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L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

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samedi 29 octobre 2011

Café philo du 28 octobre 2011 -compte rendu




" Peut-on avoir raison contre les faits ? " 
Nous étions vingt-six ce vendredi 28 octobre 2011 au café « Le Biouti » de Montlignon pour débattre du sujet de bac 2011 : « Peut-on avoir raison contre les faits ? ». Ce sujet concerne la connaissance de la réalité. 


 Nous fêtons cette semaine le bicentenaire de la naissance d’Evariste Galois. Évariste Galois (né à Bourg-la-Reine le 25 octobre 1811 – mort à vingt ans suite à un duel à Paris, le 31 mai 1832) est un mathématicien français qui a fait la découverte, « peut-être la plus grande qui ait jamais été faite dans le domaine de l'algèbre ». Alors que les mathématiciens depuis 25 siècles cherchaient des méthodes de résolution d’équations, Galois a mis au point une théorie qui permet de déterminer si une équation algébrique quelconque a des solutions intrinsèques ou pas. Il a raté par deux fois le concours d’entrée à Polytechnique, ses communications scientifiques ont été refusées par d’illustres mathématiciens de l’époque dont Poisson et Cauchy. Ce n’est qu’en 1843, onze ans après sa mort que Joseph Liouville présenta les travaux de Galois à l’Académie des sciences. Ses théories servent aujourd’hui dans le domaine de la conception numérique des objets industriels et de la cryptographie. A noter également que Galois passa plusieurs semaines en prison à Sainte Pélagie, comme prisonnier politique opposé au roi Louis-Philippe. Son destin, comme celui d’autres penseurs qui avaient « raison trop tôt », pourrait servir d’illustration à notre thème « Peut-on avoir raison contre les faits ? » 
« Il est dangereux d’avoir raison dans des choses où des hommes accrédités ont tort. » Voltaire.

On peut s’interroger comment un fait peut être contesté par la raison, alors que le fait devrait s’imposer spontanément. Le fait contient sa propre vérité, il peut cependant faire l’objet de débat. 
On considère différents types de faits :
- Les faits empiriques du quotidien, qui ne devraient pas faire débats. Et pourtant dire que le soleil se lève et se couche constitue une fausse interprétation de l’observation immédiate. Les épicycles de Ptolémée qui ajoutaient des cercles autour des cercles pour expliquer les mouvements des astres autour de la terre censée être fixe, constituaient une explication fausse mais rassurante.
- Les faits naturels ne sont pas discutables : inondations, orages, etc.
- Les faits historiques (règnes, guerres, etc.) ont existé mais leur interprétation est sujette à discussion.
- Les faits scientifiques. Les théories scientifiques sont vraies à un certain stade de la connaissance et tant que de nouvelles observations ne les remettent pas en cause. Les technologies qui fonctionnent indiquent que les théories, dont elles sont issues, sont justes, même si celles-ci sont partielles. 
Les faits empiriques, tout comme les faits historiques font toujours l’objet d’interprétations. L’esclavage peut être interprété comme dû à l’absence de machines et/ou comme dû à une certaine conception de l’ordre social et humain. Un fait historique est sans cesse réinterprété par le futur. L’avenir fournit les clés du passé. L’histoire est écrite par les vainqueurs. « Les faits sont faits », disait le philosophe Alain (1868-1951). Avoir raison est un fait subjectif, qui peut être contraire à la raison. 
Contre les faits, l’histoire a connu les raison de visionnaires (hommes politiques, résistants, poètes, artistes, philosophes). Avec son « Dieu est mort », Nietzsche (1844-1900) annonce le déclin des religions. Kant (1724-1804) a développé les idées de paix perpétuelle, gouvernance mondiale. 
Les faits ayant leur propre raison. L’œuvre d’art est un fait, ses interprétations, ses intentions relèvent de multiples raisons possibles, notamment la beauté. L’ordre du droit n’est pas celui des faits. Dans le procès, la raison des uns s'oppose aux faits des autres. La raison peut aussi servir des intérêts particuliers et mise en forme dans les messages élaborés par la com des lobbies industriels, politiques, idéologiques.  
Les raisons et le doute. Certains faits peuvent être avérés sans que la science ne puisse toujours les expliquer (science du vivant, émergence de la conscience dans le cerveau, expansion de l’univers, supraconductivité, radiesthésie). Les religions officielles canalisent les extravagances sectaires, comme la médecine académique canalise le charlatanisme, tout en n’étant pas totalement exemptes des maux qu’elles normalisent ainsi. Pour avoir raison, il est nécessaire, mais pas suffisant, d'avoir la caution de la majorité. 
Les bases de la raison : Il existe différents degrés de raisons selon les faits : - Logique binaire : les faits sont objectivement vrais ou faux, le tiers est exclu (théorèmes mathématiques, une technologie fonctionne ou ne fonctionne pas, un être est mort ou vivant). - Syllogisme : tous hommes sont mortels, donc Socrate est mortel. (Si A donne B et B donne C alors A donne C). 
- Cette vérité objective binaire fonctionne dans un environnement donné à une certaine échelle d’observation, de temps, de taille, de connaissance. Au-delà du domaine la représentation de cette vérité peut être indécidable ou fausse : Notre représentation classique du monde ne fonctionne plus au niveau des atomes. Les logiques du local et du global, de l’individuel et du collectif, du cours et du long terme sont différentes. Des propriétés émergentes apparaissent lors du changement de taille. Le tout est plus que la somme des parties.  
- La démarche scientifique. L’étude de régularités dans la nature est la base de la science. Les quatre principes des sciences sont : universalité (valables partout), absolu, (indépendant de l’observateur), éternels (indépendant du temps), omnipotence (rien n’y échappe). Mais elles n’expliquent pas tout. Des règles particulières président aux différentes formes du vivant ou des systèmes écologiques ou sociaux. - L’illumination scientifique est un accès soudain au monde des idées, qui existe en dehors de l’homme selon Platon. Les mondes de la matière, celui des idées, celui des modèles générés par le cerveau humain semblent posséder des liens profonds. 
- Dans les systèmes complexes, à cause des rétroactions, les lois de causalités changent. L’évolution d’un système complexe est par essence imprédictible à long terme. Exemples : les phénomènes météorologiques, l’évolution des espèces, le système solaire ne sera pas indéfiniment stable, l’histoire des peuples peut être bouleversée par de petits événements.
- Intervention du hasard. La nature, l’histoire humaine évoluent avec une grande part de hasard. Le hasard est une stratégie de l’évolution pour explorer les combinaisons de gènes, de molécules ou de faits les plus aptes à perdurer. 
- Les raisons de l’irrationnel sont des faits même s’ils ne sont pas scientifiquement rationnels : l’art, les religions, les pseudo- ou demi-sciences, les superstitions. Même si les ovnis n’existaient pas, c’est un fait que certains y croient. Idem pour les dieux. Ces croyances s’appuyant sur des récits structurent le monde. Les constellations d’étoiles sont des constructions de l’esprit humain.
- Les controverses. Bruno Latour, né en 1947, est sociologue et philosophe des sciences, actuellement directeur scientifique à Sciences–Po Paris, il a étudié la construction sociale des faits scientifiques. Un certain nombre de sujets sensibles tels que la diminution des stocks de poissons, la mortalité des abeilles, les OGM, les ondes électromagnétiques, le bisphénol A, le changement climatique, la vaccination, l’éthique médicale, etc. donnent lieu à des controverses. L’opinion publique doute des experts et la masse des informations numériques disponibles sur un sujet donné est loin d’être fiable. Les positions sociales font partie intégrante du fait scientifique pour lequel Latour propose une objectivité de second rang qui tient compte de l’environnement social. Il coordonne un projet européen Macospol qui est l’acronyme anglais pour Cartographie des controverses scientifiques pour la politique. La méthodologie s’appuie sur le « data mining », la fouille profonde et l’analyse des données sur internet. Il s’agit de mettre en balance les arguments scientifiques, de mettre en évidence les conflits d’intérêts, les liens entre les types de controverses, les réseaux d’appartenance des acteurs, les porteurs de positions, les leaders, les lobbies. C’est un outil service de la politique qui devrait permettre de savoir où placer la confiance et faciliter les prises de décision sur des sujets complexes et controversés. Il est assez probable qu’un tel instrument assez coûteux soit détourné au service des puissants pour affiner leurs stratégies. Puisque les faits sont autant sujets à débat et qu'on peut avoir tort ou raison le dernier mot doit appartenir à un collège extérieur.
- La quantification. L’évaluation quantitative des faits peut servir à en objectiver la réalité, alors que l’évaluation qualitative relève davantage de la subjectivité. L’opinion publique en général semble faire preuve d’anumérisme, l’illettrisme numérique. Deux notions mathématiques essentielles semblent échapper à l’opinion publique, celle d’ordre de grandeur et celle de probabilité.  
- Les limites de la quantification. Mais vouloir tout quantifier comporte également des inconvénients, voire des dérives dangereuses pour les individus et la société : politique du chiffre, rendement des capitaux entrainant les délocalisations et le chômage, déshumanisation de la médecine, de l’école et des services publics, fracture sociale, etc. Tout système a besoin pour fonctionner de marges de manœuvre, de jeu mécanique, parfois inquantifiables. L’homme a besoin de liberté et cette liberté doit permettre une part d’imprévisible. 
- Le rôle du langage pour la légitimation d’une raison. Les langages et leurs codes spécifiques (jargons) tiennent lieu parfois de raison en sciences, en politique, en idéologie, en religions, dans les milieux professionnels. En 1996, Alan Sokal, de l’université de New-York, a monté un canular en réussissant à publier dans une revue prestigieuse « Social text » l’article plein de non-sens intitulé : « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravité quantique ». Il voulait par là dénoncer une certaine mode des sciences humaines, notamment des dits postmodernes, de faire appel à des concepts des sciences dures pour se draper de scientificité. Les idéologies ont le plus souvent raison contre les faits. Elles traversent parfois l’Histoire en laissant beaucoup de décombres derrières elles. 
- Les bulles sont des ensembles très refermés sur eux-mêmes fonctionnant selon des logiques internes propres et dominantes. Il peut s’agir d’individus, de groupes sociaux, professionnels, clans, de systèmes idéologiques, de gouvernements (voir le film « L’exercice de l’Etat »), de bulles financières. Ils sont auto-référents et narcissiques. Ils développent leur propre langage. Souvent l’essentiel de leur énergie sert à leur fonctionnement interne, ce qui les amène à être tantôt prédateurs, tantôt autodestructeurs. Que l’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur de telles bulles, il est difficile voire impossible d’avoir raison contre leur raison. Il faut souvent attendre qu’elles éclatent spontanément.  
- Les mouvements de fond de l’histoire. Peut-on, devrait-on avoir raison contre la mondialisation, les migrations de populations, Internet, les mouvements vers la démocratie, la laïcisation des sociétés, la technologie ? 

Propos entendus et notés : 
- Il n’y a pas de faits, mais que des interprétations. 
- Selon Guillaume d’Okham (1285-1347), « Il ne faut pas multiplier les explications et les causes sans qu'on en ait une stricte nécessité. » (Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem). 
- Le fait est signe du passage du passif à l’actif. 
- Une opinion est un fait.
- Une idée fausse est un fait vrai.
- Le fait est neutre. 
- L’essentiel de ce que nous savons vient d’ailleurs. Un fait est une narration. 
- Karl Popper (1902-1994) a inventé la réfutabilité comme critère de discrimination entre la science et la pseudoscience. 
- La mécanique quantique semble déraisonnable. 
- La réalité existe-t-elle en dehors de notre imagination ? 
- La science, l’art, les idéologies ont besoin d’hérétiques.
- En médecine on redécouvre des remèdes ancestraux. 
- La vérité, c’est ce qui marche. 
- Le darwinisme est contesté. 
- La science est une quête sans fin. 
- On ne comprendrait pas un monde chaotique. 
- Il est extraordinaire que le monde soit compréhensible. 
- L’art n’est pas universel. Il n’est pas de l’ordre de la raison. C’est un langage.
- L’artiste rejoint le scientifique par l’intuition. 
- L’art peut enfermer ou libérer. 
- La raison n’a rien à voir avec la morale. 
- Nous sommes prisonniers de notre modèle occidental. Il faut penser la fin de ce modèle.
- Il faut sortir de nos modes de penser.
- Les faits permettent de construire la représentation du monde. 
- Le spectre d’interprétation des faits est très large. Il va au-delà de la raison.
- On n’a pas parlé de Faurisson... 
- Face aux faits, il faut être humble, mais pas nécessairement soumis. 
- Le temps vérifie les faits. 
- Les faits et leurs représentations sont subjectifs.
- Notre subjectivité reconstruit les faits. 
- Malgré la raison, le monde reste barbare. 
- Dans le domaine de la justice, il y a le juge des faits et le juge du droit (cour de cassation). 
- Les faits et la raison évoluent. Ils dépendent du lieu et du temps. 
- Il faut plus que la raison pour interpréter les faits. 
- La controverse de Valladolid est un exemple de raison contre les faits. 
- Quand on a raison trop tôt, on a tort longtemps. 
- Les faits sont interprétés en permanence. 
- L’essentiel de notre existence se passe en dehors de la raison. 
- Les injonctions contradictoires aboutissent à des raisons du moindre mal. 
- L’optimum local n’est pas l’optimum global. 

Citations : 
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Blaise Pascal 
Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison. Blaise Pascal 
La raison se perd par le raisonnement. 

Recommandation :  
LA CONTROVERSE DE VALLADOLID De Jean-Claude Carrière - par la Cie Hubert Jappelle 18 novembre au 11 décembre 2011 Mardi, vendredi et samedi - 21h, dimanche - 16h Au Théâtre de l'Usine / Éragny-sur-Oise  www.theatredelusine.net

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