Qui sommes-nous ?

PRESENTATION

L’association du Chemin du philosophe comporte trois types d’activités :

1)  L’entretien et l’animation du Chemin du philosophe en forêt de Montmorency.

2)  L’organisation de cafés philos, de conférences, d’ateliers de lecture, de sorties à thèmes en forêt.

3)  La maintenance de ce blog qui tient à jour le programme des activités et qui les archive depuis 2008.

+ Retrouvez facilement le site Internet du Chemin du philosophe en tapant "cheminphilo" sur un moteur de recherche Internet.

+ Pour découvrir le Chemin du philosophe en forêt : un petit film .

+ Pour télécharger la brochure 2021 du Chemin du Philosophe.

+ Audioguide du Chemin du philosophe en forêt, télécharger sur smartphone via le lien ou avec le code QR (en forêt le chargement par QR dépend du réseau de votre fournisseur d'accès).

+ S'y promener avec ValdoiseMyBalade.

+ Pour trouver le Chemin du Philosophe : carte (avec le GPS, programmer 179, rue de Paris, Montlignon, le parking est proche).

+ La participation aux activités de l'association implique une éthique de neutralité et de tolérance ainsi qu'une étiquette de courtoisie. L’accès est libre à la plupart des activités.

+ Pour soutenir et adhérer à l'association ou renouveler annuellement : Bulletin d'adhésion.

+ Pour nous écrire : cheminduphilosophe(arobase)wanadoo.fr

 

Station "L'homme et le cosmos"

Station "L'homme et le cosmos"
Cadran solaire analemmatique - juin 2014

Programme

Programme des activités à venir (cliquez sur le lien)


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Fonction Sound est limitée à 200 caractères

dimanche 16 juin 2013

AG 2013 et fête annuelle du Chemin du philososphe




Une cinquantaine de personnes ont participé le samedi 15 juin 2013 à la fête annuelle de l’association du Chemin du philosophe qui s’est tenue cette année dans la salle polyvalente de Moisselles (Val d’Oise). En début de soirée au cours de l’assemblée générale 2013,  le point a été fait sur l’ensemble des activités de l’association depuis la dernière AG en juin 2012, dont l’essentiel est rapporté régulièrement sur ce blog. Les membres de l’association ont approuvé les rapports d’activité, financier et moral présentés.

La fête, qui a suivi, a été agrémentée et réussie grâce à des agapes savamment préparées, à la pièce de théâtre d’Harold Pinter « Le petit théâtre de l’amant », jouée par la compagnie « Démons et merveilles », et à la prestation chorale de notre « chanterie des philosophes ».

 Compositions florales de Danielle Roslagadec

Un grand merci à tous les bénévoles qui ont contribué au succès de cette soirée. 




dimanche 2 juin 2013

Balade d'un comité de quartier d'Eaubonne sur le Chemin du philosophe

Vingt-cinq personnes ont participé ce dimanche matin 2 juin 2013 à la balade sur le Chemin du philosophe organisée par et pour le comité de quartier Paul Bert d'Eaubonne (Val d'Oise). Le beau temps et la bonne humeur étaient de la partie. Catherine Delaunay et Pierre Haller en étaient les guides. Photos sur Picasa.

samedi 1 juin 2013

Compte rendu du café philo du vendredi 31 mai 2013






Trente et une personnes ont participé à ce café philo au Centre culturel de Bouffémont sur le thème « Quelles valeurs pour notre société d'aujourd'hui ? »  préparé et animé par Catherine Delaunay et Pierre Haller. Jeannine Dion-Guérin a récité un de ses poèmes rapporté plus loin.



« Avec le retour de la morale à l’école et dans la politique se pose la question des valeurs. Que reste-t-il des anciennes ? Quelles sont les valeurs d’aujourd’hui ? Les bouleversements liés à la mondialisation mettent-ils à jour des conflits de valeurs et même une crise des valeurs qu’il convient de diagnostiquer et d’expliquer ? »

"Tout ce qui a un prix n'a pas de valeur" Kant





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Pierre Haller





Histoire anthropologique

Les valeurs appartiennent aux paramètres de fonctionnement des sociétés à un certain moment de l’histoire et dans un espace géographique donné. Elles renvoient à des façons de penser, de parler, d’agir, de représenter le monde et de vivre ensemble. Elles sont liées à l’épistémè introduit par Michel Foucault (1926-1984), c’est-à-dire le socle de connaissances et des techniques d’une époque. L’histoire humaine évolue entre trois pôles : les techniques, les savoirs et les valeurs. Ces pôles  interagissent et se transforment les uns les autres.

La vitesse d’évolution et de transformation du monde et de ces trois pôles s’accélère et elle a atteint aujourd’hui un niveau inédit. Les ères de stabilité relative des sociétés humaines se sont sans cesse raccourcies depuis la nuit des temps. Les durées, les modes de production, les modes de régulation et les valeurs des sociétés humaines ont évolué au gré des avancées des connaissances et des technologies. Certaines, de la pierre taillée à l’internet, ont impacté l’ensemble des civilisations et leurs valeurs. Pendant des millénaires, les cueilleurs-chasseurs, puis les agriculteurs, vivaient en petits groupes sous la férule des valeurs dictées par les chamanes qui incarnaient l’ordre social et l’ordre céleste. Pendant des siècles, depuis les cités antiques, les Etats et des empires ont favorisé le commerce, la culture, la séparation progressive des pouvoirs religieux, civils et intellectuels, mais aussi l’esclavage, les conquêtes militaires ou les nationalismes meurtriers. La pensée scientifique et la technologie ont forcé l’évolution des sociétés et de leurs valeurs. A partir du 16ème siècle, l’imprimerie a facilité la diffusion de la pensée scientifique et philosophique. L’utilisation de la machine à vapeur, puis des moteurs à essence ou électriques, a mis fin à bien des servitudes physiques qui étaient l’apanage de la plupart des gens. Elles ont entraîné l’accès à la culture et à l’hygiène de la plupart des strates sociales traditionnellement soumises au travail physique. Ce processus historique et anthropologique a conduit à l’explosion de la croissance démographique mondiale (100 millions à l’âge du bronze, 200 millions au Moyen Âge, 1 milliard en 1900, 7 milliards en 2000). Depuis 1980, internet, la mondialisation de l’économie et des cultures ont entrainé un nouveau tournant de civilisation. Les valeurs et les normes des sociétés sont dictées par ceux qui possèdent les moyens de raconter et de diffuser l’histoire. Grâce ou à cause d’Internet la valeur des choses et des idées n’est plus dictée par des autorités religieuses, politiques ou professionnelles, mais par une main invisible du marché de l’information. Internet fait exploser les narrations (story telling) qui fondent les valeurs et identités religieuses, nationales, raciales et notamment sexuelles et familiales.



L’actualité met en exergue les conflits sur les perceptions des valeurs dans notre société : mariage pour tous, familles décomposées et recomposée, avortement, contrôle des naissances, euthanasie, recherches sur les embryons humains, principe de précaution, liberté des médias, internet, etc.




« A quoi ressemblera le monde en 2030 ? Jamais les incertitudes n'auront été si nombreuses. C'est la raison pour laquelle le centre d'analyses stratégiques de la CIA a synthétisé toutes les informations en sa possession pour dessiner le monde en 2030. Plusieurs grandes tendances apparaissent : la population mondiale atteindra 8,4 milliards d'habitants, l'urbanisation sera croissante, surtout en Afrique, les classes moyennes se développeront. L'éducation et la santé entraîneront une émancipation des individus. Mais ils auront aussi accès à des technologies plus meurtrières et dévastatrices qui ne seront plus l'apanage des Etats. La dispersion de la puissance entre les nations sera plus marquée. Le pouvoir sur lequel les Etats-Unis n'exerceront plus leur hégémonie glissera grâce aux technologies de la communication vers les réseaux. La demande en nourriture, eau, énergie augmentera entre 35 et 50 % et de nombreux pays seront confrontés à des pénuries. Enfin, nous vivrons une époque cisaillée par les crises économiques et les conflits. »



La principale menace ne viendrait pas de l’extérieur mais de l’intérieur du système économique, qui produit plus de dégâts que le terrorisme. Nous allons vers un monde unipolaire, dont l’occident n’a plus le monopole des valeurs et qui a peur.



Les catégories de valeurs



Valeurs économiques : le travail les objets manufacturés, les ressources naturelles, l’argent, le luxe, le superflu, les bulles spéculatives (immobilier, bourse, objets d’art, etc.)



« Ainsi est introduit le concept clé autour duquel toute la théorie économique est édifiée: celui de valeur. Au moyen de ce concept, la multitude des caractéristiques d'un bien quelconque est résumée par un nombre unique, ce qui va permettre de modéliser l'échange au moyen de paramètres mesurables. Tout sera dit grâce à des équations; les mathématiciens pourront s'en donner à cœur joie, démontrer des théorèmes, mettre en évidences des lois de l'échange, en tirer des conséquences pour l'organisation sociale ».

Albert Jacquard (né en 1925). J'accuse l'économie triomphante.



Les valeurs vitales : le respect de la vie, les ressources de la nature, la santé, le bien-être, la sécurité, le rire ; l’absence, de souffrance, de maladie, de violence, de guerre, de torture, de mortalité infantile, de mortalité par violence ou par suicide. La civilisation par opposition à la barbarie.



Les valeurs morales : l’humanité au sens d’humanisme, la vérité, l’honnêteté, la grandeur, la droiture, le courage, la résilience, la responsabilité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la solidarité, la fidélité, la persévérance, la compétence, l’honnêteté intellectuelle, la tolérance, le respect des morts. L’absence de barbarie.



Les valeurs esthétiques : la beauté, la spiritualité, le sublime, le charme, la désirabilité, la perfection, la fragilité, la spezzatura « le vrai art est celui qui ne semble être art », la sérénité, le silence, les paysages.



Les valeurs intellectuelles : la raison, la science, la pensée, la connaissance, l’étude, l’intuition, l’objectivité, l’honnêteté scientifique, la modestie intellectuelle, le génie, la science avec conscience, l’expérience, l’histoire, la désobéissance intelligente (« Exister, c’est résister » selon J. Ellul), l’altérité, les autres cultures, le changement, le progrès, l’exploration.



Les valeurs affectives : l’attachement à des êtres, à des groupes, à des traditions ou à des objets chargés de souvenirs ou de symboles. L’amitié, le bonheur, l’émotion, la compassion.



Les valeurs conventionnelles : les pratiques religieuses, la propriété individuelle, les tabous alimentaires et sexuels, la courtoisie, les diplômes, les hiérarchies sociales, les exercices de pouvoirs, les lois, les institutions, certaines croyances.



Les valeurs à moduler : la religiosité, la spiritualité, la laïcité, les rites identitaires, la richesse matérielle, le pouvoir, la sexualité, l’usage de la force, les codes de l’honneur, les positions dominantes de certaines professions, leurs lobbies et leurs rentes de situations. Equilibrer le yin et le yang. Evaluer les plus-values, les valeurs ajoutées effectives des différentes activités et acteurs sociaux.



Les valeurs instrumentalisées

Toutes les conquêtes de pouvoirs politiques, religieux, militaires, économiques, avancent drapées de vertus et au nom de valeurs
morales ou vitales.

Le discours sur la vertu n’est pas une preuve de vertu.

La vertu et les valeurs proclamées sont parfois des écrans de fumée servant à cacher les turpitudes. Cependant la proclamation de la vertu est nécessaire à son existence.

L’appel à l’émotion du public à partir de réels faits divers ou de sociétés est largement utilisé par les médias, les politiques, les religieux, les idéologues, les lobbies médicaux ou sécuritaires, voire les humanitaires pour asseoir leur puissance.



Jacques Ellul  (1912-1994)

« Dans une société donnée, plus on parle d'une valeur, d'une vertu, d'un objet collectif... plus c'est le signe de son absence. Si on proclame très haut la liberté, c'est que le peuple est privé de liberté, etc. Et plus la réalité est sombre, plus le discours est lumineux ».

« Le bluff technologique ».



Les conflits de valeurs

« Entre ma mère et la justice, je choisis ma mère » Albert Camus (1913-1960)



Les valeurs politiques


La géopolitique désigne les rivalités de pouvoirs ou d’influence sur des territoires et sur les populations. Elle cherche à comprendre les grands mouvements de l’Histoire et les positionnements de chaque nation sur l’échiquier du monde. Il s’agit des évolutions des  rapports de force et de puissance. La puissance d’une nation repose sur un spectre de valeurs politiques, économiques, culturelles, morales, militaires et d’alliances.



La démocratie, qui reste le moins mauvais des mauvais systèmes, selon Winston Churchill (1874-1965), souffre dans le monde actuel encore et toujours de multiples imperfections et dérives des valeurs.

La démocratie est un régime politique qui a comme spécificité le foisonnement et la relativisation de toutes les valeurs. « Elle n’est pas un modèle de valeurs, elle rend possible les valeurs ». Contrairement à l’aristocratie, aux régimes autocratiques, elle est l’absence de valeurs instituées. Elle nie toute autre loi que celle de la volonté générale.



Dans le débat d’idées entre Pierre Rosanvallon (né en 1948) et Jacques Rancière (né en 1940) dans Le Monde du 7 mai 2013 a été posée la question : « Comment revivifier la démocratie ? » «  Des idées pour transformer une République encore oligarchique ». Le discrédit frappe le personnel politique à cause des connivences entre pouvoir et trafic, entre responsabilité et conflits d’intérêts. Pierre Rosanvallon évoque « l’entropie démocratique », c’est-à-dire le délitement des valeurs. « La vie démocratique présuppose un espace de délibération du commun en matière de redistribution, d’égalité de justice, de gestion des différences. »  Il s’en prend à la « France des rentiers », pour lui les finalités de la politique sont « l’impartialité (absence de conflits d’intérêts), la moralité (comportement des personnels), la dignité des fonctions publiques. »

Selon Jacques Rancière «  il n’y a pas de dissémination du politique, mais une confiscation, une appropriation centrale par l’Etat. », « la démocratie représentative est une contradiction dans les termes », « l’intellectuel qui éclaire le peuple est un abus de pouvoir... les gens n’ont pas besoin qu’on leur dise pourquoi ils sont opprimés, ils le savent parfaitement. » Il critique en règle l’antidémocratisme ambiant qui voudrait assimiler la démocratie à un « individualisme consumériste ».



Les principes fondateurs de la démocratie

Liberté, égalité, fraternité ; la séparation des pouvoirs, la différenciation des rôles, le bornage des pouvoirs, le contrôle des pouvoirs, l’alternance du pouvoir, l’Etat de droit, l’équilibre des intérêts particuliers et généraux.



Les réseaux, les lobbies, les conflits d’intérêts

Les réseaux, les lobbies, les conflits d’intérêts contribuent au fonctionnement normal de la plupart des groupes humains. Les réseaux maintiennent le pluralisme des idées, la proximité des acteurs, la réflexivité et la réflexion sur les modèles. Les lobbies permettent de défendre les intérêts de certains groupes pas forcément dominants ni prédateurs. Les conflits d’intérêts sont omniprésents dans la vie quotidienne ; ils soumettent les personnes et les gouvernants à des injonctions contradictoires et engagent leur responsabilité dans leurs décisions.

Par contre ces réseaux, lobbies et conflits d’intérêts sombrent souvent dans des pratiques corporatistes qui vont à l’encontre de l’intérêt général voire à la délinquance. Ils sapent la confiance des citoyens dans les institutions.

Le fondamentalisme vertueux constitue un danger car l’histoire montre que la vertu affichée peut cacher les pires turpitudes.

Leur régulation s’avère indispensable, par le droit, par des codes de déontologie, par la prévention, par la détermination de lignes rouges, par l’éducation, par la transparence, par l’arbitrage entre l’intérêt particulier et général.

La régulation de cette régulation doit également être assurée.



La morale laïque

Interview du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon dans le Monde du 23/04/2013 :

« La morale laïque est un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité. Cela doit aussi être une mise en pratique de ces valeurs et de ces règles...Elle est une morale commune à tous, et c'est justement son respect qui autorise la liberté et la coexistence des croyances individuelles et privées de chacun. Ensuite, la morale laïque n'est pas non plus une morale d'Etat, une "orthodoxie à rebours". Elle est le contraire du dogmatisme et fait le pari de la liberté de conscience et de jugement de chacun : elle vise l'autonomie. »



La crise économique et sociale que nous vivons est aussi civique et morale, notamment dans ce que certains ont pu appeler « les territoires perdus de la République ».






Le marketing politique

« Omniprésents, les « spin doctors » infligent un coût moral à la démocratie », titrait Le Monde du 10 mai 2013. Il s’agit des conseillers en communication qui ont réussi à faire croire à la classe politique qu’ils sont indispensables. Ils font appliquer aux citoyens les techniques de la publicité marchande. « La désillusion démocratique doit plus encore à la nouvelle économie symbolique instituée par le marketing politique » note l’auteur de l’article, Alain Garrigou (né en 1949).



La liberté de la presse

Le rapport de « Reporter sans frontières », sur la liberté de la presse désigne 39 prédateurs de la liberté d’information à travers le monde en 2013. Il s’agit de chefs d’Etats, de chefs religieux, de chefs de milices et de maffias.

Inversement, cette liberté de la presse, qui est un fondement de la démocratie, est souvent instrumentalisée pour détourner les citoyens des vraies problèmes, pour manipuler, désinformer, stigmatiser, créer de fausses valeurs, enrichir des aigrefins, vedettiser l’insignifiant.



La dissidence et le courage politique

Selon Nicolas Truong dans le Monde du 18 mai 2013 « la dissidence, ce n’est  pas qu’une politique des droits de l’homme, c’est aussi une insurrection et une éthique des droits de l’âme ».

Entre 1973et 2010 le nombre de pays considérés comme libres est passé de 25% à 45 %, selon Freedom in the World. Ces progrès ont été réalisés notamment grâce aux luttes et aux sacrifices  de quelques grands noms comme Alexandre Soljenitsyne, Andreï Sakharov, Vaclav Havel, Nelson Mandela, Aung San Suu Kyi ou Salman Rushdie ; mais aussi à une foule d’anonymes devenus célèbres comme  « l’homme aux sacs plastiques  face au char» sur la place Tiananmen en 1989, les Mères de la place de Mai à
Buenos Aires qui tournent depuis 1977 chaque semaine pour réclamer les enfants disparus pendant la dictature militaire , Mohamed Bouazizi dont l’immolation en 2011 a déclenché le « printemps arabe » en Tunisie ; mais aussi à toutes les victimes de tortures dont les épaisseurs des murs des geôles n’ont pas réussi à étouffer les cris.

Aujourd’hui en occident la vigilance pour les droits de l’homme semble relâchée parce que les valeurs du marché ont supplanté les valeurs morales dans le nouvel ordre économique mondial. Selon Liao Yiwu, un dissident chinois, il est de mauvais goût, voire risqué, d’évoquer les dizaines de millions de morts du maoïsme et les militants pour la liberté jetés dans les camps de rééducation par le travail. 



Les valeurs à préciser face aux grands défis émergents 

Le rapport à la nature, à la mondialisation, à l’urbanisation, à internet et au « big data », aux nouvelles armes de guerres, à  l’information foisonnante, aux nouveaux paradigmes de la science (complexité, indéterminisme, ordre émergent, bioéthique, neurobiologie, climat),aux contrôles de la société (inflation ou manque de contrôles selon les domaines), à l’inflation normative,  à l’accueil et à la régulation des flux migratoires, à l’ordre public (police, justice, punition, prison), au vieillissement massif de la population, aux traitements infligés aux animaux...



La vie elle un coût ?

Par exemple, l’acharnement thérapeutique ou le principe de précaution peuvent au nom du respect de la vie entrainer des coûts exorbitants pour l’ensemble de la société. Il arrive que de interventions médicales coûteuses et douloureuses sont exigées par les familles pour des personne en fin de vie. Certaines vaccinations sont à l’origine de décès de personnes mais globalement en sauvent davantage. L’élimination de tous les passages à niveaux par la SNCF éviterait un certain nombre de morts chaque année au prix de plusieurs milliards d’euros. On peut multiplier les exemples où le respect absolu de la vie passe au second plan face aux intérêts économiques, patriotique ou idéologique.



Le pire serait une société sans risques

Le risque est inhérent à la vie. La technologie humaine, à côté de ses bienfaits, introduit de nouveaux risques. Elle peut protéger des risques naturels, mais peut aussi les amplifier (Fukushima). La réalité des risques et leur perception sont souvent disproportionnées dans un sens ou dans l’autre tant par les individus que par les collectivités. La perception des risques est souvent instrumentalisée par les politiques ou les groupes de pression.

« Quand on regarde par exemple les facteurs quantifiés réels de causes de cancers, nous obtenons : déséquilibres alimentaires : 30 %, tabac : 30 %, UV solaire : 10 %, alcool : 7 %, facteurs professionnels : 3 %, rayonnements ionisants : 1%.  Quelle est la perception du public en pourcentages cumulés ? : déchets radioactifs en premier : 70 %, drogues : 65 %, pollution chimique : 65 %, trou d’ozone : 55 %, soleil et UV : 35 %, irradiation des aliments : 30 %, centrales nucléaires : 30%. » Selon : « Bilan santé et source d'énergie » par C.Acket et Y.Grall (SFEN)



La raison est une valeur essentielle face à l’évaluation et la maîtrise des risques individuels ou collectifs.



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Catherine Delaunay



I.                    Analyse de la notion de valeur

-          Qu’est-ce qu’une valeur ?

-          Différentes sortes de valeurs.

-          La fonction des valeurs.

-          L’évolution des valeurs.

II.                   La crise des valeurs : contestation et crise des valeurs.

-          Les conflits des valeurs : Alexis de Tocqueville (1805-1859), Vladimir Jankélévitch (1903-1985)

-          La dévaluation des valeurs :Friedrich Nietzsche  (1844-1900)

-          Vers les valeurs autoréférentes : la liberté, racine de toutes les valeurs.

III.                Quelles valeurs pour notre société aujourd’hui ?

-          Maintien des valeurs républicaines ?

-          Des valeurs morales ébranlées ?

-          A la recherche de nouvelles valeurs spirituelles.

-          Refus des valeurs par certains auteurs.



L’évolution des valeurs

-          Dans le passé : valeurs d’essence religieuse, transcendantes et absolues, essentiellement individuelles et de caractère moral. Exemples : bien, mal, vérité, sagesse, ordre, honneur, prudence, tempérance, chasteté, sacrifice, dévouement, obéissance, humilité, fidélité, autorité, discipline, douceur, devoir, guerre, paix.

-          A partir du 18ème siècle sous l’influence de la philosophie des Lumières : des valeurs d’essence uniquement humaines, des valeurs relatives, historiques, en devenir, des valeurs collectives, des valeurs sociales, politiques, économiques. Exemples : démocratie, nation, révolution, liberté, égalité, fraternité, progrès, dignité, éducation, intérêt général, bonheur, laïcité, tolérance, culture, solidarité, responsabilité, engagement, profit, efficacité, utilité, performance, compétition, science, raison, argent, travail, technique.

-          Fin 19ème- 20ème siècles, crise des valeurs : contestation, effondrement des valeurs, revendication d’une valeur centrale, la Liberté, y compris la liberté de refuser certaines valeurs ou toutes les valeurs ; y compris la liberté d’inventer de nouvelles valeurs.

-          Aujourd’hui : Y a-t-il des valeurs qui font consensus ?  Lesquelles ? Naissance de valeurs individualistes et narcissiques comme le sport, le corps, la santé, l’ego, le plaisir, le confort, l’épanouissement de soi, la sincérité, le ressenti, l’émotion, le sexe, la réussite, la consommation, la sécurité, la nature, la permissivité, l’amour, l’amitié.



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Jeannine Dion-Guérin



« Tentatives de louange »

Louange à Toi le poète*
le penseur et prophète
,
à la dignité de tes arbres
au Tulipier de Virginie

en ses floraisons inaccomplies

et ses tentatives d'ode à la beauté

Louange à l'expression de nos maux

des mots enfouis dans la chair
depuis et jusqu
'en fin des temps

Et gloire à Toi Bauchau Henry

à ce que tu confies de la fragilité

de nos instants livrés à l'interrogation

Ainsi que Maître Ekhart l'a écrit * *

la vie qui chaque soir s'éteint,

chaque matin s'irradie d'une fêlure
nouvelle celle de nos cœurs et de nos corps.

Oui Henry: «C'est chaque jour

le jour de la fête, la fête de l'existence»

Irons-nous jusqu'à imaginer
d
'un possible Dieu l'essence ?

*Henry Bauchau, (1913-2012) poète et penseur wallon contemporain

**Maitre Eckart (1260-1338), écrivain philosophe allemand





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Propos entendus



-          La vie est un chemin obscur, les valeurs sont les lumières qui nous guident. Elles donnent du sens à nos vies.

-          Les valeurs individuelles sont différentes des valeurs collectives.

-          Certaines valeurs sont stables dans le temps et l’espace. Il faut penser à l’autre, au partage, à l’authenticité, la modestie, la discrétion, l’émulation plutôt que la compétition, le respect de la nature.

-          On change de valeurs au cours de la vie.

-          Les gens ont des valeurs différentes. La famille est en mutation.

-          Notre société génère la solidarité. On va s’en sortir ensemble.

-          La misère regroupe les gens. Selon Jacques Attali, la fraternité est la seule valeur qui peut relier.

-          Les valeurs excluent aussi.

-          On a commis beaucoup de crimes au nom de valeurs.

-          Le respect est une valeur essentielle.

-          L’éducation transmet les valeurs.

-          Beaucoup de valeurs ne sont pas nécessairement conceptualisées. Les ressources individuelles sont des valeurs.

-          Même si les valeurs ne sont pas conceptualisées, il y a des modèles humains qui aident à grandir.

-          Le vivre ensemble est la valeur fondamentale. Egalement le respect de soi, de autres, de la nature.

-          La seule stabilité c’est la fidélité à soi-même.

-          Deux types de valeurs : comportementales (fraternité) et patrimoniales (bien, vérité).

-          Les valeurs ne sont jamais définitivement acquises (la paix, la vérité).

-          La relativité des valeurs provient de leur quantification. L’étalon est toujours relatif.

-          Les valeurs proclamées sont toujours positives, idéales et vertueuses.

-          Les gens qui aujourd’hui réclament des familles avec un père et une mère mettaient leurs enfants en pensionnats dans le temps.

-          Les sociétés criminelles ont aussi leurs codes de valeurs.

-          Il ne faut pas confondre valeurs et comportements.

-          L’éthique professionnelle a été bouleversée en médecine. Les patients sont devenus des clients. L’institution demande du rendement.

-          Il y a des valeurs communautaires inacceptables (racisme, ostracisme).

-          L’art, la science, les institutions traduisent la mise en œuvre des valeurs dans une société.

-          Comment vivre avec des gens qui ont des valeurs opposées ?

-          Au-delà de la tolérance il y a des lignes rouges à ne pas franchir.

-          L’état mental de l’humain est le conflit.

-          L’argent remplace la religion comme critère de valeur.

-          Il faut respecter l’autre tel qu’il est.

-          Les gens sont plutôt généreux.

-          Il faut penser à la solidarité avec les générations futures.

-          Il faut éviter que les valeurs deviennent des prétextes à dictature.

-          Quelles valeurs laissons-nous à la jeunesse pour qui les nouvelles technologies servent de référence ?

-          Il manque un héros de notre temps.

-          Angélisme et hypocrisie.

-          L’engagement.

-          Notre génération a peu de poids sur les jeunes.

-          C’est nous qui avons fait le monde tel qu’il est.

-          Sagesse, beauté, respect, acceptation de la différence.

-          La misère est organisée. Les valeurs n’existent pas pour tout le monde.

-          Amour, progression, nature.

-          Respect de ceux que nous n’arrivons pas à aimer.

-          Vérité, authenticité.

-          Noir c’est noir, je reste optimiste.

-          La quantification des valeurs prime et nous oblige.

-          Le travail, l’amour, le respect, l’écoute.

-          On est dans un melting pot. On n’a pas assez inculqué le respect de l’autre.

-          Il faut chercher à comprendre les différences.

-          Accepter les personnes mais pas forcément leurs idées.

-          La vie nous apprend à changer.

-          Beaucoup de valeurs sont en déliquescence.

-          La liberté doit être amarrée au respect de l’autre.

-          Nous ne pouvons pas exporter toutes nos valeurs.

-          « L’homme libre est voué au prochain » Lévinas

-          Il faut contrôler tous les pouvoirs qui instrumentalisent les valeurs.