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dimanche 27 novembre 2011

LA CULTURE PERMET-ELLE D'ECHAPPER A LA BARBARIE ?


LA CULTURE PERMET-ELLE D'ECHAPPER A LA BARBARIE ?
Contribution de Georges Sananès au café philo du 25 novembre 2011

La formulation du sujet de ce débat laisse supposer un antagonisme foncier entre culture et barbarie : la culture serait alors l'antidote à la barbarie. C'est à dire qu'en partant de ce postulat, on ne pourrait pas construire un titre tel : "Culture barbare" sans aussitôt construire par là un parfait oxymore dans le rapprochement de ces deux termes que tout semble séparer.
Allons cependant plus avant.
On va prendre comme fil conducteur le regard que porte la culture sur la barbarie, et parallèlement suivre les acceptions successives qu'a prises le mot barbare dans le cours de son élargissement sémantique, et découvrons où et jusqu'où il nous conduit.
D'un simple critère linguistique, le mot a pris rapidement une connotation péjorative, particulièrement par les Romains pour nommer tous les peuples qui se trouvent à l'extérieur du limes, dans le Barbaricum, la "terre des Barbares.
Il n'est que de se souvenir des cartes géographiques produites en Europe jusqu’au XVIe siècle désignaient le Maghreb sous le vocable de Barbarie. Le nom du peuple berbère a la même origine, et même l'espèce de canard originaire des Amériques fut dite canard de Barbarie !
Le barbare n'est donc plus celui dont on ne comprenait pas le langage, c'est maintenant celui qui ne partage pas nos valeurs instituées.
Une réciprocité se dessine en arrière plan de ce constat.
Lévi-Strauss signale à ce propos : "Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie".
Faisons maintenant une grande enjambée dans le temps : nous voici à Berlin en 1941. Le drapeau nazi flotte et a remplacé celui de l'éphémère république de Weimar.
Un auteur dramatique, Hanns Johst évoluant dans le cercle intime du Führer et des SS, produit une pièce de théâtre portant le nom d'un officier martyr. L'histoire a retenu cette pièce pour une réplique passée à la postérité :
«Quand j'entends le mot culture, j'enlève le cran de sûreté de mon browning !»
Nous voilà arrivés là à un point crucial, un point qui n'est pas un simple point de friction entre culture et barbarie, car contrairement aux apparences la culture n'a plus pour cible la barbarie.
La culture à laquelle nous nous proposions de faire appel pour échapper à la barbarie, à laquelle il est censé lui demander de tracer les frontières du territoire de l'homme qui ne veut pas verser dans la barbarie, cette culture nous y plonge d'une manière la plus perverse qui soit, non pas en occultant la barbarie, mais en l'intégrant à elle-même, en nous faisant des barbares malgré nous, par l'éducation qu'elle nous dispense pour nous instruire.
Vient en écho, en contrepoint, cette alerte d'Emmanuel Levinas: "L’être emprisonné, ignorant sa prison est chez soi"!
On aurait pu penser au début de notre réflexion, que dresser l'inventaire de tous les merveilleux esprits, dans toutes les disciplines, qui ont élevé la pensée et la sensibilité humaines à un si haut degré de culture, permettrait de trouver où s'est située la faille.
Illusion : la culture n'est pas un antidote à la barbarie. Eichmann était un amateur éclairé de Bach. Heidegger, alors recteur de l'université de Fribourg, avait pris sa carte du parti nazi et en avait même revêtu l'habit. C'est sous son mandant que HUSSERL est radié du corps professoral en raison de sa judaïté. Culture barbare n'est plus alors un oxymore !
Toute culture peut se prévaloir d'une supériorité selon un critère qui lui est propre, mais comme aucun de ces critères n'est plus pertinent qu'un autre, aucune culture ne peut se considérer comme supérieure aux autres.
Ce que nous avons appris sur la barbarie peut nous suffire. Se pose alors la question ultime : comment, non pas échapper à la barbarie, mais comment aller vers son éradication, comment éviter qu'elle naisse ?
On reste un peu interdit. De quelque coté vers lequel on se tourne, une objection surgit aussitôt :
la culture ? : ce sont les hommes qui l'écrivent,
la religion ? : elle a trop besoin des hommes pour survivre,
le droit : se sont les hommes qui légifèrent,
la société ? : pour qu'elle me dise avec qui coucher et qui j'ai le droit de tuer ? Emmanuel Levinas dit à ce propos : "l'impossibilité de tuer n'est pas réelle, elle est morale".
alors ne rien faire : le non-agir est encore un agir, et cet immobilisme les cautionne tous,
ou bien espérer dans l'avenir : je cite encore Levinas : "On ne peut travailler efficacement pour l'avenir, que si on veut le réaliser immédiatement". Alors que d'occasions manquées, ou alors que d'échecs, que de régressions !
ou encore le retour à la mythologie : je cite à nouveau Levinas : "le mythe fut-il sublime, introduit dans l'âme cet élément trouble, cet élément impur de magie et de sorcellerie et cette ivresse du sacré et de la guerre qui plongent l'animal dans le civilisé".
Il y aurait donc des choses que l'histoire ne peut pas transmettre !
Ce serait alors à la littérature, au théâtre par sa catharsis (ce lieu où on regarde), à la peinture (par la totale la liberté dont elle jouit), à la musique (Dans le film "Le Pianiste" de Roman Polanski, l'officier SS est "démobilisé" par la Ballade en sol mineur de Chopin que joue le pianiste), et tous les autres arts, bref, c'est à eux tous de transmettre, de constituer une culture qui crée du lien.
C'est aussi au droit, mais dans l'unique mesure où c'est sur le mode de la plainte que nous pénétrons dans le monde de l'injuste et du juste.
L'expérience de la reconnaissance juridique donne accès au respect de soi et par la-même à celui des autres. Ce n'est pas un hasard si au sortir de la 2ème guerre mondiale, les hommes ont éprouvé la nécessité de rédiger une déclaration universelle des droits de l'homme.
Notre sens de l'injustice est plus perspicace plus aigu que celui de la justice : c'est l'injustice qui doit nous révolter.
C’est pourquoi, chez les philosophes, c’est l’injustice qui la première met en mouvement la pensée.
Et cette pensée s'étaye sur une injonction dernière, irréductible :
"Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît, ne l'inflige pas à autrui. Le reste n'est que commentaire. Maintenant, va et étudie". (Hillel à ses élèves -40)
Alors, pour s'en sortir, ou mieux encore, pour ne pas y entrer, ne pas donner naissance à la barbarie, on a alors un indispensable besoin de l'Autre. "Je suis responsable du visage de l'Autre", dit Levinas.
Il y a là comme une circularité : ce serait donc ce regard croisé et responsable qui est porté sur l'Autre qui interdirait la barbarie, qui y verserait dès qu'on s'en éloigne.
On serait donc retourné à notre point de départ : vers l'Autre, vers un visage auquel on parle et qu'on écoute. "Les mots qui me sont adressés m’invitent à un rendez-vous où je ne rencontrerai que moi-même mais dont je sortirai toujours quelque peu transformé par les intentions d’un autre" (Alain Bentolila).
C'est là, entre les hommes, que se trouve la clef, mais aussi, toutes les autres !


 Contribution de Martine Kervella au café philo du 25 novembre 2011 
 
Nous prononçons aujourd'hui le mot culture du domaine politique au domaine culinaire. L'Art universel contient aussi bien les grandes symphonies que les arts traditionnels de tous les pays classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Se veut créateur de culture celui ou celle qui s'adonne au vouloir de création qu'il soit intellectuel, artistique, technique ou artisanal. Se veut cultivé celui et celle face à la création qui désirent s'éveiller à cet ensemble d'évènements anciens ou nouveaux de l'archéologie à l'internet. On pourrait peut être penser que l'humain tente de se constituer sa propre culture dans la sphère privée. Mais c'est dans le  monde du travail qui façonne l'être que le principe d'efficacité et  l'incroyable développement de la technique met cet être face à une  incessante création et aussi face à des contraintes parfois insupportables. L’homme proie de son imagination a dû sans cesse la confronter au réel pour sa survie son bien-être et même ses croyances religieuses. D'où le développement de la technique et des mathématiques présentes déjà au cœur de toutes les civilisations dans l'habitat et les tombeaux, voire aussi dans la sculpture et la musique. La barbarie est toujours née du besoin des peuples érigés en empire d'agrandir leur espace vital et aujourd’hui d'acquérir des matières premières. Cela peut donner les grandes civilisations antiques pratiquant l'esclavage et la cruauté (le cirque romain) ainsi que la sculpture et aussi le mal absolu du 3ème Reich, grand pilleur de tableaux. L’internet permet la communication universelle et aussi les attentats de New York. Nous sommes aussi prévenus que la barbarie peut naître de la ruine morale et matérielle d'un peuple devenu fou. Alors quand la nécessité absolue l'exige les êtres sont en droit légitime de défendre les plus hauts acquis de la civilisation en faisant la guerre. Car peut-on être tolérant face à l'intolérable ? L'ultime motivation est l'appui sur la culture qui permet la prise de conscience et l'acte engagé. Accepter les aspects les plus remarquables d'autres civilisations c'est parfois se forger une identité plus forte en même temps que perdre quelques éléments de ses propres certitudes. L’absence des droits de l'homme en Chine n'empêche pas 4 millions de pianistes chinois de jouer la musique occidentale. On peut apprécier une culture mais pas son régime politique. Sept royaumes, aux dires de Jean-François Susbielle, devront cohabiter dans le futur! Dès lors il semblerait que la connaissance des autres civilisations dans l'ordre géopolitique mondial sera liée au développement de la science récente qu'est  l'anthropologie. Certains peuples persistent malgré la modernité à conserver leur identité (Maori de Nouvelle-Zélande). Car c'est bien grâce à cette diversité culturelle que 9 milliards d'individus ne  seront jamais identiques mais prenons garde à l'avertissement de Nietzsche  "derrière chaque mot, un préjugé" car l'homme campe malgré sa curiosité mais à cause de son irrationnel sur des certitudes qu'il veut rassurantes.