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samedi 1 octobre 2011

Compte rendu du café philo du 30 septembre 2011 - populisme







La tentation du populisme en politique



Nous étions une quarantaine de personnes ce vendredi soir 30 septembre 2011 dans ce nouveau lieu abritant notre café philo. Yann, le patron du « Biouti », nous a fort bien accueillis et nous l’en remercions. Après l’ouverture de la séance, consacrée au choix des sujets pour les mois de novembre 2011 et de janvier 2012 (voir plus haut le programme) nous avons abordé, sous l'angle de la philosophie politique,  entre gens de bonne compagnie et avec sérénité, le sujet de « la tentation du populisme en politique ».


Le 15 août 2011 Arte a diffusé l’opéra de Wagner « Rienzi ».

Dans la Rome médiévale, alors que s'opposent les patriciens Colonna et Orsini, surgit l'homme providentiel, Rienzi issu du peuple pour le peuple. Il clame son indignation contre les nobles et l’Eglise ainsi que son engagement pour les libertés. Rienzi, acclamé par le peuple, devient le premier citoyen romain, élevé au rang de Tribun du peuple. Ivre de son pouvoir, il se compromet progressivement dans les jeux politiques et le chaos finit par se réinstaller dans Rome. Il périra dans l’effondrement du Capitole. Pour Wagner, il s'agissait dans cet opéra de jeunesse (créé à Dresde en 1842) d'affirmer la figure d'un démocrate libertaire et révolutionnaire; le compositeur a lui-même participé aux révolutions de 1848 en passant des armes en contrebande.

C'est l'opéra le plus scandaleux de Wagner : Hitler y puisa la révélation de sa mission politique, comme une justification de sa propre destinée ; en Rienzi, le caporal autrichien trouva le modèle du héros libérateur, porteur d'une nouvelle société...

Cet opéra pourrait servir d’illustration de notre thème de cette soirée : « La tentation du populisme en politique ». Il met en exergue les différents ingrédients du populisme et des trajectoires historiques qu’il génère : appel à la vertu, appel au peuple, désignation d’un ennemi de classe, simplification des problèmes, radicalité des solutions. Apparemment Hitler n’a retenu qu’une partie de la leçon de Rienzi, puisque l’opéra se termine, tout comme sa propre histoire, sur le retour à la barbarie, la ruine complète du pays et sur sa propre mort tragique. L’instinct de mort semble roder dans les coulisses du populisme.


Qu’est-ce que le populisme ?

Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, critiquant les élites et prônant le recours au peuple (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti. Quelques caractères essentiels sont : il est protestataire, identitaire et nationaliste, autoritaire, démagogique et manipulatoire, moralisateur et nostalgique de l’ordre ancien.


Pourquoi la tentation du populisme ?

Il est simplificateur des problèmes et des solutions tant pour les leaders que pour le peuple. Il se greffe sur des contextes économiques de crise (déclin de l’occident face aux pays émergents). Il s’inscrit aussi dans un contexte de bouleversements des identités nationales, culturelles et religieuses notamment par les migrations. Les dysfonctionnements politiques de la démocratie parlementaire et des institutions européennes engendrent la défiance. La cohésion sociale est bouleversée par les inégalités, le chômage et la misère. La perte des repères moraux en occident engendre un désir de retour vers le passé qu’on pourrait nommer « le populisme patrimonial ».

Le populisme propose des solutions illusoires et dangereuses. Illusoires car les faits sont ce qu’ils sont : modernité, mondialisation, évolution des mœurs, immigration, éducation, information, etc. Dangereuses car le populisme prône l’ostracisme tandis que le plus important c’est le vivre ensemble et le sens de la vie pour chacun.


 Éléments d’histoire du populisme

Les Populares étaient une faction officieuse du Sénat romain dont les partisans étaient connus pour leur programme populiste. Les plus connus, Jules César et César Auguste, ont utilisé les référendums pour contourner le Sénat romain.

Au 16ème siècle la Réforme protestante a été stimulée par certaines formes de populisme. Luther dénonçait les abus de la papauté.

Le boulangisme, le péronisme, ainsi que le poujadisme sont des mouvements populistes des 19ème et 20ème siècles. Le mot populisme connaît un nouveau succès depuis les années 1980, comme synonyme de démagogie ou d'opportunisme politique, surtout lorsqu'il s'agit de mouvements d'opposition. Le populisme a, depuis cette époque souvent été identifié à l'extrême-droite. Pourtant, comme le souligne Michel Winock (historien français né en 1937), le populisme n'est pas spécifiquement d'extrême droite. Le mot désigne une « confiance dans le peuple que l'on rencontre dans les discours de Robespierre ou les écrits de Michelet». Ceux-ci considéraient le peuple comme une entité d’essence mystique.

Vers la fin du 20ème siècle, à la suite de la chute du communisme, de Varsovie à Sofia, la vague populiste s’est abattue sur les pays d’Europe de l’Est et une profonde crise de confiance a frappé leurs institutions politiques.

Stuart Hall (sociologue britannique né en 1932), voit du « populisme autoritaire », dans thatchérisme et blairisme, qui seraient « une forme exceptionnelle de l’Etat capitaliste qui, contrairement au fascisme classique, conserve la plupart des anciennes institutions représentatives, tout en construisant autour de lui un consentement populaire actif » Le « blairisme » est une variante de son prédécesseur, il se résumerait essentiellement à un « populisme d’entreprise, managérial, accompagné d’un style de leadership hiérarchique et d’une attitude moralisatrice vis-à-vis de ses bénéficiaires ».


Gustave Le Bon

Gustave Le Bon (1841-1931), le « Machiavel des sociétés de masse », a publié  « Psychologie des Foules ». Ses idées jouèrent un rôle important au début du XXe siècle. L'ouvrage de Sigmund Freud (1856-1939), « Psychologie collective et analyse du moi », paru en 1921, mentionne les travaux de Le Bon, notamment sur « les modifications du moi lorsqu'il est au sein d'un groupe agissant ». 

Dans un article intitulé « De l'évolution de l'Europe vers diverses formes de dictature » Le Bon prévoit dès 1924 la montée du fascisme par le biais d'un meneur de foules prenant, à la faveur d'événements violents, les rênes du pouvoir et les confisquant ensuite à son seul profit. Si les praticiens du totalitarisme - Mussolini, Hitler, Staline et Mao - passent pour s'être inspirés de Gustave Le Bon, beaucoup de républicains - Roosevelt, Clemenceau, Poincaré, Churchill, de Gaulle, etc.- s'en sont également inspirés. Le Bon considère notamment la suggestion comme l’explication principale de tous les mystères de la domination. Le diagnostic de Le Bon et de Freud est le même : l'autorité traditionnelle, attachée à la fonction, est remplacée par la suggestion pure, qui permet aux chefs de se faire obéir des masses par la seule force de leur personnalité. « Pour de Gaulle comme pour Le Bon, la magie du social tient en un mot : le prestige». (Jean-Baptiste Decherf, De Gaulle et le jeu divin du héros. Une théorie de l'action).

Le Bon a  été le premier penseur à avoir pointé du doigt le danger de la mystique de la supériorité de la race aryenne et condamné par avance la montée du nazisme : « L’Allemand moderne est plus dangereux encore par ses idées que par ses canons », écrit-il en 1918.

Deux idées fondamentales de Le Bon :

1. La tendance des groupes à la soumission à l'autorité se trouve démultipliée dès lors que des événements sont théâtralisés, orchestrés et utilisés par des leaders pour pousser à l'action un groupe qui alors devient "foule".

2. Ce groupe peut être constitué des participants à une assemblée générale, à une manifestation mais aussi à un jury d'assises ou à toute autre forme institutionnelle de réunion.

Les idées de Le Bon se sont trouvées largement vérifiées, ainsi la tendance des masses à se plier à la servitude volontaire. « Le fait que le régime totalitaire, écrit Hannah Arendt (1906-1975), malgré l’évidence de ses crimes, s’est appuyé sur les masses, est profondément troublant." (Les origines du totalitarisme, Éditions du Seuil, 1950)


Pierre Rosenvallon

Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France et président de l'atelier intellectuel « La République des idées », a traité le sujet « Penser le populisme » en introduction des Rencontres de Pétrarque, organisées par le Monde et France Culture en juillet 2011 à Montpellier.

Il y a paradoxe : on exècre le populisme alors que l'on exalte le principe de la souveraineté du peuple.

Le peuple est en crise. Il y a une crise de la représentation. La société ne fait plus corps, elle est disloquée par les inégalités.

Le populisme est à la fois le symptôme d'une détresse réelle et l'expression d'une illusion.

Le 21ème siècle sera peut-être l'âge des populismes comme le 20ème siècle avait été celui des totalitarismes.


Une triple simplification par le populisme :

Premièrement, une simplification politique et sociologique : considérer le peuple comme simplement par la différence avec les élites.

Deuxième simplification : considérer que le système représentatif et la démocratie en général sont structurellement corrompus par les politiciens, et que la seule forme réelle de démocratie serait l'appel au peuple, c'est-à-dire le référendum.

Troisième simplification : celle de la conception du lien social. Il est simpliste de considérer que ce qui fait la cohésion d'une société, c'est son identité et non pas la qualité interne des rapports sociaux. Une identité qui est toujours définie négativement. A partir d'une stigmatisation de ceux qu'il faut rejeter : les immigrés ou l'islam.


Le peuple, nul ne peut prétendre le posséder, nul ne peut prétendre être son unique haut-parleur.

L'important est de donner leur place à ces différents peuples : le peuple électoral-arithmétique, le peuple social, le peuple-principe et le peuple aléatoire.

Électoral : celui qui vote. Social : les différentes communautés avec des expériences et des modes de vie communs. Principe : les règles, constitution communes. Aléatoire : celui des potentialités.

Car la démocratie n'est pas simplement un régime de la décision. Elle est un régime de la volonté générale, ce qui se construit dans l'histoire. Cela implique notamment le fait que l'on soumette les gouvernants à une surveillance accrue, à des redditions de comptes plus fréquentes, à des formes de contrôle. Le citoyen ne peut pas espérer être derrière chaque décision, mais il peut participer d'une puissance collective de surveillance, d'évaluation.

Trouver les moyens de produire un commun qui fasse sens ; produire une société qui ne soit pas une simple collection d'individus. Aujourd'hui, c'est un des problèmes essentiels auxquels nous sommes confrontés.

Une démocratie qui se conçoit à partir de ce qui était au cœur des révolutions américaine et française : la recherche d'une société plus égale.

Il conviendrait donc de redéfinir et de reconstruire la démocratie selon différents plans.

Politique : représentation des citoyens, contre-pouvoirs, contrôle des gouvernants.

Social : répartition et redistribution plus justes des richesses.

Economique : rendre la mondialisation et l’Europe moins « onéreuses ».

Identitaire et culturel : intégration de la diversité culturelle.

Moral : repères, exemplarité des dirigeants.


Réflexions entendues :

-          Le populisme originel est une bonne chose.

-          Le peuple en désarroi a trois solutions, le populisme, la révolte ou l’indifférence.

-          La notion de peuple est floue.

-          Le film de Fellini « Prova d’orchestra » montre la transformation d’un chef d’orchestre séducteur en tyran, puis l’évolution de l’orchestre vers le chaos.

-          On ne parle plus de classes sociales.

-          Chacun peut être populiste.

-          Le peuple est source d’idées dans tous les domaines de la culture.

-          Les moyens de communications actuels contribuent à la personnalisation du pouvoir, mais aussi à l’émergence d’intelligence collective.

-          Les organismes de sondage, de sociométrie et de communication actuels sont de puissants moyens au service du populisme.

-          Le populisme exploite les situations de crise.

-          Le populiste doit convaincre les gens qu’ils sont malheureux.

-          Le populisme s’adresse à l’enfant.

-          Le populisme c’est la séduction, le narcissisme et le slogan.

-          Le populisme pose de vraies questions.

-          Le populisme pose la question de l’éducation populaire.

-          Le populisme, en instrumentalisant la morale et les valeurs, contribue à la perte de repères.

-          Le populisme fait appel à des pulsions archétypales : besoin d’ordre, eros et thanatos, instinct de vie, instinct de mort.

-          Il faut distinguer le et la politique. C’est la politique qui est l’objet des déviances.

-          La crise, c’est la crise des représentations. L’éducation ne suit pas la complexification du monde.

-          Le problème c’est aussi celui de la formation des politiciens. (On peut rappeler que Sciences Po a été créé après 1870 en réponse à l’incurie de la classe politique, qui a conduit à la défaite contre l’Allemagne et la perte de l’Alsace-Lorraine.)

-          Le populisme cherche à diviser, alors qu’il faudrait promouvoir le dialogue.

-          Il faut éduquer les dirigeants au-delà de leurs ambitions personnelles.

-          La situation est grave, nous sommes devant une récession.

-          Ce populisme est un signe terrifiant.

-          En latin, Populus c’est le peuple et le peuplier ; la langue de bois ?

-          L’élite compétente, ce sont les technocrates. Comment les contrôler ?

-          Beaucoup de gens vivent des situations difficiles. Ils n’ont pas le temps de se poser des questions.

-          Il faut un suivi des promesses électorales.

-          Le contre-pouvoir ne doit pas être un faire-valoir du pouvoir.

-          Si le populisme n’existait pas, il faudrait l’inventer.

-          Les promesses non tenues et la langue de bois ont entrainé la perte de confiance.

-          Il faut passer à l’international, ne pas penser seulement localement.

-          L’éducation seule ne peut pas régler le problème du populisme.

-          Les tea parties populistes aux USA sont le fait de nantis.

-          Le populisme est un symptôme. C’est une soupape. C’est la révolte nécessaire.

-          Les populistes ont conduit les peuples à la guerre.

-          Le populisme est différent du fascisme.

-          Aujourd’hui chacun craint d’être déclassé socialement.

-          L’abstention est une plaie sociale.

-          La justice bafouée illustrée par le film « Présumé coupable » est insupportable.

-          L’éducation doit reprendre les fondamentaux de la société.

-          L’immoralité des puissants est un problème. Il semble que la défiance à leur égard soit généralisée dans toutes les sphères de la société.

-          Il faut apprendre aux enfants à réfléchir.

-          Le populisme après tout existe parce qu’il est efficace à court terme.

O  On a parlé du populisme, des populistes, des causes mais pas de ce qui en fait le lit, autrement dit, du "panem et circenses" des romains, des chaines de tv, d'internet où il n'y a pas que de l'honorable, des publicitaires, et de tout le mépris qui y est véhiculé à propos des masses populaires chez nous à notre époque. Par ailleurs il est plus facile de ne pas succomber au populisme à St Germain-des-Prés (7-5-006) qu'à St Denis (9-3). (Précision de Patricia et de Bernard)

        
« Dans ce pays, ils parlent de populisme quand il y a des programmes pour aider les pauvres, mais quand vous aidez des banquiers, c’est appelé du développement. »

        Andrés Manuel López Obrador, homme d’Etat mexicain né en 1953.

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