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Ma laine, c'est pour l'intérêt général... |
dimanche 28 octobre 2012
Compte rendu du café philo du 26 octobre 2012
Quarante
personnes ont participé ce vendredi 26 octobre 2012 au café philo de Bouffémont
(Val d’Oise), préparé et animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller sur le
thème « Qu’est-ce que l’intérêt
général ?». La séance a débuté par le vote des thèmes des trois
prochains cafés philo.
Vendredi
30 novembre 2012 : "Quelle fraternité dans le monde moderne ?"
Vendredi
25 janvier 2013 : "La volonté a-t-elle encore un rôle à jouer ?"
Vendredi
22 février 2013 : "Qu'est-ce qu'un chef en démocratie ?
Avant
le lancement de la discussion, Jeannine
Dion-Guérin a récité son poème inédit spécialement composé pour notre
soirée : « de l’intérêt de tous »
Merci
aussi à Merlaud d’avoir mis la
sonorisation à notre disposition.
L’intérêt
général c’est faire passer le « nous » avant le « je ».
Trois
thèses sont en jeu :
-
L’intérêt général est la somme des intérêts
particuliers.
-
L’intérêt général est une mystification au service
des classes dominantes.
-
L’intérêt général est la finalité ultime de la
démocratie.
L’intérêt général est la somme des intérêts
particuliers. Les hommes sont essentiellement motivés par leurs désirs
personnels et par la défiance réciproque. Pour le philosophe anglais Thomas Hobbes (1588-1679) « L’homme est un
loup pour l’homme ». La violence est régulée grâce à des contrats.
Dans sa Fable des
abeilles, l’écrivain néerlandais Bernard
Mandeville (1670-1733) illustre la thèse que les « vices privés font
le bien public ». Il a inspiré Adam Smith (1723-1790) et il
est considéré comme un précurseur du libéralisme économique qui se fie à la
main invisible du marché comme régulatrice du monde. Le philosophe britannique Jeremy Bentham
(1748-1832), est le père de l’utilitarisme qui est une doctrine éthique qui
prescrit d'agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de
l'ensemble des êtres sensibles.
L’intérêt général est une mystification au
service des classes dominantes.
C’est
le point de vue du philosophe Karl
Marx (1818-1883). Il condamne la propriété privée, doctrine qui a été mise
en œuvre un certain temps par les régimes communistes.
L’intérêt général est la finalité ultime de
la démocratie.
Pour
le philosophe grec Aristote
(-384 à -322), les hommes ont des biens communs que la cité doit
préserver ; chacun a un bien commun au-dessus de lui. Pour le philosophe Jean-Jacques Rousseau
(1712-1778), le fondement de la souveraineté est dans le peuple. La volonté
générale fonde l’intérêt général qui 1) assure l’égalité et la liberté de tous,
2) est inspiré par la raison, 3) applique la même loi à tous.
D’un
point de vue anthropologique, l’homme est un être collectif.
Selon
Wikipédia, l'intérêt commun, l’intérêt général ou
l'intérêt public, désignent la finalité des actions ou des institutions qui
intéressent l'ensemble d'une population.
Les
frontières entre ces trois concepts restent floues.
L'intérêt
commun désigne la résultante de l'ensemble des intérêts exprimés
par les membres d'une communauté. Il se pose la question de la légitimité de
cette expression, en raison des difficultés pratiques de sa détermination
(exhaustivité, représentativité, sincérité ...). Ex. : la limitation de la vitesse sur la route.
L'intérêt
général désigne une finalité d'ordre supérieur qui prétend être «
quelque chose de plus ambitieux que la somme des intérêts individuels ». Ainsi,
l'intérêt national correspond-il à l'intérêt de la Nation selon la formule
d'Ernest Renan: « Avoir fait de grandes choses ensemble et vouloir en faire
encore ». Ex. : la recherche scientifique.
L'intérêt
public concerne la mise en œuvre de l'intérêt général à travers le
cadre juridique du droit public d’une nation. Il est réalisé et défendu par les
différentes instances sous l'autorité de l'État : santé publique,
instruction publique, culture, sécurité et ordre publics, justice, urbanisme,
transport, infrastructures, droits civil, pénal ou commercial, organisation de
l’Etat et des collectivités publiques, environnement.
L’intérêt général est au cœur des
débats politiques, économiques. Ces débats mettent en jeu la complexité interactions des intérêts
particuliers et généraux, les équilibres des pouvoirs, les droits de
propriétés, l’efficacité et les dérives des acteurs. L'ensemble des
collectivités publiques est concerné depuis le niveau des collectivités locales jusqu'aux échelons les plus élevés de l'État ainsi que des institutions internationales.
L’histoire
La
préoccupation de l’intérêt général et ses démêlés avec les pouvoirs traversent
l’histoire de l’humanité.
Les
anciennes cités grecques étaient souvent dirigées par des tyrans. Un tyran est un individu
disposant d’un pouvoir absolu. C'est un homme qui s'empare illégalement ou
illégitimement du pouvoir, le conserve au mépris des lois et règne par la
terreur. C’est à partir de l’époque de Platon, au 5ème
siècle av. JC, que le tyran est considéré négativement.
Selon
Aristote : "Tous les gouvernements qui ont pour but
l'utilité commune des citoyens, sont bons et conformes à la justice, dans le
sens propre et absolu; mais tous ceux qui ne tendent qu'à l'avantage
particulier des hommes qui gouvernent, sont dans une fausse route; ce ne sont
que des corruptions ou des déviations des bons gouvernements. »
Han Fei Zi est un
philosophe et un penseur politique chinois (mort en 233 av. J.-C.). Dans son
œuvre, « Le tao du Prince », l'ordre social et politique, incarné par
le prince, est d’essence cosmique. Le prince est maître des mots et détenteur
de la vérité. S’il dit « qu’un cheval blanc n’est pas un cheval »,
c’est qu’il a de bonnes raisons. La prospérité ne peut-être apportée que par un
État fort, qui repose sur des lois très strictes et non sur la morale et la
compréhension, contrairement au confucianisme. Le prince a deux
préoccupations : un peuple travailleur, corvéable et suffisamment bien
nourri ainsi que des barons suffisamment occupés pour éviter qu’ils ne
conspirent en vue de prendre le pouvoir. Les punitions et les récompenses
constituent le mode de régulation sociale et politique. Les récompenses sont
délivrées non en fonction d’un service rendu mais pour l’obéissance.
Dans
le Prince de Machiavel au
16è siècle, il ne s'agit pas de se référer à des valeurs morales transcendantes
comme le faisait Platon
dans La République, ni de poursuivre une utopie. La
politique doit s'exercer en tenant compte des réalités concrètes, ce qui fait
nécessairement passer la morale au
second plan. Il faut toutefois maintenir des marges de liberté entre la
contingence de l'histoire (la fortuna).
La « vertu » (virtù)
du prince n'est donc pas morale mais politique : c'est l'aptitude à
conserver le pouvoir et à affronter les contingences de l'histoire (la fortuna)
en sachant doser la crainte et l'amour qu'il peut inspirer de façon à maintenir
l'ordre et l'unité de sa cité.
L'originalité de la pensée de Machiavel est cependant de conseiller au prince de ne pas mépriser toute forme de moralité : pour s'assurer le
soutien et l'appui de la population, le prince devra respecter publiquement, au
moins en apparence, les règles de morale admises par son peuple.
Liberté, Égalité, Fraternité
est la devise de la République française et de la République d’Haïti. Si elle
puise ses origines dans la Révolution française, au cours de laquelle elle fut
une formule parmi d'autres, elle n'est adoptée officiellement en France qu'à la
fin du XIXe siècle, par la Troisième République.
La
tyrannie constitue une matière théâtrale
depuis l’antiquité : Œdipe roi ou Créon dans Antigone de Sophocle (5ème
siècle av. JC), Alfred
Jarry - Ubu Roi (1896), Bertold Brecht - La
Résistible ascension d’Arturo Ui (Hitler), 1941, Albert Camus - Caligula
(1944/1945).
Pierre Rosanvallon
s’interroge aujourd’hui sur la légitimité démocratique dans son ouvrage «La révolution de la légitimité ». Le
peuple est à la source de tout pouvoir démocratique, mais que l'élection ne suffit
jamais à garantir le respect de l'intérêt général. La démocratie doit se plier
à un triple impératif de mise à distance des positions partisanes et des
intérêts particuliers (légitimité d'impartialité), de prise en compte des
expressions plurielles du bien commun (légitimité de réflexivité), et de
reconnaissance de toutes les singularités (légitimité de proximité). D'où le
développement d'institutions comme les autorités indépendantes et les cours
constitutionnelles, ainsi que l'émergence d'un art de gouvernement toujours
plus attentif aux individus et aux situations particulières.
Les réformes de l’Etat pour gouverner la
société
Depuis
les années 1960, les experts, hauts fonctionnaires et responsables politiques
ont œuvré à l’émergence d’une nouvelle rationalité remettant en cause des us et
coutumes administratifs.
Ces
réformes ont rencontré des résistances de la part de ces administrations sur
trois fronts : 1) la transparence, 2) la mesure précise de l’activité évaluée, 3) l’exigence de rentabilité. Le discours contre l’Administration est souvent
biaisé. Celle-ci est prise comme bouc émissaire.
Vices et vertus du corporatisme
Le corporatisme des fonctionnaires serait
la source de tous nos maux ! Si les arguments pour dénoncer l'esprit de corps
et les réflexes corporatistes ne manquent pas, la face positive du corporatisme
existe également. En favorisant l'organisation et la structuration de
l'appareil administratif, l'esprit de corps permet une véritable moralité
administrative, renforçant chez les fonctionnaires le souci de l'intérêt
général et du service public, en même temps que l'attachement à leur fonction
et à leur statut de serviteur de l’Etat. L’inertie administrative n’a pas que
des défauts. Elle permet le maintien du cap du navire de l’Etat dans les
tourmentes politiques.
Le monde associatif
Derrière
la promotion du monde associatif et de « l’économie sociale et solidaire », se
décèle le désengagement de la fonction publique et la dérégulation programmée
du travail. Le marché du travail associatif est constitué d’acteurs précarisés qui
ont perdu le statut naguère garanti par la fonction publique.
Le service d’intérêt général européen.
Depuis
l’Acte unique de 1986, l’Union européenne a engagé un mouvement de
libéralisation des services publics de réseaux de communications, de transport
et d’énergie, aussi appelés services
d’intérêt général (SIG). Il s’agissait à la fois d’européaniser ces services
d’intérêt général comme éléments clés de la construction européenne, d’assurer
la libre circulation des services et la réalisation du marché unique intérieur, ainsi que de renforcer l’efficacité dans des domaines souvent protégés par des
monopoles locaux, régionaux ou nationaux. L’application des directives
européennes aux télécommunications, à l’énergie, aux transports, à l’eau, à
l’assainissement ont contribué à l’amélioration des services au prix de
l’augmentation des coûts et des incidences problématiques sur l’emploi des
salariés de ces secteurs.
Les services d'intérêt général doivent-ils
être confiés au privé ?
Les
réponses sont multiples selon l’efficacité, les coûts, l’accès de tous,
l’égalité de traitement, la régulation, le contrôle, le respect des règles, les
statuts des personnels. Le secteur bancaire, l’industrie du transport, de
l’énergie, (notamment les nouvelles énergies renouvelables), des
télécommunications, de la distribution d’eau, des travaux publics mettent
souvent en œuvre des pratiques astucieuses permettant de collectiviser les
investissements ou les pertes et de privatiser les bénéfices. La règlementation
européenne impose aux collectivités chargées de l’intérêt général d’emprunter
et donc de s’endetter essentiellement sur le marché bancaire privé. Une grande
partie de la fiscalité sert donc à alimenter le système bancaire.
Le mécénat valeur actuelle
Caprice
de dirigeant, publicité déguisée, acte de charité ou supplétif d'un Etat
nécessiteux, loin de ces stéréotypes, le mécénat offre depuis quelques années
un lieu de rencontre intelligent, parfois stratégique, entre les puissances du
marché et l'intérêt général.
L’investissement
dans l’humanitaire, l’environnement ou l’art de grands groupes industriels n’a
pas uniquement pour objectif d’alimenter « la danseuse du président »
ou d’améliorer leur image, mais aussi de proposer, au moins à une certaine
partie du personnel, des modes d’engagement pouvant transcender la rationalité
abrupte de l’entreprise.
Lobbying et intérêt général
A
l'heure de l'actionnaire tout-puissant et du consommateur éclairé, les tenants
de la course à l'influence avancent masqués: sous les traits de l'intérêt
général, du progrès scientifique ou d'un mouvement populaire. Ces nouveaux
guerriers de l'ombre sont de grands cabinets américains, des agences de
communication ou des personnalités monnayant leur carnet d’adresses en
free-lance. Ils manœuvrent les législations européennes et nationales, les
organismes de certification ou de contrôle, les études scientifiques.
Les
impératifs de l’intérêt général se heurtent trop souvent à d'importants groupes
commerciaux, à des industriels à des corporations pour qui cet intérêt général
pèse de peu de poids face à leur intérêt particulier. Pour influencer les
consommateurs, l'opinion publique et les décideurs politiques, rarement la
justice (mais tout de même), ils n'hésitent pas à recourir aux services de
cabinets de lobbying chevronnés.
Un
certain nombre d’associations de défense des citoyens dénoncent régulièrement
les agissements qui vont à l'encontre de l'intérêt général et de la santé
publique, de l’environnement en braquant les projecteurs sur les lobbies de
l'alcool, du médicament, du tabac, de l'agroalimentaire, de la chimie, de
l’automobile, de l’énergie, des assurances, de l’assurance maladie, des caisses
de retraites, de la sécurité publique, des complexes militaro-industriels.
Les Mafias
Une mafia (ou maffia) est une
organisation criminelle dont les activités sont soumises à une direction
collégiale occulte et qui repose sur une stratégie d’infiltration de la société
civile et des institutions. On parle également de système mafieux. La mafia a
aussi un rôle social. Les mafieux cherchent à avoir des rôles importants dans
des activités de médiation sur le plan politique, social ou économique. En
particulier elle se situe à la jonction
entre la sphère légale et illégale. Elle assure des liens avec les classes politiques
et les institutions, soit à l'échelle régionale, soit à l'échelle nationale.
Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources,
dont des marchés publics. Elle arrive dans certains cas à agir en toute
impunité judiciaire parce qu'elle monnaie son soutien à la classe politique à
travers l'influence qu'elle exerce sur la société.
Droit et fonctions régaliens
« Droit régalien » désigne des pouvoirs
exclusifs du seigneur que personne d'autre n'a le droit d'exercer sur son
territoire. En économie, les fonctions régaliennes désignent des tâches que
l'Etat ne doit pas ou ne peut pas déléguer à des sociétés privées. La liste des
droits ou fonctions régaliennes dépendent du système politique et de l'opinion
de chacun.
Dans
notre régime démocratique, l’Etat a les prérogatives suivantes :
Assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du
territoire ;
Assurer la sécurité intérieure et le maintien de l'ordre public, avec,
notamment, des forces de police ;
Définir le droit et rendre la justice ;
Détenir la souveraineté économique et
financière en émettant de la monnaie,
notamment par le biais d'une banque centrale.
Géopolitique et
Géostratégie
L’intérêt
général d’une nation relève de son positionnement géopolitique dans le concert
des nations et de ses relations internationales. Les enjeux de la géostratégie
sont multiples : approvisionnements en matières premières, gestion des
conflits, mouvements autonomistes, gestion des flux migratoires, lutte contre
le terrorisme, rayonnement de la langue et de la culture (francophonie, musées,
Radio France Internationale), accueil d’étudiants et de professeurs étrangers, relations
industrielles et commerciales,
prolifération nucléaire, marchés de l’armement, alliances militaires,
protection de l’environnement, du climat et des espèces vivantes, régulation
des marchés, normes internationales, Internet, organismes internationaux,
projets internationaux, etc.
Les dérives de l’intérêt général.
Les petites et grandes tyrannies s’abritent
la plupart du temps derrière l’intérêt général. Elles expriment le goût du
pouvoir, l’intérêt particulier, mais aussi des perversions narcissiques voire
sadiques d’individus. Elles peuvent toucher toutes les sphères de la vie en
société : la famille, l’école, l’entreprise, les services de police,
l’administration, la justice, le monde carcéral, les milieux religieux, les
milieux médicalisés, les armées. Toutes ces institutions ont des missions
d’intérêt général et connaissent des dérives récurrentes qui nécessitent des
systèmes de contrôle, voire de contrôle du contrôle.
Propos entendus
L’Etat
distingue les associations d’intérêt général des autres.
L’intérêt
général et l’intérêt particulier sont les deux faces d’une même médaille.
Ils
s’équilibrent et sont complémentaires dans un conflit permanent.
Tout
ordre social est une fiction.
Le
bien, c’est les deux faces de la médaille.
Un
organisme vivant est un ensemble de cellules élémentaires qui survivent grâce à
l’organisme qu’elles font vivre.
L’intérêt
général passe par la conscience et la morale.
La
liberté et l’égalité sont des concepts politiques. La fraternité fait appel à
la morale.
L’intérêt
= inter est = ce qui est entre les gens.
L’intérêt
général ne va pas toujours dans le sens de la morale, par exemple la
prostitution.
L’intérêt
général relève de l’interprétation personnelle.
Dans
notre société mondialisée, il est de plus en plus difficile de définir l’intérêt
général.
On
ne sait plus où on en est.
L’intérêt
général varie en fonction de l’échelle de tailles des organisations sociales et
de l’échelle de temps. On ne peut pas dissocier l’intérêt général du groupe
d’appartenance.
Il
faut une autorité pour légitimer l’intérêt général.
Pour
Rousseau l’autorité, c’est le peuple.
Il
manque le motif humaniste pour stimuler l’intérêt général. Toute réadaptation
est un progrès. L’intérêt général est que chacun puisse être authentique.
Au 5ème
siècle av. JC, la monarchie a été abolie à Rome et remplacée par la république
par les aristocrates. L’esclavage faisait partie de l’intérêt général.
L’IP
dicte les limites de l’ l’intérêt général et réciproquement.
L’économique
prime toujours.
L’intérêt
général crée des discriminations.
Les
sociétés les plus pauvres sont les plus solidaires.
Hitler
parlait de l’intérêt général.
L’intérêt
général c’est du qualitatif et du quantitatif.
Beaucoup
de gens servent l’intérêt général sans être reconnus.
Les
limites entre l’intérêt particulier et l’intérêt général sont le bien général.
L’intérêt
général oscille entre Rousseau et Marx.
Je
suis impressionné par les « Pigeons » qui luttent pour la survie des
entreprises.
Les
patriotismes nationaux et économiques sont préoccupants.
Les
bonnes actions doivent servir de guides.
L’intérêt
général possède un périmètre.
L’intérêt
général est fluctuant.
L’histoire
humaine change d’ère. Je ne suis pas optimiste sur l’intérêt général.
Il
faut lutter pour l’intérêt général. Certains sacrifient leur vie.
Les
rapports entre l’intérêt particulier et l’intérêt général sont compliqués. Il
faut beaucoup d’explications ainsi que des référendums.
Il
faut des responsables avec du recul.
Jamais
la vérité n’est dite pour calmer les esprits.
Il y
a beaucoup de manipulation de l’intérêt général. Mais j’y crois.
L’idéalisation
de l’intérêt général ne correspond à rien.
L’intérêt
général est à géométrie variable dans l’espace et le temps.
Les
mots de l’intérêt général ont des sens différents selon les pays. Socialiste
est une injure aux Etats –Unis. Laïc est un crime en Afghanistan.
La
guerre en Afghanistan sert le lobby des armes.
L’intérêt
général est un état fragile. C’est lorsque chacun sent un lien avec l’autre.
Les
intérêts particuliers sont souvent cachés.
L’intérêt
général c’est le progrès de la dignité humaine.
Il
faut être conscient de ses avantages personnels.
Il
ne faut pas supprimer l’intérêt particulier, car l’individu a une valeur en
soi.
Pour
l’économiste Daniel
Cohen, « l’Homo economicus » est essentiellement non économique.
Etre
citoyen c’est penser en terme l’intérêt général.
« Le
problème n'est pas de supprimer l'intérêt privé, mais de le purifier et de
l'anoblir; de le saisir dans des structures sociales ordonnées au bien commun,
et aussi (et c'est le point capital), de le transformer intérieurement par le
sens de la communion et de l'amitié fraternelle. »’ Jacques Maritain,
Humanisme intégral, 1936, p. 201.
« Il
y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous ». Épictète (50-125 ou
130 ap. J.-C.)
Citations
« Le
pur intérêt personnel est devenu à peu près indéfinissable, tant il y entre
d'intérêt général.» Henri Bergson
«
Ceux qui croient agir en fonction de l'intérêt général sont en réalité conduits
à favoriser des intérêts particuliers qui ne font pas partie de leurs
intentions. » Milton Friedman
«
Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d'abord le pouvoir
politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l'intérêt
général. » Karl Marx
« On
doit se dévouer à l'intérêt public. » Cicéron
« Si
tu n'es pas honnête par conviction, sois-le par intérêt. » Anonyme
«
Nous ne sentons les maux publics que s’ils touchent à nos intérêts
particuliers. » Tite-Live
«
L'utilité de la vertu est si manifeste que les méchants la pratiquent par
intérêt. » Vauvenargues
«
Souvenez-vous que l'intérêt des compagnies pharmaceutiques est la maladie. »
William
Burroughs
«
L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de
cette chose. »
Voltaire
«
Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie. » Friedrich
Nietzsche
« Un
ambassadeur est un honnête homme que l'on envoie mentir à l'étranger dans
l'intérêt de son pays. » Henry Wotton
« L’État
peut être légal mais il n’est légitime que lorsque, à la tête de la nation, il
reste l’arbitre qui garantit la justice et ajuste l’intérêt général aux
libertés particulières. » Albert Camus
«
Depuis que le capitalisme existe, la croissance est toujours le fruit d’une
coopération réussie entre la puissance publique et l’initiative privée, entre
l’intérêt général et l’intérêt particulier. » Nicolas Sarkozy
Tocqueville (1805-1859)
et le lien entre l'intérêt privé et l'intérêt général
« Les
affaires générales d'un pays n'occupent que les principaux citoyens. Ceux-là ne
se rassemblent que de loin en loin dans les mêmes lieux ; et, comme il arrive
souvent qu'ensuite ils se perdent de vue, il ne s'établit pas entre eux de
liens durables. Mais quand il s'agit de faire régler les affaires particulières
d'un canton par les hommes qui l'habitent, les mêmes individus sont toujours en
contact, et ils sont en quelque sorte forcés de se connaître et de se
complaire. On tire difficilement un homme de lui-même pour l'intéresser à la
destinée de tout l'État, parce qu'il comprend mal l'influence que la destinée
de l'État peut exercer sur son sort. Mais faut-il faire passer un chemin au
bout de son domaine, il verra d'un premier coup d'œil qu'il se rencontre un
rapport entre cette petite affaire publique et ses plus grandes affaires
privées, et il découvrira, sans qu'on le lui montre, le lien étroit qui unit
ici l'intérêt particulier à l'intérêt général. C'est donc en chargeant les
citoyens de l'administration des petites affaires, bien plus qu'en leur livrant
le gouvernement des grandes, qu'on les intéresse au bien public et qu'on leur
fait voir le besoin qu'ils ont sans cesse les uns des autres pour le produire.
On peut, par une action d'éclat, captiver tout à coup la faveur d'un peuple ;
mais, pour gagner l'amour et le respect de la population qui vous entoure, il
faut une longue succession de petits services rendus, de bons offices obscurs,
une habitude constante de bienveillance et une réputation bien établie de
désintéressement. Les libertés locales, qui font qu'un grand nombre de citoyens
mettent du prix à l'affection de leurs voisins et de leurs proches, ramènent
donc sans cesse les hommes les uns vers les autres, en dépit des instincts qui
les séparent, et les forcent à s'entraider. » De la Démocratie en Amérique.
lundi 22 octobre 2012
Compte rendu du café philo du 20 octobre 2012 à Domont
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Danseur Soufi |
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Corinne Féron, chanteuse lyrique |
Quelque trente-cinq personnes ont participé à notre
rencontre-débat ce samedi soir 20 octobre 2012 au collège Aristide Briand qui
abritait la 17ème Foire du livre de Domont (Val d’Oise). Messieurs
Robert Daviot, conseiller général du Val-d’Oise, et Alexandre Rodriguez-Mekki,
chef d’établissement, avaient eu la bonne idée de compléter cette manifestation
par un débat plus philosophique. Le thème préparé et animé par Catherine
Delaunay et Pierre Haller était : « Quelles cultures au 21ème siècle ? ». La
soirée a été agrémentée par quelques purs moments de grâce artistique. Corinne
Féron, accompagnée au piano par Delphine Armand nous ont toutes deux envoûtés au
cours de leur récital de chants lyriques. La BIP (Brigade d’Intervention
Poétique), un groupe d’élèves du collège piloté par leur professeure Isabelle
Straëbler, ont récité de courts poèmes de Verlaine et de Herrera Marin (en
espagnol !!). Claire Ubac a lu un extrait de son roman
« Ne sois pas timide ». Et pour finir, Marguerite Bertoni a récité son
poème « Etreinte » et Alain Penso a déclamé en impromptu le
poème de Charles Péguy « Châteaux de Loire » qu’il avait appris dans son enfance.
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Altamira |
Au cours de l’histoire de l’humanité le mot culture a pris
différents sens.
-
La
culture de la terre au sens agricole dès l’antiquité.
-
La
culture de l’esprit dans le sens intellectuel au 1er siècle avant
J.C.
-
La
culture au sens humaniste à la Renaissance.
-
La
culture au sens anthropologique et sociologique au 19ème siècle
reconnaissant que chaque société possède une culture.
-
La
culture de masse dans la seconde partie du 20ème siècle.
-
La
culture numérique à partir de 1990.
L’objet du débat est d’envisager l’avenir pour toutes ces
cultures.
Lors des conquêtes de colonisation au 19ème siècle
les Européens ont prétendu apporter la culture aux autres peuples. Pour Bronisław
Malinowski, (1884-1942) la culture est constituée de l’ensemble des productions
d’une société destinées à assurer sa survie. Tout ce qui est chargé de sens
relève de la culture. A l’époque actuelle, la culture connaît un glissement de
sens, passant de l’élitaire à la distraction et au loisir. C’est un objet de
consommation. Edgar Morin
(1921-) souligne l’aspect polyculturel de masse et la cohabitation des cultures
humanistes, religieuses, sportives...
La culture numérique est parfois appelée 6ème
continent en expansion. Tous les savoirs sont disponibles et déjà distribués.
Les facultés sont décuplées. Les interlocuteurs sont pléthoriques. La liberté
d’expression est en principe totale. C’est la revanche de la masse sur l’élite,
selon Michel Serres
(1930-) dans « Petite
Poucette ». Par contre, l’information ce n’est pas la culture ;
celle-ci s’appuie sur la conceptualisation. Il faut inventer de nouveaux modes
d’emplois pour apprendre à apprendre. L’ordinateur ne remplacera jamais
le cerveau humain doué de a) désir
de savoir, b) d’intériorisation du
savoir en se mettant en rapport avec des savoirs antérieurs, c) d’interprétation du savoir.
L’adage de Montaigne
(1533-1592) « Il vaut mieux une
tête bien faite qu’une tête bien pleine » reste d’actualité.
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Si l’homme était un animal ordinaire, le poids de son cerveau par rapport au poids de son corps serait de
l’ordre de 600 grammes au lieu de 1300 grammes. C’est avec ce supplément de 700
grammes que sont fabriquées sa culture et sa barbarie, qui semblent constituer
les deux faces de sa nature profonde.
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Picasso, Guernica |
Définition
En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature, c'est-à-dire ce
qui est de l'ordre de l'acquis et non de
l'inné. Claude
Lévi-Strauss (1908-2009) considère que la culture est naturelle à l'homme.
Tous les hommes en ont une. L’état de nature (état pré-culturel) ne serait que
pure fiction. La culture a longtemps été considérée comme un trait
caractéristique de l'humanité, qui la distinguait des animaux. Mais des travaux
récents en éthologie et en primatologie ont montré l'existence de cultures
animales.
En sociologie, la culture est définie comme "ce qui est commun à un groupe d'individus
et comme ce qui l’identifie et le soude. Elle évolue dans le temps par des
échanges. Elle se constitue en manières distinctes d'être, de penser, d'agir et
de communiquer.
Il existerait 150
définitions
différentes du mot culture :
Culture générale, culture d’entreprise, culture d’ingénieur,
religieuse, le sacré, artistique,
littéraire, scientifique, biens culturels, ministère de la culture, us et
coutumes, comportements, savoirs, éthique, paradigmes, valeurs, normes,
artefacts, institutions politiques, sociales, économiques, culture individuelle
ou collective, cuisine, habitat,
vêtements, monuments, rites sociaux et religieux, langues et langages, etc.
Les modes de
transmission des cultures : oralité, l’école, les livres, l’architecture, les œuvres
d’art, l’écriture, les médias, l’Internet. Les objets matériels et immatériels
de la culture constituent le patrimoine collectif transmis comme héritage de
génération en génération.
Les modes de
transformation des cultures : les intellectuels, les inventeurs, les artistes, les artisans, les rencontres des
cultures, les migrations, les guerres, les mariages, les traductions et les
erreurs de traduction.
Tout comme il y a une
évolution biologique, certains éthologues, ainsi que plusieurs généticiens,
estiment qu’il y a une évolution
culturelle, et que cette évolution se fait par mutation, puis est transmise
par des "gènes" de la culture, appelés mèmes, par l’éthologiste Richard Dawkins (1941-)
qui subissent une pression sociale et environnementale, aboutissant à leur
disparition ou au contraire à leur expansion en fonction de leur plasticité.
La culture populaire
Historiquement les pouvoirs religieux et civiles ont adossé
leur légitimité voire leur auto-célébration à des œuvres d’art :
monuments, temples, cathédrales, parures, orfèvrerie, musées, livres, la
musique, l’opéra, etc. Une certaine culture normative a toujours participé à la
stabilité sociale et à la création de sens pour les personnes. La culture est
aussi un facteur de différenciation, d’identification, voire de discrimination
sociale.
Au 19ème siècle des industriels et des « utopistes »
(Charles Fourier, Jean-Baptiste
Godin, Maurice
Pottecher) se sont attachés à développer l’accès à la culture pour les
ouvriers. L’instruction des enfants fut rendue obligatoire en 1882 par
Jules Ferry.
Le concept d’université populaire a pris naissance au Danemark au 19ème
siècle. En France, la première est créée en 1896 dans le contexte de l’affaire
Dreyfus. C’est depuis 1963 que le concept s’est développé de manière importante
à partir de Mulhouse à l’instar des « Volkshochschulen » allemandes.
Au 20ème siècle, ce fut la création des comités d'entreprise qui permit aux
employés de bénéficier d’activités culturelles proches de leur lieu de travail
(prêt de livres, de disques…). Les MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture) ont connu
différentes phases de développement depuis 1905 avec un essor particulier à
partir de 1959 sous de Gaulle.
La vie associative en France comporte un million d’associations
loi 1901 auxquelles adhèrent 33 % de la population. 23 % des associations ont
pour objet la culture, les loisirs et le tourisme ; 8,5% la formation et
l’éducation.
Les activités de mécénat, fort
anciennes, se sont multipliées, afin
de renforcer l’image des entreprises : par exemple le sport (voile, tennis,
football, cyclisme…), pour donner une image d’esprit d'équipe. Le mécénat tend
à s’ouvrir aujourd’hui à des activités plus artistiques.
![]() |
Canaletto, Place Saint-Marc de Venise |
La tradition d’intervention du pouvoir en matière culturelle
remonte à François Ier et Louis XIV, qui soutiennent les artistes par des
bourses et commandent des œuvres d’art. Cette tradition s’est perpétuée. Le
préambule de la constitution de 1948, repris dans celle de 1956, stipule que la
« nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la
formation professionnelle et à la culture. » Le ministère de la culture a été
créé en 1956 sous la direction d’André Malraux.
Le budget de la culture
En 2013, le ministère de la Culture et de la Communication
bénéficiera d’un budget de 7,4 milliards d’euros : 3,55 milliards d’euros en
faveur des secteurs de la culture, de la recherche et des médias et 3,83
milliards d’euros en faveur de l’audiovisuel public.
Selon l’Insee, les ménages consacrent de l’ordre de 4 % de leur budget à
la culture et à la récréation (dont 1% aux jeux de hasard ...).
L’Union
Européenne
La politique européenne pour la culture a été développée en parallèle de la
construction de l'Union européenne. Voici une liste de programmes culturels
européens : MEDIA, Capitale européenne de la culture, Mois européen de la culture, Itinéraire culturel européen,
programme Éducation et Formation Tout
au Long de la Vie (EFTLV)/Lifelong Learning (LLL),
Erasmus, Erasmus Mundus, Journées européennes du patrimoine, Bibliothèque européenne, Bibliothèque numérique Europeana.
Anthropologie de la
culture
La culture est constituée d’informations, des supports de ces
informations et de pratiques. La fonction cognitive de l’humain, nécessaire à
son action sur le monde, est composée de la
mémoire, de l’imagination et de la raison. Ces modes de fonctionnement
reposent à la fois sur des processus mentaux intériorisés et sur des supports
extérieurs, vecteurs de la diffusion de
la culture. Chaque nouvelle technique a généré un saut qualitatif et
quantitatif de la culture, transformant les sciences, les arts, les mœurs et
même les fonctionnements cérébraux des individus. Socrate (-470, -399)
déplorait que l’écriture appauvrisse la mémoire et la capacité de raisonnement.
L’imprimerie a mis en danger les pouvoirs des princes des religions et
temporels qui ont longtemps cherché en vain à ne pas en perdre le contrôle. La
télévision a conduit à des transformations des mentalités dans les années 1960
en occident et touche depuis lors l’ensemble de l’humanité.
L'ordinateur nuirait à la mémoire : des scientifiques mettent
en garde contre "la démence numérique".
L’internet
L’Internet mondialisé et les ordinateurs sont aujourd’hui les
ultimes avatars de ces vecteurs de culture. Ils bouleversent tout. Les capacités
de stockage de mémoire sont quasi infinies et chaque information est accessible
grâce aux extraordinaires algorithmes des moteurs de recherche. L’information
factuelle et visuelle se transmet instantanément sur tout le globe. Chaque jour
s’inventent de nouvelles applications étendant considérablement les capacités
de « raisonnement » des personnes (ou leur neutralisation !).
Cette révolution remet en cause les pouvoirs de ceux qui
dictaient ce qu’est la culture ainsi que le rôle des vecteurs traditionnels,
comme l’école, l’université, le ministère de la culture, le marché de l’art, le
livre ou la télévision. Elle est, comme toutes les révolutions, porteuse du
meilleur, du pire et de l’incertain.
Le meilleur, c’est le brassage d’idées permettant à chacun d’accéder à la diversité de l’information, le traitement et le partage de données scientifiques, l’ouverture des cultures, de donner la voix aux sans voix, l’émancipation des femmes, l’évolution des identités collectives (notamment meurtrières dont parle Amin Maalouf), l’avancée de la démocratie, les préoccupations environnementales et humanitaires.
Les logiciels libres et l’Open source constituent d’extraordinaires gisements de créativité et de coopération entre des milliers de développeurs dans le monde. Ils devraient être porteurs de valeurs humanistes.
Le pire risque, c’est l’émergence de nouvelles formes de criminalité, de manipulations de masse, de désinformation, de contrôle totalitaire des sociétés, la banalisation du spectacle de violence, la virtualisation de la réalité, le renforcement de la société de spectacle et de consommation.
L’incertain, c’est la relativisation de toute valeur, le nivellement de toutes les cultures ou l’affermissement des fondamentalismes, le renforcement de la société marchande, la dénonciation ou la banalisation de la violence.
Le meilleur, c’est le brassage d’idées permettant à chacun d’accéder à la diversité de l’information, le traitement et le partage de données scientifiques, l’ouverture des cultures, de donner la voix aux sans voix, l’émancipation des femmes, l’évolution des identités collectives (notamment meurtrières dont parle Amin Maalouf), l’avancée de la démocratie, les préoccupations environnementales et humanitaires.
Les logiciels libres et l’Open source constituent d’extraordinaires gisements de créativité et de coopération entre des milliers de développeurs dans le monde. Ils devraient être porteurs de valeurs humanistes.
Le pire risque, c’est l’émergence de nouvelles formes de criminalité, de manipulations de masse, de désinformation, de contrôle totalitaire des sociétés, la banalisation du spectacle de violence, la virtualisation de la réalité, le renforcement de la société de spectacle et de consommation.
L’incertain, c’est la relativisation de toute valeur, le nivellement de toutes les cultures ou l’affermissement des fondamentalismes, le renforcement de la société marchande, la dénonciation ou la banalisation de la violence.
Tout comme il n’était probablement pas possible d’imaginer
l’impact de l’imprimerie au 15ème siècle, il n’est pas possible de
se projeter dans l’avenir du monde informatisé. Tout ce qu’on sait est que le processus est irréversible.
La marque Apple a
choisi comme logo une pomme entamée en souvenir du mathématicien fondateur de l’informatique
Alan Türing (1912-1954),
qui a croqué une pomme empoisonnée pour se suicider, apparemment à la suite du
harcèlement et l’emprisonnement dont il fut l’objet à cause de son
homosexualité. Alan Türing aurait choisi cette manière de mourir en mémoire de
Blanche Neige qui a également croqué une pomme empoisonnée. Mais on peut voir
dans cette pomme croquée une réminiscence du récit biblique du fruit de l’arbre de la connaissance
qui est à l’origine de toute l’aventure humaine pour le meilleur et pour le
pire.
Les défis culturels
dans la modernité
Une évolution
culturelle ne s’impose pas, elle s’accompagne. Les révolutions culturelles pilotées politiquement par les idéologues du 20ème siècle
en Europe, en Russie, en Asie, ont été des retours
à la barbarie et se sont accompagnées de millions de victimes. Les
nouvelles technologies conduisent à des ordres et des désordres nouveaux. Les
problématiques sont individuelles, nationales, mondiales. Elles suscitent de
multiples questionnements.
Individuel : Quelles culture, quelles
connaissances, quelles capacités intellectuelles, quelles valeurs sont
nécessaire pour s’intégrer dans la société numérisée et donner du sens à la
vie ?
National : Quelles interventions de l’Etat dans
l’éducation, dans le patrimoine culturel ? Quels équilibres privé –
public ? Quid de l’éducation populaire ? Quid du soutien aux
associations culturelles, à la presse, aux médias, à l’industrie
culturelle ? Quid de la promotion de l’excellence ? Quid de la
reproduction des inégalités par la culture ? Quid du
multiculturalisme ? La culture doit-elle être soumise aux lois du
marché ? Quels contrôles étatiques minimums sont nécessaires ?
Faut-il réécrire les histoires nationales ? Quels contenus des programmes
scolaires ? Quelle politique des loisirs culturels ? (« La société de masse ne veut pas la
culture mais les loisirs. » Hannah
Arendt.) . Quid de la culture –spectacle ? La culture reste-t-elle
un instrument de discrimination ou d’intégration ? Quid de la mainmise de
coteries sur la culture ? (« La culture, c'est connaître cent mots de plus
que les autres. » Frédéric
Dard). Les institutions culturelles sont exposées aux mêmes risques que
toutes les institutions, le repli sur soi narcissique, l’auto-proclamation,
l’entre soi, le clanisme, l’opacité.
Mondial :
Quid du sauvetage des cultures et langues en voie de disparition ? Le choc
des cultures existe-t-il ? Quid de la domination de l’anglais ? Quid
de la montée en puissance de la Chine et de l’Inde ? Quid des droits de
propriété de l’information ? Quid des pays qui ont un accès restreint aux
NTIC (Nouvelles
technologies de l’information et de la communication)? Quid de la mainmise sur
les NTIC par des géants mondiaux (Google, Microsoft,) ? Quid du risque de prise
de pouvoir mondial ? Quid du risque d’instabilité systémique du monde
hautement interconnecté ?
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Propos entendus
-
Les
NTIC changent les méthodes de
production d’œuvres, notamment cinématographiques. On peut réaliser une œuvre à
l’aide d’un téléphone portable.
-
Bien
des gens cultivés se sont avérés être des barbares.
-
La
télé ne dit pas toujours la vérité. La diversité des sources d’information
permet d’approcher la vérité.
-
Un
professeur a réalisé une fausse page Wikipédia dans l’intention d’en démontrer
les limites.
-
On
croit souvent que quelque chose est vrai puisque c’est sur Internet ou sur la
télé. Les gens ont appris à se méfier.
-
Wikipédia
reste une excellente source d’information en général fiable.
-
Le
copier-coller, ce n’est pas de la culture.
-
La
facilité d’accès à l’information limite la vraie communication entre les gens,
celle-ci passe par le cœur et le corps.
-
Internet
est une information extérieure à soi.
-
La
culture suit un projet personnel.
-
L’excès
de connaissances est assimilable à la boulimie. On a le droit de ne pas savoir.
-
Je
sais que je ne sais rien.
-
Comme
Descartes, il faut savoir
faire table rase par le doute et n’affirmer que ce qu’on a compris.
-
On
a le droit d’être curieux de tout.
-
Internet
n’est qu’un outil, mais on ne peut pas rivaliser avec lui.
-
Le
professeur doit aider à s’approprier les savoirs.
-
Les
enseignants doivent se former à ces nouveaux outils.
-
Je
suis venu au café philo par Internet.
-
On
ne brûlera plus jamais de livres.
-
Les
hackers ont Internet à cœur.
-
L’humanisme
disparaît avec Internet.
-
Le
respect mutuel est une valeur culturelle.
-
Les
informations que nous partageons ne nous dépossèdent pas, contrairement aux
objets.
-
Il
n’y a plus assez d’étudiants en licence pour le latin-grec.
-
L’ordinateur
popularise la créativité artistique ou scientifique.
-
Les
cultures sont en passe de s’universaliser.
-
L’universalisation,
oui ; la globalisation, non !
-
La
culture ce n’est pas le loisir.
-
L’artiste
est un éveilleur.
-
Les
cafés philo nous forment à l’échange et à l’écoute mutuelle.
-
Les
déplacements et les contacts de personne à personne sont essentiels à l’échange.
-
Chez
les Indiens Navarro, à l’approche de la mort, il faut partager son expérience
de vie avec huit personnes qu’on ne connaît pas.
-
Il
y a six milliards de cultures sur terre.
-
La
culture a commencé à la préhistoire.
-
Les
peintures sur les corps chez les aborigènes sont aussi de la culture.
-
Connaître
et vivre, ce n’est pas la même chose.
-
Aller
au marché c’est mieux que de faire les courses par Internet.
-
Il
faut partager les cultures pour éviter la pensée unique.
-
Pour
apprendre, il faut des émotions. Sans émotion, on décroche.
-
La
culture ce n’est pas que de la rationalité ; il a la beauté et l’empathie.
-
La
culture doit être un garde-fou contre la barbarie récurrente dans l’histoire
humaine.
-
Chacun
peut être un acteur et pas seulement un consommateur de culture.
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Poèmes récités par les
élèves de la Brigade d’Intervention poétique
![]() |
Olivier Herrera Marin |
Olivier Herrera Marin (présent à la fête du livre de Domont)
ERES TÚ
No eres el sol,
ni eres la luna,
eres TÚ y me basta,
para soñarte,
para amartemás que a
mi vida.
(Besa las estrellas)
(1993) ...
Paul VERLAINE (1844-1896)
Il pleure dans mon
coeur
Comme il pleut sur
la ville;
Quelle est cette
langueur
Qui pénètre mon
coeur ?
Ô bruit doux de la
pluie
Par terre et sur les
toits !
Pour un coeur qui
s'ennuie,
Ô le chant de la
pluie !
Il pleure sans
raison
Dans ce coeur qui
s'écoeure.
Quoi ! nulle
trahison ?...
Ce deuil est sans
raison.
C'est bien la pire
peine
De ne savoir
pourquoi
Sans amour et sans
haine
Mon coeur a tant de
peine !
---------------------
Citations
« Le déterminisme ne met pas seulement en cause la liberté
humaine. Il rend impossible la rencontre de la réalité qui est la vocation même
de notre connaissance. » Prigogine, La fin des certitudes 1996
« Regardez Skype, c’est fascinant : le siège est au
Luxembourg, les comptables en Suisse, les commerciaux en Italie, les fondateurs
à Londres. »
« Le culturel conserve, la culture cultive. » Bernard Lubat
« Aucune culture n'est l'entière vérité. » Richard Hoggart
« La culture ne s'hérite pas, elle se conquiert. » André
Malraux
« Le diplôme est l'ennemi mortel de la culture. » Paul Valéry
« La véritable école du Commandement est la culture générale.
» Charles de Gaulle
« L'enracinement dans une culture peut permettre un accès à
l'universel, pour autant qu'il s'agisse d'une culture ouverte. » Mireille
Delmas-Marty
« La culture, c'est ce qui relie les savoirs et les féconde.
» Edgar Morin
« Aucune culture, aucune religion, aucune civilisation n'est
à l'abri de la destruction. » Jacques Ruffié
« La société de masse ne veut pas la culture mais les
loisirs. » Hannah Arendt
« La science ne doit plus être exclusive mais faire partie
intégrante de la culture. » Trinh Xuan Thuan
« Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver.
» (Hanns Johst). Mais aussi « Quand
j’entends le mot révolver, je sors ma culture. » (Francis Blanche) ou « Quand
j'entends le mot culture, je sors mon carnet de chèques. » (Jean-Luc Godard)
« Faire de l'orthographe le signe de la culture, signe des
temps et de sottise. » Paul Valéry
« Culture et élite
sont deux mots qui ne vont pas ensemble. » Marie-Claude Pietragalla
« La religion fait partie de la culture, non comme dogme, ni
même comme croyance, comme cri. » Maurice Merleau-Ponty
« La culture, devenue intégralement marchandise, doit aussi
devenir la marchandise vedette de la société spectaculaire. » Guy Debord
« L’Etat est un rempart nécessaire pour éviter une culture
uniformisée et soumise aux réalités économiques. » Jacques Chirac
« La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un
accident de l'univers. » André Malraux
« Ce qu'on nomme culture consiste, pour une partie des
intellectuels, à persécuter l'autre partie. » Jean-François Revel
« Tout homme persécute s’il ne peut convertir. A quoi remédie
la culture qui rend la diversité adorable. » Alain
« L'humour est un phénomène produit par une précipitation
soudaine de la culture dans la barbarie.» Wyndham Lewis
« C’est ça la culture, c’est un peu chiant, c’est bien ;
chacun est renvoyé à son propre néant. » Michel Houellebecq
« Celui qui veut assassiner un peuple, détruira son âme,
profanera ses croyances, ses religions, niera sa culture et son histoire. »
Jean-Marie Adiaffi
You don't
have to burn books to destroy a culture. Just get people to stop reading them. Ray Bradbury. (Ce n’est pas la peine
de brûler des livres pour détruire une culture. Faites juste que les gens s’arrêtent
de les lire.)
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