Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

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Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

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samedi 28 juin 2014

Compte rendu du café philo du 27 juin 2014, renoncement





Nous étions trente-cinq personnes à participer à ce café philo, le vendredi 27 juin 2014, au centre culturel de Bouffémont, sur le thème : « Le renoncement fait-il partie du bonheur ? »

Les thèmes  pour les  prochains cafés philo ont été proposés et votés par les participants  :

+ Vendredi 26 septembre 2014 : «  L’artiste est-il maître de son œuvre ? »
+ Vendredi 31 octobre 2014 : « Notre époque aurait-elle oublié la joie ? »

Le thème du café philo de ce soir a été préparé et animé par Arlette Coutin, Catherine Delaunay, et Pierre Haller.
Jeannine Dion-Guérin et Patrick Liautaud ont lu chacun un poème de Jeannine.
Le café philo a été conclu par un pot de l’amitié avant les vacances d’été.

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Contribution d’Arlette Coutin

LE RENONCEMENT FAIT-IL PARTIE DU BONHEUR ?
Dans cette interrogation il y a deux mots importants : renoncement et bonheur

Le RENONCEMENT a deux aspects :
Un sens négatif sur lequel je ne vais pas insister tel que l’abandon, le manque de courage, manque d’ambition, le fait de laisser tomber.
Un sens Positif : action de cesser de rechercher ce à quoi on tenait par exemple : renoncement aux honneurs.
Définition :
-action de se priver de toute satisfaction personnelle ou égoïste, de s’oublier soi-même. Ex : vie de renoncement
-le fait de renoncer par un effort de volonté, et généralement au profit d’une Valeur jugée plus haute.
Synonymes : dépouillement, détachement, sacrifice ; lâcher prise.

Définition du mot          BONHEUR : - Bon heur, arriver à la bonne heure, par chance, être là au bon moment.
-Réussite, succès
Et un autre aspect de ce mot que je vais évoquer :
-Etat de conscience pleinement satisfaite. Béatitude, félicité, ravissement, satisfaction  bien-être, plénitude, état agréable de l’esprit et du corps, sérénité

Qu’est-ce que le renoncement dans sa forme positive ?
Chaque homme se construit dans un chemin de vie où son énergie, faite de pulsions, de désirs, lui donne la force et la direction qu’il va prendre.
Le terme de renoncement indique le fait d’annoncer que quelque chose ne se fasse pas à partir d’un choix volontaire où la conscience de l’homme qui se définit comme un savoir qui accompagne son existence en rupture avec le monde des objets, détermine son action.
La conscience morale donne naissance à des valeurs idéales qui servent d’horizon positif à l’homme et le conduira dans des choix. Cela me fait penser à cette citation de Sigmund FREUD : « La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions ».
Notre vie est faite de désirs qui, s’ils sont poussés à leur paroxysme, nous enchainent créant de l’attachement et de la souffrance, telle la possession de biens par l’argent, qui devient à ce moment le maitre de notre univers. L’argent, qui doit juste être un moyen, et le pouvoir dénaturent les vrais besoins de l’homme. Le désir, qui est ancré en nous, génère une volonté d’avoir et de vouloir dont il faut distinguer leur nature. La plupart de nos désirs sont vains et leur réalisation est transitoire, toute expérience est transitoire. Quand nous savons vraiment que tout va et vient, que tout passe nous nous attachons moins, car rien ne dure. Ces désirs vains qui nous habitent, et dont nous sommes surtout insatiables, ne sont pas vraiment les nôtres et nous devons nous demander si quand nous obtenons ce que nous désirons, cela nous satisfait vraiment.  Seuls les désirs que nous faisons nôtres parce qu’ils sont POSSIBLES- chaque fois qu’ils portent sur un objet dont la poursuite et la réalisation progressive dépendent de NOUS, seront réalisables. Comme disait Epictète dans cette citation : « Il n’y a qu’une route vers le bonheur c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de nous ». Ces désirs doivent être porteurs d’un sens positif de notre vie, de nous élever, de nous rendre heureux, de nous permettre d’être en harmonie avec les autres et avec le monde dans le respect de la nature.
-        Désir de liberté par la connaissance.
-        Désir d’un bonheur partagé dans l’amour.
-        Désir de justice.
-        Désir d’amélioration de notre civilisation par les actes de citoyenneté pour notre planète et la vie des uns envers les autres.
-        Désir de don de soi pour l’avenir dans la transmission en famille et autour de soi par l’art ou par un engagement religieux, laïque ou associatif.
Le RENONCEMENT n’est pas la fuite d’un désir profond au contraire c’est la FORCE D’UNE VOLONTE EXISTENTIELLE. En renonçant, j’accède à une liberté d’être, à une réalité d’action.
Chercher au fond de soi ce qui serait le meilleur pour soi dans l’humilité de nos limites, par exemple : que choisir comme métier qui m’apporterait de la joie en gagnant ma vie à partir des mes aspirations profondes et en adéquation avec mes qualités humaines reconnues par les autres et moi-même ?
Trouver au fond de soi ce qui est le plus beau en nous en nous dépassant et nous limitant dans nos exigences vaniteuses, prétentieuses et égoïstes de notre vie.
C’est un surmoi qui ne dépend que de moi de ma vision, de mon regard sur l’existence, sur les autres et sur moi.
On ne peut être dans cette démarche que dans la progression de la vie par la conscience, l’expérience et l’aspiration spirituelle ; c’est un exercice au quotidien :
-        De l’approfondissement de soi, je reprendrai la célèbre phrase de Socrate, « Connais-toi toi-même »
-        Des directions volontaires que l’on veut prendre : choix de métier, conduite de notre vie, engagement.
-        Et de l’aspiration profonde de notre vie : Quête de Sens, spiritualité
Je citerai cette phrase de Christian Bobin : «  Le renoncement est le fruit de tout apprentissage ».
Pour relier le renoncement au bonheur il faut chercher et trouver ce qui va tendre vers notre Bien-être, ce qui peut être construit à partir de soi, de ses possibilités- de sa volonté- de ses aspirations les plus belles ; pour cela, il faut renoncer aux désirs futiles qui ne porteraient pas les bons fruits de notre arbre de vie et réaliser les désirs fondés, raisonnables et porteurs de sens de notre existence dans un sentiment de liberté intérieure que les passions ne peuvent troubler. Toute avancée comporte une part de sacrifice, par exemple : renoncer au confort pour vivre l’aventure ; renoncer à un certain égoïsme pour faire place à l’amour (loin de représenter une amputation de notre être) mais à une ouverture ; renoncer à la surconsommation, au gâchis, tenir compte des besoins humains et de l’équilibre écologique de notre planète. Ces renoncements nécessaires nous bousculent, nous allègent du superflu dans l’énergie des grands  engagements. Pour trouver du plaisir dans l’exercice de notre tache comme dans toutes les dimensions de la vie il faut renoncer à TOUT AVOIR. C’est le lâcher prise


Cette réflexion m’amène à la philosophie bouddhiste et sa chaîne des relations causes-effets qui sont au nombre de douze, dont je vais vous en citer 3 en relation avec les désirs

-7- les sensations font apparaître les désirs ;

-8- les désirs font apparaître les attachements ;
-9- les attachements incitent aux actions.

 En conclusion dans le bouddhisme Il suffit de nous libérer de nos attachements et pratiquer LA VOIE DU MILIEU qui suggère une approche équilibrée de la vie, de la régulation des instincts et du comportement de chacun, ce concept se rapproche de l’idée de juste milieu d’Aristote, selon laquelle « chaque vertu se situe à égale distance des deux extrêmes, chacun de ces extrêmes étant par conséquent un vice.

RENONCER, c’est se détacher du superflu, de l’inaccessibilité, c’est cesser de se crisper sur ce qui n’en vaut pas la peine pour donner plus de profondeur aux choses et trouver ce qui nous rendra heureux.
L’ULTIME RENONCEMENT est celui de la vie dans la vieillesse- se détacher de son corps et trouver la paix de l’esprit et peut-être le sens de notre vie ;
C’est réaliser notre vulnérabilité, notre fragilité, notre transformation physique, notre finitude – Pour redonner de la force au prix de la vie, de la joie d’être et de donner autour de soi – d’AIMER- et de percevoir peut-être la beauté d’une autre existence ou tout simplement avoir existé.
Dans ce renoncement définitif comme ce moine chartreux dans le film documentaire «Le grand silence » qui dans le vieillissement devenait aveugle et parlait de cette lumière intérieure qui le rendait encore plus heureux au fur et à mesure que la lumière de ses yeux baissait.

La vie est un art, celui d’être heureux dans un discernement éclairé où l’homme doit se situer en adéquation dans le monde avec les autres. Le plus grand bonheur est celui que l’on donne aux autres, le renoncement fait partie de ce bonheur. L’homme de demain devra réfléchir dans ses choix pour lutter contre le ravage de la biosphère et l’indigence dont est responsable l’avidité accrue du genre humain et renoncer à la «  lucropathie » comme l’écrit Pierre Rabhi pour aller vers LA SOBRIETE HEUREUSE.

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Contribution de Pierre Haller


Introduction
Telle que posée, la question ne sous-entend pas que le renoncement soit la principale source de bonheur. L’articulation entre ces deux concepts de bonheur et de renoncement demande de définir leurs champs respectifs d’application.

Définitions et champs sémantiques
Bonheur
Le bonheur est un état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents. Étymologiquement, ce mot vient de l'expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie «accroissement accordé par les dieux à une entreprise ».

Champ sémantique : félicité, joie, contentement, plaisir, bien-être, béatitude, ataraxie, prospérité, paradis, chance, réussite, fortune, succès.

Renoncement
Action de renoncer à quelque chose, de cesser de rechercher ce à quoi on tenait, de s'en détacher : renoncement aux honneurs.
Action de se priver de toute satisfaction personnelle ou égoïste, de s'oublier soi-même : mener une vie de renoncement.

Champ sémantique : lâcher, sacrifier, délaisser, séparer, abjurer, rétracter, résilier, abandonner, quitter, capituler, fuir.

+ L’animal renonce par la fuite par instinct de survie ou en fonction de ses capacités physiques, suite à la peur, la satiété, la fatigue, une blessure ou une contrainte. L’homme renonce en plus dans certaines situations pour des raisons de stratégie à long terme et complexes en faisant intervenir la raison. Par ailleurs les raisons du cœur peuvent conduire au renoncement ou au renoncement du renoncement.

+ Le moment de la mort constitue le renoncement ultime.

+ Les liens entre renoncement et bonheur sont complexes. Le renoncement est toujours compensé par quelque chose, selon Sigmund Freud. On renonce à un bonheur pour un autre. Le renoncement est souvent une stratégie de survie (obéissance, soumission), de victoire à long terme (repli stratégique, ruse). Il participe à l’exploration du champ des possibles, à la recherche de solutions alternatives (valeurs éthiques, mode de vie, de consommation). Renoncer peut signifier se faire une raison,  dans le travail de deuil notamment.

+ Le World Happiness Report, Rapport annuel sur le bonheur lancé par l'ONU en 2012, est basé sur six critères : PIB par tête, espérance de vie en bonne santé, absence de corruption, avoir quelqu'un sur qui compter, possibilité de faire ses choix de vie librement et générosité. Les pays scandinaves sont les plus heureux et les moins heureux sont en Afrique.
Ces critères du bonheur portent la marque de la conception occidentale.

Formes de renoncement

+ La résistance, on renonce à accepter.
Dans le christianisme, si le martyr est saint, rechercher le martyre est au contraire un péché, voire une tentation démoniaque. L’islam orthodoxe se montre également prudent vis à vis du martyre recherché.
Certains suicides sont des protestations politiques par exemple, Jan Palach initiant la Révolte de Prague en 1968 ou les bonzes se brûlant durant la Guerre du Viêt Nam.
+ La non-violence est une philosophie qui délégitime et renonce à la violence pour combattre l’injustice.
Gandhi : « La non-violence sous sa forme active consiste en une bienveillance envers tout ce qui existe. C'est l'Amour pur. »
Martin Luther King :« La non-violence est une arme puissante et juste, qui tranche sans blesser et ennoblit l’homme qui la manie. C’est une épée qui guérit. »
+ Lâcher prise : Cultiver le détachement, ce n’est pas devenir indifférent. C’est cesser de se crisper sur ce qui n’en vaut pas la peine pour donner plus de profondeur aux choses.
+ Prendre du recul : pensée surplombante, penser sa pensée, penser ses désirs, ses pulsions, ses comportements.
« L'origine est à l'intérieur de soi, et c’est là que nous devons pratiquer »
+ La fuite : Le courage peut se manifester dans la fuite : le négatif devient positif. La fuite peut être une tactique. Socrate mentionne l’exemple des chevaux d’Énée « habiles à fuir » et d’Énée lui-même « savant à fuir ». Il y aurait donc un art du renoncement dans la fuite.
D’autres écrits antiques occidentaux illustrent la notion de courage dans la fuite et le renoncement, par exemple le combat des Horace et des Curiace. Les combattants s’affrontent mais le vainqueur est celui qui a pris la fuite, à l’issue de la première phase du combat. Sa victoire est celle de l’intelligence de la situation.

+ Dans L’Art de la guerre, Sun Tzu , général chinois du VIè siècle av. JC, illustre les avantages du renoncement :

« Si les lois de la stratégie vous donnent pour battu, vous devez renoncer aux hostilités, même si le souverain vous le commande. »

Domaines de renoncement

+ Coût de renoncement ou « coût de renonciation » en économie désigne la perte des biens auxquels on renonce lorsqu'on procède à un choix, autrement dit lorsqu'on affecte les ressources disponibles à un usage donné au détriment d'autres choix.
+ Renoncement politique : le renoncement au marxisme-léninisme, la fin l’URSS en 1989. Benoit XVI est le premier pape  dans l’histoire de l’Église à renoncer à sa charge sans y être contraint par des circonstances extérieures. Roi d’Espagne.
+ Renoncer à tout avoir.
+ Renoncer à tout savoir ; à savoir pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien.
+ Renoncer à avoir raison.
+ Renoncer à ses certitudes.
+ Renoncer à tout contrôler.
+ Renoncer à abuser de son pouvoir.
+ Renoncer à l’argent, au pouvoir, à la célébrité, à la gloire, au sexe.
+ Renoncer aux modes.
+ Renoncer à être semblable ou à être différent.
+ Renoncer à obéir ou à désobéir.
+ Renoncer par courage ou par lâcheté.
+ Renoncer à la vengeance : « Assieds toi au bord du fleuve, tu verras passer le cadavre de ton ennemi. » dit le proverbe chinois.
+ Renoncer à la jalousie.
+ Renoncer par respect de soi.
+ Renoncer au premier pas vers la drogue qu’on regrettera forcément un jour.
+ Renoncer au renoncement.
+ Renoncer à la démesure, à l’hybris.
+ Refuser les fatalités de la nature, (ou bien faut-il accepter ?) : maladies, stérilité, (fécondation in vitro, gestation pour autrui)
+ Maîtriser ses pulsions.
+ Renoncer à ses idéaux.
+ Renoncer à certaines innovations technologiques.
+ Renoncer à asservir et à détruire la nature.
+ etc.

Ce qu’en disent les religions

+ Hybris est la divinité grecque de la démesure. Le châtiment de l’hybris est la némésis, la juste colère des dieux qui fait revenir l'individu à l'intérieur des limites qu'il a franchies. L’historien grec Hérodote (-484 à -420) écrit à ce propos :
« Regarde les animaux qui sont d'une taille exceptionnelle : le ciel les foudroie et ne les laisse pas jouir de leur supériorité ; mais les petits n'excitent point sa jalousie. Regarde les maisons les plus hautes, et les arbres aussi : sur eux descend la foudre, car le ciel rabaisse toujours ce qui dépasse la mesure. »

Hybris et Némésis se confrontent depuis la nuit des temps aussi bien au niveau individuel que des sociétés, des petites aux grandes tyrannies, des petits capricieux aux grands oligarques. La rente pétrolière est plutôt un malheur pour les pays qui en bénéficient. Ivan Illich (1926-2002) titrait en 1975 déjà la « Némésis médicale » qui annonçait le naufrage du système médico-industriel.

+ Le monachisme désigne des communautés religieuses  de moines ou de moniales

vivant séparées du monde auquel ils renoncent en principe par des vœux. Le monachisme existe dans le bouddhisme, l’islam et le christianisme. (Le renoncement au monde procure quand même au moine le gîte, le couvert et le statut social, choses rares dans certaines sociétés).

Dans cette philosophie et religion chinoise fondée sur le texte du Tao Tö King de Lao Tseu, datant de 600 av. JC, le renoncement et l’acceptation du réel sous-tendent ses grands principes que sont le quiétisme (une forme de passivité active), l’éthique libertaire, un sens des équilibres yin yang et le naturalisme.

Le renoncement à soi est au cœur de la pratique de la méditation bouddhique.
Le prince Siddhartha Gautama, Bouddha à 29 ans, abandonne titre et palais, pour « la grande renonciation » (abhiniskramana). Il commence une vie d'ascèse, suivant les enseignements de plusieurs ermites renonçants (saṃnyāsin ou sâdhu), et entreprend des pratiques méditatives austères.

Voici quelques textes explicitant le renoncement selon le bouddhisme :

+ Dans l’islam, (chiisme, sunnisme, soufisme) le Zuhd est l'une des notions très importantes dans le cheminement spirituel dans l'islam, qu'on traduit parfois par ascétisme, mais aussi par "détachement", ou "renoncement".


Les Evangiles chrétiens sont un appel à renoncer à soi-même.

Évagre le Pontique (346-399) est un des moines Pères du désert vivant dans le désert d'Égypte aux 3è et 4è siècles, il fut un promoteur de la pensée ascétique chrétienne. Il a sans doute inventé le système des péchés capitaux qu'il énumérait au nombre de huit : gourmandise, impureté, avarice, mélancolie (= acédie), colère, paresse, vaine gloire et orgueil. C'est le pape  Grégoire le Grand  (540-604) qui impose le chiffre sept.
Pour équilibrer, il existe « sept vertus catholiques » : la Chasteté, la Tempérance, la Prodigalité, la Charité, la Modestie, le Courage et l'Humilité

Ces péchés et vertus constituent des repères visant à réguler les comportements ; des formes de renoncement sont systématiquement au cœur de chacun d’eux.
Les positions des curseurs entre les péchés ou vertus et leurs contraires sont déterminantes pour l’harmonie de la vie individuelle et collective. S’il faut renoncer au péché, le trop de vertu peut être également délétère, notamment lorsque la vertu est instrumentalisée par le péché. « Qui fait l’ange, fait la bête ». Blaise Pascal.

Ce qu’en disent certains auteurs

+ Fréderic Gros, auteur de « Marcher, une philosophie » :
« C’est par l’effort sur soi-même qu’on accède à une jouissance de soi d’une intensité différente. » Magazine philo juin 2014

+ Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain handicapé né en 1975 en Suisse. Son dernier livre, « Le Philosophe nu », est paru au Seuil.

« Il s’agit de vider le temple de l’esprit de toute représentation, de tout masque pour oser la nudité de l’âme. Et je prends conscience combien, dans ma vie, je suis enclin à trafiquer. Suivre Maître Eckhart (1260-1328), c’est toujours et avant tout se déprendre de tout et surtout de soi pour devenir limpide, vrai et lumineux... Aussi, l’exercice spirituel revient ici à se demander non pas « qu’est-ce qu’il me faut pour être heureux ? », mais bien plutôt «qu’ai-je de trop pour être libre, dépris, limpide et simple ? ».

« J’aime l’éloge du vide. Il est un vide qui anéantit et un autre qui prodigue une fécondité exceptionnelle ».

+ Christian Bobin (né en 1951) à propos de son père souffrant de la maladie d’Alzheimer :
« Ces gens dont l’âme et la chair sont blessées ont une grandeur que n’auront jamais ceux qui portent leur vie en triomphe »

« Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd’hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu’il s’est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce. »

Le renoncement est la source de la grâce.

+ Claire Marin, (née 1974) professeure de philosophie à Cergy-Pontoise, dans « L’homme sans fièvre » indique que soigner signifie parfois renoncer à guérir pour accompagner celui qui souffre. Confondre le soin et la guérison, c’est passer à côté de ce qui fait « son supplément d’âme » : « la force de soigner sans espoir de guérir, soigner par humanité, sans satisfaction de réussite. » Il existe, selon la philosophe, un jusqu’auboutisme dans le désir de guérison qui peut aboutir au point inverse du sens visé : au lieu d’atténuer la souffrance, il rajoute de la souffrance en niant que certaines souffrances sont inguérissables.

+ Serge Latouche (né en 1940), économiste, prône la décroissance économique.
Dans cette conférence il défend le renoncement écologique. Notre société est en crise culturelle (mai 68 ); écologique (club de Rome, 1972) ; sociétale (1990 révolution néolibérale) ; financière (subprimes 2007).
Les besoins sont illimités, les déchets aussi. Les causes en sont : publicité, crédit, obsolescence programmée. Nous vivons dans une société de frustrations. L’empreinte écologique du mode de vie est insupportable.
La croissance est morte et on ne le sait pas. La solution est l’abondance frugale, l’« a-croissance ».
Problème des valeurs : dieu fric, égoïsme sacré, domination sur la nature.
La modernité a permis d’émanciper le sujet ; « le corps, le cœur, le cul ».
Renoncer à l’hubris (démesure). Etre autonome, c’est se poser des limites.

+ Jacques Ellul (1912-1994) a développé la critique du concept d'idéologie du bonheur :
« Le droit au bonheur est le cheval de Troie posté au milieu du système des libertés et des droits conçus par une société libérale. C’est la plus grande mutation mentale que l’on puisse imaginer puisque c’est le changement du sens et du but de la vie tout entière, en même temps que de la relation entre l’homme et la société. » (Métamorphose du Bourgeois, 1967, p. 90.).

Conclusion
« Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons qu'échanger une chose contre une autre. »

"Il est impossible d'ignorer combien la civilisation est bâtie sur un renoncement de l'instinct."

Sigmund Freud (1856-1939)

"Discipliner son esprit, renoncer au superflu, vivre en harmonie avec les autres et avec soi-même nous assurera le bonheur. "
Enseignement du Dalaï-Lama

 « Renoncer... pour aller vers l'être intérieur ». Marie de Hennezel... (née en 1946)


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Propos entendus

+ Borges : « Je n’ai jamais aussi bien vu que depuis que je suis aveugle ».
+ Le Bhoutan a introduit le concept de Bonheur national brut.
+ Un peintre devenu célèbre : « J’étais heureux quand j’étais malheureux ».
+ Le renoncement n’est pas une fin en soi. On renonce pour être heureux. On choisit le sens qu’on veut donner à sa vie.
+ Il y a des renoncements de contrefaçon.
+ Deux sortes de renoncements : volontaires et subis.
+ Les élections conduisent à des renoncements involontaires et douloureux.
+ Le philosophe Jeremy Bentham (1748-1832) a tenté de mesurer le bonheur.
+ Comment résister à l’addiction du bonheur ?
+ Renoncer, c’est être.
+ Par la raison  on peut se détacher des sens. La raison est-elle source de bonheur universel ?
+ Le marketing génère la frustration.
+ Le renoncement est un coup de frein à l’emballement.
+ L’enfant doit apprendre à renoncer.
+ Le marketing infantilise.
+ Le bonheur, c’est abolir le passé.
+ Changer le passé est possible.
+ Le bonheur n’est concevable que dans l’instant et dans l’instant il n’y a pas de renoncement.
+ Trouver la vie dans l’épreuve. Laisser couler la vie en soi.
+ Que devient la cosmétique dans la durée ?
+ Le renoncement n’est pas frustration, c’est un ingrédient du bonheur, c’est la liberté d’être.
+ Une société qui renonce est une société de rien.
+ L’humanité n’a jamais renoncé. Elle est allée dans la lune.
+ Renoncer à ses certitudes. A chacun son bonheur.
+ Le premier besoin de l’enfant est d’être aimé.
+ Il faut penser aux gens qui n’ont pas le bonheur à plus forte raison de problèmes de renoncement.
+ « La qualité de nos contraintes est la qualité de notre liberté ».
+ Si je renonce au bonheur, est-ce que je serai heureux ?
+ On est heureux quand on a peu de besoins.
+ Le bonheur dépend des petites choses du quotidien.
+ Le bonheur est une voie. Il n’existe pas en soi.
+ Sur notre lit de mort, nous rendrons notre dernier bilan.
+ Le choix du renoncement est une mutilation.
+ Le renoncement n’est pas le seul moyen du bonheur.
+ Pour être on ne peut pas tout avoir. Pour aimer, on peut tout donner.
+ Le bonheur, c’est être avec vous.
+ Renoncer pour un but supérieur.
+ Renoncer à se soumettre ou à se révolter, c’est selon,  mais garder le cap.




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Poème lu par Jeannine Guérin-Dion


Complainte du presque rien

Je n’ai rien à conter
Que les épis de blé
Dans les champs de l’été
N’aient essaimé déjà

Je n’ai rien à chanter
Que la brise des prés
Sur l’herbe câlinée
N’ait fredonné déjà

Je n’ai rien à donner
Que le frelon zélé

A la rose isolée
N’ait apporté déjà

Abrutie de soleil
Inondée de torpeur
Qu’ai-je donc à livrer
Qui ne s’est dit ailleurs ?

Dans le charme vermeil
C’est l’écureuil joueur
Qui muet m’a soufflé
Ce que tu ne sais pas

Tout a été chanté
Tout s’est conté déjà
Tu n’as rien à donner
Que ce peu que tu es
Que ce rien que tu as

Jeannine DION-GUERIN

Extrait de l'album CD  : "OFFRE-MOI CE OUI" , 35 minutes d'écoute et un livre de 35 pages illustrées,  textes dits et écrits par l'auteur sur des improvisations musicales d'Alain RICHOU (Commande à l'adresse : guerin.jeannine@sfr.fr ou au 06 19 53 27 11 au prix de : 16euros )


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