fêlure
nouvelle celle de nos cœurs et de nos corps.
Oui Henry: «C'est chaque jour
le jour de la fête, la fête de l'existence»
Irons-nous jusqu'à imaginer
d'un possible Dieu
l'essence ?
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Propos entendus
-
La vie est
un chemin obscur, les valeurs sont les lumières qui nous guident. Elles donnent
du sens à nos vies.
-
Les valeurs
individuelles sont différentes des valeurs collectives.
-
Certaines
valeurs sont stables dans le temps et l’espace. Il faut penser à l’autre, au
partage, à l’authenticité, la modestie, la discrétion, l’émulation plutôt que
la compétition, le respect de la nature.
-
On change de
valeurs au cours de la vie.
-
Les gens ont
des valeurs différentes. La famille est en mutation.
-
Notre
société génère la solidarité. On va s’en sortir ensemble.
-
La misère regroupe les gens. Selon Jacques Attali, la fraternité
est la seule valeur qui peut relier.
-
Les valeurs excluent aussi.
-
On a commis beaucoup de crimes au nom de valeurs.
-
Le respect est une valeur essentielle.
-
L’éducation transmet les valeurs.
-
Beaucoup de valeurs ne sont pas nécessairement conceptualisées. Les
ressources individuelles sont des valeurs.
-
Même si les valeurs ne sont pas conceptualisées, il y a des
modèles humains qui aident à grandir.
-
Le vivre ensemble est la valeur fondamentale. Egalement le respect
de soi, de autres, de la nature.
-
La seule stabilité c’est la fidélité à soi-même.
-
Deux types de valeurs : comportementales (fraternité) et
patrimoniales (bien, vérité).
-
Les valeurs ne sont jamais définitivement acquises (la paix, la
vérité).
-
La relativité des valeurs provient de leur quantification. L’étalon
est toujours relatif.
-
Les valeurs proclamées sont toujours positives, idéales et
vertueuses.
-
Les gens qui aujourd’hui réclament des familles avec un père et
une mère mettaient leurs enfants en pensionnats dans le temps.
-
Les sociétés criminelles ont aussi leurs codes de valeurs.
-
Il ne faut pas confondre valeurs et comportements.
-
L’éthique professionnelle a été bouleversée en médecine. Les
patients sont devenus des clients. L’institution demande du rendement.
-
Il y a des valeurs communautaires inacceptables (racisme, ostracisme).
-
L’art, la science, les institutions traduisent la mise en œuvre des
valeurs dans une société.
-
Comment vivre avec des gens qui ont des valeurs opposées ?
-
Au-delà de la tolérance il y a des lignes rouges à ne pas
franchir.
-
L’état mental de l’humain est le conflit.
-
L’argent remplace la religion comme critère de valeur.
-
Il faut respecter l’autre tel qu’il est.
-
Les gens sont plutôt généreux.
-
Il faut penser à la solidarité avec les générations futures.
-
Il faut éviter que les valeurs deviennent des prétextes à
dictature.
-
Quelles valeurs laissons-nous à la jeunesse pour qui les
nouvelles technologies servent de référence ?
-
Il manque un héros de notre temps.
-
Angélisme et hypocrisie.
-
L’engagement.
-
Notre génération a peu de poids sur les jeunes.
-
C’est nous qui avons fait le monde tel qu’il est.
-
Sagesse, beauté, respect, acceptation de la différence.
-
La misère est organisée. Les valeurs n’existent pas pour tout le monde.
-
Amour, progression, nature.
-
Respect de ceux que nous n’arrivons pas à aimer.
-
Vérité, authenticité.
-
Noir c’est noir, je reste optimiste.
-
La quantification des valeurs prime et nous oblige.
-
Le travail, l’amour, le respect, l’écoute.
-
On est dans un melting pot. On n’a pas assez inculqué le respect
de l’autre.
-
Il faut chercher à comprendre les différences.
-
Accepter les personnes mais pas forcément leurs idées.
-
La vie nous apprend à changer.
-
Beaucoup de valeurs sont en déliquescence.
-
La liberté doit être amarrée au respect de l’autre.
-
Nous ne pouvons pas exporter toutes nos valeurs.
-
« L’homme libre est voué au prochain » Lévinas
-
Il faut contrôler tous les pouvoirs qui instrumentalisent les
valeurs.
1 commentaire:
Ouf! dans les choses entendues on trouve cité une fois l'AMOUR...Frayeur, il ne figurait pas dans les valeurs affectives citées pus haut dans l'exposé.
Les pouvoirs ou les états n'ont effectivement pas pour rôle de dicter ou d'inculquer des valeurs mais bien de faire coexister une pluralité de visions morales ; dixit à peu près en ces termes Ruwen OGIEN, philosophe contemporain dont on parle peu.
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